AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,21

sur 121 notes
5
3 avis
4
9 avis
3
6 avis
2
7 avis
1
0 avis
Le ciel est rose. Dans le genre saumon pas très frais, d'ailleurs l'odeur de ce saumon prend au nez, loin des parfums iodés des grands lacs voisins. le ciel est aussi gris, comme la fumée de ma vie qui stagne autour, histoire de ne pas oublier que cette putain de vie n'est pas bleue. le ciel n'est d'ailleurs jamais bleu. Dans cette ville, même la lune a abandonné son bleuté. Dans ma vie aussi. Bay City, à quelques miles de Flint et de ses usines d'automobiles qui éjectent leur fumée grise. J'y suffoque d'une adolescence marquée par les non-dits et le lourd passé de mes ancêtres. Mal-être, mal de vie dans le Michigan. Elle taille quelques pipes à défaut de croire en son avenir. Son avenir parti en fumée, trente ans plus tôt. Dans les cendres de ses grands-parents, en villégiature à Auschwitz. Je démarre mon périple dans une banlieue guère enivrante d'une plaine enfumée du Michigan et je me perds dans les fumées d'un camp de concentration. Tabarnak de bouquin. Je file au K-Mart du coin, acheter des épices à steak d'élan Crousset, un pack de bières au passage, je ne rêve plus de ciel bleu, peut-être encore d'hôtesse de l'air, la vie m'a abandonné, comme toute cette génération survivant des années soixante-dix.

Je crois que je ne m'attendais à rien en m'attaquant à ce livre. Comme je ne m'attends plus à rien de la vie. J'ai eu quelques ouï-dire, mais étaient-ils objectifs de la part de canadiennes, pour ce roman, grand succès de la littérature québécoise. J'ai commencé à le lire, ambiance américaine, normal je suis dans le Michigan, un supermarché quelques blow job. Plaisant comme la littérature américaine. Alors je descends au sous-sol, m'allonge sur le canapé, lumière tamisée, prêt à défaire les boutons de mon jean, quand je suis pris par cette odeur de cuir, ou plutôt de chair humaine cramée, des poils qui grésillent, fumée grise qui sort du poêle. Elle me concocte un rendez-vous avec ses ancêtres, illusions fantomatiques d'un monde qui s'acheva en 1945 avec l'avènement de l'horreur. Comment survivre à cet effroi, comment même continuer à vivre alors que tant d'autres ont brûlé dans des cabanons, au milieu du froid, de la misère, de la déchéance. Comment même écrire sur ce sujet. de la poésie ? Des mots, impossible de décrire cette odeur et pourtant le monde tourne toujours, les oiseaux chantent encore, génération désenchantée. Depuis les cadavres s'amoncellent dans des camps ou dans des tours, le ciel a toujours cette empreinte saumâtre, ce relent de pourriture, de chair à vif et de coeur fermé. Je la comprends.

Je ne m'attendais à rien, j'en ai eu pour ma gueule, pour mes tripes. Il y a des romans qui marquent, des séquences qui se gravent en mémoire, des airs irrespirables. Les silences sont lourds à porter. Je me tais – je sais faire – et je reste triste – je sais faire aussi – de cette putain de vie à Bay City. Putain de monde, putain de fumée.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
Commenter  J’apprécie          415
Ce roman traite des conséquences désastreuses des «non-dits» que peuvent endurer les générations à qui l'on a caché l'histoire dramatique de leurs ancêtres. En effet, la narratrice, Amy, née en 1961 à Bay City (Michigan) aurait du connaitre l'existence classique d'une adolescente américaine «middle class», certes rien de passionnant à l'horizon -entre les jobs de caissière au K-Mart et les petits copains -, mais en tout cas loin de tout drame.
Hors, ce roman nous raconte surtout les quatre jours avant son anniversaire de 18 ans, le 4 juillet 1979 (jour également de la fête nationale américaine) et l'on comprend rapidement que cet horizon bien qu'elle le qualifie souvent de «mauve» est très loin de la couleur rose: tout est noir. Noires ses relations avec sa mère qui vit dans l'adoration de sa soeur ainée morte à la naissance et qui méprise Amy. Noir, le passé de sa mère et sa tante avec qui elle vit, réfugiées d'Europe aux Etats-Unis après la guerre et dont la famille a disparu. Mais surtout, il y a les questions sans réponses sur ce passé et ses grands-parents maternels qu'Amy est sûre d'avoir dans la cave, rescapés de l'holocauste, muets et craintifs, en guenilles.
Bref, le malaise va grandissant jusqu'à ce 4 juillet où Amy assistera à l'embrasement de la maison familiale et l'anéantissement de toute sa famille. Elle se reconstruira ensuite, deviendra pilote de ligne (pour échapper au ciel mauve de Bay City) et surtout aura une fille, Heaven (on est toujours dans les cieux), qui sera la seule note optimiste de ce livre.
Le sujet du livre est intéressant et original, les conséquences du déni sur les générations suivantes, l'indifférence de l'homme par rapport à son histoire mais je l'ai trouvé un peu long, avec de nombreuses répétitions (oui, il est mauve le ciel de Bay City) et avec des notes macabres parfois vraiment dérangeantes.
Commenter  J’apprécie          140
Amy Duchesnay est né dans le Michigan en 1961. Elle devrait s'appeler Amy Rosenberg. Mais sa mère a changé de nom car elle a été adoptée en France dans les années 40 par des paysans normands, les Duchesnay. Toute la famille de Denise, la mère d'Amy, a été exterminée dans les camps de concentrations nazis. Seules Denise et Babette, sa soeur, ont survécu, puis émigré aux Etats Unis dans les années 50.

A la maison, personne ne parle jamais de l'Holocauste mais toutes les nuits, Amy , 17 ans, revit ces moments dont personne ne lui a parlé, parle à sa soeur aînée décédée à la naissance (aux Etats-Unis), parle également à ses grands parents décédés à Auschwitz.
Le jour, elle est une ado presque normale, écoute le sulfureux Alice Cooper chanter « Welcome To my Nightmare », travaille au K-Mart, fait l'amour dans la voiture de ses petits amis. Elle espère aller un jour à l'université pour fuir la petite maison étriquée de son oncle et de sa tante. La nuit , elle revit le massacre d'innocents, les juifs pendant la guerre mais aussi les indiens d'Amérique exterminés bien avant sa naissance.

Ce livre est une claque ! Il alterne des périodes où Amy a 17 ans, ses tendances suicidaires, puis 20 ans plus tard. J'ai beaucoup aimé cette alternance passé-présent qui permet de » s'aérer » entre deux passages très morbides et aussi de voir qu'Amy va s'en sortir, avoir une fille Heaven qu'elle adore, …et devenir pilote d'avion pour rejoindre ce ciel qu'elle maudit tant….
Né un 4 juillet 1961, le jour de la fête nationale américaine, la vie d'Amy prendra un tournant début juillet 1979…..quelques jours avant sa majorité…et le jour de cette même fête.
Un périple l'emmènera en Inde puis dix ans après en « visite » à Auschwitz pour essayer de comprendre ….

En conclusion : Ce livre est une claque ! je l'ai déjà dit non ?
Une claque à lire. Je me demande dans quelle mesure ce livre est autobiographique : Catherine Mavrikakis est née à Chicago en 1961, d'un père grec et d'une mère française.
Lien : http://lajumentverte.wordpre..
Commenter  J’apprécie          100
J'attendais beaucoup de ce roman encensé par la critique à sa sortie mais je suis restée sur ma faim, malgré un début prometteur et une écriture aux envolées tragiques. Le ressentiment, la rage, la vengeance, l'autodestruction habitent la narratrice dont la famille de sa mère et de sa tante a péri durant la 2e Guerre mondiale dans les fours crématoires du camp d'Auschwitz. Elle, née en 1961, dans l'État du Michigan aux États-Unis porte cet horrible destin sur ses épaules sans qu'on n'arrive très bien à en comprendre le sens. Je l'ai lu rapidement comme un cri du coeur déversé en une longue phrase sans fin, curieuse d'en connaître le dénouement sans espoir.
Commenter  J’apprécie          70
Dans ce roman qui sent l'auto-fiction, on entre de plain-pied en résonance avec la douleur de vivre de l'adolescente qu'est Amy. On adhère à son non-conformisme. On se sent, comme elle, révolté et désemparé pourtant pour trouver l'issue dans cet enchevêtrement de valeurs engluées dans les non-dits. Cette couleur-là est bien campée à l'image du mauve du ciel de Bay City, banlieue du Michigan. Ce qui l'est moins, à mon avis, c'est la deuxième partie de la vie d'Amy, lorsqu'elle est pilote de ligne, banlieusarde maintenant sous le ciel du Nouveau-Mexique et mère à son tour. J'ai eu du mal à réconcilier les deux personnages en un seul, à donner du sens au traumatisme de l'anniversaire de ses dix-huit ans, à comprendre par où passait la résurrection d'Amy (le pèlerinage en Inde n'est pas très convaincant) et à appréhender finalement la transmission de son héritage douloureux à sa fille dont le caractère est à peine esquissé.
En bref, un roman que j'ai trouvé prometteur au début et qui s'est avéré décevant sur la fin...
Commenter  J’apprécie          60
Le parcours d'Amy, une jeune américaine type des années 70 qui écoute Alice Cooper, bosse dans un supermarché, couche avec n'importe quel ado à l'arrière des voitures et rêve d'étudier pour devenir pilote. Sauf que les fantômes de l'Europe de la seconde guerre mondiale viennent la hanter.
Après des débuts prometteurs (style enlevé, originalité du personnage principal, ancrage dans une certaine tradition américaine, le roman s'enlise dans un pathos assez insupportable (les fantômes des grands-parents morts pendant Shoah qui viennent dormir au pied du lit de la jeune fille), voire dans des clichés un peu ridicules d'un new age appuyé (la renaissance dans les eaux du Gange) et une certaine mièvrerie (l'émerveillement de la maternité). Dommage …
Commenter  J’apprécie          50
Amy Duchesnay a grandi à Bay City, petite ville du Michigan dans laquelle sa tante et son oncle se sont installés et ont fait construire une maison de tôle bleue qu'ils adorent. Car pour sa tante, cette maison est le symbole de la réussite à l'américaine.
Amy a grandi entre cette tante dévote qui la sanctifie, un oncle qui l'aime plus que son propre fils, et une mère qui l'ignore et la méprise. Uniquement parce qu'une autre fille, Angie, née précédemment mais aussitôt décédée, prend toute la place dans son coeur et son esprit.
D'ailleurs Amy déteste cette soeur qui lui fait tant d'ombre, comme elle déteste cette maison bleue, sa famille, et ce ciel de Bay City désespérément mauve.
Amy n'est que rage et douleur. Elle sent qu'elle est une survivante, sans savoir de quoi exactement. Jusqu'au jour où le secret de ses origines lui est révélé. Un secret que sa mère avait enfoui comme s'il était honteux.

Le premier chapitre de ce roman m'a littéralement happée. D'une noirceur absolue, remarquablement écrit, je me suis sentie emportée jusqu'à la dernière phrase qui pourrait apparaître comme le dénouement d'une histoire qui n'en est en fait qu'à son commencement. Car la narration est faite de retours en arrière. Amy, la narratrice, a atteint la quarantaine lorsqu'elle se met à raconter son histoire. Et les faits qu'elle relate dans ce premier chapitre, fondateurs de la suite de son existence, se sont déroulés la nuit de ses 18 ans. Une nuit terrible dont je ne dirai rien, même si certaines critiques en ont révélé la teneur.
Scotchée donc dès ces premières pages, j'avoue avoir ensuite trouvé que l'histoire patinait un peu, et que cette expression de la difficulté de vivre qu'éprouve Amy était répétitive. Certes la qualité d'écriture demeure, mais à un certain moment je n'ai plus compris cette héroïne et sa volonté de chercher la mort. Cette mort qui est un lourd héritage et qu'elle semble plus porter en bandoulière que comme un fardeau.
Une mort omniprésente qui à un moment semble faire évoluer le roman aux frontières du fantastique…à moins que ce ne soit aux limites de la folie.
Un roman marquant quoi qu'il en soit. Un de ceux dont je me souviendrai je pense. Et surtout une auteure à découvrir plus largement et à suivre.

Lien : http://tassedethe.unblog.fr
Commenter  J’apprécie          40
Un livret qui ne m'a pas laisse un souvenir imperissable: une histoire simple,des personnages bien brosses mais un manque de rythme et de souffle m'ont gene lors de la lecture de cet ouvrage: de bons passages neanmoins mais une impression globale negative:une deception à mon niveau.
Commenter  J’apprécie          30
Amy vit à Bay City dans le Michigan dans une maison de tôle hantée par l'immigration forcée de sa mère et de sa tante, fillettes juives cachées et échappées de la seconde guerre mondiale et des camps de concentration.
Sous les ciels mauves de la ville, Amy grandit agitée de visions et d'angoisses et nous confie sa vie modeste entachée de drames silencieux et violents. Des non-dits poussant à la folie, des fantômes poussant vers la vie, l'existence d'Amy oscille sur un fil entre perception et réalité, passé et présent.
Commenter  J’apprécie          30
Etats-Unis, Années 70, dans la petite ville de Bad City, Amy grandit dans une maison où le bonheur n'est que d'apparat. Un accroche l'oeil comme sa mère et sa tante savent le faire. Elles qui ont vécu leur enfance en France ont fui aux Etats-Unis pour essayer d'oublier. Oublier leur famille morte dans les camps, gommer leur racines juives jusqu'à les effacer. Mais Amy porte en elle le poids du passé. Un poids trop lourd qui la hante et l'obsède.

Je ne sais pas comment vous parler de ce livre tant cette lecture a été éprouvante et paradoxalement très prenante. Eprouvante car ici s'opposent les stéréotypes de la famille américaine au poids de l'Histoire. Dans une écriture fulgurante, Catherine Mavrikakis nous renvoie en pleine figure la folie des hommes : l'holocauste, la Shoah. Une folie sphérique dont Amy se trouve au centre, folie qu'elle encaisse et qu'elle porte bien des années plus tard.

La suite sur :
http://fibromaman.blogspot.com/2011/09/catherine-mavrikakis-le-ciel-de-bay.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (241) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}