AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,27

sur 121 notes
5
3 avis
4
9 avis
3
10 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Daphné du Maurier est une référence dans la littérature anglaise et j'ai commencé ma lecture confiante et pratiquement sûre de vivre un joli moment de littérature anglaise. Dans sa bibliographie Manderley for everTatiana de Rosnay parle du roman Mary Anne qui m'était totalement inconnu, même de nom et j'avais besoin d'une lecture de pur plaisir…… Déception !

L'auteure construit son roman autour du portrait de son arrière grand-mère, Mary Anne Clarke, de basse extraction et qui devint grâce à ses charmes et son intelligence, la maîtresse du Duc d'York, Frédéric, fils du roi George III et en charge des armées à la fin du XVIIIème siècle mais aussi de biens d'autres hommes afin de pouvoir mener grand train et pour assurer à ses enfants un avenir.

C'est pour moi une déception car je n'ai pas retrouvé le style qui fit la renommée de l'auteure avec surtout en 1938, Rebecca, dont l'intrigue et le côté « gothique » et mystérieux du récit ainsi que son style la propulsèrent sur le devant de la scène de la littérature anglaise. J'ai failli à plusieurs reprises laisser tomber surtout à partir de la moitié du roman (il comporte 519 pages)…..

Pourtant tout démarrait bien : une ouverture en forme d'album souvenir de Mary Anne dans l'esprit des trois hommes qu'elle dit avoir « vraiment » aimés puis son enfance puis son installation comme courtisane et son histoire d'amour avec le Duc d'York jusqu'à leur séparation. J'étais sous le charme de cette femme ambitieuse, sûre de ses charmes, volontaire à vouloir sortir de sa condition. Et ensuite, et c'est là que l'ennui est survenu, pendant près de 200 pages, à tenter de suivre les nombreux procès dans lesquels elle se trouvait mêlée que le Duc d'York l'ai abandonnée.

Que ce fut long, mais long, pourquoi donné autant de noms, de détails, ce sont presque les minutes complètes des actions en justice. J'ai fermé parfois le livre en voulant laisser Mary Anne à son triste sort, lui soufflant d'arrêter cet acharnement, et puis quoi c'est tout de même Daphné du Maurier, alors je l'ai repris, continué mais avec distance, sans plaisir mais presque comme une obligation, sans grand intérêt pour cette héroïne entêtée à vouloir se faire reconnaître ses droits et les devoirs de ceux qui lui avaient promis argent et sécurité.

J'avoue, oui j'avoue, j'ai parfois sauté des paragraphes entiers, voir quelques pages tellement je ne voyais pas l'intérêt de s'éterniser sur tout cela et vous savez quoi et bien je n'ai eu aucun mal à comprendre la dernière partie (qui suit son dernier procès jusqu'à son exil en France). Ce qui prouve, pour moi, qu'il n'était pas nécessaire de s'appesantir sur cette période qui ne fait qu'alourdir et perdre le lecteur.

Daphné du Maurier veut, je pense, à travers cette biographie, réhabilitée son aïeule, mettre en avant son intelligence, sa vivacité face aux événements et son sens des « affaires » mais j'ai trouvé l'ensemble soit trop fouillé soit par moment « bâclé » quant à l'écriture. Je n'ai pas retrouvé la patte de cette écrivaine de talent. On peut être une excellente romancière mais pas une bonne biographe. Il faut avoir une certaine habilité pour donner à l'ensemble une fluidité, savoir doser les informations sans alourdir le récit. Là j'ai eu l'impression qu'elle alignait les renseignements collectés et cela donnait un ensemble assez brouillon, sans liaison, je me perdais dans tous les noms des personnages cités etc…. A sa décharge il faut avouer que la dame avait eu beaucoup de « relations ».

A travers ce portrait on peut imaginer que l'auteure a voulu parler d'une femme à la forte personnalité mais c'est une narration assez froide, sans sentiment que ce soit de la part de Daphné du Maurier mais aussi vis-à-vis du personnage principal. Elle lui fait dire qu'elle a aimé trois hommes dans sa vie mais ce n'est pas ce qui ressort de Mary Anne. Je l'ai trouvé calculatrice, revancharde mais pas très sentimentale. Tout n'était que calcul et intérêts….

De l'attachement à ses enfants, à leur avenir, à sa propre condition… Oui mais je l'ai trouvée parfois écervelée et inconséquente. Oui les hommes l'ont utilisée puis reniée et abandonnée mais il faut lui reconnaître également un art de la manipulation, du mensonge, des falsifications etc…. pour obtenir ce qu'elle voulait.

J'ai été jusqu'au bout, parce que j'ai cru jusqu'au bout que j'allais retrouver Daphné du Maurier mais si ce ne fut pas le cas ici ce sera ailleurs, dans un autre de ses romans.
Commenter  J’apprécie          160
Fin du 18e siècle, la jeune Mary Anne vit dans la misère, mais est déterminée à sortir des quartiers pauvres de Londres et à se bâtir un avenir brillant.

Ce livre est une biographie romancée de la trisaïeule de l'autrice, qui s'appuie sur des sources historiques fiables, mais laisse une part à l'imagination (une biographie n'a pas de dialogues).

Si la plume de Daphné du Maurier a su m'emporter comme lors de mes précédentes lectures, j'avoue ne pas avoir été très emballée par Mary Anne. Pas que ce soit un mauvais livre: l'autrice nous fait revivre toute une époque et nous donne un bon aperçu de la condition des femmes à cette période (et ça ne fait pas franchement rêver).

Mais j'ai souvent trouvé le temps long. D'abord parce qu'on s'attarde souvent sur des moments de la vie de l'héroïne qui n'en méritaient pas tant et qui étaient assez répétitifs. D'autre part parce que je n'ai pas réussi à éprouver beaucoup de sympathie pour les personnages.

Le portrait de Mary Anne n'est pas édulcoré, c'est une femme décidée à grimper les échelons de la société par tous les moyens à sa disposition. Pour ne jamais revivre dans la misère, mais aussi pour l'épargner à ses enfants et à sa famille. ça force l'admiration et en même temps sa personnalité ne m'a pas permis de m'attacher à cette femme, surtout dans la dernière partie, même si je comprenais ses motivations.

Les autres personnages ne m'ont pas tellement inspiré non plus de sentiments positifs. La plupart sont des hommes, dont la majorité se sert de Mary Anne. On baigne dans une atmosphère de sexisme constant, les femmes ne sont que des biens matériels sans aucun droit, sauf quand il s'agit d'utiliser la loi pour les punir.

Un roman qui me laisse sur un sentiment très partagé. La plume très fluide et addictive de l'autrice m'a permis d'avancer très vite dans ma lecture, mais l'histoire en elle-même m'a moyennement plu et j'ai souvent été exaspérée par les évènements racontés.

Est-ce que vous avez lu ce roman? Qu'en avez-vous pensé?
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          140
Après avoir beaucoup aimé Manderley for ever de Tatiana de Rosnay, j'ai eu envie de découvrir l'oeuvre de Daphné du Maurier. C'est maintenant chose faite avec Mary Anne, la trisaïeule de l'auteur qui a un destin peu ordinaire mais qui a souffert de la misogynie des hommes. A cette époque, on pouvait être une maîtresse, être une courtisane mais il fallait rester dans ce rôle. Mary Anne, elle, a été une pionnière du féminisme en vivant sa sexualité, sa vie de femme et de mère comme elle l'entendait et librement. Mais le carcan de l'époque a été bien rude avec elle, même si elle n'était pas totalement innocente. A lire pour sa belle écriture, le talent de l'auteur même si certains chapitres sont parfois interminables.
Commenter  J’apprécie          141
Mary Anne Farquhar est une fillette vive et débrouillarde. Elle vit au coeur du Londres populaire du XIXème siècle et n'a qu'une envie : sortir de sa condition. Car pour Mary Anne, pas question de reproduire la vie de sa mère, qui peine à joindre les deux bouts, affublée d'un mari ivrogne qui finira par les abandonner et de plusieurs enfants suspendus à ses jupes. Mary Anne croit trouver en la personne de Joseph Clarke celui qui lui permettra d'accéder à son rêve. Mais il lui faudra bien admettre qu'elle s'est trompée de prince charmant.

Toutefois, Mary Anne n'est pas sans ressources et notamment celles de son intelligence et de sa beauté. Elle va croiser la route d'un homme avec lequel elle va conclure un pacte qui l'amènera à devenir la maîtresse du Duc d'York, fils du roi et chef des armées. Une liaison qui durera plusieurs années. Mais le Duc se lasse et abandonne sa maîtresse. Bafouée et trahie, Mary Anne entreprend de se venger. Et la voilà embarquée dans un procès pour corruption incluant son royal amant. Mais est-elle de taille à lutter contre de si illustres ennemis ?

Splendeurs et misères d'une courtisane. Daphné du Maurier nous raconte ici la vie de son arrière-grand-mère. Cette vie sortie de la quasi misère pour briller dans la plus haute société mais dont la chute n'en est que plus spectaculaire. Car Mary Anne ne cessera de devoir lutter pour ne pas retomber dans la pauvreté, n'hésitant pas à se vendre au plus offrant sans perdre de vue son ambition, son envie de protéger ses enfants et sans être dupe de toutes les déclarations que les hommes qui frappent à sa porte peuvent lui faire.

Daphné du Maurier dresse un portrait touchant de cette femme qui se débat au milieu des créanciers, face à la justice, à la vindicte. Une femme qui reste forte et combative et qui joue avec les armes que la nature lui a donné. C'est aussi une vision très intéressante d'une époque et d'un monde où la femme avait finalement assez peu de latitude pour gagner sa liberté et où elle se retrouvait à dépendre des hommes qu'ils soient père, mari, amant, protecteur. Aucun qui n'agisse sans arrière pensée, sans attendre un paiement en retour. le roman décrit parfaitement la vulnérabilité de Marie Anne mais aussi sa capacité à rebondir et à utiliser les faiblesses des uns et des autres.

On est ici très loin d'un récit comme Rebecca à l'atmosphère sombre et inquiétant. C'est un roman plus proche d'un Balzac qui décrit avec assez de détails les luttes politiques en Angleterre, luttes dans lesquelles Mary Anne aura un rôle à jouer. Mais ce n'est pas moins passionnant et captivant de bout en bout. L'image de fin est absolument magnifique et résume à elle seule ce destin hors du commun.
Commenter  J’apprécie          30
Je n'ai pas lâché ce roman jusqu'à la fin. Je me suis attachée au personnage principal, cette Mary Anne ayant véritablement vécu une existence hors du commun. Néanmoins, il faut avouer que la première moitié du livre est nettement plus passionnante que la seconde axée autour des nombreux procès intentés par l'héroïne. On se lasse des différentes arcanes de toutes ces actions en justice. La fin est un peu bousculée et des éléments tels que l'emprisonnement de Mary Anne, le sort des ses enfants sont survolés alors qu'ils auraient pu être mieux développés. Ce qui aurait rajouté un intérêt évident pour le lecteur.
Commenter  J’apprécie          30
Avec ce roman, Daphné du Maurier nous entraîne une nouvelle fois dans son passé familial. Elle narre ici la vie de son ancêtre Mary Anne Mackenzie qui par son intelligence, sa force de caractère et sa beauté va se hisser dans les plus hautes sphères de la société londonienne.

Après une enfance dans les bas quartiers de la capitale, elle espère échapper au même sort que sa mère en épousant un riche héritier qui se révèle bien vite être tout le contraire. Loin de baisser les bras, elle tente de faire fonctionner son mariage mais l'alcoolisme de son mari ne fait qu'empirer les choses. le laissant aux bons soins de sa belle famille, elle part avec ses enfants pour s'installer dans une luxueuse demeure du quartier chic de Tavistock Place. Là, elle y tient salon et devient une courtisane renommée chez qui se pressent de nombreuses personnalités de l'aristocratie et de l'armée. C'est sans surprise donc qu'elle devient la maîtresse officielle du duc d'York, fils du roi et chef des armées. Ce dernier délaisse son épouse en province pour vivre avec ses maîtresses et son travail à Londres. Mary Anne n'est pas la première ni la dernière. Cependant, sa nouvelle position qu'elle croit naïvement durable va lui apporter tout ce qu'elle a toujours désirée pour sa famille et pour elle. En effet, elle a la charge de sa mère, de ses enfants et de son frère qui se reposent entièrement sur elle. L'avenir de son frère dans l'armée, un père par substitution pour ses enfants, un amant peu présent, Mary Anne s'habitue rapidement à ce mode de vie.

Si l'emploi du temps du chef des armées lui permet de s'occuper à loisir durant ses journées, Mary Anne passe cependant son temps à temporiser les incessantes relances des commerçants lui ayant fait crédit, à s'occuper des préparatifs du dîner, à gérer les domestiques et à recevoir les membres de l'armée désireux d'acheter une promotion rapide. le train de vie que lui impose le duc étant incompatible avec sa bourse, elle n'a d'autres choix pour conserver son rang de répondre à ces demandes. Habile et maline, elle arrive à se faire entendre de son royal amant probablement conscient que ces nombreuses listes d'officiers à promouvoir lui permettent de calmer pour un temps ses demandes de crédits supplémentaires. Malgré des rancoeurs et des frustrations refoulées, elle s'accommode de ce statut de maîtresse fait d'une partie d'ombre et de beaucoup de tracas. A la différence des précédentes maîtresses, sa position et l'emprise qu'elle peut avoir sur le duc ne sont pas du goût de ses collaborateurs les plus proches d'autant plus qu'ils voient leurs fructueux à-côtés s'envoler puisque les officiers vont désormais voir Mary Anne. Les lettres de menace de son époux vont par un heureux hasard leur permettre d'éliminer cette maîtresse devenue gênante.

Mary Anne ne se laisse pas faire mais elle est vite remplacée par une comédienne et tenue à l'écart du duc. Toujours combattive et désireuse de faire entendre les outrages qu'elle a subis, Mary Anne engage une série de combats presque tous perdus d'avance pour faire reconnaître l'innocence de son frère dans une affaire d'escroquerie et pour le voir rétablir dans l'armée. Elle accepte d'être le témoin principal dans une affaire qui vise à destituer son ex-royal amant. Au coeur de ce procès qui vise à révéler la corruption du duc et de son entourage concernant les promotions dans le corps des armées, elle tient tête au scandale et accuse sans broncher les coups notamment l'accusation de faux et d'usage de faux. Elle en sort épuisée mais elle obtient enfin la pension que le duc d'York avait promis de lui verser en échange des lettres et du manuscrit de ses mémoires qu'elle était prête à éditer. Entêtée, elle refuse de se laisser abuser et continue à se battre pour que ses droits et ceux de ses enfants soient reconnues jusqu'à finir en prison avant de s'exiler en France.

Portrait d'une féministe avant l'heure, à l'époque où la femme n'avait sa place que dans le foyer, Mary Anne montre cependant un côté pathétique dans son obstination à obtenir une reconnaissance du duc d'York malgré le scandale dont elle l'éclabousse. Lorsqu'elle vient rendre un dernier hommage à la dépouille du duc au palais royal de Saint James, on est amené à se poser la question est-elle le seul homme qu'elle n'est jamais aimé ou est-ce la seule époque heureuse de sa vie ?

Si Mary Anne est l'exemple de la femme qui s'écarte du droit chemin, elle est aussi celui d'une femme dont les hommes usent et abusent pour arriver à leurs fins dans leurs affaires politiques et de coeur sans jamais lui offrir une quelconque reconnaissance. Malheureusement pour eux, elle n'aura de cesse de réclamer son dû quitte à défrayer la chronique...
Commenter  J’apprécie          30
J'aime beaucoup Daphné du Maurier, il y a longtemps, j'ai apprécié " L'auberge de la Jamaique" pour l'atmosphère et la vie à cette époque lointaine sur les côtes d'Angleterre.
Dans Mary-Anne, ce que j'ai moins apprécié, c'est exactement ce contexte trop daté des premières années de 1800, je trouve qu'on y parle trop de la politique anglaise de cette époque, tous ces titres, ces gens de différents horizons qui revendiquent leur place dans la société anglaise de 1800 m'ont "saoulé " un peu. Les tournures de phrases sonnent aussi trop datées pour moi, j'ai eu du mal à comprendre certaines phrases, j'en ai apprises d'autres complètement inutilisées maintenant ( être gros-jean devant moi ) mais que j'ai apprécié.
Sinon, ses atouts :
La longueur du livre qui fait qu'on plonge dans l'histoire et les personnages deviennent des familiers.
le portrait de Mary-Anne sans parti-pris, a-t-elle raison? c'est à nous de penser!

Les protagonistes m'ont beaucoup agacés: Charley , le frère gâté et capricieux, fainéant. Georges, le fils qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Will Ogilvie, le mauvais génie qui roule uniquement pour lui mais que Mary-Anne comprendra trop tard. Tous les hommes politiques, les juges, avocats qui pour moi se sont servis de Mary-Anne ( mais c'était réciproque! ah ah ah! )
Seul Bill Dowler est admirable à mes yeux.

Mary-Anne a conduit sa vie dans une drôle de voie! Difficile de la juger mais ce qui en ressort : l'impasse où elle va tout droit, le mauvais exemple pour ses enfants en cherchant éperdument à faire leurs fortunes sans tirer de leçons de vie. le fait qu'elle se serve des gens dans un but précis : servir ses intérêts.

Bref, un avis mitigé mais un bon moment de lecture quand même.
Commenter  J’apprécie          22
"Mary Anne", c'est avant tout le récit d'une destinée, et le portrait d'une femme atypique.

Tout commence dans un quartier miséreux de Londres, à la toute fin du XIXème siècle. Aînée de trois enfants, Mary Anne est une petite fille dégourdie et intelligente. Elle a même appris à lire et à écrire en aidant son beau-père à corriger les épreuves que lui confie une imprimerie spécialisée dans la publication de pamphlets qui visent la politique extérieure du gouvernement et relaient les ragots touchant les grands de la cour. le responsable de ladite imprimerie, impressionné par son aplomb et et ses capacités, prend en charge son éducation dans un établissement pour jeunes filles.
Lorsqu'elle en sort, à seize ans, sa fraîcheur et son assurance attire le regard des hommes, et Mary Anne ne pense qu'à une chose : s'échapper de l'impasse populeuse de Bowling Inn où végète sa mère, qui a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, depuis que son époux l'a quittée.

Bien que futée, Mary Anne n'en est pas moins une jeune fille que son aspiration à une autre existence et son manque d'expérience rendent naïve. Elle est ainsi rapidement séduite par le premier quidam dont la prétention, les ambitions et la soi-disant appartenance à une famille en vue lui font entrevoir les possibilités d'un avenir radieux... A seize ans, elle épouse donc Joseph, dont les promesses de richesses et d'élévation sociale ne font pas long feu. Mary Anne se retrouve bientôt mère de trois enfants, à subir les échecs successifs d'un mari fainéant et alcoolique.

L'histoire, semblable à tant d'autres, aurait pu s'arrêter là... Cela aurait été sans compter sur la volonté de fer de Mary Anne, son aspiration forcenée à devenir quelqu'un.

Laissant son mari aux bons soins de sa belle-famille, mais emmenant ses enfants avec elle, elle tient salon dans une luxueuse demeure, devient courtisane de luxe, se fait des relations. Son ascension culmine lorsqu'elle devient la maîtresse officielle du Duc d'York, fils du roi et chef des armées, mais affligé d'une incorrigible pingrerie. Aussi, pour assurer un train de vie devenu très dispendieux, Mary-Anne se lance dans le trafic de promotions militaires, avec la complicité tacite du duc, que cela arrange bien...

Toute cette partie relative à la progression sociale de Mary-Anne, d'une confortable fluidité, romanesque à souhait, est à mon sens la plus intéressante. On y navigue des quartiers populaires et grouillants de Londres aux salons accueillant le beau monde, où la ruse et l'humour de l'héroïne font fureur. Les épisodes qui suivent, principalement composés du détail des manigances permettant à l'héroïne d'arrondir ses fins de mois, m'ont paru bien longs, peuplés de multiples personnages que leurs apparitions souvent fugaces font vite oublier.
Puis survient la chute : quittée par le Duc, le désir de vengeance de Mary-Anne l'engage dans une bataille juridique dont elle ne se relèvera pas... et bien que le dernier tiers du roman comporte certains passages savoureux, notamment lorsque Mary-Anne s'exprime, avec son ironie habituelle, devant le tribunal, je n'y ai pas retrouvé le souffle et la dynamique qui avaient rendu le début de la lecture si plaisant.

Un autre élément m'a empêché d'apprécier pleinement ce roman. Si l'on comprend la fascination de Daphné du Maurier pour son héroïne (inspiré de sa propre trisaïeule), femme de tête et d'esprit parvenant à s'imposer dans un monde d'hommes, électron libre que sa démesure, ses enthousiasmes et sa ténacité rendent singulièrement attachante, on peut regretter que le récit soit entièrement focalisé sur sa personnalité, sur ses actes. Les personnages secondaires, y compris ses proches, délaissés, en deviennent insignifiants, ce qui amoindrit la densité de l'intrigue.

Un avis en demi-teinte donc, pour ce texte secondaire dans l'oeuvre d'une auteure que j'apprécie par ailleurs grandement.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
Commenter  J’apprécie          20
Comme beaucoup, j'ai découvert cette autrice avec son roman Rebecca, et j'avais adoré son héroïne. J'avoue que dans celui-ci, il y a certes plus de rythme, et le personnage féminin principal sort de l'ordinaire, mais je ne l'ai appréciée. Même si l'autrice essaie de lui donner de bonnes raisons d'agir, et surtout tente de lui donner des convictions féministes, j'ai trouvé Mary Anne détestable, cupide, vénale. Avec le talent d'écriture que possédait Mary Anne, elle aurait pu l'utiliser pour gagner sa vie, au lieu de s'en servir pour détruire les autres, afin de gagner toujours plus d'argent et vivre comme une aristocrate qu'elle n'était pas. La fin du livre est triste, et je finis quand même ce livre en ayant pitié de Mary Anne, abandonnée de tous. Heureusement, comme une sorte de clin d'oeil du destin, sa descendante a atteint les sommets pour notre plus grand plaisir.
Commenter  J’apprécie          10
Mary Anne Clarke est la trisaïeule de l'auteure : sa fille, Ellen, épousa Louis-Mathurin Busson du Maurier et fut la mère du caricaturiste George du Maurier (1834-1896) et donc la grand-mère de la romancière Daphné du Maurier. Cette dernière nous conte la destinée hors du commun de cette courtisane renommée du fin XVIIIème, éprise de liberté et prête à tout pour mettre ses enfants à l'abri du besoin.

Filles des rues, elle passe son enfance dans l'impasse de Bowling Inn à Londres, dans une famille modeste rapidement à court d'argent à cause des errances de son beau-père. Gamine intelligente et débrouillarde, la jeune Mary Anne espère des jours meilleurs et pense qu'en se mariant avec John, jeune héritier prometteur, elle pourra enfin sortir de la misère. Mais elle comprend rapidement que son mari n'est pas le riche héritier talentueux qui lui promettait un avenir à l'abri du besoin, et malgré son attachement pour lui, elle cherche alors une autre voie vers son destin. C'est alors que l'opportunité de devenir une courtisane vendant ses charmes aux grands de ce monde se présente à elle. Et c'est ainsi qu'elle deviendra la maîtresse du duc d'York fils du roi et chef des armées britanniques en lutte contre Napoléon. Mais Mary Anne en veut toujours davantage, refusant de retourner au ruisseau en fonction des désirs aléatoires d'un homme...

Daphné du Maurier nous offre un portrait vibrant et pathétique de cette femme victime de la condition féminine de son époque, une jeune femme prête à payer n'importe quel prix pour acquérir une certaine forme de liberté.

"Les matins avaient toujours le même parfum frais et excitant, et la mer de Boulogne étincelait comme jadis à Brighton. Elle quittait ses souliers, sentit le sable sous ses pieds nus, l'eau entre ses orteils. "Mère !" s'écriaient les vierges et vestales accourues en agitant leurs ombrelles... mais c'était cela, la vie, cette exultation soudaine, cette joie sans cause qui vous animait le sang, à huit ans comme à cinquante-deux. Cela s'emparait d'elle à présent comme toujours, flot ardent, griserie. Ce moment compte. Ce moment et pas un autre." p. 403

Ce que j'ai moins aimé :

Le premier chapitre présente la fin de la vie de Mary Anne et des êtres qui l'ont aimée, ce qui dévoile déjà certains aspects de son histoire... Je n'apprécie pas tellement ce prodécé qui fait commencer par la fin.

De nombreux détails financiers alourdissent le récit et l'épisode du procés est très long !
Lien : http://www.lecturissime.com/..
Commenter  J’apprécie          11


Lecteurs (337) Voir plus



Quiz Voir plus

Rebecca - Daphné du Maurier

Le récit est basé sur...

un journal intime
une narration à la première personne
un procès verbal de tribunal

10 questions
314 lecteurs ont répondu
Thème : Rebecca de Daphné Du MaurierCréer un quiz sur ce livre

{* *}