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Critique de Alfaric


« L'ère des rois est morte, et j'en suis le fossoyeur. » le roman annonce clairement la couleur et la poursuite des événements.
D'un côté l'auteur se réclame de Joe Abercrombie, Brandon Sanderson, Steven Erikson, Robert E. Howard et Glen Cook.
D'un autre côté, l'auteur veut rendre hommage à Victor Hugo, Alexandre Dumas, Eugène Sue et Michel Zévaco.
On mêle donc révolution politique, révolution industrielle et fantasy épique. le résultat ? Un roman-feuilleton trépidant d'une immense coolitude ! Les héritiers du roman-feuilleton français sont anglo-saxons, c'est assez triste pour la culture française.

Brian McClellan nous remixe la révolution française de la même manière que Jim Butcher nous a remixé l'Empire romain. le 1er chapitre démarre par un coup d'Etat mené par une conjuration : le Maréchal Tamas d'Adro, légende vivante militaire, patriote progressiste et maître de la cabale des poudremages, Dame Wenceslav, commandant des mercenaires des Ailes d'Adom, Charlemund, Archidiocèle hédoniste de l'Eglise de Kresimir, Ongaust, le psychorigide préfet d'Adopest, Ricardo Thumbalr, chef des syndicats d'Adro, le doyen Lektor, ambivalent vice-chancelier de l'Université d'Adopest, et le Propriétaire, dirigeant sans nom et sans visage de la pègre d'Adopest.
Le roi Manouh XII a voulu vendre son pays pour conserver son train de vie. Il va le payer de sa vie… Ensuite cela ne s'arrête jamais même : coups d'Etat progressistes, contre coups d'Etats royalistes, menaces d'invasion, menaces de trahison, chantages, enlèvements, assassinats, traques, cavales, investigations, infiltrations, exfiltrations, escarmouches, sièges… C'est rigoureusement impossible de s'ennuyer une seule seconde d'autant plus que l'auteur a de l'humour à revendre !

Les POVs se repartissent entre 3 personnages principaux :
- la Maréchal Tamas doit diriger la Révolution (liquider l'Ancien Régime, rétablir l'ordre dans la capitale, sauver le pays de la famine et se préparer à l'inéluctable intervention des Kezs)
Homme tourmenté par l'exécution de son épouse bien aimée, le Maréchal Tamas n'a plus peur de rien ni de personne et est désormais prêt à aller jusqu'au bout pour la cause qu'il choisie de défendre, d'où son caractère ombrageux et ses relations tumultueuses avec presque tout le monde.
- son fils Taniel Deux-Coup, héros des deux mondes, accompagné par la jeune shamane muette Ka-Poel, est toujours en mission contre les ennemis extérieurs de la Révolution (sérieux c'est un hybride La Fayette / Jean Valjean protégeant Euphrasie alias Cosette ! Encore que cette Cosette là réserve de sacrées surprises…)
Taniel a souffert d'avoir grandi à l'ombre de l'immense homme qu'est son père et d'avoir été trahi par sa jeune épouse infidèle Vlora, d'où son départ outremer pour soutenir la révolte des colonies de Fastrata (toutes ressemblances avec la révolte des colonies britannique qui donnèrent naissance aux Etats-Unis d'Amérique n'est absolument pas fortuite du tout).
Il est chargé d'assassiner son ami Bobardor, mais fraternité de sang et d'amour de l'aventure ne sont pas des liens qu'on ne peut aisément oublier d'autant plus que sa dépendance croissante à la poudre et l'amour que lui porte son éclaireuse native vont le transformer en quelqu'un d'autre, en quelque chose d'autre…
- l'inspecteur Adamat accompagné du boxeur Sousmith est toujours en mission contre les ennemis intérieurs de la Révolution (toutes ressemblances à un mélange Javert / Vidocq ne sont pas fortuite du tout)
L'enquêteur méthodique va puiser dans mémoire infaillible pour instiguer dans tous les recoins de la capitale d'Adopest et démasquer mystères et comploteurs, mais il va devoir faire un choix entre sauver son pays et sauver sa famille…
- Il faut ajouter en fil rouge le POV de Nila, une servante qui cherche à protéger et/ou venger le dernier héritier du trône.
Je gage qu'il s'agit là d'un foreshadowing qui aura son importance dans les tomes suivants…

Les personnages secondaires sont assez nombreux et nombre d'entre eux mourront avant la fin du roman…
Olem le garde du corps insomniaque, Sabon le fidèle second du Maréchal, Vlora la brigadière surdouée, Bobardor le Privilégié paillard, l'ignoble Vetas, la redoutable Julène (Milady de Winter avec des pouvoirs magiques surpuissants !), Mihali le chef cuisinier échappé de l'asile, Tef le chef des assassins des Barbiers de la Rue Noire, Jakoto / Gavril le vaillant guerrier montagnard qui cache bien son jeu…
Ah ça, on ne peut pas dire que le dramatis personae ne soit pas bien rempli ! On identifie très vite les personnages et on retient bien leur noms : la caractérisation est donc réussie.


Le magicbuilding est très cool ! On sent la parenté avec un Brandon Sanderson sur ce point
Il y a les Privilégiés. de puissants sorciers qui manipulent les forces élémentaires.
Il y a les Marqués. Je n'ai pas réussi à savoir s'ils étaient tous Poudremages ou non.
Il y a les Doués.
Il y a les Brisés qui jouent le rôle de contre-mages.
Au cours du roman nous découvrons les Oeil d'Os et leur magie vaudou, les terribles predii et ceux qu'ils ont invoqués…
Et il y aussi les Gardiens, des êtres modifiés magiquement pour être des machines à tuer.
Et il y aussi les mystérieux moines de la Porte de Novi qui cache bien leur jeux.
Et il y aussi d'autres trucs encore plus mystérieux…
L'auteur en garde sous le coude pour la suite !
On sent bien que tout cela est là pour insérer des superhéros et supervilains à la DC Comics ou à la Marvel Comics dans un univers clairement inspiré de la période révolutionnaire française en particulier, européenne en général.
C'est dommage que l'auteur cède à la tentation du grosbillisme à la Steven Erickson.


Certains pourrait trouver l'ensemble confus, ou se retrouvé avec l'impression de s'être fait bringuebalés…
A tous ceux-là je réponds qu'il a 3 fils directeurs principaux :


En allant systématiquement de l'avant et en précipitant son foreshadowing Brian McClellane gâche un peu ses effets quand il ne contrecarre pas ses effets de surprise (comme Jakoto / Gavril qui passe de pochtron à meneur d'homme en une seule tirade). Mais bon, ce ne sont que des erreurs de dosage plus que facilement pardonnables pour un premier roman. Gageons que l'auteur va gagner en vista, en maturité et en expérience pour corriger tout cela dans l'avenir.

Le style est très visuel : on imagine facilement les scènes et les situations. Les descriptions courtes mais efficaces restituent bien l'ambiance résolument début XIXe siècle du roman. Et on bascule de l'action pure à la réflexion intimiste avec une facilité assez déconcertante. On est clairement dans un roman populares !
Ceux dont la zone de confort littéraire fait la part belle aux gros pavés plan-plan qui commencent lentement et qui avancent mollement avant de clairement tirer à la ligne peuvent passer leur chemin car le cycle des "Poudremages" c'est de l'action, de l'action et encore de l'action !
Enjoy et baïonnettes au canon pour "The Crisom Campaign", "The Automn Republic", "Forsworn", "Hope's end", "The Girl of Hrusch Avenue" et "The Face in the Window" ("The Patriot" avec des Natives) !!!
J'avais bigrement envie de mettre 5 étoiles, et puis je me suis dis "imagine que les suites soient encore mieux, qu'est-ce que tu vas bien pouvoir faire !" ^^
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