La Vénus de Botticelli Creek

Une histoire de loup et de poisson, qui ne casse pas des bars

Il n'est pas forcément judicieux de s'aventurer seule l'hiver dans les bois enneigés de la vallée de Madison. C'est pourtant ce qu'a fait la guide de pêche Nanika Martinelli, surnommée la « Vénus de Boticelli Creek » pour sa flamboyante chevelure rousse.
Martha Ettinger et son ami Sean Stranahan vont se lancer à sa recherche. Dans un premier temps, Martha découvre le cadavre d'un cow-boy parti à la recherche de la jeune femme, empalé sur des bois de cerf. Quant à la Vénus disparue, les pistes suivies semblent toutes mener aux loups, ceux qui peuplent les forêts du Montana, ou ceux dont s'inspirent une secte animaliste conduite par un inquiétant gourou.

J'ai toujours un peu de mal avec les histoires qui font des choses avec les mouches, dans les rivières, ne serait-ce que pour écrire correctement le mot pèch…pêche. En l'occurrence, j'ai choisi ce roman un peu par erreur, confondant Keith McCafferty avec un autre auteur collaborateur de magasines de pèch…pêche, William G. Tapply (le très bon « Dérive sanglante », disponible aussi chez Gallmeister/Totem).

Le récit de McCafferty m'a paru plutôt confus, tirant un peu à la ligne, si j'ose dire, avec une intrigue un peu alambiquée et terminant en queue de poisson ou tout au moins de manière assez prévisible. Mais les personnages sont plutôt agréablement définis et la question de la réintroduction des loups est bien abordée en exposant les positions antagonistes et les problèmes de cohabitation soulevés.

Né en 1953, Keith McCafferty a grandi dans les Appalaches mais c'est la pêche à la truite qui l'emmena dans le Montana, dans les Rocheuses, où il devint le rédacteur du magazine de vie au grand air Field & Stream. Depuis à peine dix ans désormais, il se consacre à l'écriture et au roman. La Vénus de Botticelli Creek, son troisième roman traduit chez nous vient de paraître.
Vallée de la Madison dans le Montana. Nanika Martinelli, une guide de pêche pour un ranch-hôtel, a disparu. le shérif Martha Ettinger la recherche dans la montagne enneigée quand elle tombe sur le corps d'un homme empalé sur les bois d'une carcasse de cerf. Scène de crime ou d'accident ? Et ce mort est-il lié à la disparition de la jeune femme ? Une enquête pour Martha et son ami Sean Stranahan…
J'avais vraiment beaucoup aimé le premier roman de l'écrivain, Les Morts de Beer Creek, fait l'impasse sur le second mais je tenais à lire celui-ci pour vérifier si la qualité était confirmée.
J'ai retrouvé les personnages récurrents des polars de l'auteur, Martha Ettinger en shérif, Sean Stranahan converti en privé mais peintre et guide de pêche à ses heures, Harold Little Feather un ex-amant de Martha etc. tous avec leurs problèmes de coeur, incapables de gérer leurs relations affectives comme Martha et Sean qui continuent à se tourner autour… C'est charmant.
Pour en revenir à l'intrigue, Nanika la disparue surnommée la Vénus, était une splendide rousse affolant tous ceux qui la croisaient et à cette heure tout le monde pense qu'elle a été dévorée par les loups, d'ailleurs on a retrouvé ses cheveux dans des excréments de Canis lupus mais tant qu'on n'a pas le corps, tous les espoirs sont permis. C'est ce que pense Asena, sa jolie soeur qui vient d'arriver et engage Sean Stranahan pour la retrouver, persuadée que Nanika a été enlevée. Je laisse le reste à votre bon vouloir pour les détails.
Il sera beaucoup question de loups avec la problématique bien connue – comme partout - liée à la réintroduction de ces bêtes dans le parc de Yellowstone. Ceux qui sont pour, ceux qui sont contre, avec en plus ici, un illuminé gavé aux légendes touchant ces animaux. Les personnages secondaires sont très nombreux et assez bien campés, le roman est dense, instructif sur les moeurs des loups mais un peu long pour ceux qui connaissent le sujet. Sans vouloir faire mon vantard, j'avais anticipé depuis un bon moment le coup de théâtre de l'épilogue (s'appuyant sur un ressort psychanalytique) mais je n'en tiendrai pas rigueur à Keith McCafferty car son bouquin est bien écrit (en particulier les chapitres 27 et 31) même si je n'ai pas retrouvé (du moins dans mon souvenir) son style déployé dans le premier de ses livres. Enfin, il se termine sur une touche sentimentale qui saura en séduire certain(e)s.
Un polar pépère, sans excès de quoi que ce soit, ni sexe ni violence, rythme tranquille, mais qui se dévore allégrement – la marque de fabrique de cet écrivain.

Près de 400 pages palpitantes causée par la disparition inquiétante d'une jeune femme à la vie passée plutôt trouble. D'un écriture subtile, très bien traduite, l'enquête nous permet de faire connaissance avec la shérif et ses aides, dont un détective indien très sensible et fin. Les deux sont complices et se connaissent d'enquêtes précédentes. Ils se taquinent beaucoup et sont attirés l'un vers l'autre ce qui donne lieu à des dialogues drôles qui portent. Il y a un jeu de cache cache entre eux mais aussi entre ceux qu'ils cherchent à retrouver tout au long du récit. On se plaît à imaginer une adaptation filmée car les lieux superbes où l'on pêche à la mouche des poissons argentés sont ceux de ce Montana du Nature Writing agrémenté de scènes violentes et graphiques où tous chassent, qui les loups, qui les malfrats, au bord de lacs profonds comme la psyché humaine dévoilée dans ce livre à la très belle couverture!

Nanika Martinelli, surnommée la Vénus de Botticelli Creek a disparu. L'action se situe dans le Montana : grands espaces, pêche à la truite. J'ai trouvé l'enquête un peu confuse avec beaucoup trop de personnages secondaires et les relations entre certains peu intéressantes. Jolie réflexion sur les loups et leur ré-introduction.