Pensez-vous que je viendrais vous trouver, sinon ? (Il se mordit les lèvres. Il devait brider sa colère qui ne l’amènerait nulle part.) J’apprécierais votre aide, vizir, ajouta-t-il d’un air contrit.
— Je vois. Entrez, dit Tariq d’un ton neutre – mais il était évident qu’il savourait l’humiliation de l’Éperon.
Lazar passa rapidement devant le secrétaire de Tariq, surpris, et referma la porte de ce bureau dans lequel il venait rarement. Il détestait s’entretenir avec le vizir dans son antre, parce que son choix de meubles et de cadre était pour le moins ostentatoire. Tout chez Tariq était artificiel. De plus, Lazar savait très bien à quel point le ministre le détestait. Cela ne l’avait jamais gêné, mais mettait beaucoup de tension dans leurs rapports. Du vivant de Joreb, Lazar travaillait quasiment en autonomie. Mais, à présent qu’Herezah tirait les ficelles, cela devenait impossible. Lazar était révolté à l’idée d’avoir désormais des obligations envers cet imbécile de vizir qui avait la confiance de la Valide et donc du Zar. Il s’obligea à faire preuve de politesse.
— Je dois parler au Zar.
Tariq fit un agaçant petit bruit condescendant, comme s’il réprimandait un enfant.
— Allons, Éperon, cela n’est pas possible. Il profite d’un moment de calme consacré à la réflexion et à ses études.