AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 50 notes
5
4 avis
4
9 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"C'est un roman sur le non-dit, le silence dans les familles, l'omerta sur ce qui s'est passé avant, la difficulté de devenir un adulte quand on ne sait rien de ce que font les pères, de ce qu'ils ont fait. Des pères hiératiques et surpuissants, qui livrent un combat à mort contre la pieuvre islamiste, qui se cachent des choses, toujours dans la course à celui qui aura les meilleurs résultats. (...)
Un roman étonnant, intéressant, avec une belle écriture sur un sujet difficile, avec un point de vue assez rare, et donc à lire pour toutes ces raisons."
François Muratet (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/1994..
Commenter  J’apprécie          300
Meddi Adlène – "1994" – Payot & Rivages, 2020 (ISBN absent) – édition originale aux éditions Barzakh d'Alger, cop. 2017

Ce roman traite des années noires de l'Algérie, lorsque "les barbus" (comme ils sont désignés dans ce roman) du FIS puis du GIA et du MIA devenu AIS, tentèrent de s'emparer du pouvoir en organisant des guérillas et des attentats terroristes. Ils oubliaient qu'ils se heurtaient à une armée et une organisation politique issues du FLN, dont les cadres étaient encore massivement en activité (les principaux personnages du roman appartiennent à cette strate) et avaient eux-mêmes pratiqué aussi bien la guérilla que le terrorisme avant de s'emparer des richesses du pays et de devenir une nomenklatura corrompue formée dans les pays communistes, bien décidée à conserver à tout prix ses rentes de situation.

Coincée entre les islamistes d'un côté et ces privilégiés corrompus de l'autre, la génération qui arrive alors à l'âge adulte (les trois "héros" de ce roman) subit les exactions des uns et des autres. Et lorsqu'elle se met en tête d'intervenir, cela tourne à la catastrophe, d'autant plus que les motivations d'ordre privé interfèrent avec les "nobles" objectifs.

Il s'agit là d'une thématique complexe, que l'auteur maîtrise plutôt bien, même si le début du roman peut sembler obscur et confus. le récit s'articule en chapitres mêlant trois strates temporelles : l'année 2004 (les protagonistes se souviennent), 1994 (les trois lycéens sont en classe de terminale), 1962 (la génération des pères, combattants dans les rangs du FLN), retour à 1994, puis à 2004 (pour visiter les morts).

L'écriture est remarquable : né en 1975, à Alger, l'auteur s'exprime dans une langue française que bien des auteurs d'origine "gauloise" peuvent lui envier...

Quelle tristesse de voir ainsi l'Algérie et son peuple s'enfoncer dans la misère (pour le plus grand nombre) et la corruption (pour la caste dirigeante), ce pays qui pourrait, qui aurait du devenir l'une des perles de l'Afrique, partenaire majeure de la France et de l'Europe... Espérons que la population algérienne connaîtra un avenir meilleur, même si cela n'en prend guère le chemin actuellement...

Un roman à lire, mais il convient de réfléchir avant de l'offrir, car certaines scènes sont tout de même fort rudes, même si l'auteur est loin de se vautrer dans la violence gratuite qui caractérise une certaine littérature aujourd'hui. Son texte montre d'ailleurs fort bien que toute violence est finalement vaine et ne peut en aucun cas mener vers une société meilleure.

Commenter  J’apprécie          70
Une plume incontestablement talentueuse même si il m'a bien fallu une cinquantaine de pages pour m'y faire.

L'auteur a un indéniable talent et s'en sert pour sortir de ses tripes la douleur inflige par les années de guerre dans son pays.
Comme au jeu du chat et la souris, chaque souris semble devenir chat à son tour et perpétuer le crime, le sang et l'horreur.
Un engrenage.
Une folie.

Je me suis vraiment eloigne de mes lectures habituels avec une période et un lieu que je ne connaissais pas.
Je n'ai pas pour autant envie de m'y aventurer à nouveau, j'avais tout de même hâte que cette lecture baigné dans le sang se termine.

Même si elle parle de vérités.
Mais c'est la aussi où l'auteur veut en venir .
La gravité de la sittuation, trop longtemps ignoré.
La violence engendre la violence.
Ce n ets pas nouveau mais l'être humain à du mal à comprendre.
Et perpétue de verser le sang.

Je n' ai pas réussi à le lire comme un polar, comme il est dit.
Je l'ai lu comme un témoignage de souffrance. le polar un outil.

L attachement aux personnages étaient impossible pour moi.
Ça rend toujours une lecture difficile même si c est parfois utile pour l oeuvre.

J aurais tout de même aimé rencontrer ce pays d une autre façon, voir d autres facettes, des choses positives aussi.
Même si ce n était pas le propos.
Un pays qui a tant souffert aurait peut être mérité un rayon de soleil dans la noirceur du monde, non ?

N'étant pas une spécialiste du sujet, j'invite ceux qui le sont à donner leurs avis, ainsi que ceux qu'ils l'ont lu.
C'est tout de même un bouquin que j'ai été ravie de finir, presser de quitter ce monde de violence, qui certes, pullulent dans ce monde.
Commenter  J’apprécie          50
Lors du décès de Zoubir, un dirigeant de la police secrète algérienne, son fils Amin, lui-même officier dans l'armée, pète un plomb et se retrouve interné en psychiatrie. Son meilleur et plus vieil ami, Sidali, décide de quitter son exil forcé en France pour aider celui qu'il considère comme son frère.
En fait tout les ramène 10 ans auparavant, alors que le pays était en pleine guerre civile, avec le FIS (Front islamique du salut) d'un côté, et l'armée de l'autre. Et la population civile entre les deux. Cette année-là, quatre lycéens à l'image de leurs aînés lors de la guerre de libération (ce qu'on appelle en France « Les événements ») décident d'agir et de lutter avec leurs moyens contre les deux belligérants. Dans un premier temps en observant ce qui se passe, avant de faire parler les armes. Bien sûr, rien ne se passera vraiment comme prévu.
Thème original pour ce polar, la guerre civile algérienne, Adlène Meddi nous offre un éclairage unique et nouveau sur le sujet. Ces adolescents plongés dans une société violente et corrompue, avec l'impossibilité de choisir entre les idées moyenâgeuses des islamistes et le cynisme d'un pouvoir corrompu déjà depuis 30 ans. N'oublions pas que cette guerre civile fait suite aux premières élections libres en Algérie depuis l'indépendance. Mais le vainqueur (le FIS) déplaisant à beaucoup de monde, l'armée, la caste politique mais aussi la communauté internationale, les militaires algériens décideront de reprendre en main le pays (une main de fer dans un gant de… fer en l'occurrence).
Petit bémol, le roman peine à démarrer, la première partie (un tiers du livre) aurait pu (dû) être beaucoup plus courte.
Commenter  J’apprécie          30
Inspiré par une période politique agitée en Algérie, l'auteur nous raconte une histoire, à la fois passionnante et effrayante, de 4 jeunes algériens et nous entraîne dans un thriller bien inquiétant.
Ces 4 lycéens qui ont une partie de leur vie détruite par tous ces attentats vont prendre une décision tragique et ce roman nous questionne notamment sur cette époque politique très tendue.
Commenter  J’apprécie          20
1994 ou une année d'une décennie bien sombre pour l'Algérie. Adlène Meddi entraîne le lecteur au milieu du sang, du chaos de la guerre mais surtout de la complexité de cette guerre d'Algérie qui a fait bien plus de ravages que remplir les cimetières.

Au milieu d'une génération broyée entre la guerre et des parents qui eux-mêmes sont plongés dans cette terreur, le lecteur découvre grâce à une plume remarquable cette page de l'Histoire algérienne souvent méconnue.
Commenter  J’apprécie          10
Un joli coup de maître, ou comment écrire avec poésie un période des plus sombres de ce pays.
Il y a du Camus dans cette plume un cynisme et une fatalité comme une évidence.
Ce n'est pas gai, il ni a ni fin heureuse ni touche d'espoir...
Comment la déchéance psychique d'Amin nous entraîne dans les bassesses de l'âme humaine
Commenter  J’apprécie          00
La guerre d'Algérie n'est pas terminée…et je pense que le pire reste à venir. Les courbettes du monde politique français, sans compter les recommandations de certains historiens pour ne pas dire d'un seul et unique, nous replongent dans les turpitudes d'un pays qui n'a jamais pu grandir. Parce que lorsque l'on veut parler de l'Algérie il faut faire inévitablement rentrer en scène la France.
1994 est un dilemme avec pour paysage les années de plomb algériennes. le FIS s'est mué en GIA et frappe dans les faubourgs d'Alger. Tout ce qui porte un uniforme est une cible potentielle et le film de Pontecorvo « La bataille d'Alger,1966 » avec pour réalisateur et vedette principale Yacef Saadi (Il joue son propre rôle) est aujourd'hui un outil pédagogique au service des forces de sécurités. Ainsi, ces dernières s'identifient aux paras de Massu afin de venir à bout des islamistes infiltrés dans les banlieues, l'efficacité prime sur l'idéologique, il faut désormais aller à l'essentiel et prendre exemple sur les vainqueurs de la bataille d'Alger en 1957. Les valeurs se sont inversées et les historiens islamo-gauchistes assermentés ne peuvent pas manipuler la vérité comme bon leur semble car pas plus les dernières années qu'à l'époque de la décolonisation, ils n'ont jamais pu investir les antres du FLN, cette rébellion les détestait et s'en méfiait malgré leurs « valises » remplies de billets.
Quelques tâtonnements après les accords d'Evian, un Ben Bela controversé enclin à emboîter le pas à Fidel Castro en faisant du pied à l'ours russe ne fera pas long feu et la dictature militaire s'imposera ensuite comme une évidence.
Mais les accords d'Evian seront saufs : tu me garantis le prix du pétrole, les essais nucléaires à Reggane ainsi qu'une main-d'oeuvre pas chère dans mes usines et en échange je participe à ton développement en formant tes cadres. Les « Accords d'Evian » c'est l'ALENA des français…
Le système a fonctionné durant trente ans, avec des hauts et des bas, quelques tentatives d'attentats, des rixes dans le bled dont personne ne parlait. Mais la mécanique s'est essoufflée, la caste bourgeoise du FLN percluse de corruption n'a pas su assurer le renouvellement des élites. Une armée puissante offrait plus de garanties qu'une société peuplée d'intellectuels et d'universitaires toujours plus motivés à bouleverser l'ordre des choses.
1994 est un dilemme avec au premier plan une bande de jeunes lycéens. Fils des vainqueurs de la révolution Algérienne, désormais bras armé du pouvoir militaire. Ils sont le sang du sang de ceux qui égorgeaient nos appelés du contingent et le meurtre appel le meurtre. Seulement cette poignée de lycéens refuse cet héritage et réfute également la logique de ceux qui rejoignent les fous d'Allah. Ils veulent se laver de ce sang qui leur brouille l'horizon. Et pour cela, ils n'ont pas d'autre choix que de créer une insurrection au sein de l'insurrection elle-même. le schéma est sans fin, la surenchère se poursuit à l'infini.
1994 c'est aussi pour moi l'année où les fameuses « Universités populaires » vont bon train en France. Nos vibrionnants islamogauchistes ont trouvé un terrain fertile dans les banlieues afin de planter leur graine. Les petits gamins issus de l'immigration offrent un bon terreau à nos intellectuels de gauche.
Mais ils n'auront pas plus de succès à ce moment-là qu'ils n'en auront dans l'avenir ou qu'ils n'en n'ont eu par le passé. le vent de la critique et de la contestation dispensés au futur prolétariat ne tardera pas à profiter aux islamistes. Khaled Kelkal en sera le parfait exemple.
Ce roman a du mal à démarrer, ceci lié certainement a un grand nombre de personnages mais également au suspens insufflé par l'auteur, laissant planer le doute sur les implications et motivations des acteurs principaux Amin et Slimani. Il faut tenir bon et passer les cents premières pages pour profiter du récit et comprendre le message de l'écrivain journaliste.

Lien : http://eric.bonnave@gmail.com
Commenter  J’apprécie          00
1994, une année qui renvoie au coeur de la décennie de terreur et de la guerre en Algérie.
L'histoire commence au cimetière, Amin, jeune officier enterre son père, le général Zoubir.
Quelque temps après cet enterrement, du père, de l'histoire et de tout ce qui faisait barrage aux souvenirs de la chute, Amin pète un câble et tire sur un(e) inconnu(e) en hurlant le prénom Kahina.
à partir de là, vient l'internement, l'enquête, les secrets et l'impunité, les escadrons de la mort et les justiciers, la mort qui glisse de page en page, pour rappeler aussi que ceux qui restent ne sont pas vivants. Quelques souvenirs de la guerre de libération et de la violence qui s'enlise et qui ne peut partir de l'imaginaire collectif par magie.
les lycéens qui détruisent à leur tour une vie, des vies, parce qu'il est trop douloureux d'attendre son tour de mourir, parce que leur chagrin était trop grand pour se contenir dans des larmes et parce que les attentats et la mort faisait désormais partie du décor, du quotidien.
Qu'est ce qu'il en est resté finalement, 1994 nous dit qu'il reste la folie et l'exil.
Commenter  J’apprécie          00

Autres livres de Adlène Meddi (1) Voir plus

Lecteurs (133) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *}