Au début de ma vie, je n'étais personne, mais parce que ta maman a fait de moi un père, j'ai une bonne chance de finir mon existence sur cette terre comme quelqu'un qui vaut la peine qu'on se souvienne de lui. Pourquoi diable j'aurais envie de m'enfuir et quitter ça ?
Mes poèmes embrassaient tout ce que mes bras ne pouvaient étreindre. Ils hurlaient ce que je taisais. Ils étaient aussi un murmure brûlant qui proclamait que parfois l'amour est un châtiment.
Devenir femme, c'est affronter le couteau.
Quel que soit l'endroit où tu es, quel que soit l'endroit où tu vas, tu seras toujours au sud du paradis.
- Je serai au sud du paradis.
Totalement émerveillée, je contemplais le ciel.
-Y a pas de meilleur endroit.
- Ton père est un sorcier, me taquinaient-ils à l'école en agitant des plumes sous mon nez.
Ils croyaient que cela me ferait aimer mon père un peu moins, mais je ne l'en aimais que plus.
Que fait-on lorsque les deux personnes qui sont censées nous protéger le plus sont justement les monstres qui nous déchirent et nous mettent en pièce ?
À certains moments, je devais fermer les yeux pour m'empêcher de relire ce que j'écrivais et tout revivre encore une fois, mais je n'ai pas posé mon stylo. J'écrivais comme si tout coulait à flots du bout de mes doigts. Toute la cruauté, toute la douleur, j'ai tout écrit pour en faire une histoire qui me detruisait en même temps que je lui donnais forme.
Flossie étant partie, j'étais la dernière des Trois Soeurs restée à la maison. J'ai gravé les noms de mes soeurs dans le bois du Bout du Monde, afin qu'au moins la scène elle-même ne les oublie pas. Et puis j'ai écrit. De mes écrits sortaient des entrelacs et des ciselures. Il y avait des griffes et des serres, des choses plus douces également. Je parlais d'eau ruisselant des murs, de fumée dérivant dans le ciel. De ces réalités tangibles ou palpables qui nous liaient tous en des noeuds qu'aucun début extraordinaire ne pourrait jamais fixer. Mes poèmes embrassaient tout ce que mes bras pouvaient étreindre. Ils hurlaient ce que je taisais. Ils étaient aussi un murmure brûlant qui proclamait que parfois l'amour est un châtiment.
Pour une femme, vieillir est une agression. Ne vieillis jamais , P'tite Cherokee. Mais on ne peut pas l'empêcher. A moins de mourir jeune. Je regrette de ne pas être morte quand mes hanches avaient encore quelque chose d'érotique.
....le destin d'une femme est d'être bien comme il faut, obéissante et sagement séduisante, mais invisible au besoin. Clouée à la croix du sexe auquel elle appartient, une jeune femme se trouve coincée entre la mère et la côte biblique, dans un espace réduit qui ne lui permet d'être rien d'autre qu'une fille qui vit auprès de ses frères sans pour autant être leur égale. Ces garçons qui, eux, peuvent hurler comme des matous en rut, se vautrer dans la chair sans retenue, sans que jamais on ne les traite de trainée ou de putain comme ma sœur.