"J'ai gagné tous ces trophées que j'ai ensuite égarés donnés ou vendus quand j'avais besoin d'argent."
Certains jours il me semble que cette fadeur dénuée de passion, ennemie du changement, échappant même à toute volonté de concentration, à tout désir d’amélioration, vouée à la seule répétition du même geste banal abolit le temps.
On aurait dit non seulement qu'il prenait sa revanche sur la médiocrité de sa vie passée, mais aussi qu'il se vengeait de l'ostracisme qu'à cause de sa frasque sanglante il avait subi en se faisant exclure des tournois.
La menace de mon père soulignait surtout son incapacité à concevoir une alternative à la violence - la sienne ou la mienne - en dehors du recours à une discipline de fer destinée à anéantir toute vélléité de rébellion, à mater la bête immonde.
« L’horizon, ou mon avenir, me semblait abriter une réserve inépuisable de cauchemars, tous liés au tennis, à ses règles, à son matériel. » (p. 120)
Chaque tour que j'effectue ne me rapproche de rien : semblable au précédent, il annonce l suivant.
« Les folies de la nuit contaminaient le jour. […] Je refusais d’ouvrir les yeux, de renoncer au dessin anguleux qui dirigeait désormais ma vie. Une partie de moi-même savait que je courais à ma perte, mais j’ai refusé d’entendre cette voix ténue, qui a fini par se taire. » (p. 123)
« J’avais réussi avec son aide à me hisser au sommet de la hiérarchie du tennis, et il bénéficiait de ma célébrité ainsi que de ma fortune. » (p. 15)
J'ai repris conscience entre deux eaux.Immobile, en apesanteur, j'ai ouvert les yeux dans le liquide vert turquoise où, bras et jambes écartés, je coulais lentement.Au lieu de m'inquiéter, cette sensation m'a procuré un délicieux soulagement, une quiétude inespérée, que j'ai désiré goûter le plus longtemps possible.