George Martin a définitivement un talent rare pour créer des personnages de qualité :
Riverdream en foisonne! Voici des extraits révélateurs tant sur l'histoire que sur la personnalité de quelques protagonistes:
Abner Marsh (capitaine et associé):
-J'ai deux ou trois idées sous le coude. Vous verrez.
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Il faillit tout recracher. le breuvage personnel de York coulait comme de la lave (…) Au goût, on aurait dit que quelque chose avait pourri dans la bouteille, pensa-til. (…) - Je vous paierai un verre au bar. Garanti qu'ce sera meilleur que votre maudit tord-boyaux.
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L'estomac lesté, Marsh se retrouva enfin lui-même.
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- le fleuve est peuplé de crapules, de filous, d'évangélistes de carrefour, d'abolitionnistes et de républicains, et de toute une faune bizarre, mais de tout le lot, vous êtes le plus bizarre de tous, je vous l'assure. Les horaires nocturnes, m'en fiche, ça ne me dérange pas. Les cahiers remplis de morts, c'est déjà autre chose, mais chacun lit ce qu'il veut. (…) Mais vos arrêts, vos escapades en solitaire, voilà ce que je ne supporte plus. Vous ralentissez mon vapeur, sacredieu, vous cassez notre réputation avant même qu'elle soit faite. Et puis, Joshua, ce n'est pas tout. Je vous ai vu, le soir où vous êtes revenu de New Madrid. (…) Vous aviez du sang sur les mains, vérole, c'est sûr.
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- Ça dépasse l'entendement, fit Marsh. J'suis jamais resté le cul sur une chaise aussi longtemps pour écouter une histoire. Mais que le diable me croque si j'vous crois pas.
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-Je ne peux pas dire que tout ça m'enchante. Les macchabées sur leurs pattes, les buveurs de sang et tout ce folklore, je n'y ai jamais cru.
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-J'suis pas toujours une flèche. Mais j'oublie pas.
Joshua York (second capitaine et associé):
-Buvons au Rêve de Fevre et à tout ce qu'il représente, mon ami-la beauté, la liberté, l'espoir. À notre navire, et à un monde meilleur.
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-Cette expression que vous avez, Abner, est franchement burlesque.
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-Nul n'est totalement innocent, répliqua Joshua York, mais ce poème me parle pourtant, monsieur
Jeffers. La nuit est belle et nous pouvons espérer trouver la paix et la noblesse dans sa sombre splendeur. Trop d'hommes ont peur de l'obscurité en dépit de toute raison.
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-Si mes rêves se réalisent, alors viendra un temps où la nuit et le jour se tendront la main par-dessus la peur crépusculaire qui nous sépare.
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« Courez, Abner! » répéta York.
Mike Dunne le Poilu (second du capitaine) :
Ses yeux étaient aussi durs que deux billes de marbre vert, et de sa matraque de fer, il tapota sa paume avec un air menaçant.
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« Si t'as le malheur de lâcher ça, mon gars, tu prends ma barre sur le chou! »
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« Des lascars avec des couteaux, j'm'en suis déjà faits, dit-il en ponctuant ses phrases de claques. Des tas d'salopards. » Clac. « J'ai pris des coups d'couteau, aussi. » Clac. « Des coupures, ça guérit, Billy l'Aigre. » Clac. « Des têtes cassées, c'est aut'chose. »
Karl Framm (pilote) :
-Faut être capable de lire dans le fleuve comme dans un livre, et les seuls mots, c'est des clapotis, des remous, parfois si infimes qu'on les distingue à peine. Alors dans ces cas-là, il faut pouvoir s'appuyer sur des souvenirs : ce qui reste de la dernière fois qu'on a lu la page. Maintenant, vous auriez l'idée de vous mettre à lire un livre dans le noir, vous?
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-Tenez, avancez et prenez la barre, pour la sentir. On ne toucherait pas le fond avec le clocher d'une église, ici, y a pas de risque.
Julian (maître du sang) :
- Votre erreur vient de ce que vous avez été élevé parmi les vaches, qui vous ont appris à ne pas les manger. Vous parliez tout à l'heure du mal. Qui vous a inculpé ce concept? Eux, bien sûr, le bétail. le bien et le mal, ce sont des mots à eux, des mots creux, qui n'ont de sens que par rapport à la préservation de leurs petites vies.