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sur 8965 notes
J'ai décidé de lire Une vieDe Maupassant car j'ai appris qu'Annie Ernaux adorait cette histoire. Comme elle le mentionne dans une entrevue pour Bibliobs à propos de l'impact que le roman a eu dans son existence:

«Une vie » a donné un sens concret, urgent, à la nécessité d'avoir un métier et d'être indépendante. Et en même temps, cet usage libérateur du livre n'a été possible que grâce à l'empathie ressentie avec le personnage de Jeanne, sa sensualité et sa peur du sexe, sa sensibilité à la nature, sa mélancolie du temps qui fuit, son ennui, ses illusions mêmes. C'est parce qu'elle est moi que je ne veux pas être elle, d'une certaine façon! »

Et plus loin, elle dit qu'Une vie est :

«Un roman magnifique, d'une lucidité noire et d'une profonde compassion pour la condition humaine.»

Il n'en fallait pas plus pour que ma curiosité soit piquée et que je lise enfin un bouquin de cet écrivain français.

Que raconte Une vie?

Jeanne le Perthuis des Vauds sort du couvent à dix-sept ans pour retourner au château Les Peuples auprès de ses parents. Elle est l'enfant unique d'Adélaïde et du baron Simon-Jacques le Perthuis des Vauds. Elle rêve du prince charmant et elle l'attend pour faire un beau mariage. Elle tombe sous le charme du vicomte Julien de Lamare et elle l'épouse après quelques mois de fréquentation. Elle apprend rapidement ce que représente le mariage auprès d'un mari volage. Elle tombe enceinte et elle accouche d'un fils qui deviendra l'amour de sa vie.

Ce que j'ai pensé de ma lecture

Je n'ai pas tout raconté dans mon résumé car je voulais garder un brin de mystère par rapport à l'intrigue, mais je dois avouer que j'ai adoré, mais adoré ma lecture. Je me suis profondément attachée au personnage de Jeanne, à ses états d'âme, à sa sensibilité extrême, à ses illusions déchues. Elle pleure énormément durant l'histoire car elle est naïve et elle s'apitoie sur son destin et avec raison. D'ailleurs, la symbolique de l'eau s'avère particulièrement intéressante dans le récit. Par exemple, l'incipit la dévoile :

«Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas».

En ce sens, le lecteur est amené à pénétrer dans l'univers de Jeanne, un monde marqué par l'eau. Mais encore, Maupassant n'est pas tendre avec Jeanne. Il en fait presque une martyre de son temps. Sa destinée apparaît étroitement liée à sa condition d'aristocrate prisonnière du bon vouloir de l'homme, de la religion, du fils héritier.

De surcroît, j'ai apprécié les descriptions de la nature reliées aux états d'âme de Jeanne et au temps qui passe. Il y a de superbes scènes dans le récit l'illustrant. En voici un exemple :

«Et une atroce réflexion lui vint : – si petite mère n'était pas morte, par hasard, si elle n'était qu'endormie d'un sommeil léthargique, si elle allait soudain se lever, parler ? — La connaissance de l'affreux secret n'amoindrirait-elle pas son amour filial ? L'embrasserait-elle des mêmes lèvres pieuses ? La chérirait-elle de la même affection sacrée ? Non. Ce n'était pas possible ! Et cette pensée lui déchira le coeur.

La nuit s'effaçait ; les étoiles pâlissaient ; c'était l'heure fraîche qui précède le jour. La lune descendue allait s'enfoncer dans la mer qu'elle nacrait sur toute sa surface.

Et le souvenir saisit Jeanne de cette nuit passée à la fenêtre lors de son arrivée aux Peuples. Comme c'était loin, comme tout était changé, comme l'avenir lui semblait différent !

Et voilà que le ciel devint rose, d'un rose joyeux, amoureux, charmant. Elle regarda, surprise maintenant comme devant un phénomène, cette radieuse éclosion du jour, se demandant s'il était possible que sur cette terre où se levaient de pareilles aurores, il n'y eût ni joie ni bonheur.» (p. 214)
Je trouve ce recours à la nature pour illustrer le temps sublime. Quel talent! le lecteur ressent bien le lien entre l'intériorité et l'extériorité. Dans la chambre, c'est la mort, l'obscurité. À l'extérieur, c'est la beauté, la clarté, la possibilité, la vie et Jeanne n'y a pas accès. Et, c'est cruel. J'adore…

Devez-vous lire Une vieDe Maupassant? Absolument. Je crois que si je n'avais pas lu ce récit, ma vie de lectrice aurait été incomplète. Un moment de pur bonheur.

https://madamelit.ca/2021/12/10/madame-lit-une-vie-de-maupassant/
Lien : https://madamelit.ca/2021/12..
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« Une vie », c'est celle de Jeanne, qui commence en 1819 à la sortie du couvent où ses parents l'avaient placée pendant son adolescence. Dans le château familial, en Normandie, elle rencontre Julien, autre nobliau de province qui la courtise et l'épouse avec la bénédiction du baron, son père et d'adélaïde, sa mère. Ses aspirations rêvées s'envolent avec la monotonie de sa nouvelle vie et le doute de sa relation avec Julien dont la goujaterie s'affirme. La très belle écriture De Maupassant décrit bien cette époque, la vie des nobles aisés ignorant ce qu'est le travail et vivant de leurs rentes et la place subalterne de la femme qui subit la loi masculine. La religion est également bien croquée avec les deux curés très différents qui se succèdent en interagissant, chacun à sa manière avec la population catholique. La narration est soumise à deux rythmes successifs, la première partie (la plus riche) se déroule sur quelques années seulement et la seconde consacrée à l'impossible retour de Paul est beaucoup plus longue et ennuyeuse. L'ensemble du roman se lit agréablement, mais procure un intérêt moindre que les autres nouvelles de l'auteur.
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Que cela fait du bien de relire de la littérature classique, j'ose à peine dire de la "vraie" littérature.
Ce roman aurait tout aussi bien s'intituler "La Désillusion". En effet, Jeanne le Perthuis des Vauds, dix-sept ans, vient de sortir du couvent, ne connaît rien à la vie; elle est naïve, romantique, se berce de rêves de jeune fille. de milieu plutôt aisé (petite noblesse rurale), normand (région d'origine de l'auteur), elle aime la nature, la mer, et vit une vie sans soucis jusqu'à ce qu'elle se marie (assez rapidement) et découvre que la vie n'est pas le monde rose dont elle rêvait; elle va connaître la trahison et la violence, la souffrance et mener une vie bien triste.
Je n'entrerai pas davantage dans les détails de l'histoire, d'autres l'ont fait avant moi, et il faut bien vous laisser quelque chose à découvrir. Je préfère vous livrer mon ressenti, surtout en tant que femme.
En effet, de plus en plus fréquemment, lorsque je lis un roman, je savoure mon bonheur de vivre au 21ème siècle, de ne pas devoir endurer ce que des générations de femmes ont dû subir: la soumission, la violence, l'absence de choix, le confinement ou l'assignation à domicile, la servitude, la relégation au second plan, l'absence de maîtrise de la conception...... Que de chemin parcouru en quelques siècles, même s'il reste beaucoup à faire encore!
Je ne dirais pas que la vie de Jeanne est ordinaire car, malgré tout, elle est d'un milieu privilégié, mais elle est représentative d'une époque (fin du dix-neuvième siècle), pas si lointaine que cela. Ce n'est sûrement pas par hasard que le titre est "Une vie"; banale est l'adjectif que je lis derrière ces deux mots. Malmenée par son mari, elle va de déception en déception, mais elle n'est pas plus heureuse lorsqu'elle se retrouve seule. Elle porte sa croix toute sa vie.
Malheureuse, dupée par son mari, elle le sera aussi avec son fils Paul à l'âge adulte; seule la fin de sa vie lui apportera une embellie, lui ouvrira un horizon plus lumineux et réalisera l'un de ses rêves. Pauvre Jeanne!
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je m'étais engagée à relire ce livre pour un challenge organisé par Gwen21, mais je n'ai pas pu tenir ma promesse. difficile de supporter la description des rêves brisés d'une héroïne fraîche comme la rosée du matin, naïve et prête à tomber sous le charme d'un homme attendu avec impatience, mais qui, une fois marié se révèlera bien moins charmant. toutefois mon engagement d'écrire une critique est tenu, désolée M. de Maupassant, je vous apprécie beaucoup mais là c'est trop triste!
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Après une première approche De Maupassant, j'ai eu envie de continuer la lecture d'un autre de ses romans. Sous les conseils d'une prof de français je me suis lancée, j'ai lu quasiment d'une traite ce livre. Malgré une histoire bien cruelle j'ai aimé la justesse du récit. Une vie de femme parmi tant d'autres pour l'époque.
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Si j'ai bien compris, "Une-vie/" --- d'après la critique de Annathèque--- c'est l'histoire de Jeanne qui doit être Darc et cousine avec Mireille ( pas celle de Mistral gagnant, non ,l'autre, celle qui joue les "grandes sauterelles") .
Or donc, Jeanne est moins bête qu'Emma. mais que fait Emma dans cette histoire? Je croyais qu'elle filait le parfait amour avec Horatio surlesflots bleus de la Méditerranée chère à Tino-Rossi. Mais attention, Voici qu'intervient Rosalie,et là nous avons le choix entreune vieille Citron et la lame au bout du Lebel, lame chère aux tourlourous de 1914 ;non, vous vous trompez, c n'est pas la demi-soeur pas plus que le père de Jeanne n'est le fils du père d'Emma , vous me suivez ? je parle bien entendu de Guy et de Gustave, Ce n'est pas parce qu'ils ont la même initiale qu'il faut croire ce qui n'est pas . Continuons et passons à tante Lison, mais alors là,c'est autre chose, la révolution industrielle,la locomotive de Jean Gabin, "La bête humaine" quoi---- mais non, là c'est du Zola, enfin du Renoir,je m'y perds ,je me trompe d'aiguillage.
Quoi qu'il en soit, ce qui est sûr , c'est qu'il y a des morts,beaucoup de morts dans cette vie (normal, une vie< sans morts, ce n'est pas une vie,à peine une existence) et le plus triste ,c'est la mort d'une pauvre chienne . Quelle vie de chien !
jJ'aime surtout la conclusion (un peu triste ) selon laquelle la fin de vie est d'une tristesse inouïe. il est vrai que la fin de vie de Henry-René-Albert-Guy fut "follement gaie" en raison de l'impact neurologique de sa syphilis, ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui dans sa dernière lettre au docteur Cazalis en décembre 1891. Et il n'est mort que le 6 juillet 1893 . Quelle vie !
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C'est un livre français relativement populaire chez les lycéens néerlandais. Il occupe la quarantième place sur la liste de livres les plus lus aux lycées. C'est un roman sur la vie de Jeanne, la fille d'une famille bourgeoise au XIXe siècle en France. C'est une histoire qui se déroule dans le monde de la petite bourgeoisie campagnarde ; il y a les familles anciennes, les grandes maisons froides, les vies familiales isolées, les relations interpersonnelles formelles sans trop de spontanéité.

La vie de Jeanne, c'est une histoire un peu déprimante. Elle est une jeune fille pleine de joie qui peut finalement quitter le couvent et rejoindre ses parents quand elle a dix-sept ans. C'était son père qui a décidé de l'envoyer au couvent pour la préserver du monde séculier. Elle est très heureuse de le quitter ; finalement elle peut commencer à chercher l'amour de sa vie pour se marier. C'est une chose inévitable, après une éducation tellement déficiente, après avoir été trop protégé au couvent, que Jeanne, une fille naïve, tombe pour le premier homme disponible.

Elle se marie avec le consentement de ses parents et puis les choses déraillent rapidement pour elle. Son nouveau mari se révèle être un caractère froid et il la trompe avec sa bonne. Dès cette déception, c'est seulement son fils qui lui donne l'espoir et la raison pour vivre. Elle le gâte, elle le protège trop, elle bloque son développement naturel, elle ne lui veut pas relâcher. On peut compter sur les conséquences de cette éducation déficiente de nouveau : c'est son fils, sa raison de vivre, qui la dupera et qui ruinera la famille.

Malgré le thème triste et l'ambiance décourageante, c'est quand même une histoire captivante. C'est vrai qu'il y a peu d'événements intéressants. L'histoire traite surtout les sentiments de Jeanne et ses relations avec ses parents, avec sa bonne et, évidemment, avec son mari et son fils. On suit la vie simple de Jeanne et on apprend ses espoirs, ses doutes, ses déceptions et ses sentiments poussés.

Le style de l'écriture m'a plu vraiment. le texte date du XIXe siècle mais il est quand même très accessible et facile à lire, on pourrait croire facilement que le livre a été publiée il y a quelques années (J'ai lu l'édition de Folio de Gallimard publié en 1974). le caractère de Jeanne est sympathique, on participe à ses joies et à ses chagrins. On désire vraiment que les choses s'améliorent pour elle. Je crois que ça explique aussi la popularité de ce livre chez les lycéens néerlandais : ce n'est pas seulement une histoire facile à lire mais elle présente aussi un protagoniste réaliste et sympathique.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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J'ai lu se livre en seconde, pour mon cours de français, et j'ai adoré.
J'ai beaucoup aimé la profondeur avec laquelle le personage est traité : peu importe que l'on approuve ou pas, on comprends. On voit et on vit la décéption, l'ennuie, le manque de propos d'une vie qui finalement se résume à pas grand chose.

Dans mon souvenir le style est fluide et le roman court. Les moments les plus dramatiques arrivent sans surprise comme une fatalité. Et surtout, un long quotidien, décrit sans lourdeurs. (J'ai trouvé ce livre étonnamment facile et "rythmé" pour un classique).

J'aime beaucoup la manière dont le tire résonne avec le texte : Une vie. Rien de remarquable, un ennuie interminable qui se contente d'exister.
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Un chef d'oeuvre très fort et très émouvant un peu désespéré comme toute l'oeuvre De Maupassant. Un livre culte, de ces livres qui vous accompagnent toute une Vie....
Maupassant a cette manière si sublime et savoureuse de nous faire partager des tranches de vie en apparence banales mais qui prennent sous sa plume une nouvelle luminosité..Fabuleux, prenant ! Un roman d'initiation qui vous remue, et qui vous marque par sa justesse et son analyse du cours de la vie.
C'est une véritable leçon que ce roman, un regard sur nos conditions auquel on se réfèrera tout au long des différentes étapes de notre vie. C'est un petit talisman que nous a livré là Maupassant, toujours d'actualité 150 ans après.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Je parle ici uniquement de mon ressenti de lecteur, tant de choses ont déjà été écrites sur ce livre magnifique.
Je l'ai découvert à l'adolescence puis je l'ai relu à plusieurs reprises. C'est le récit de la désillusion d'une femme, Jeanne, mais aussi un hymne à la vie.
Maupassant est un auteur pessimiste, mais, en creux, il est aussi celui qui nous pousse à être heureux. Voilà une héroïne malheureuse, voici ce que nous aimerions être.
L'écriture est simple et directe, comme je l'aime tant.
C'est un roman extraordinaire. Initiatique. A lire et à relire.
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