La saison des cornouillers était terminée, mais les glycines étaient encore resplendissantes et cascadaient sur les murs et grilles. À Somerset, les champs de coton étaient en fleur.
Mary se concentra sur cette image. Elle avait perdu tous ceux qu’elle aimait, son grand-père, son père, son frère et sa mère… Il ne lui restait que Somerset, qui l’attendait. C’était à elle de s’occuper des terres. Miles l’avait bien dit : Somerset ne l’abandonnerait jamais, malgré le charançon, la sécheresse et les inondations. La grêle pouvait anéantir une récolte en quelques minutes, mais les terres, elles, seraient toujours là. Les terres étaient porteuses d’espoir, au contraire des humains.
Un homme sans rêves est un homme qui ne vit plus.
La vieille dame encaissa le coup et se voûta légèrement, puis elle posa sa canne sur ses genoux.
— C’est une très longue histoire, vous savez, bien trop longue pour que je vous la raconte. Un jour, Percy vous expliquera.
— Il m’expliquera quoi, Mary ?
Pourquoi un jour ? Pourquoi Percy ? Le notaire observa un instant ses rides creusées, son visage pâle, malgré sa peau mate.
Soudain, il fut saisi d’une sombre inquiétude.
— De quoi parlez-vous ? demanda-t-il. J’ai lu tout ce qui concerne les Toliver, les Warwick et les Dumont. Je vis parmi vous depuis quarante ans. Je suis au courant de tout ce qui vous arrive. S’il y avait eu un secret, j’en aurais eu vent.
Elle baissa furtivement ses paupières rougies par la fatigue puis rouvrit les yeux.
— Mon pauvre Amos, dit-elle avec affection. Quand vous êtes entré dans nos vies, nos histoires étaient terminées. Vous nous avez connus au sommet. Nos tragédies, nos actes malheureux étaient derrière nous et nous en assumions les conséquences. Rachel ne doit pas commettre les mêmes erreurs que moi et en payer le prix fort. Pas question de l’exposer à la malédiction des Toliver...
— La malédiction des Toliver ? répéta Amos, alarmé par ce discours qui ne ressemblait en rien à Mary. Je n’ai jamais entendu parler d’une malédiction.
— Vous voyez, répliqua-t-elle en esquissant un sourire.
« Cette plantation risque de te trahir, de te décevoir, de t’épuiser, mais elle ne te quittera jamais. » (p. 88)
Les écrits étaient aussi inutiles que les paroles quand celui qui les recevait les attribuait à un sentiment de culpabilité.
- Je croyais que tu m'aimais... souffla-t-ell
- C'est le cas. C'est bien le plus tragique. Que choisis-tu.. Sommerset ou moi ?
Un homme sans rêves est un homme qui ne vit plus.
Un homme sans rêves est un homme qui ne vit plus.
Les meilleurs amis font les pires ennemis.
On ne peut pas modifier le passé, mais l’avenir, oui.