De
Cormac McCarthy, je ne connaissais que
La route, la vision cinématographique – le film m'avait impressionnée et émue. En naviguant sur Babelio, j'ai découvert l'ampleur de l'oeuvre de l'auteur et me suis donc littéralement « jetée » sur
La trilogie des confins lorsque je l'ai dénichée sur les rayonnages de la bibliothèque du quartier.
Dans un premier temps un peu désemparée par le style de l'auteur, je me suis vite abandonnée à son univers et mis sans réserve mes pas dans ceux du jeune John Grady pour traverser, à cheval, la frontière entre le Texas et le Mexique. Je ne suis pas forcément adepte de ces romans qui évoquent des histoires d'hommes, de chevaux, de bétail, de vastes plaines et de vie à la rude. Ici, pourtant, on suit le périple de John Grady et de son copain Rawlins, bientôt rejoints par le très jeune Blevins dont on ne sait pas bien d'où il sort, avec un intérêt grandissant au fil des pages. L'auteur ne nous dit rien de leurs projets mais ils sont déterminés à vivre leurs rêves, à quitter un pays qui ne leur permet pas de les réaliser. Hors du temps - seul le passage fugace de camions et d'avions semble indiquer que nous sommes bien dans la seconde partie du XXème siècle - les deux amis chevauchent leur animal, se nourrissent de gibiers cuits au feu de bois et se lavent dans des rivières aux eaux limpides. La nature est généreuse et accueillante, ce n'est pas le cas de tous les humains qu'ils croisent. Leurs compétences en matière de chevaux leur permettent de trouver leur place dans une hacienda où ils vont vivre là une vraie vie de vaqueros, ce pour quoi ils ont parcouru tant de kilomètres. le Mexique leur offre la possibilité de concrétiser un idéal de vie, de donner un sens à leur existence.
Pour autant, rien n'est simple et ce « simple » bonheur, ce quotidien rythmé par les saisons et les animaux ne se laisse pas apprivoiser dans sa totalité et les deux jeunes hommes vont avoir fort à faire pour rester libres, pour vivre selon leur coeur et vont payer le prix fort de leurs choix : « Il pensait que dans la beauté du monde il y avait un secret qui était caché. Il pensait que pour que batte le coeur du monde il y avait un prix terrible à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l'une par rapport à l'autre selon des principes de justice divergents et que dans cet abyssal déficit le sang des multiples pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d'une seule fleur. »
J'ai vraiment beaucoup aimé de si jolis chevaux, dévoré même, je me suis attachée au héros qui parle peu mais bien, courageux et parfois téméraire, capable d'aller au bout de ses choix et idées et de défendre des valeurs. Confronté à d'autres règles, d'autres normes, il s'adapte ou fait face sans jamais rien lâcher. Que cela concerne son honneur ou celui de son ami, la femme qu'il aime, les chevaux qui lui appartiennent, tout entier John Grady défend ce qui lui est cher – avec des états d'âme, des interrogations sur la légitimité de ses actes. le style poétique de l'auteur magnifie l'ensemble, j'ai lu et relu certains passages pour être sûre de ne rien laisser échapper.
Une belle découverte donc, merci aux lecteurs de Babelio qui m'y ont invitée :).