Langue Morte C'est ça la Vie.
Après avoir lu les deux premiers romans d'Hector mathis, et livré aux lecteurs de babélio mon enthousiaste pour ce personnage peu banal, j'attendais fébrilement le N° 3. J'avais même poussé le vice à publier un éloge du
Ko dans l'est Républicain.
Il était dans mon viseur, depuis décembre. Aussi passant par masse critique, clic gauche, je me suis fait plaisir. Comme un frangin je me suis jeté sur cette
Langue Morte avec gourmandise.
Étonnant cette idée de publier à 28 ans une biographie. Un défi de plus.
Hector ne pouvait échapper à la malédiction de porter un nom au passé lointain mais ô combien prestigieux. le problème c'est le décor, une banlieue. Comment transformer la banalité indigeste de l'architecture du 93, aussi morne qu'un immeuble de 300m de long, en une carrière du crétacé peuplée de dynausaures.
Avec
Hector Mathis tout est possible.
La mémoire a cette capacité de tout réinventer. H Mathis raconte une banlieue moins trois étoiles au guide du routard. Il aime les chutes, les erreurs, les défauts, les mauvais jours, les galères.
Ses amis Yassine, Malik, ne suggèrent pas les cités mondaines. Ses potes sont natures, ils vivent aux rythmes de leurs bêtises, ou deviennent bouffons, provocateurs, aux limites du mauvais goût, quand page 165, baissant son froc, « J'vous r'fais les jantes les poulagas ! », il n'a pas eu le temps de finir !
La langue de Mathis plonge dans l'univers de Céline, L'usage permanent de l'argot, donne une tonalité propre à ce jeune auteur ; alcoolique ou shiteux. Il faut réviser ses références littéraires, car l'argot classique ne suffit pas, Wathsapp côtoie le SMIC, le Flore n'a pas sa place, mais le zgègues coure comme un dératé.
Après le départ du frangin, ce sont ses copains de la rue qui provoque une foison d'anecdotes savoureuses ? le goût immodéré de Mathis pour les portraits, trouve dans ce décor si déjanté un formidable réservoir, Mie Joss, ou Camille, sont des figures qui illustrent cette humanité libre et entière.
A se tremper dans la recherche des mots justes,
Hector Mathis écrit des images, fortes, des fulgurances, « je me suis dit qu'elle était en train de m'avaler la grisâtre ! Page 189.
Dans ce roman, qui cible son enfance,
Hector Mathis, a fait le choix de Phrase courtes ? Très courtes, les injonctions, les interjections, les impressions s'enchaînent comme des runs de Rock. le phrasé est celui de la banlieue. Les phrases sont bancales saupoudrées de jargons, d'emprunts à la Grèce antique (des cyclopes à mes trousses), ou aux mauvaises pubs de la télé.
Sans détours
Hector Mathis parle des garçons. du gamin qui se frotte à son père, du collégien qui découvre la vie en groupe, on suit l'émergence d'une personnalité. Ses rencontres avec les filles, et la place de la sexualité forment des témoignages justes à travers lesquels bien des adolescents peuvent se reconnaître.
Comme ses deux autres livres , les thèmes abordés le sont avec beaucoup de finesse.
Langue Morte n'est pas seulement un regard intime, sur l'enfance, il s'ouvre sur d'autres réalités, et présente la diversité des banlieues, ses potes, ses rencontres comme des richesses.
Langue Morte C'est ça la Vie.