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Citations sur Balkans-transit (10)

." La plus belle récompense d'un voyage extraordinaire est bien de rencontrer des gens ordinaires, disons, comme vous et moi. Des gens qui ont traversé comme ils l'ont pu, sans faire d'histoires et sans forcément faire l'histoire, des évènements pas ordinaires. Qui nous rappellent que ces évènements-là auraient pu aussi bien arriver à nous, en leur lieu et place. Et, vraiment, avant toute chose, on ferait bien de se demander ce qu'on aurait fait en leur lieu et place. Le sentiment de se retrouver partout au milieu de la grande famille de l'espèce humaine n'a pas de prix - ne serait-ce que parce qu'il confirme que celle-ci existe. Ce n'est pas toujours évident.

C'est peut-être cela, le pari du voyage : au-delà de tous les dépaysements, des émerveillements ou des angoisses de l'inconnu, au-delà de toutes les différences, retrouver soudain, chez certains, le sentiment d'être de la même famille. D'être les uns et les autres des êtres humains. parfois, ça rate. parfois même, ça tourne mal. mais le pari vaut d'être fait, non?..."

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- Qui habite là, aujourd’hui ?
- Des Italiens, des Allemands. Ils viennent l’été.
Tristes ironies de l’histoire ; ce territoire tant convoité au cours des guerres balkaniques de 1912 et 1913, ce territoire où avait coulé tant de sang au cours de la Première puis de la Deuxième Guerre mondiale, où s’étaient succédé tant de massacres, d’expulsions, d’assimilations forcées, comme si chaque parcelle du sol méritait son poids de chair et de souffrances humaines, ce territoire-là était aujourd’hui aux normes des campagnes européennes : désertifié …Tout ce mal pour le purifier ethniquement et, en fin de compte, aboutir à en faire un pays mort, un pays de vacances pour des intrus définitivement étrangers, des étrangers venus de loin, ceux-là, pas des voisins haïs, mais des touristes indifférents ; et pourtant bel et bien les mêmes, ou leurs enfants, que les envahisseurs des années 39-44.
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Le musée est composé comme une ode à la gloire des premiers occupants des Balkans, les Illyriens, dont la culture est la plus ancienne de l'Europe, étant entendu qu'après eux, les Hellènes, Achéens, Doriens, Byzantins, les Romains, les Slaves de tout poil, les Normands, les Angevins, les Vénitiens ou les Turcs - et j'en passe - n'ont été que des intrus. On ne plaisante pas avec les Albanais sur ces choses-là. De même que l'on n'aurait pas idée de plaisanter avec les Grecs quand ils vous disent que leur civilisation est la première du continent et leur patrie la mère de la beauté, avec les Bulgares quand ils vous affirment que leur pays est le creuset de l'écriture cyrillique et donc le ciment de la religion orthodoxe et de toutes les langues slaves (même si les Macédoniens leur dénient ce privilège qu'ils revendiquent pour leur compte - mais comme les Bulgares considèrent que les Macédoniens sont bulgares...), les Roumains quand ils vous soutiennent qu'ils sont les seuls vrais héritiers de l'Empire romain, les Serbes quand ils revendiquent d'avoir été les boucliers de la chrétienté contre les Turcs, etc.
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[...] Tout était devenu lent, calme, comme la douceur du parler roumain. Quelque chose de souriant et de mélancolique sur les visages. Aucune gêne, de la simplicité chez tous les gens rencontrés.
Nous avions maintenu le cap vers les bouches du Danube, persistant à préférer aux châteaux de Dracula le bas pays des longues navigations et des vents maritimes qui ont, des siècles durant, accumulé les migrations.
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Il faut savoir tourner le dos à l'histoire : ici, chaque peuple se croit forcé de faire quelque chose de grand. La seule chose de grand que nous avons à faire, c'est de vivre ensemble.
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En gare de Rusé au sud de Bucarest :

Le premier train semblait devoir se diriger vers le sud et le deuxième vers le nord, à l’opposé donc de ce qui était écrit. Pour une fois mon sens de l’orientation ne me trompait pas : il s’avéra que le train marqué Kiev allait à Sofia et que celui marqué Belgrade allait à Bucarest. Les boulons étaient trop grippés pour que l’on puisse chaque fois changer les pancartes .
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Côté grec l’autoroute filait parmi une profusion de panneaux publicitaires géants qui masquaient une plaine nue, sans arbres, un terre écorchée dont on voyait les os, trouée de carrières et jonchée de décharges. .. des rivières à sec débordant de sacs plastique : toute la déchéance du paradis capitaliste. Côté bulgare … la nature (re)disparaissait, tuée par des kilomètres d’installations industrielles dégradées. Les bennes en panne d’un transbordeur aux fils rompus oscillaient dangereusement dans le ciel, des wagons pourrissaient dans une gare de triage, des tronçons de routes inachevées s’arrêtaient au bord de la rivière planté de moignons de ponts. Toute la déglingue du paradis communiste…
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Pour le reste, c'était, de part et d'autre de la frontière, le résultat pratiquement identique d'un lent cataclysme, au nom de deux conceptions opposées de la liberté et du bonheur. A la prolifération du laissez-faire et du n'importe quoi succédait la tristesse de la panification aberrante et définitivement inachevée.
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Les Albanais ont un tort : ils sont en retard d'un demi-siècle. Les Grecs ont pu émigrer, des décennies durant, et trouver du travail dans le monde. La population exilée grecque, comme la portugaise, a été la richesse de son pays et elle a participé à l'enrichissement des pays occidentaux. Dans le même temps, aucun Albanais n'a pu sortir. Et maintenant les places sont prises. Les Grecs ne sont pas capables de faire seuls pour les Albanais ce que le monde entier a fait pour eux. Les routes neuves qui mènent à la frontière sont à sens unique: elles ne sont pas là pour faciliter le passage de hordes affamées mais celui des camions qui viennent désormais commercer avec l'Albanie.
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Qu'on ne me parle pas d'une quelconque sauvagerie propre à je ne sais quelle particularité balkanique. Moi, c'est bien d'Europe et d'Européens que je parle. Sarajevo n'est pas différente de Skopje ou de Sofia, trois villes des Balkans, trois villes d'Europe : dans l'une on s'entretuait, dans les deux autres la vie était en apparence un long fleuve difficile mais paisible, qui les différenciait peu de Bruxelles ou d'Innsbruck. Mais jusqu'à quand? Srebenica avait été aussi douce à vivre que Bellac et Dubrovnik plus facile que Naples. Les Balkans n'étaient pas, ne sont pas, une parenthèse dans l'Europe et, s'il y a abcès, il n'est pas balkanique mais européen. Peut-être le plan Vance-Owen de partition ethnique de la Bosnie, panacée pour les têtes pensantes et décidantes du continent, était-il irréprochable du point de vue de la logique géopolitique. Mais alors, la Bosnie n'étant pas sur la Lune, il fallait, il faut s'attendre à le voir un jour, ce plan, au nom de la même logique géopolitique, préconisé pour une juste répartition ethnique des populations d'Aubervilliers et de La Courneuve.

La Bosnie n'est pas le seul endroit des Balkans où se côtoyaient, où se côtoient toujours des populations d'origine et parfois de parlers différents : Bulgares et Turcs, Macédoniens et Albanais ou Turcs, Serbes et Albanais, Albanais et Grecs, Roumains et Hongrois ou Tziganes, chaque peuple étant, selon le pays, la « minorité » d'un autre... Comment pouvais-je, après avoir tissé des liens si chaleureux et si divers dans chaque pays traversé, m'empêcher d'imaginer le cauchemar déferlant sur les visages aimés : l'ami torturé à mort, l'amie violée par les soldats d'une armée ou d'une autre, ou simplement par les bons voisins d'hier...

Ou alors avaient-ils, sur ce versant-ci des Balkans, contrairement à ceux du Nord, un secret de la vie en bonne entente, seraient-ils suffisamment forts pour exorciser la haine et la mort qui ravageaient les autres ?

Je marchais dans le quartier turc de Veliko Tirnovo la bulgare, je parlais à des Serbes de Kumanovo la macédonienne, à des Albanais du Kosovo yougoslave, et l'interrogation était là, lancinante: est-il possible que «ça» arrive aussi ici?
Et dans ce cas, croyez-moi : «ça» arrivera bien aussi un jour chez nous.
Oui, il fallait revenir.
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