Superbe oeuvre que je relis régulièrement sans jamais m'en lasser.
A cette énième relecture je décide d'apporter mon humble contribution aux critiques de Babelio.
L'HISTOIRE
La vie de Jeanne le Perthuis des Vauds.
Plus complexe que le titre l'annonce...
Jeanne sort du couvent. Innocente emplie des rêves à l'eau de rose.
Elle retrouve aux « peuples », le domaine chéri, son père et sa mère.
Moins de 4 mois plus tard, elle épouse un respectable vicomte : Julien de Lamare.
Celui ci réussit à passer a travers les mailles très écartées du filet. Il épouse Jeanne.
Le cauchemar ourlé de monotonie commence. Julien est tout sauf un mari respectable.
Sa personnalité va contribuer à rendre Jeanne malheureuse. Mais pas seulement...
Les personnages.
Une vie c'est le récit d'un laisser aller de la personnalité. Ce n'est pas négatif au contraire ;
Maupassant a réussit à mettre en avant ce vide de l'existence par le biais de chaque personnage.
Ils sont à la fois, présents et vides.
- La stupide Jeanne tristement soumise à la vie. Pur produit de niaiserie et de stupidité de ses parents.
J'ai lu quelque part que Jeanne à la sortie du couvent a tout ; la beauté, la fortune, l'éducation...
Elle a tout sauf les pieds sur terre. Est ce une éducation d'avoir des parents si empotés de bêtise ?
- La mère m'a fait penser brièvement à miss Bennet, futile et hypocondriaque.
Elle fuit ses responsabilités et survit en se raccrochant à de brefs souvenirs.
- le père est un puis de bonté sans fond. Il rabaisse aussi inconsciemment sa propre fille « tu appartiens à ton mari ». C'est un maladroit dans son rôle de père protecteur qui ne l'est pas du tout. Une ombre inutile et même barbante parfois.
Sa générosité aveugle lui fait du tord et fera du tord à sa fille. Seul homme du groupe féminin formant la trame des personnage, on a l'impression qu'il s'empresse d'intégrer Julien de Lamare pour fuir de trop lourdes responsabilités.
D'ailleurs malgré son attachement à sa Jeanne, il se renseigne à peine sur son futur gendre. Il fuit lui aussi. Plus tard voyant que Julien ne vaut rien il sera loin de soutenir son cher ange. Il s'enfonce dans un rôle secondaire qui fuit les ennuis.
Cela donne envie de hurler.
- Lison est le personnage typique de ce roman. Elle a raté sa vie et reste punie par les autres qui pourtant sont à son image. Elle est le miroir de l'avenir ; une future Jeanne. le parallèle s'est très vite fait dans mon esprit.
- Julien a un zizi à la place du cerveau, son fils Paul a un pois chiche à la place du cerveau. Chacun fuit ses responsabilités en se reposant sur d'autres personnes, en imposant ses choix. Les deux finiront mal. (Pour Paul pas sure).
Cela donne un cercle vicieux.
- Les prêtres sont à l'opposé l'un de l'autre avec pour leur lien leur pitoyable vision de la religion. Fanatique pour l'un désabusé pour l'autre.
Malgré l'intérêt de ces personnages aucun ne sort du lot se calfeutrant dans une monotonie répétitive.
Les piliers d'
une vie gâchée sont posés. Car pour moi la ruine de la vie de Jeanne commence avec cet entourage sans épaisseur.
Aucun ne sait s'affirmer. A part sur la fin Rosalie peut être.
Rosalie l'une des rares qui arrive à tirer son epingle du jeu. Mon personnage préféré.
Mon avis.
Certains disent que c'est le récit qui va du tout au rien, d'une existence heureuse à un néant. Pas d'accord. Selon mon opinion, l'originalité de cette oeuvre figure dans le fait que le chaos il est présent des le début se cachant sous une apparence d'ordre. Et personne ni Jeanne ni le lecteur ne s'en rend compte.
Le vide est la quand on voit Jeanne qui sort du couvent. Son caractère creux, ses émois de pucelle ridicules, ses parents fades.
Cette jeune fille naïve jusqu'à la bêtise qui a envie de pleurer tous les jours pour un oui ou pour un non...
Des le début elle n'avait aucune chance de sortir de la spirale négative crée par son entourage...
CONCLU
Le cercle fascinant de l'échec de l'inexistence ; les parents bêtifie leur fille ce qui indirectement la rend malheureuse. Jeanne affaiblie forge un fils impersonnel. Et celui ci à cause de sa légèreté de sa bêtise (encore une fois), laisse une petite fille orpheline de mère.
Jeanne qui promet de devenir une future Lison s'efface alors aux cotés plus énergiques de sa domestique.
Espérons que Rosalie soit encore la pour veiller sur les arrières de sa maitresse.
Une vie gâchée.
Les faits qui pourraient influer sur le destin de Jeanne, les événements marquants qui pourraient lui faire prendre conscience de la réalité, de la logique de la vie, ne servent en fait qu'a montrer le défaitisme, la passivité d'une femme qui subit sans intervenir.
C'est rageant combien de fois j'ai eu envie de m'emparer de cette Jeanne et de la secouer dans tous les sens.
Mais moi c'est moi et Jeanne reste Jeanne...
FIN
On finit sur un excipit à la Candide : «La vie, voyez vous, ca n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit».
Merci bien mais je ne m'en était pas rendu compte.
Plus sérieusement, cette façon très philosophique de conclure un récit aussi remplis me ravit.
L'AUTEUR
L'édition livre de poche offre un préface très complet dont des photos et images qui permettent de situer l'oeuvre.
je découvre la Normandie c'est à dire le nord dont était originaire
Maupassant.
C'est un détail qui m'a plu ; l'atmosphère campagnarde.
Moi qui préfère la campagne je me suis imaginée non loin des falaises d'Etretat...
Maupassant impose aussi la présence de l'eau. Les larmes de Jeanne, la mer omniprésente, la pluie...
COPIE
Un bémol l'évident copié collé d'Emma Bovary de
Flaubert.
Ce n'est pas très étonnant vu que
Flaubert est le mentor/ami/lointain cousin
De Maupassant. Les influences des oeuvres Flaubertiennes sont légères mais présentes.
Comme Emma Jeanne a lu trop de livre, elles sont mal marié, ratent leurs vies.
Maupassant se fait pardonner cette petite facilité car il réussit à construire son propre Emma Bovary propre à lui même.