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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cet automne-là, Teiko, 26 ans, une Tokyoïte moderne épouse Kenichi Uhara, 36 ans, un homme qui lui a été recommandé par un entremetteur. Nous sommes en 1958. Teiko se doute bien qu'il a eu quelques aventures mais elle ne lui pose pas de questions sur son passé. Kenichi dirige la succursale de l'agence publicitaire A., dans la région du Hokuriku à Kanazawa (nord). Il sera bientôt promu et muté au siège à Tokyo. A première vue, il est plutôt pas mal mais dès la première rencontre Teiko perçoit sa complexité. Et puis il refuse de passer leur voyage de noce dans le Hokuriku qu'elle ne connaît pas. Une semaine après leur retour de Kofu où elle a senti sa mélancolie, Kenichi prend le train pour Kanazawa en compagnie de Yoshio Honda, le jeune collègue qui va prendre sa succession. Il doit être de retour cinq jours plus tard. C'est la dernière fois que Teiko verra son mari.
Ce roman policier m'a plu car il est bien construit, et puis surtout parce qu'il parle des femmes de l'après-guerre au Japon. Tout le roman est vu au travers des yeux de Teiko. Elle est brillante et n'a peur de rien tout en étant très respectueuse des traditions. Nous découvrons cette région du nord en novembre , les secrets de ses habitant(e)s et le destin des pan pan, dont je n'avais jamais entendu parler personnellement. il s'agit des femmes de toutes origines sociales qui n'ont trouvé d'autres moyens de subsistance que de se prostituer auprès des soldats de l'armée d'occupation américaine. Les rues des années 45-46 ( le point zéro) en étaient pleines, les lèvres rouges, vêtues à l'occidentale dans des couleurs voyantes. Dix ans après le Japon a changé, a oublié, va de l'avant. Que sont-elles devenues ? le roman propose donc un éclairage subtil et féminin sur ce sujet certainement encore tabou en 1958.
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Comment vous gâcher tout le plaisir de la découverte de ce roman ?
Facile, il suffit de lire la quatrième de couverture qui raconte tout ce qui va arriver au fil des pages, du début jusqu'à la fin !
Heureusement, je n'avais que survolé ce fameux résumé avant la lecture.
Mais certains éléments annoncés se produisent vraiment très tard dans l'intrigue, ce qui fait que je me doutais de ce qui constitue l'élément clé de cette enquête.
En bref, une jeune mariée est confrontée à la disparition mystérieuse de son époux et il va lui falloir remonter dans le passé pour comprendre ce qui s'est passé.
J'ai bien aimé l'ambiance à la japonaise, à savoir que chacun a à coeur de ne pas gêner les autres, de ne pas être une source d'embarras pour eux, alors même qu'il leur arrive des trucs affreux et qu'ils vivent le pire moment de leur vie.
Vous imaginez être confronté à la disparition ou au meurtre d'un proche et devoir vous excuser auprès de ses collègues ou même de la police pour tous les ennuis que vous leur apportez ?
Ca semble une attitude assez étrange pour nous qui ne sommes pas habitués à ce genre de réaction, mais ce genre d'attitude se retrouve dans de nombreux romans japonais.
Le roman est agréable à lire, d'un style assez froid mais qui va bien avec l'ambiance et l'intrigue est plutôt bonne même si le résumé du dos du livre en dévoile beaucoup trop.
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Une silhouette rouge vif se promène dans les rues enneigées, aux bras de GI, dans le Japon occupé par les américains.

Le pays sort laminé de la guerre, les hommes sont terrassés par la défaite et les femmes se réveillent, découvrent qu'elles peuvent avoir un amour propre, être autonomes et jouer un rôle dans la société.
Grâce à un entremetteur et poussée par sa mère, Teiko, célibataire de 26 ans, se marie avec Kenichi, plus âgé qu'elle de dix ans, dont elle ne connait ni le passé sentimental ou professionnel.
Lors d'un déplacement, Kenichi disparait. Teiko entreprend alors, avec l'aide de collègues et de proches de son mari, une longue enquête qui l'amènera dans la péninsule de Noto, bordée de falaises et battue par les vents. Elle remonte le déroulé des évènements, reconstitue pas à pas le passé de Kenichi, et nous suivons le fil de son raisonnement fait de déductions, d'intuition, et de ruminations.
Elle se questionne sans cesse, élabore des hypothèses et répète les mêmes interrogations.
La quête de Teiko, faisant preuve d'opiniâtreté et gagnant en indépendance après un mariage arrangé, fait tout l'intérêt de ce roman policier qui nous fait découvrir un pan de l'histoire et de la sociologie du Japon, dont les certitudes ancestrales basculent après 45, autour des pan-pan, prostituées auprès de l'armée d'occupation.
L'intrigue, bien ficelée, nous fait voyager l'hiver, le plus souvent en train, dans de magnifiques paysages de montagnes et de bord de mer, illustrés par quelques dessins, sur la côte nord du pays.

Je découvre avec plaisir Matsumoto, auteur de 450 romans, souvent comparé, pour les ambiances et la psychologie, à Simenon.




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Seichô Matsumoto est considéré comme le Simenon du pays du Soleil Levant . N'ayant lu qu'un seul roman du grand écrivain belge je ne saurai me prononcer sur cette comparaison. Pour autant, une chose est certaine, « le point zéro » est un récit où le cadre, temporel, géographique et social, est au moins aussi important que l'intrigue criminelle qui nous est proposée.
Dans ce roman écrit en 1959, l'auteur évoque un Japon encore très marqué par les conséquences, matérielles et morales, de la défaite face aux Etats-Unis. Nous y découvrons un pays qui se remet doucement de la gigantesque crise économique qui suivit la fin de la guerre. Les coutumes reculent devant le mode de vie occidental, l'habitat traditionnel est progressivement remplacé par des demeures modernes et le capitalisme à l'américaine (usines et société de publicité) commence à s'imposer. L'histoire se déroule pour l'essentiel dans une préfecture du nord, coincée entre mer et montagne et subissant du fait de cette situation, la rigueur des éléments et une certaine pauvreté. On côtoie le petit peuple et les notables et la diversité des lieux fréquentés par les personnages (ryokans, salons de thé, bains et toute sorte d'institutions) nous offre un panorama assez complet de la vie dans une ville de province.
Mais là n'est pas le sujet principal du roman. Ce dont Seichô Matsumoto veut nous parler, c'est de ces milliers de japonaises que la misère de l'immédiat après-guerre a contraintes à se prostituer auprès des soldats américains. Ces « pan-pan » que le Japon s'est dépêché d'oublier, il les remet sur le devant de la scène en posant notamment la question de savoir ce qu'elles sont devenues une fois le pays sorti de la misère. Il s'interroge également sur l'influence que ces relations ont pu avoir sur les mentalités dans une société nippone encore très patriarcale, pour ne pas dire carrément machiste.
L'émancipation des femmes est donc au coeur du récit et ce n'est pas un hasard si les principaux personnages sont féminins, à commencer par son héroïne. Pourtant, au début du roman, Teïko apparait comme une femme effacée, subissant l'emprise de sa mère puis celle de son mari. Un mari qu'elle ne connaît guère puisque leur union a été arrangée par un entremetteur comme il était encore de coutume à l'époque. Cependant, en dépit des règles de politesse très pesantes et de la retenue qui s'imposait alors aux femmes, elle va révéler son caractère, faisant preuve d'une perspicacité et d'une persévérance peu commune. Son enquête fera émerger le joli portrait d'une femme volontaire qui doit comprendre qui était son époux afin de découvrir la vérité… à moins que ce ne soit le contraire.

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Un polar dans le Japon quelques années après la défaite de 1945 par un auteur contemporain de cette période. Si vous aimez l'hémoglobine, les introspections névrotiques ou le suspense haletant, passez votre chemin car vous risqueriez d'être déçu. le charme du livre réside dans le traitement lent de l'intrigue et la manière dont son élucidation éclaire un temps. Les personnages progressent au fil de voyages en train, de visites formelles toujours entourées d'une politesse surannée. Comme l'âme humaine garde ses noirceurs et que l'époque a été particulièrement cruelle pour le peuple japonais, le roman comporte ce qu'il faut de cadavres et de sombres mobiles. Mais tout cela est abordé avec une distance un peu froide, une certaine élégance qui rend sa fierté à l'ensemble des personnages.
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Matsumoto a souvent été comparé à Simenon, certainement pour l'humanité de ses personnages. Je pense qu'i faut plutôt aller chercher l'explication dans ce qu'écrit Takashi Atoda sans sa postface : « L'une des caractéristiques de l'écriture de Seichô Matsumoto c'est qu'en racontant l'individu, il nous raconte également la société. » Ce qu'il fait magnifiquement dans le Point zéro, un roman dans lequel une histoire de disparition et de crimes qui y sont liées l'amène à évoquer le rôle des « pan-pan », ces jeunes femmes qui ont exercé la galanterie après la défaite du Japon et l'occupation américaine.

Mais il y a aussi un côté « whodunit » dans ce livre et les lecteurs ont intérêt, comme dans Tokyo Express à ne pas se perdre dans les horaires et les itinéraires des déplacements ferroviaires et routiers de Teiko, partie à la recherche de son mari et de la vérité. Roman noir sur le passé qui peut vous rattraper, le Point zéro évoque également la question de la double vie, celle d'avant et celle d'après, mais aussi les existences que l'on peut mener simultanément. Sur ce thème, Matsumoto rejoint Simenon dans ce très beau roman.
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A Obidos, très belle bourgade médiévale au centre du Portugal, se trouve une extraordinaire bouquinerie. Une grande pièce, sans doute une ancienne grange, est tapissée de livres, du sol jusqu'au plafond à 4 ou 5 mètres de haut. Il faut une échelle mais pas le vertige, pour s'y retrouver parmi ces milliers de livres. Ce libraire offre au visiteur des livres en Portugais bien évidemment, mais également un impressionnant choix de livres en Allemand, en Anglais, plus rares, en Néerlandais mais aussi en Français.

J'y découvris ce roman japonais, un policier, genre dont je me limite à un exemplaire par an. Je n'avais jamais entendu parler de ce romancier prolixe que son éditeur (10/18) compare à Simenon.

L'éditeur dit juste. Matsumoto écrivait comme Simenon : des personnages simples, humbles, des scènes de la vie courante, des atmosphères que l'on saisit et comprend aussitôt.

Ce roman est simple, l'intrigue va droit au but mais est détaillée, sans tomber dans les bavardages des auteurs de policiers ou de thrillers contemporains, qui suivent les memes recettes des écoles d'écriture.

Cerise sur le gateau, Matsumoto aime le train et nous fait découvrir son fascinant japon par ce mode précieux de déplacement, celui qui permet le mieux la lecture.

Mais au delà de la lecture, captivante, de l'intrigue, ce roman nous offre à découvrir le bouleversement sociologique que représenta l'occupation américaine après l'effondrement de l'empire nippon en 1945, et singulièrement dans les rapports hommes - femmes. Pour le grand bonheur de l'émancipation des femmes.

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Matsumoto a introduit dans le roman policier japonais la psychologie des personnages et les détails de la vie quotidienne, le tout avec une précision d'orfèvre et une foultitude de détails . Ce style lui a valu d'être comparé à l'illustre écrivain belge George Simenon. Curieusement ses récits sont souvent en rapport avec des trains, comme c'est le cas de Tokyo Express où il y a aussi des précisions horaires sur les compagnies aériennes nippones. Plusieurs de ses livres ont été portés à l'écran.

Point Zéro (1959), un polar très agréable à lire par ce contexte social japonais de l'après guerre, années 50.

L'intrigue est assez compliquée dès le départ et elle va s'étoffer de plus en plus. Au départ, c'est la disparition de Kenichi un mois après son mariage avec Teiko, par l'intermédiaire d'un entremetteur alors même que Kenichi vient d'obtenir sa mutation à Tokyo, lui l'employé modèle.

Sa jeune épouse Teiko fera des recherches aidée par Honda, celui qui a pris l'ancienne place de Kenichi en province, à Kanayawa, au nord du Japon. le plus drôle ici c'est que ce sont les particuliers qui recherchent car la police est peu motivée, et ils ont l'habitude au Japon que les gens disparaissent de temps en temps sans laisser de traces.

Kenichi a un frère aîné, Sôtarô qui lui aussi se mettra à sa recherche et de toute évidence il sait des choses sur Kenichi que sa jeune épouse n'a pas eu le temps d'apprendre.

Peu à peu et à force de moult déplacements en train (l'obsession de l'écrivain pour les trains !) et des contacts avec des gens qui ont connu Kenichi, Teiko arrivera à trouver une explication à sa disparition si soudaine.

Un polar très ancré sur le social japonais qui nous apprend beaucoup de choses.

J'ai notamment remarqué, par exemple, ce recours, même aujourd'hui, aux mariages arrangés par l'entremise d'un ou d'une professionnel/le, une profession sérieuse et nécessaire au Japon où les gens gardent tellement leur distance que l'on arrive difficilement à les connaitre vraiment; souvent ils ne connaissent pas la spontanéité dans le contact et tout obéit à des règles sociales strictes selon le rang dans lequel on se situe.

J'ai appris aussi la situation des filles pan-pan, qui ont existé après la DGM avec un Japon à genoux, en grande carence. Ce sont des filles de tous les milieux sociaux qui ont « fréquenté » les soldats américains pour avoir à manger ou un peu d'argent; les filles des classes supérieures, éduquées ont pu, par la suite, se marier et fonder des familles, d'autres moins favorisées ont fini dans la prostitution; le thème des filles pan-pan n'est pratiquement jamais abordé au Japon, c'est un sujet tabou.

Autre aspect social frappant est le respect de la subordination due à la supériorité en grade dans le monde du travail ce qui se traduit par une gestuelle très précise vue par nous comme des salamalecs sans fin.

Aussi un autre aspect étonnant est l'obéissance et le respect aux personnes âgées, en commençant par les parents; même si on est en désaccord, ils son écoutés, voire obéis.

Pour revenir au livre, je me suis un peu perdue avec le nom des lieux et la lenteur de l'intrigue, mais globalement la qualité de l'écriture est superbe. Coup de chapeau bas aux traducteurs Dominique et Frank Sylvain qui ont bien donné le ton et l'atmosphère, car l'on croit lire un texte écrit directement en français.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Durant l'hiver 1958 à Tokyo, une femme de 26 ans épouse un homme de 10 ans son aîné. C'est un mariage arrangé, comme c'est souvent le cas au Japon. Ils ne se connaissent pas, mais ils semblent promis à un avenir radieux, ayant tout pour être heureux. Jusqu'à ce que ce dernier disparaisse subitement, au retour de leur voyage de noces, soit moins d'un mois après leur mariage. Laissant la jeune femme désemparée, seule aux prises avec d'innombrables questions concernant le passé de son époux, tandis que les morts se succèdent autour d'elle.

C'est un livre que j'ai profondément aimé, car il n'a eu de cesse de me dire ceci : fouiller dans le passé individuel revient parfois à fouiller dans le passé d'une nation toute entière, au risque de lever certains tabous.
Difficile d'imaginer à quel point ce livre a dû détonner lors de sa sortie en 1959, tant il a l'air moderne, en avance sur son époque.

C'est un roman sombre et lucide, un modèle du genre Whodunit, dans lequel la recherche du coupable est aussi l'occasion pour l'auteur de nous faire sillonner le Japon de long en large, de scruter la beauté triste de tous ses paysages, de dresser une galerie de personnages résilients à la psychologie fouillée, de nous parler du renversement des rôles hommes-femmes à un moment charnière de l'Histoire, et de se pencher sur les heures peu glorieuses d'un pays jadis sous occupation étrangère.
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Teiko est mariée depuis peu à Kenichi qu'elle connait à peine: leur union a été menée par un entremetteur comme c'est coutume dans le Japon de l'après-guerre.

Avant de s'installer à la capitale avec sa jeune épouse, Kenichi, employé dans une agence de publicité, effectue un dernier déplacement professionnel afin de mettre ses affaires en ordre et organiser sa succession. Il annonce son retour mais Teiko l'attend en vain.

Inquiète et un peu perdue, à l'aide d'un collègue de son mari, elle décide de suivre la trace de son époux, découvrant peu à peu son passé. Une enquête qui ne semble pas sans danger.

Focalisé autour d'une disparition inquiétante, le roman est avant tout un portrait de la société japonaise: structure, histoire, géographie, coutumes... sont ainsi mises en avant en parallèle de l'enquête de Teiko. Un double intérêt pour ce récit psychologique captivant.
Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
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