Citations sur Une pluie d'étincelles (21)
L’orage se mit à gronder au-dessus des plaines de l’outback, tandis que dans le ciel qui allait s’obscurcissant, des nuages galopaient. Des éclairs fourchus se distinguaient du côté des collines dont les lueurs se reflétaient à la surface des rivières et des points d’eau. Il régnait une chaleur intense, et l’air se chargeait d’électricité sous l’effet de l’orage qui grossissait au sud-est de Morgan’s Reach. Et tandis que les fermiers au désespoir contemplaient, campés sur un sol assoiffé, les nuées menaçantes, ils priaient pour que, cette fois, la pluie se mît enfin à tomber, au terme de trois longues années d’une implacable sécheresse.
« Il contempla le spectacle avec émerveillement .Le ciel immense se teintait de rose, de pêche , à mesure que l’astre majestueux se levait: cela brillait comme de la lave en fusion. iI retint son souffle , et les larmes lui montèrent aux yeux .Il communiait avec le décor :
Telle était l’Australie, se dit- il encore, Sa Patrie et Sa Demeure ... »
« Tous les parfums de sa terre natale , tous ses sons, ses paysages....Il avait attendu si longtemps de regagner L’Australie ...
Sa patrie se trouvait gravée dans sa mémoire, ainsi que dans son cœur, et c’était elle qui l’avait aidé à supporter les horreurs des combats dans la jungle, à survivre aux privations imposées par les Japonais dans leurs camps de prisonniers de guerre......
Il demeurait hanté par les épreuves qu’il avait traversées ...
Pis, il allait livrer une nouvelle bataille. ».....
« La fureur de l’incendie ne connaissait plus de repos.
Hélas, il était peu probable que quiconque le repérât à temps pour l’arrêter dans sa course diabolique... »
Les aborigènes sont convaincus que l'âme des défunts est emportée vers les cieux à bord d'un bateau spécial puis, une fois qu'elles ont traversé la Voie lactée, elles se changent en étoiles. Ces étoiles nous protègent, elles nous regardent vivre en attendant qu'un jour, nous allions les rejoindre.
Rhys Morgan, le grand-père de Rebecca Jackson, personnage excentrique tout à la fois médecin, aventurier, explorateur et bienfaiteur de l'humanité, avait découvert cette oasis reculée en 1889. Tenant aussitôt ces lieux pour l'emplacement idéal où édifier un hôpital du bush dont il rêvait, il y avait célébré son quarantième anniversaire en posant la première pierre....
Il laissa dériver ses pensées en même temps que la fumée de sa cigarette. La liberté était un cadeau précieux, et à l'époque où il luttait pour survivre dans le camp de prisonniers, c'était des choses menues, apparemment sans importance, qui lui manquaient le plus. Ainsi brûlait-il de humer à nouveau le parfum de l'eucalyptus et du pin porté par le vent. Il songeait encore aux vastes espaces qu'un homme pouvait sillonner à cheval plusieurs jours durant sans croiser âme qui vive. Il rêvait d'entendre le cri des pies ou des grands réveilleurs. Et que dire du sourire d'un être cher, du rire d'un enfant, de l'intense satisfaction d'avoir un jour trouvé l'endroit où couler des jours heureux, puis mourir ?
Il avait été pourtant un jeune homme ambitieux, qui avait patiemment examiné les diverses possibilités qui s'offraient à lui, gamin élevé dans les bas quartiers de Sydney, sans éducation, ou presque. Ce qui l'avait attiré, dans la carrière ecclésiastique, tenait essentiellement au rituel pompeux des offices, aux tenues chatoyantes des évêques, à la manière dont un orateur un peu doué parvenait à hypnotiser ses paroissiens du haut de sa chaire à la façon d'un prophète. Pour un garçon qui avait longtemps nourri le rêve secret de devenir comédien, il s'agissait de la solution idéale.
« Le ciel , sous l’effet de la canicule , se trouvait comme délavé ... Le silence était presque total à l’exception du croassement sporadique d’un corbeau et du bruissement continuel des insectes qui peuplaient les termitières et les rochers anfractueux dispersés parmi les touffes de spinifex et les gommiers accablés de chaleur...
Les kangourous cherchaient en hâte le rare couvert des arbres....
C'était une rude leçon que le sort leur enseignait : la mort n'était pas toujours douce, et elle frappait indifféremment les plus jeunes comme les plus âgés.