Après «
Méridien de sang » et «
La Route », je me plonge pour la troisième fois dans l'univers noir et sordide de
Cormac McCarthy pour en ressortir à nouveau l'estomac gentiment retourné. Certes, on ne peut nier le puissant impact émotionnel suscité par la prose saccadée et incisive de McCarthy, mais plus j'avance dans son oeuvre et plus je me dis que cet univers-là n'est peut-être pas fait pour moi. Démence, meurtres sanglants, nécrophilie, inceste, viol… Rien ne manque dans cette affolante descente dans l'horreur et la sauvagerie où nous emboitant le pas à Lester Ballard, un simple d'esprit chassé de chez lui et contraint de se terrer dans la forêt , lieu où il retombera petit à petit dans la plus totale bestialité. Inutile de chercher dans «
Un enfant de Dieu » la moindre trace d'exploration ou d'analyse psychologiques, c'est le Mal à l'état pur et ses effroyables ravages que McCarthy nous offre sur un plateau, un point c'est tout.
Autant le dire, c'est un peu trop pour moi. Si «
Méridien de sang », le dernier roman que j'avais lu de cet auteur, avait su touché ma corde sensible malgré sa violence omniprésente par la beauté lyrique et terrible de ses descriptions, rien de tel dans «
Un enfant de Dieu » où le style est réduit à sa plus grande sobriété : sec, dur et abrupte. Loin de moi l'idée de nier la qualité du roman de McCarthy ; il est même excellent dans un genre très particulier – celui qui vous donne envie de vous pendre à l'arbre le plus proche ou, à défaut, de recracher votre petit déjeuner – mais ce genre n'est de toute évidence pas ma tasse de thé. Je retenterai peut-être ma chance avec McCarthy car je n'aime pas abandonner un bon auteur, mais d'abord je pense que vais aller m'aérer l'esprit dans des territoires littéraires moins pestilentiels…