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Lester Ballard et un type étrange, un marginal. Armé de son fusil qu'il ne quitte jamais, presque le prolongement de son bras, il erre dans la forêt. Vagabond, à moitié sauvage, un peu fou, il vit dans une grotte, chasse l'écureuil pour se nourrir. Et parfois, ça le prend, il tue. Il tue des inconnus, qu'un hasard malheureux a placé sur sa route, sans affect, sans émotion, ni colère. Il tue poussé par son instinct, un instinct animal. Et parfois, il soulage sa frustration sur le cadavre d'une femme. Au fur et à mesure que Lester Ballard s'éloigne de la civilisation, seul et miséreux, de plus en plus animal, il s'enfonce dans la folie.

Ce thème traité par un autre aurait sombré dans la vulgarité et la facilité. Mais Cormac McCarthy n'est pas n'importe quel écrivain. McCarthy est un auteur exigeant.

Son récit est sombre, glauque, désespéré mais jamais il ne tombe dans le trash facile et racoleur. Il n'y a pas d'intrigue linéaire. le récit ressemble à la vie de Lester Ballard ; une errance sans but, guidée par le hasard. McCarthy manie parfaitement l'art de l'ellipse.

L'écriture de McCarthy est, dépouillée, directe, belle dans la simplicité. Sous sa plume, la laideur est sublimée, du sordide naît une poésie forte et violente comme la nature qu'il décrit si bien.
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Vingt ans après, auto-proclamée Vicomtesse de Bragelonnette (Texas, Etats-Unis), j'entreprends une seconde lecture de cet enfant de Dieu (lequel n'a pas honte d'enfanter à tort et à travers). En 1992, des libraires plus éclairés qu'Edison avait alors enrichi mon univers littéraire d'un auteur majeur. La déflagration m'avait laissée KO.

Sur la quatrième de couverture, les éditions Actes Sud présentaient McCarthy: "Il demeure sans doute le plus méconnu des très grands de la littérature contemporaine". Heureusement, il y eut le cinéma pour propulser le styliste américain sur le devant de la scène. Et son roman "La route" paracheva une notoriété qui avait beaucoup beaucoup tardé (et dire qu'il y a des romanciers qui…)

Vingt ans après ou je n'ai pas vieilli (sourire charmeur qui attend confirmation), ou le roman n'a pas vieilli. Que ceux qui oseraient imaginer une autre hypothèse dissimulent leur sourire sarcastique dans un sac en papier recyclable. Bref, mon plaisir de lectrice demeure intact.

Un enfant de Dieu est une plongée en apnée dans le monde rance, fou, étriqué, désolé et sordide d'un de ces exclus que l'Amérique concocte dans ses coins reculés. Un enfant de Dieu est une lente descente dans une folie qui ne cesse de croître alors que croient dénuement et solitude. En contrepoint de la nécrophilie rouge et noire, trois grosses peluches gagnées dans une fête foraine rappellent que le pantin dément affublé d'un fusil, d'un scalp et d'une jupe a, un jour, fait partie de la société humaine.
Terrifiante dans son économie de moyens, effrayante par sa précision, l'écriture de McCarthy hante la montagne (et notre esprit) où grimace Lester Ballard, qui fut, un jour, oublié de ses semblables.
"Vous pensez qu'à l'époque les gens étaient pires qu'ils ne sont maintenant? dit l'adjoint.
Le vieil homme contemplait la ville inondée. Non, dit-il. Je pense que les gens n'ont pas changé depuis le jour que le bon Dieu les a créés."
Peut-être la phrase-clé du roman.
Si Lester Ballard pris dans les rets de la survie ne provoque pas l'empathie (et c'est peu dire), aucun protagoniste n'est sympathique. Ici, les hommes sont durs, égoïstes, rugueux. Dans le Tenessee, le rêve américain a fait long feu.
Mais que reste-t-il de l'homme civilisé lorsque les conditions de la civilisation se dérobent?
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Après la beigne de la route, en 2016, c'est cet Enfant de Dieu dont je viens d'achever la lecture.
Le style de ce livre de 1973, c'est déjà celui de la route: C' est âpre et dur comme l'hiver dans lequel survit effroyablement Lester Ballard, comme ce monde qui s'éteint dans lequel cheminaient le père et son fils dans La route.
La misère et l'abandon habitent ce récit. Ce n'est pas seulement le dénuement affectif et matériel de Lester, dont il est question... C'est celui de toute cette contrée et de certains de ses habitants. les personnages sont comme des fantômes, des ectoplasmes écrasés par leur condition de ploucs.
Lester n'est que l' aboutissement terrifiant et achevé d'un processus de désocialisation et d'isolement, rendu irréversible lors de l'expulsion de sa ferme.
Cormac Mac Carthy est l'écrivain du constat. Il n'accable pas son personnage, il l'observe dans son quotidien morne et horrifique...
Là ou un Erskyne Caldwell, un Jim Thompson ou un Charles Williams amènent un humour noir-soupape de sûreté pour le lecteur, Cormac Mac Carthy ne rit pas. Jamais.

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Dans ce roman, nous suivons le parcours d'errance criminelle de Lester Ballard, jeune homme frustre, chassé de chez lui, qui va d'abord squatter une cabane, avant de se réfugier dans des grottes.

Cette lecture me laisse un peu partagé.

D'une part, j'aime vraiment le style d'écriture de Cormac Mc Carthy, son art maitrisé de la narration, à la fois minimaliste dans la description et recherchée dans les termes et images utilisés.

J'apprécie aussi le fait qu'il ne cherche jamais le sensationnel facile, décrivant les actes les plus aberrants avec une sorte de détachement.
Particularité que j'avais déjà notée dans le roman "La route".

D'autre part, je m'interroge un peu sur le but recherché par l'auteur.
Où veut il nous conduire avec cette histoire de tueur nécrophile ?
Peut-être simplement nous montrer les aspects les plus sombres de l'Homme ?
Si c'est le cas, Mc Carthy y parvient, ce récit est tragiquement simple.

Mais pour ma part, je n'ai pas totalement adhéré, tant pis...

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Après « Méridien de sang » et « La Route », je me plonge pour la troisième fois dans l'univers noir et sordide de Cormac McCarthy pour en ressortir à nouveau l'estomac gentiment retourné. Certes, on ne peut nier le puissant impact émotionnel suscité par la prose saccadée et incisive de McCarthy, mais plus j'avance dans son oeuvre et plus je me dis que cet univers-là n'est peut-être pas fait pour moi. Démence, meurtres sanglants, nécrophilie, inceste, viol… Rien ne manque dans cette affolante descente dans l'horreur et la sauvagerie où nous emboitant le pas à Lester Ballard, un simple d'esprit chassé de chez lui et contraint de se terrer dans la forêt , lieu où il retombera petit à petit dans la plus totale bestialité. Inutile de chercher dans « Un enfant de Dieu » la moindre trace d'exploration ou d'analyse psychologiques, c'est le Mal à l'état pur et ses effroyables ravages que McCarthy nous offre sur un plateau, un point c'est tout.

Autant le dire, c'est un peu trop pour moi. Si « Méridien de sang », le dernier roman que j'avais lu de cet auteur, avait su touché ma corde sensible malgré sa violence omniprésente par la beauté lyrique et terrible de ses descriptions, rien de tel dans « Un enfant de Dieu » où le style est réduit à sa plus grande sobriété : sec, dur et abrupte. Loin de moi l'idée de nier la qualité du roman de McCarthy ; il est même excellent dans un genre très particulier – celui qui vous donne envie de vous pendre à l'arbre le plus proche ou, à défaut, de recracher votre petit déjeuner – mais ce genre n'est de toute évidence pas ma tasse de thé. Je retenterai peut-être ma chance avec McCarthy car je n'aime pas abandonner un bon auteur, mais d'abord je pense que vais aller m'aérer l'esprit dans des territoires littéraires moins pestilentiels…
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Dure réalité vous dites ? le mal incarné ? Ouff suis pas sûre que j'aimerais me promener dans la tête de Cormac McCarthy. Comment peut-il, livre après livre, nous livrer cette vision horrible, morbide, des hommes, de son pays, de l'humain ? Re ouf. On ne peut que saluer bien bas la qualité de son écriture: saccadée, courte, va et vient entre tranches de vie passées et présentes. Déjà , le titre: Non, ce pays n'est pas pour un vieil homme m'avait jetée par terre, je crois qu'après la lecture de Un enfant de Dieu, je suis KO. Mais je ne sais pas si j'aime, je ne sais pas si je dois recommander cette lecture, je suis ...perplexe, plutôt sans mots. Meurtre, inceste, viol (on se questionne sur la place des femmes dans toute l'oeuvre de McCarthy non ? ) vol, abandon, brutalité, horreur page après page, tout est sale. Ce qu'il nous raconte c'est la lente transformation d'un homme abandonné vers la condition d'animal avec toute la douleur et le désespoir qui accompagnent cette lente descente ...Une lecture qui ne peut laisser indifférent. Une lecture qui fait mal. Âmes sensibles ....
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Parfois, un livre peu foutre la nausée, c'était le cas avec le diable tout le temps de Donald Ray Pollock. Parfois, ce sont nos propres sentiments, après la lecture d'un livre, qui nous foutent la nausée ; c'est ce qu'arrive à faire Cormac McCarthy avec Un enfant de dieu.
Il nous dépeint là une Amérique profonde, la vie de bouseux consanguins, bigots, crasseux, pervers, incestueux, alcooliques, racistes, violents, tout ce que vous voudrez, en pire.
Parmi eux, se détache Ballard, Lester Ballard que l'on rencontre au détour d'une vente aux enchères où il révèle son tempérament violent. Violent, oui, mais l'homme est aussi voyeur, nécrophile, serial-killer, au final, on le découvre complètement fêlé, sacrément adroit et débrouillard, ascète répugnant, ermite fou, asocial.
Mais McCarthy arrive tout de même à faire en sorte que le lecteur se familiarise avec ce monstre brut de décoffrage, froid, sans foi ni loi, mais gauchement humain (la scène de l'aller-retour à la voiture est génial). On en vient à apprécier le suivre mais à attendre sa chute, à détester les pseudo-justiciers qui cherchent à l'éliminer et à souhaiter voir échouer les forces de l'ordre. À laisser cet enfant de dieu voler de ses propres ailes, tout en sachant qu'il ne s'arrêtera pas d'en briser.

Bien écrit. Parfois complexe, avec un vocabulaire recherché et une syntaxe particulièrement percutante, Un enfant de dieu nous montre que le plus insignifiant des hommes peut cacher la noirceur la plus crasse. Mais ce génie de Cormac (né à Providence, comment ne pouvait-il pas être tourmenté ?) réussit surtout à nous prouver que l'on peut se surprendre à encourager la déviance, à voir se perpétuer le mal, pour notre plus grand plaisir de lecteur, de spectateur ; tant qu'il ne s'agit que de fiction...

Maintenant, comment vous dire que l'histoire est inspirée de faits réels...

Les engoulevents n'ont pas fini de hanter le ciel de Providence.
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« Un enfant de dieu » a été écrit en 1973, soit au début de la carrière de l'auteur et bien avant les succès que je viens d'évoquer.

Si « La Route » explore le chaos extérieur, l'effondrement du monde et l'implosion de la civilisation, « Un enfant de dieu » quant à lui, sonde le chaos intérieur de l'être humain, la désagrégation de son humanité et le retour à sa bestialité primaire.

Car « Un enfant de Dieu » c'est l'histoire d'une bête. Une bête humaine. Celle de Lester Ballard, né dans le Sud profond américain. Un orphelin, qui une fois adulte deviendra fétichiste et nécrophile au fur et à mesure de sa dégradation humaine.

Quand il est chassé de chez lui et sa maison mise en vente, il se retrouve à errer dans la nature, à courir les bois qu'il connait comme sa poche. Jamais vraiment intégré à la société, celle-ci finit de se désintéresser de lui et le renvoie à la lisière du monde civilisé.

Quand tout a-t-il basculé pour Lester ? le jour où il tombe sur les cadavres encore chauds d'un couple dans leur voiture et qu'il décide d'abord de violer la morte avant de l'emporter avec lui dans la montagne, ou bien la cassure remonte t'elle plus loin en amont dans le sillon de son enfance? Au suicide de son père ?

Toujours est-il que progressivement Lester se transforme en autre chose qu'un être humain, un homme-animal où l'instinct de survie le dispute à la violence qui l'accompagne. Où la pulsion supplante la raison. Comme une vielle peau qu'il abandonne après une mue, il se soulage du peu d'humanité qui lui reste à mesure qu'il s'enfonce toujours un peu plus vers l'animalité.

Et quand la cabane qu'il avait trouvée, est réduite en cendres dans un incendie qu'il provoque involontairement, c'est ce reste d'humanité qui part en fumée avec elle. La transformation a dès lors définitivement fini d'opérer.

C'est dans une grotte qu'il se terre alors. Un refuge, un antre, un temple dans lequel il va ramener le corps de ses victimes dont il aime à s'entourer.

Pourquoi ? En gardant ces corps près de lui, cherche t'il malgré tout à garder un lien, fut-il ténu, avec cette humanité qui l'a rejeté et qu'il a fini par fuir ? Ou bien s'agit il simplement pour lui d'assouvir son pouvoir en se construisant un univers où il est au centre de tout ?

N'attendez pas explications. L'auteur n'en délivre aucune, n'offre aucun jugement, ne procède à aucune exploration psychologique de son personnage. Nous sommes seuls face à la description de cette bestialité mise à nue, à nous imaginer, à essayer de comprendre, si cela à toutefois un sens de le faire.

Le style de Mac Cormack est abrupte, son écriture sombre et sèche, ce qui donne encore plus de puissance à ses mots.

Ce roman est court. Pour autant il interpelle sur la nature humaine. Ne portons pas en nous cette part de bestialité que nous enfermons dans la cage de notre civilisation ? Et quelle est la part de responsabilité de cette société dans cette dégradation humaine à laquelle nous assistons, en refusant à un « enfants de dieu » d'y entrer et d'en faire partie.

Ce n'est sans doute pas le meilleur roman de Cormak Mc Carthy (certainement pas le moins mauvais non plus) mais sa lecture en reste incontournable pour celui qui veut appréhender l'oeuvre de cet auteur remarquable..
Lien : http://passion-polar.over-bl..
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Cormac McCarthy est un écrivain américain né en 1933 à Providence (Rhode Island). Après ses études, il rejoint en 1953 l'armée de l'air américaine pour quatre ans, dont deux passés en Alaska, où il anime une émission de radio. En 1957, il reprend ses études à l'université, se marie avec la première de ses deux femmes en 1961 et a un fils. Il quitte l'université sans aller jusqu'au diplôme, et s'installe avec sa famille à Chicago, où il écrit son premier roman. Aujourd'hui Cormac McCarthy vit au nord de Santa Fe (Nouveau-Mexique) dans une relative discrétion et accorde très rarement des interviews. Inspiré d'un fait divers, le troisième roman de l'écrivain, Un Enfant de Dieu (1973) a été traduit chez nous en 1992.
Années 60, dans la cambrousse du Tennessee. le père de Lester Ballard est mort, la baraque familiale vendue à l'encan, Lester est à la rue et sa descente aux enfers s'enclenche inexorablement.
Le roman est très court et le ton adopté par Cormac McCarthy pourrait l'assimiler à un très long article pour la presse écrite. Les faits sont cités et décrits méthodiquement, voire froidement mais jamais l'écrivain ne commente ou ne juge ni même ne tente d'influencer notre propre jugement. Pourtant il y a matière à vomir ou faire se dresser les cheveux sur la tête !
Pour Lester ça débute par une voiture arrêtée dans un chemin désertique, à l'intérieur, un jeune couple mort, l'homme entre les cuisses de la fille. Folie subite, pulsion incontrôlée ? Lester tripote la fille et ramène le cadavre dans la cabane pourrie où il vit désormais. Nécrophilie, acte 1. Son petit paradis était trop bien pour lui, la baraque prend feu, il se refugie dans une grotte. Ayant trouvé sa voie ( !?) Lester tue la gamine d'un voisin et ramène son cadavre dans ses quartiers pour s'y livrer à son plaisir malsain, complété par un autre vice, se vêtir des vêtements de ses victimes…
Ce n'est ni un polar ni un thriller, je ne vous gâcherai pas la fin si je vous en révèle brièvement l'épilogue. Lester est arrêté mais les cadavres ne sont pas retrouvés, sans preuves formelles, il est incarcéré dans un asile et c'est la maladie qui le condamnera. Les corps ne seront découverts que plusieurs années plus tard et par hasard, sept corps en putréfaction dans une grotte souterraine.
Un roman bien raide et beaucoup ne voudront pas s'y risquer mais la froideur de l'écriture, aucune tentative d'analyse psychologique, nous évite le pathos pleurnichard ou l'angoisse glacée qu'un autre style littéraire pouvait engendrer. Oui c'est atroce factuellement parlant mais ça se lit facilement quand même.
McCarthy nous incite à réfléchir sur les notions de Bien et de Mal et sur les tours surprenants que peut prendre la sexualité pour le meilleur comme pour le pire. Un petit roman, un grand livre.

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Troisième roman de McCarthy, qui préfigure, en certains endroits, La Route, avec cette noirceur et cette minéralisation ambiantes qui émaillent d'un bout à l'autre l'histoire d'un homme solitaire dont on ne sait, en définitive, que penser. Différentes explications sur sa conduite et sur son passé sont apportées par des personnages qui ont connu la famille et les antécédents de cet "enfant de Dieu".

Lester Ballard est un être asocial, meurtri par un passé et un présent qui semblent être la cause de sa sauvagerie puisqu'il tue sans hésitation, vole et viole ensuite ses victimes. On ne saurait dire s'il est un refoulé ou un laissé pour compte d'une société dont il a été exclu et qui lui fait éprouver, à présent, une profonde haine, teintée d'indifférence, voire d'une froideur caractérisant les fameux tueurs en série.

Captivé toujours par la rigueur et la pureté du style soutenu d'ailleurs par un suspense jusqu'aux dernières lignes, le lecteur se demande ainsi quel est le symbole de cet homme marginal, animé par l'esprit du Mal pourrait-on dire, mais qui, en définitive, n'est qu'une fausse explication. Car l'auteur semble vouloir suggérer que chaque être porte en lui le Destin de Lester Ballard, et qu'il suffit d'un enchaînement d'événements pour que tout, soudainement, bascule. En revanche, le pauvre héros de ce roman ne fait aucun effort pour tâcher de se sortir de son immonde état, et accumule lâchetés sur lâchetés, comme s'il n'y avait aucun moyen, d'ailleurs, d'échapper à ce Destin implacable.

Divers sentiments animent le lecteur : on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour cet être machiavélique, tout en éprouvant de l'horreur et de l'agacement, mais le talent de Cormac McCarthy a permis, grâce à certains effets de style, de trouver de la beauté dans cette obscurité accablante et quasi dépourvue de logique et de sens.

On retiendra, en particulier, ces étranges constructions, conférant à Lester une sorte de pouvoir inquiétant :

"Crève donc, sale conne, dit-il. Elle mourut". (Page 103)

"Il demanda à la neige de tomber plus vite. Ce qu'elle fit". (page 120)

Bref, je ne me lasse pas de lire du McCarthy.
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