Livrée à moi-même, j'aurais choisi de préparer une simple licence d'anglais dans une université provinciale très au nord ou très à l'ouest de chez moi. J'adorais lire des romans – je pouvais en terminer deux ou trois par semaine – , et faire cela pendant trois ans m'aurait parfaitement convenu. Cependant je passais plus ou moins, à l'époque, pour une erreur de la nature : une fille douée en maths. Cette discipline ne m'intéressait pas, j'y prenais peu de plaisir, mais j'aimais être la première sans trop me fatiguer.
Je découvrais que l'expérience de la lecture est faussée lorsqu'on connaît l'auteur, ou qu'on s'apprête à le rencontrer. J'avais pénétré dans l'esprit d'un inconnu.
Etaient alignés sur de longs présentoirs , à même le trottoir, à la disposition des hordes aux aspirations similaires qui cherchaient désespérément à exprimer leur individualité.
J'étais la primaire des lectrices , tout ce que je voulais , c'était de me retrouver dans mon propre univers restitué avec art et sous une forme accessible .
Mes paroles auraient d'autant plus de pouvoir qu'elles ne seraient pas diluées .
La lecture est un moyen de ne pas penser aux Maths . Plus que cela ( ou bien moins que cela ) c'est un moyen de ne pas penser du tout .
Un roman qui démarre lentement, sans que l'on sache au premier abord où va le personnage lors de ses premières liaisons amoureuse, puis le rythme s'accélère dès la rencontre avec Tom. Les derniers chapitres se dévorent et le retournement de situation final, habile manoeuvre de l'écrivain, nous laisse admiratif autant que son style irréprochable. Le petit plus, l'évocation de Londres pour ceux qui aiment cette ville à travers le quotidien de l'héroïne. Un roman qui ne s'oublie pas.
Mais aucun individu ayant plus de trente ans ne pouvait comprendre la période curieusement chargée et concentrée qui allait de dix-huit à vingt-deux ans, tranche de vie à laquelle il aurait fallu un nom, du moment où l'on quittait le lycée à celui où l'on devenait salarié, avec, entre les deux, l'université, des amours, des morts et des choix décisifs.
Mais aucun individu ayant plus de trente ans ne pouvait comprendre la période curieusement chargée et concentrée qui allait de dix-huit à vingt-deux ans, tranche de vie à laquelle il aurait fallu un nom, du moment où l'on quittait le lycée à celui où l'on devenait salarié, avec, entre les deux, l'université, des amours, des morts et des choix décisifs.
Malheur à la nation dont la littérature est bousculée par les interventions du pouvoir. (Alexandre Soljenitsyne)