Parfois, pour m’assurer une intimité totale, je m’enferme dans les toilettes et m’installe sur le siège avec mon bloc de papier posé sur les genoux. À part moi ne se trouvent là, éventuellement, qu’une ou deux araignées. Elles remontent le tuyau d’écoulement et restent tapies sur le blanc éclatant de l’émail. Elles doivent se demander où elles se trouvent. Au bout de quelques heures, elles font demi-tour, perplexes, ou peut-être déçues de ne pas en avoir appris davantage.
Pourquoi je ne me suis pas sauvé quand j’ai été en âge ? Vous pourriez croire que rien ne m’en empêchait. Mais je vais vous dire, l’idée ne m’a jamais traversé l’esprit. Je ne connaissais pas d’autre vie, je ne savais pas que j’étais différent des autres.
Où qu'elle s trouvât, je répèrais mon Helen au premer coup d'oeil. Les autres étaient de vulgaires mannequins, en deçà du mépris. La vie était engendrée en elle par la seule charge de sa beauté. (...). Longtemps je me suis contenté de la regarder à travers la vitre, heureux d'être à quelques pas d'elle. Dans ma folie, je lui écrivais des lettres (...). Je savais que bientôt je serais obligé d'entrer dans le magasin pour demander à l'acheter.
Elle a tenté de m'empêcher de grandir, et pendant un bon moment, elle a réussi. Savez-vous que je n'ai appris à parler correctement qu'après dix-huit ans ? Je n'allais pas à l'école (...). Elle n'a pas aimé lorsque mon lit d'enfant est devenu trop petit, (...). Je la dépassais déjà d'une demi-tête qu'elle essayait encore de m'attacher un bavoir autour du cou.