Ça commence par une histoire d'amour. Une histoire comme il y en a des tas, clandestine mais vaste comme un ciel d'été. Une relation dévoilée en partie déjà sur Instagram, dans des textes comme autant de ruses pour “donner toute la lumière possible sur cette ombre à laquelle nous étions réduits.”
Cette mystérieuse femme, mariée et mère de deux enfants, le narrateur l'aime ardemment. Souvent à distance, mais jamais à moitié, “enragé à lui plaire.” Même confiné et caché, contraint à des chambres d'hôtels et à des rideaux tirés, c'est un amour qui est loin d'être modeste. Il déborde, il incendie, comme les dessins d'
Aline Zalko. Il est fait de mouvements, de déplacements, de positions dans le lit. Il se répand partout, il s'ouvre à d'autres, un fils à élever, un père à comprendre.
Le risque face à un tel amour, c'est que les mots, même les plus beaux, échouent. “Regarde-moi faire des phrases, regarde comme je cherche ta peau et n'arrive qu'à empoigner des pages du dictionnaire.” La littérature est impuissante, minuscule à côté de l'amour, du ciel et du temps. “Car rien n'existe, sinon l'absence de tes pas.”
Dans ces fragments amoureux, il dit parfois “je”, parfois “tu”, parfois “il”. C'est son histoire mais c'est celle de tout le monde.
Nicolas Mathieu nous rassemble comme personne, nous offrant un livre qui sert de rappel. Attention, le temps passe. Et si “les années seront lourdes de problèmes, de tapisseries à refaire et de nos enfants à finir”, elles se doivent de “ne rien céder de la joie.” La vie, ce n'est que ça.