Les Haut-Conteurs, Tome 5 : La mort noire

Mais si Lothar personnifiait le feu, Ruppert, lui, savait que l'eau finissait toujours par étouffer son frère antagoniste.

Et surtout, il ne se conduirait pas tels ceux que Mathilde appelait les Messires poisseux : des amoureux éconduits qui passaient leur journées accrochés aux chausses et aux paroles d'une belle à l'air inflexible, indifférent, agacé ou, horreur suprême, amusé par de si piteuses démonstrations.

Et, pour la première fois de sa si longue histoire, la couleur fétiche des Haut-Conteurs se fit l'étendard d'un sinistre symbole. Celui du sang répandu.

Je te raconterai des histoires... J'en connais des centaines et la plupart, contrairement à la nôtre, finissent bien.

Jeune Corwyn, avait dit son défunt ami William. Hélas non. Il n'était pas jeune, mais vieux. Trop vieux, trop fatigué, trop éprouvé pour encore se battre.

Il était seul, loin de ses amis perdus au fond du souterrain ensorcelé. Seul à rechercher un moyen de survivre. Seul sur le point de mourir.

Même si, en cette aube amère, le doute n'était pas permis. Pour la première fois dans l'histoire du monde, le feu venait de vaincre l'eau.

Par mon ventre, il n'est pas de retrouvailles qui rime avec ripaille, pas vrai ?

- Et quand les démons surgiront sur nos flancs pour nous entraîner au fond de l'enfer, sera-t-il temps, là, de se soucier de ce qu'il se passe ?

Oui, ce temps était celui de la reconquête. D'abord du pouvoir personnel. Ensuite du Livre.