Pourtant, Marilla avait du mal à se représenter une femme adulte vivant seule. Dans tout Avonlea, jamais elle n'avait croisé de femme de l'âge de sa mère sans enfants ni mari. Même les veuves avaient des enfants. Et les femmes ans enfants avaient des maris. Qu'Izzy n'eut ni l'un ni l'autre la rendait suspecte aux yeux de Marilla. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez elle ?
Elle aurait dû se réjouir pour John. Pourtant, des années de bons sentiments honorables venaient de s'effacer en une seconde. Le regret, c'est tout ce qui restait.
Pourtant, certains jours, Marilla n’avait pas envie de coudre à côté de sa mère, ni de suivre son frère dans leur jardin à la lisière du pâturage. Certains jours, aussi immoral que cela pût être, Marilla voulait profiter de la journée comme il lui plaisait. Quand elle parvenait à se libérer, elle courait dans les bois de sapins baumiers avec ses magazines et suivait le ruisseau vers l’endroit où il se jetait dans une petite mare séparée en deux par un érable qui poussait en plein milieu. Elle s’asseyait sur son île avec l’eau qui clapotait autour d’elle et lisait jusqu’à ce que le soleil commence à filtrer à travers les arbres
J'ai un faible pour des versets les moins connus. Leur éclat n'a pas été élimé à force de les répéter.
C'est un choix que nous devons faire à chaque instant. Quelles vérités doivent être exprimées et lesquelles on doit garder pour soi. C'est cela le pouvoir. Tu dois te montrer perspicace. Tu peux changer d'idée aussi souvent que tu le veux mais tu ne peux pas reprendre tes mots. Jamais.
Marilla reconnut à peine son reflet dans la glace. Une femme raffinée lui renvoyait son regard, pas la paysanne qu'elle avait vue devant sa coiffeuse le matin même. Un chapeau lui avait suffi pour grandir d'un seul coup. Elle avait attendu ce moment depuis si longtemps, et elle le trouvait sou ce chapeau en velours bordeaux.
L'idée qu'on asservisse quelqu'un à cause de la couleur de sa peau semblait ridicule, risible même, (...) des gens tuaient et mouraient pour cela. Le rouge coulait de tous les corps.
Pour quelle raison devait-on devenir le mari ou la femme de quelqu'un ? Ne pouvait-on pas simplement être soi-même ?
La paix dépendait de la suppression des divisions raciales. Le peuple devait sentir qu’il formait un tout, quelles que soient la langue, la religion, la croyance ou la couleur. Proclamer une seule nation canadienne, bénie par la Couronne, permettrait une représentation égale au parlement, le regroupement du crédit et l’application uniforme de la loi à travers le pays.
L’idée qu’on asservisse quelqu’un à cause de la couleur de sa peau semblait ridicule, risible même, si elle n’était pas aussi monstrueuse. Pourtant, des gens tuaient et mouraient pour cela. Le rouge coulait de tous les corps.