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3,8

sur 3641 notes
Hélène, quadra qui a tout réussi depuis le lycée, a déménagé avec son mari et ses filles dans sa région d'origine. Elle croise par hasard une connaissance de jeunesse, Christophe, ancien champion local de hockey sur glace, commercial et divorcé. Leur liaison est une forme de revanche éphémère, de retour temporaire, sur l'adolescence, de parenthèse dans une vie toute tracée. Description d'une France de l'Est périurbaine qui hésite entre industries réinventées et bureaux de conseil surfant sur les réformes administratives, portrait d'une génération partagée entre productivité et nostalgie, histoire d'amour sans abandon de soi…Nicolas Mathieu appuie avec délicatesse là où ça fait mal, empoignant notre coeur par petites touches parce qu'Helene, ou Christophe, c'est nous. Un très beau roman.
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Nicolas Mathieu excelle à humer l'air du temps et à dire dans une langue fluide, populo et percutante comment l'époque façonne la vie ordinaire de gens qui espèrent en sortir, ou du moins rêvent d'un avenir meilleur, mais pas au point de décrocher la lune.
L'auteur balade le lecteur dans plusieurs contrées, de la tablée familiale aux réunions corporate, d'étreintes sous le manteau en amours déçues, de l'enfance à l'âge adulte et retour.
Mais je n'ai pas été conquis. Peut-être parce que cette brillance littéraire ne m'a jamais fait décoller de destins terre-à-terre. Sans doute que la crudité de scènes de sexe ou l'insertion de vocables anglophones à la mode dans le texte ont tempéré mon admiration pour une plume prolifique, tellement bien calée sur la vie des gens de l'Est de l'hexagone.
J'aimerais que dans un prochain opus, Laurent Mathieu délaisse sa terre chérie et tente le pari d'une geste purement romanesque, nourrie de son imaginaire et de son époustouflant talent.

Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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UNE CHANSON POPULAIRE

▶️ 2016 : Hélène, la quarantaine bien portée, a quitté les Vosges 20 ans plus tôt pour fuir son milieu, ses parents : "Hélène les a détestés pour ce scepticisme de gagne-petit, leur philosophie d'éternels baisés, la modestie en vertu, le larbinat en sagesse, l'ambition en arrogance, Hélène, elle, veut tout!". Et surtout, quitter la province : "elle préfère encore crever que vivre comme ça, modeste, à sa place". de brillantes études, une carrière de cadre sup' bien assise, un mari, deux filles et un burn out plus tard, elle revient sur Nancy...
▶️Mais un un job à hautes responsabilités, une grande maison, deux grosses voitures dans le garage et une vie de famille accaparante ne sauraient masquer le vide de sa vie : elle s'ennuie ferme, cherche l'aventure - elle bovaryse...
▶️...c'est alors qu'elle croise le chemin de Christophe, l'idole locale auprès des filles du temps où ils étaient au lycée ; 40 ans lui aussi, ancienne gloire de hockey, lui n'est jamais parti : il vit chez son père, élève son petit garçon en garde alternée avec la mère dont il est séparé, passe ses journées sur les routes comme commercial et ses temps libres à boire des bières avec ses potes d'enfance...
▶️...À l'heure de bilan de la quarantaine, le constat est amer pour tous les deux : la consultante a consacré sa vie aux autres sans vraiment penser à elle et le champion n'est plus!... et à 40 ans précisément, tomber amoureux, aimer ne va plus de soi...
▶️Un roman ample et foisonnant qui embrasse tout à la fois la crise de la quarantaine, la vie de province, les années 80-90 alors riches de promesses et le monde du travail tel qu'il est devenu, avec pour gourous, les boites de consulting et leurs discours formatés quand ils ne sont pas fumeux!
▶️L'auteur nous parle avec une justesse incroyable de cette France périphérique qui rêve d'ascenseur social, bernée par les leurres de la réussite et qui se réveille à 40 ans avec la gueule de bois : «tout ça pour ça... »
▶️ les personnages sont attachants - leurs dépits, leurs doutes et leurs désillusions, leurs espoirs aussi - parce qu'il faut bien croire en quelque chose, en sa famille, trouver du sens dans son boulot, élever et voir grandir ses enfants - leurs renoncements enfin, tout sonne vrai et si juste...
▶️Une belle écriture, actuelle, avec des fulgurances, crue aussi, dans les scènes de sexe... un roman qui parle d'amour, de la vie et du désenchantement - puissant!
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Ces 396 pages embrassent notre pays, notre temps.
« Au fond, les vieilles amours étaient comme ces tapisseries décaties aux murs des châteaux forts. Un fil dépassait, vous tiriez dessus par jeu, et tout se détricotait dans la foulée. En un rien de temps, il ne restait plus que la trame, les manies et les névroses à découvert, le rêve agonisant en ficelles sur la moquette. »
Les histoires d'amours de quadras, de jeunes gens et de moins jeunes, bancales ou fusionnelles, ne sont pas gnangnans.
« on utilisait donc des services en ligne pour remplir son pieu comme son caddie. »
Sous des musiques élémentaires,
« Tan tan tan tatatan »
«On dit que la vie, c'est une folie
Et que la folie, ça se danse »
Le propos est nostalgique et pénétrant, furieusement de notre temps, en même temps.
« Elexia proposerait d'ici peu des formations au management inclusif, des conseils en transition, des modules de design comportemental, des audits des systèmes cognitifs, des outils de prospective environnementale et collaborative. »
Ce serait comme un Houellebecq approuvé par les « Inrocks », avec une écriture parfaite aussi bien dans les scènes de sexe ou la description d'un paysage glacé, dans un open space ou une halle des sports à Epinal, à Castorama.
Tout est intense, à toutes les étapes de la vie, les énergies et l'ennui, un étang :
« Leurs eaux fixes prenaient sous le ciel bas un aspect de mercure où filaient les nuages, les oiseaux migrateurs, les vols outre-mer. »
Nous sommes témoins d'un mariage, d'un accouchement, des émois de la jeunesse et de l'ingratitude adolescente, des prudences de la vieillesse et des imprudences des vieux, entre Paris et le Grand Est, des classes sociales qui s'éloignent et se frôlent.
« On a si peu de raisons de se réjouir dans ces endroits qui n'ont ni la mer, ni la tour Eiffel, où Dieu est mort comme partout, et où les soirées s'achèvent à vingt heures en semaine et dans les talus le week-end. »
Et voilà comme lors de son Goncourt, j'ai envie de retenir des tas de formules bien balancées, mieux vaut le lire : tout y est
https://blog-de-guy.blogspot.com/2019/02/leurs-enfants-apres-eux-nicolas-mathieu.html
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Hélène et Christophe grandissent dans la même ville, évoluant dans des cercles sociaux différents. Lui, star du hockey, adulé par ses pairs, est promis à un grand destin. Elle, mise tout sur ses excellents résultats scolaires pour se sortir de là, tout plutôt que de ressembler à ses parents.
Des années plus tard, âgés de 40 ans, Hélène et Christophe se croisent par hasard. Une flamme depuis longtemps éteinte chez l'un comme chez l'autre se rallume avec leurs étreintes et le frisson du secret. Mais la grande question survient rapidement, à quoi rime vraiment cette relation ?


Dans ce roman d'une lucidité et d'une justesse implacable, Nicolas Mathieu écrit sur les rêves de jeunesse que l'on atteint, ou pas, de notre place en France et de ce que signifie l'expression "réussir sa vie". Très très bon roman.
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Pas du tout envie de sortir du Connemara.
Une lecture bonheur!
Une sacrée observation de nos agitations.!
Les portraits sont presque photographiques
hurlants de vérité.
Une belle écriture, serrant court la réalité.

Une description de la nappe
sur laquelle, trois hommes mangent
lors d'une veillée funèbre
est un moment de grâce, rare.

Hélène, rejette le milieu d'où elle vient,
croyant grimper plus haut, grâce à ce déni.
Les cabinets d'audit, aux dents longues,
seigneurs de la modernité
qui coûtent une fortune,
pour, peut être...des économies.
Le monde du travail, du sport
avec leurs mises en lumière
et leurs descentes aux enfers.

Je n'ai pas lâché ce livre,
l'ai retrouvé chaque fois avec joie.
Nicolas Mathieu est un peintre lucide,
et talentueux de notre époque foutraque.





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J'ai lu avec un tel plaisir, ce livre de Nicolas Mathieu, bien écrit , avec de belles phrases amples, empreint d'une telle nostalgie qu'il m'a fait fondre.

Deux fils s'entremêlent dans son histoire. Celui d'adolescents d'une petite ville de l'Est de la France. Vivant leurs amitiés et leurs amours d'abord.

Parmi eux, Hélène et Christophe. Hélène est extrêmement intelligente. Dévorée par l'ambition et l'envie brûlante de quitter sa famille, composée de gens simples, elle bûche, fait une grande école, suit des formations, travaille dans un grand bureau de consultants à Paris où l'argent coule à flots.

Christophe, lui, est dans sa jeunesse une gloire locale du hockey et espère devenir joueur professionnel.

On les retrouve ensuite de vingt ans plus tard, en 2017, à quelques mois de l'élection présidentielle. Hélène, suite à un burn-out, a quitté Paris pour Nancy. Christophe, lui, est resté sur place. Il ne voit pas assez son fils, boit toujours l'apéro avec ses amis d'enfance. Quand ces deux-là se rencontrent, c'est la déflagration…

Nicolas Mathieu a une générosité folle pour raconter, sur la bande-son d'Au Connemara, la chanson de Sardou, ce qu'on appelle aujourd'hui la France d'en bas. Il creuse profond pour décrire ses personnages dans leur complexité, leurs doutes et leurs drames. Ses descriptions sonnent juste. Pour moi, Connemara est moins désespéré que Leurs enfants après eux, le Prix Goncourt 2018, et j'ai tout simplement A-DO-RE!

Lien : https://www.instagram.com/bc..
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Nicolas Mathieu (NM) nous parle sans complaisance, mais sans mépris ni condescendance, de cette classe moyenne que les médias nous décrivent à l'envi égoïste, inculte, repliée sur soi, manipulable, hostile au changement et à la nouveauté, incapable de s'adapter, immobile dans un monde en perpétuel mouvement.
Sous sa plume au contraire on la découvre ou reconnaît, selon son parcours ou sa position personnels, soucieuse de bien faire, pleine d'énergie, d'envie d'avancer et de vivre.
Pas assez pauvre pour vraiment manquer de quoi que ce soit ; mais pas assez riche non plus pour ne pas être déstabilisée par un revers de fortune.
Pour ceux qui ont la chance d'attraper les dernières cabines de l'ascenseur social l'intégration dans une sphère de la société supérieure est douloureuse à cause d'un sentiment de trahison qui ne vous lâche jamais vraiment.
Les « quadra » de « Connemara » se retrouvent dans un monde qui n'est déjà plus celui de leur adolescence.
Malgré les coups du sort, les fausses pistes ou les mauvaises pioches ils se sont frayé un chemin dans un monde instable en perpétuelles mutations, avec le souci de faire ce qu'il faut et de garder le cap sur leurs rêves.
Même quand la route choisie s'avère socialement efficace, la réalité vécue est rarement à la hauteur des espoirs nourris.
Dans un monde où le travail a perdu tout son sens et est cause d'autant de souffrance que le chômage, pour qui veut bien regarder la réalité en face, ou pour qui a le courage de ne pas accepter de se cantonner au rôle qui lui a été assigné, les petites gens de la classe moyenne s'efforcent de trouver leur chemin. Ils n'y parviennent pas toujours ou pas toujours avec panache ; mais dans « Connemara » aucun ne déchoit ni ne perd sa dignité.
Hélène est le personnage principal du livre. Elle a la quarantaine. À la faveur d'une rencontre imprévue elle se repasse le film de sa vie. le chemin qu'elle a choisi a fait de la petite fille de l'Est qu'elle était, une cadre sup' parisienne revenue dans l'Est, à cause d'un burn out.
On la suit de l'enfance à l'âge adulte, jusqu'au présent de la narration qui est le moment où elle choisit de donner un autre cours à sa vie pour lui redonner du sens et rester fidèle à elle-même.
C'est un joli parti pris narratif que d'avoir choisi une fille comme protagoniste ; une façon de nous rappeler que les femmes sont des Hommes comme les autres.
Le roman est écrit dans une langue contemporaine et exigeante. NM déroule une prose efficace qui sait faire jaillir images et émotions sans jamais tomber dans la facilité, la démagogie ou la vulgarité.
Cette qualité de l'écriture participe de la dignité des personnages qui sont toujours vivants et complexes, particuliers mais comme tout le monde ; des femmes et des hommes dans toutes leurs dimensions et leurs potentialités.
NM fait de nos vies un roman. Un beau roman dont nous n'avons pas à rougir.
À moins que ce ne soit l'inverse : NM écrit des romans qui ressemblent à nos vies à s'y méprendre.
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Très beau livre.
J'ai eu une petite appréhension en le commençant car je n'avais pas trop apprécié son Prix Goncourt, Leurs enfants après eux. Je ne sais plus pourquoi. Il ne m'avait pas touché.
Celui-ci est nettement meilleur.
Roman de société ou sociétal, la plume est magnifique.
Parfois, j'ai eu comme la sensation étrange de lire du Zola.
Je n'ai pas mis 5 étoiles car j'avoue que les digressions sur la vie professionnelle d'Hélène m'ont ennuyée.
On suit pas à pas la vie de Christophe, et celle d'Hélène. Avec des retours en arrière qui sont les bienvenus. Et puis un jour clac, ils se trouvent sans vraiment se chercher. Histoire d'amour maladroite, émaillée de scène de sexe torride (si, si).
Mais ça n'est jamais vulgaire, jamais déplaisant. Bien au contraire, les descriptions de leur vie intime sont même parfois proches de la poésie.
Oui, c'est cela, de la poésie.
On y trouve une princesse attendant son Prince Charmant, un vieux Papa qui commence une démence sénile, un mariage mémorable avec une plume si vraie, si authentique que j'ai eu la sensation d'y être, dans ce mariage.
On y trouve un gars fatigué de la vie déjà, ancien joueur de hockey sur glace, désabusé, amer, mais surtout attendant lui aussi son étincelle de bonheur.
On y trouve aussi des ados pleins d'eux-mêmes, ces ados que l'on retrouvent grandis, mais peut-être toujours aussi déçus et violents dans leur tête.
On y trouve enfin tout ce qu'il vous plaira, finalement.
On y trouve surtout la Vie, avec ses injustices et ses errements.
Un grand et puissant roman, avec encore une fois, une plume de dingue.
J'ai beaucoup aimé et j'ai avalé ce livre avec la peur de le terminer trop vite.
C'est toujours comme ça les beaux livres.
Allez, vivement le prochain.
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Comme les deux précédents, un très bon roman de Nicolas Mathieu qui dépeint avec beaucoup d'exactitudes la France d'aujourd'hui. L'écrivain nous apporte une vision enrichissante de la société, de son fonctionnement, de ses contrastes et de ses aberrations, mais aussi tous ses petits plaisirs et tout ce ce qui crée encore du lien entre les individus.
Et puis, en surplomb, on découvrira le récit de la « petite histoire » de Christophe et d'Hélène, avec en arrière-plan la description de la vie de certains adolescents des années 1990, devenus adultes d'aujourd'hui.
Il y a enfin un peu de nostalgie, et aussi une forme de bilan sur ce qui fait nos vies.
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