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sur 8871 notes
Que vous évoque ce titre : « Une vie » ?

Pour ma part, étant donné l'article indéfini qui précède le mot « vie », le titre a généré en moi des impressions plutôt négatives. D'abord, j'ai pensé à la solitude, mais une solitude contrainte, non choisie, avec ses tristes corollaires. Ce titre m'évoque aussi la fatalité et l'insignifiance : l'auteur raconterait dans son roman « une vie » parmi tant d'autres, sans qu'elle revête un caractère exceptionnel, le personnage principal se contentant d'être présent en ce monde de manière passive, spectateur plutôt qu'acteur, à la merci de ce que la vie peut avoir de tragique.

Après avoir lu ce beau roman sombre, je trouve le titre bien choisi. Comme un paradoxe, une impression de vide : ce n'est pas qu'il ne se passe rien dans la vie de Jeanne, au contraire il y a tant de drames qui ponctuent son existence qu'elle subit sa vie plus qu'elle ne la vit. Il semble que le sort s'acharne sur elle, que les malheurs extérieurs sur lesquelles elle n'a aucune prise l'empêchent d'être, d'exister.

Ce n'est pas le premier roman De Maupassant que je lis. Mais c'est son premier roman. Et il y a déjà là beaucoup de cet auteur toujours très lu de nos jours. Une belle lecture et une bonne entrée pour ceux qui souhaiteraient découvrir Maupassant.
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Une belle maîtrise de style, une justesse descriptive et une économie de mots qui font De Maupassant l'un des plus grands romanciers du 19e siècle.
Une jeune fille, unique, élevée pendant quelques années au couvent et qui trois mois après sa sortie se retrouve mariée, totalement ignorante de la vie et des amours, choyée par des parents aisés et aimants.
Trop tard pour se poser des questions.
Et le désenchantement ne tardera pas à venir qui la fera pleurer pour un oui pour un non.
Et l'auteur n'a pas son pareil pour nous décrire les rêves, les hésitations, les désillusions de son héroïne qui est très seule au fond et il nous fait partager une explosion de paysages normands, très impressionnistes, très odorants, très colorés, déjà présents dans d'autres romans.
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On dit De Maupassant qu'il est misogyne et on ne peut le nier ? Cependant en lisant l'histoire de Jeanne on ne peut que constater l'immense compassion qu'il montre pour son héroïne et l'acte d'accusation terrible qu'il porte sur les hommes et leur comportement envers les femmes . Un très grand livre (mais qu'est-ce qui n'est pas grand chez Maupassant ?)
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Jeanne, elle est douce, sage, résignée. J'aurais voulu la prendre dans mes bras, lui murmurer un peu de tendresse et de réconfort et rouer de coups Tolbiac, Julien ou Rosalie.
Seulement, je n'avais que 12 ans et je devinais qu'en ce temps là, les révoltes s'étouffaient, se taisaient et que l'on essuyait avec dignité les infamies à l'encontre de son genre (j'aurais aimé que Jeanne se fasse amie avec Emma)
Tout (ou presque) est morne dans la vie de Jeanne, et le récit de ses solitudes m'a fait vibrer toute entière.
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Le féminisme est le seul humanisme possible après 4000 ans de domination patriarchale et 200 ans de domination bourgeoise qui a métastasé en néolibéralisme.
C'est quoi une vie ? C'est quoi une vie de Femme ? C'est quoi une vie de femme au XIXème siècle ? Et C'est quoi une vie de femme au XIXème siècle en Normandie ?
C'est un portrait dessinait avec des mots, un portrait réaliste, sans complaisance, d'une jeune fille Jeanne née dans ce qu'on appelait en ce temps une bonne famille. Elle voit la vie la transformer peu à peu. Fraîche jeune fille possédant une belle éducation, elle perd peu à peu pied et sombre dans la folie. La rédemption viendra.
Ne serait-ce pas la mère même De Maupassant, qui devint malade psychologiquement. La bourgeoisie patriarchale ne serait-elle capable de produire que de la folie comme fuite chez les jeunes filles et les femmes qui aspire à explorer leur liberté ?
Je ne sais plus quel âge j'avais quand j'ai lu ce roman : 20 ans ? 21 ans ? J'étais jeune homme, en Auvergne, dans les années 80, c'était l‘arrivé de L. Fabius aux Affaires ! C'était la grande bascule de la pensée Soro fraternelle des années 70, de gauche vers le néolibéralisme hyper-individualisme, le plus dur et le plus violent dans sa volonté de transformer l'humain. le narcissisme arriverait un peu plus tard et la condition des femmes commencerait à se dégrader de nouveaux avec l'avancée des « bonnes intentions » sociétalistes, stratégie électoraliste d'un cynisme épouvantable et qui m'épouvante encore aujourd'hui.
Et voilà l'époque ou je lisais ce roman et pourtant, malgré les tares et tourments de Jeanne, de cette jeune femme, je me suis trouvé transporté, emporté comme une petite souris, près d'un coeur, du coeur de cette femme. Elle vivait une vie de désillusion et de dignité, une dignité qui donne envie en tant que lecteur d'être à la hauteur d'un tel personnage.

Une autre figure qui dérangeait le jeune chrétien de gauche que j'étais, c'est l'abbé Tolbiac. Il est l'incarnation de la religion de ce temps et longtemps encore qui écrase tout sur son passage, même l'humanité. Elle a longtemps oublié que la religion doit être au service de la personne humaine et de l'humanité.
Je découvrais Maupassant et je comprenais alors qu'écrire ne peut se concevoir que dans un engagement total de soi, ce n'est pas un divertissement, c'est de l'otium, un loisir au sens noble du terme.
L'artiste c'est celui qui plonge dans les eaux inconnues, ce il n'est en aucune façon, c'est un regardeur.
Lien : https://tsuvadra.blog/2021/0..
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Rien à redire sur ce bouquin ; en 225 pages à peine, l'auteur arrive à nous faire une synthèse de la vie de Jeanne. Rien n'est survolé, rien n'est trop long non plus. On a l'impression d'avoir la galerie de personnages qui prend vie sous nos yeux à mesure que nous lisons. Ainsi que les décors. Fabuleux
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Magnifique premier roman De Maupassant que je viens de relire avec toujours autant de bonheur et de plaisir.
Ne prend pas une ride.

Quelle vie que celle de Jeanne, décrite par cet admirable auteur !
Quel parcours et rencontres qui auront sur elle de nombreuses conséquences.

Écriture toujours aussi percutante de Monsieur Maupassant qui sait nous décrire avec tant de conviction aussi bien le destin d'un homme (dans Bel Ami) que celui d'une femme.

À recommander vivement !
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Je viens de retomber dans les délices inouïs de la plume De Maupassant, l'enchanteur de mots, en me plongeant dans son roman "Une vie" paru en 1883. D'accord j'ai un train de retard probablement et là je ne vous parle pas du dernier prix littéraire…
Jeanne est la petite soeur de Emma Bovary. Maupassant a probablement été fort inspiré par le roman de Flaubert qu'il admirait.
Tout comme Emma, Jeanne est une jeune fille romantique. Elle aspire à l'amour, aux voyages, aux douceurs d'un foyer heureux. Une grande différence cependant : elle ne lit pas et ne peut s'échapper à travers les lignes d'un livre. Alors quand ce gentil fiancé vite épousé la délaisse dans son château familial de Normandie, il ne lui reste que ses vieux parents et son tout nouveau-né pour la distraire un peu. Mais quand l'un puis l'autre disparaissent, c'est la solitude et la folie qui s'installent. Si Emma Bovary, on s'en souvient, met fin à ses jours en s'empoisonnant à l‘arsenic, Jeanne, elle, une fois au fond reçoit un inattendu cadeau de la vie...

Lien : http://lecritdurocher.over-b..
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Superbe oeuvre que je relis régulièrement sans jamais m'en lasser.
A cette énième relecture je décide d'apporter mon humble contribution aux critiques de Babelio.

L'HISTOIRE
La vie de Jeanne le Perthuis des Vauds.
Plus complexe que le titre l'annonce...
Jeanne sort du couvent. Innocente emplie des rêves à l'eau de rose.
Elle retrouve aux « peuples », le domaine chéri, son père et sa mère.
Moins de 4 mois plus tard, elle épouse un respectable vicomte : Julien de Lamare.
Celui ci réussit à passer a travers les mailles très écartées du filet. Il épouse Jeanne.
Le cauchemar ourlé de monotonie commence. Julien est tout sauf un mari respectable.
Sa personnalité va contribuer à rendre Jeanne malheureuse. Mais pas seulement...

Les personnages.
Une vie c'est le récit d'un laisser aller de la personnalité. Ce n'est pas négatif au contraire ; Maupassant a réussit à mettre en avant ce vide de l'existence par le biais de chaque personnage.
Ils sont à la fois, présents et vides.
- La stupide Jeanne tristement soumise à la vie. Pur produit de niaiserie et de stupidité de ses parents.
J'ai lu quelque part que Jeanne à la sortie du couvent a tout ; la beauté, la fortune, l'éducation...
Elle a tout sauf les pieds sur terre. Est ce une éducation d'avoir des parents si empotés de bêtise ?
- La mère m'a fait penser brièvement à miss Bennet, futile et hypocondriaque.
Elle fuit ses responsabilités et survit en se raccrochant à de brefs souvenirs.
- le père est un puis de bonté sans fond. Il rabaisse aussi inconsciemment sa propre fille « tu appartiens à ton mari ». C'est un maladroit dans son rôle de père protecteur qui ne l'est pas du tout. Une ombre inutile et même barbante parfois.
Sa générosité aveugle lui fait du tord et fera du tord à sa fille. Seul homme du groupe féminin formant la trame des personnage, on a l'impression qu'il s'empresse d'intégrer Julien de Lamare pour fuir de trop lourdes responsabilités.
D'ailleurs malgré son attachement à sa Jeanne, il se renseigne à peine sur son futur gendre. Il fuit lui aussi. Plus tard voyant que Julien ne vaut rien il sera loin de soutenir son cher ange. Il s'enfonce dans un rôle secondaire qui fuit les ennuis.
Cela donne envie de hurler.
- Lison est le personnage typique de ce roman. Elle a raté sa vie et reste punie par les autres qui pourtant sont à son image. Elle est le miroir de l'avenir ; une future Jeanne. le parallèle s'est très vite fait dans mon esprit.
- Julien a un zizi à la place du cerveau, son fils Paul a un pois chiche à la place du cerveau. Chacun fuit ses responsabilités en se reposant sur d'autres personnes, en imposant ses choix. Les deux finiront mal. (Pour Paul pas sure).

Cela donne un cercle vicieux.
- Les prêtres sont à l'opposé l'un de l'autre avec pour leur lien leur pitoyable vision de la religion. Fanatique pour l'un désabusé pour l'autre.
Malgré l'intérêt de ces personnages aucun ne sort du lot se calfeutrant dans une monotonie répétitive.

Les piliers d'une vie gâchée sont posés. Car pour moi la ruine de la vie de Jeanne commence avec cet entourage sans épaisseur.
Aucun ne sait s'affirmer. A part sur la fin Rosalie peut être.
Rosalie l'une des rares qui arrive à tirer son epingle du jeu. Mon personnage préféré.

Mon avis.
Certains disent que c'est le récit qui va du tout au rien, d'une existence heureuse à un néant. Pas d'accord. Selon mon opinion, l'originalité de cette oeuvre figure dans le fait que le chaos il est présent des le début se cachant sous une apparence d'ordre. Et personne ni Jeanne ni le lecteur ne s'en rend compte.
Le vide est la quand on voit Jeanne qui sort du couvent. Son caractère creux, ses émois de pucelle ridicules, ses parents fades.
Cette jeune fille naïve jusqu'à la bêtise qui a envie de pleurer tous les jours pour un oui ou pour un non...
Des le début elle n'avait aucune chance de sortir de la spirale négative crée par son entourage...

CONCLU
Le cercle fascinant de l'échec de l'inexistence ; les parents bêtifie leur fille ce qui indirectement la rend malheureuse. Jeanne affaiblie forge un fils impersonnel. Et celui ci à cause de sa légèreté de sa bêtise (encore une fois), laisse une petite fille orpheline de mère.
Jeanne qui promet de devenir une future Lison s'efface alors aux cotés plus énergiques de sa domestique.
Espérons que Rosalie soit encore la pour veiller sur les arrières de sa maitresse.
Une vie gâchée.
Les faits qui pourraient influer sur le destin de Jeanne, les événements marquants qui pourraient lui faire prendre conscience de la réalité, de la logique de la vie, ne servent en fait qu'a montrer le défaitisme, la passivité d'une femme qui subit sans intervenir.
C'est rageant combien de fois j'ai eu envie de m'emparer de cette Jeanne et de la secouer dans tous les sens.
Mais moi c'est moi et Jeanne reste Jeanne...

FIN
On finit sur un excipit à la Candide : «La vie, voyez vous, ca n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit».
Merci bien mais je ne m'en était pas rendu compte.
Plus sérieusement, cette façon très philosophique de conclure un récit aussi remplis me ravit.

L'AUTEUR
L'édition livre de poche offre un préface très complet dont des photos et images qui permettent de situer l'oeuvre.
je découvre la Normandie c'est à dire le nord dont était originaire Maupassant.
C'est un détail qui m'a plu ; l'atmosphère campagnarde.
Moi qui préfère la campagne je me suis imaginée non loin des falaises d'Etretat...
Maupassant impose aussi la présence de l'eau. Les larmes de Jeanne, la mer omniprésente, la pluie...

COPIE
Un bémol l'évident copié collé d'Emma Bovary de Flaubert.
Ce n'est pas très étonnant vu que Flaubert est le mentor/ami/lointain cousin De Maupassant. Les influences des oeuvres Flaubertiennes sont légères mais présentes.
Comme Emma Jeanne a lu trop de livre, elles sont mal marié, ratent leurs vies.
Maupassant se fait pardonner cette petite facilité car il réussit à construire son propre Emma Bovary propre à lui même.
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Cette relecture d'Une vie m'a autant enthousiasmée que la première fois.

J'ai aimé retrouver le personnage de Jeanne, jeune fille naïve qui sort du couvent et ne demande qu'à croire au grand amour. On le devine. Sa vie ne sera pas celle idéalisée.

J'ai attendu avec impatience la transformation de Julien de Lamare, j'ai cherché les prémisses de son caractère égoïste et radin, qui donne tant de tonus à ce récit. Je me suis agacée parfois des réactions des parents de Jeanne, et surtout, j'ai eu envie de secouer notre Jeanne à plusieurs reprises (surtout dans ses rapports avec Poulet).

Sans oublier que le cadre est tellement bien campé, qu'on visualise chaque scène comme si on était sur place, on s'imagine au bord de la falaise, on voit les cheveux noirs frisés de Julien, on peine à chaque pas de la baronne mère.

Ce roman fait jouer une belle palette d'émotions et laisse, comme nombre de ses nouvelles, un petit goût amer et désabusé. La vie décrite à travers les yeux De Maupassant est loin d'être gaie, enthousiaste et joyeuse ; elle est ce qu'elle est.

"La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit."


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