AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782743644758
336 pages
Payot et Rivages (05/09/2018)
3.77/5   50 notes
Résumé :
1994 : c'est l'année où tout bascule pour quatre jeunes lycéens algérois d'El-Harrach. Le pays est à feu et à sang lorsque ces adolescents décident de former, avec leurs propres moyens, un groupe clandestin de lutte antiterroriste. Dans ce roman dense et puissant, à travers des personnages aussi emblématiques que complexes, Adlène Meddi raconte les guerres qui ont marqué le pays et qui imprègnent encore si intensément le présent des Algériens.
Que lire après 1994Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 50 notes
5
4 avis
4
9 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
"C'est un roman sur le non-dit, le silence dans les familles, l'omerta sur ce qui s'est passé avant, la difficulté de devenir un adulte quand on ne sait rien de ce que font les pères, de ce qu'ils ont fait. Des pères hiératiques et surpuissants, qui livrent un combat à mort contre la pieuvre islamiste, qui se cachent des choses, toujours dans la course à celui qui aura les meilleurs résultats. (...)
Un roman étonnant, intéressant, avec une belle écriture sur un sujet difficile, avec un point de vue assez rare, et donc à lire pour toutes ces raisons."
François Muratet (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/1994..
Commenter  J’apprécie          300
Meddi Adlène – "1994" – Payot & Rivages, 2020 (ISBN absent) – édition originale aux éditions Barzakh d'Alger, cop. 2017

Ce roman traite des années noires de l'Algérie, lorsque "les barbus" (comme ils sont désignés dans ce roman) du FIS puis du GIA et du MIA devenu AIS, tentèrent de s'emparer du pouvoir en organisant des guérillas et des attentats terroristes. Ils oubliaient qu'ils se heurtaient à une armée et une organisation politique issues du FLN, dont les cadres étaient encore massivement en activité (les principaux personnages du roman appartiennent à cette strate) et avaient eux-mêmes pratiqué aussi bien la guérilla que le terrorisme avant de s'emparer des richesses du pays et de devenir une nomenklatura corrompue formée dans les pays communistes, bien décidée à conserver à tout prix ses rentes de situation.

Coincée entre les islamistes d'un côté et ces privilégiés corrompus de l'autre, la génération qui arrive alors à l'âge adulte (les trois "héros" de ce roman) subit les exactions des uns et des autres. Et lorsqu'elle se met en tête d'intervenir, cela tourne à la catastrophe, d'autant plus que les motivations d'ordre privé interfèrent avec les "nobles" objectifs.

Il s'agit là d'une thématique complexe, que l'auteur maîtrise plutôt bien, même si le début du roman peut sembler obscur et confus. le récit s'articule en chapitres mêlant trois strates temporelles : l'année 2004 (les protagonistes se souviennent), 1994 (les trois lycéens sont en classe de terminale), 1962 (la génération des pères, combattants dans les rangs du FLN), retour à 1994, puis à 2004 (pour visiter les morts).

L'écriture est remarquable : né en 1975, à Alger, l'auteur s'exprime dans une langue française que bien des auteurs d'origine "gauloise" peuvent lui envier...

Quelle tristesse de voir ainsi l'Algérie et son peuple s'enfoncer dans la misère (pour le plus grand nombre) et la corruption (pour la caste dirigeante), ce pays qui pourrait, qui aurait du devenir l'une des perles de l'Afrique, partenaire majeure de la France et de l'Europe... Espérons que la population algérienne connaîtra un avenir meilleur, même si cela n'en prend guère le chemin actuellement...

Un roman à lire, mais il convient de réfléchir avant de l'offrir, car certaines scènes sont tout de même fort rudes, même si l'auteur est loin de se vautrer dans la violence gratuite qui caractérise une certaine littérature aujourd'hui. Son texte montre d'ailleurs fort bien que toute violence est finalement vaine et ne peut en aucun cas mener vers une société meilleure.

Commenter  J’apprécie          70
Une plume incontestablement talentueuse même si il m'a bien fallu une cinquantaine de pages pour m'y faire.

L'auteur a un indéniable talent et s'en sert pour sortir de ses tripes la douleur inflige par les années de guerre dans son pays.
Comme au jeu du chat et la souris, chaque souris semble devenir chat à son tour et perpétuer le crime, le sang et l'horreur.
Un engrenage.
Une folie.

Je me suis vraiment eloigne de mes lectures habituels avec une période et un lieu que je ne connaissais pas.
Je n'ai pas pour autant envie de m'y aventurer à nouveau, j'avais tout de même hâte que cette lecture baigné dans le sang se termine.

Même si elle parle de vérités.
Mais c'est la aussi où l'auteur veut en venir .
La gravité de la sittuation, trop longtemps ignoré.
La violence engendre la violence.
Ce n ets pas nouveau mais l'être humain à du mal à comprendre.
Et perpétue de verser le sang.

Je n' ai pas réussi à le lire comme un polar, comme il est dit.
Je l'ai lu comme un témoignage de souffrance. le polar un outil.

L attachement aux personnages étaient impossible pour moi.
Ça rend toujours une lecture difficile même si c est parfois utile pour l oeuvre.

J aurais tout de même aimé rencontrer ce pays d une autre façon, voir d autres facettes, des choses positives aussi.
Même si ce n était pas le propos.
Un pays qui a tant souffert aurait peut être mérité un rayon de soleil dans la noirceur du monde, non ?

N'étant pas une spécialiste du sujet, j'invite ceux qui le sont à donner leurs avis, ainsi que ceux qu'ils l'ont lu.
C'est tout de même un bouquin que j'ai été ravie de finir, presser de quitter ce monde de violence, qui certes, pullulent dans ce monde.
Commenter  J’apprécie          50
1994… Qui s'en souvient ? Qui s'en soucie ? Adlène Meddi nous entraîne en Algérie pour nous parler de son pays et des algériens.

Il nous raconte une tranche d'histoire de son pays au travers de quatre jeunes : Amin, Sidali, Farouk et Newfel.

1994 a changé toute leurs vies.

Dans un texte construit comme une pyramide, l'auteur nous parle tout d'abord d'un passé proche 2004. Amin est en Algérie et assiste aux obsèques de son père, ancien militaire très redouté Zoubir Sellami. Sidali est depuis dix ans en cavale en France mais décide de revenir en Algérie pour revoir son ami Amin et le sortir de l'asile psychiatrique où il est détenu.

Ensuite nous remontons le temps en 1994. Les quatre copains sont lycéens. La guerre interne en Algérie bat son plein entre armée et « terroristes ». Alger est à feu et à sang, y règnent assassinats, tortures et arrestations arbitraires. Ces quatre gamins vont devoir entrer dans ce conflit dont ils ont hérité.

Elle naquit ainsi, l'armée impérieuse et anonyme, dans la chaleur humide d'un printemps plein de sang. Dans l'extraordinaire débauche de meurtres éclatant dans chaque recoin du pays chéri. du pays payé cher, des rues de l'enfance plus petites, maintenant que, jeunes hommes, ils toisaient le monde du haut de leurs certitudes et de leurs faits d'armes passifs. Spectateurs aguerris des attentats quotidiens, meurtris, morts, mortifiés et mille fois mourants sous le soleil matraquant des kalachnikovs officielles ou non. Armement acharné, sans nom, sans raison mais, finalement, déterminé à les détruire dans ce qu'ils étaient, dans ce qu'ils seraient. Demain ou tout à l'heure.

Pour comprendre cet héritage, l'auteur nous emmène en 1962. On est à la fin de la guerre d'Algérie qui oppose les français aux algériens. Zoubir, le père d'Amin, est alors un jeune soldat de l'Armée algérienne. Farès, le père de Sidali, se bat à ses côtés. de l'histoire de ces deux hommes va découler l'avenir de leurs fils.

Dans ce texte on ressent énormément d'émotion, de rage aussi, de la part de l'auteur.

Au-delà d'un texte magnifiquement écrit, tous ces sentiments nous atteignent d'une manière rare en littérature. On ressent l'amour de l'auteur pour son pays et pour ses habitants, pour ces lieux, ces ruelles, cette Méditerranée. Mais on ne peut éluder la tristesse, les regrets, la colère qui en ressort.

L'histoire de ces quatre jeunes est poignante, tragique. Elle est servie par une plume sublime. Alors bien sûr c'est politiquement orienté, ça tente d'expliquer et de trouver des justifications mais il faut toujours avoir conscience que la vérité n'est pas forcément que d'un seul côté, qu'il faut comprendre avant de juger. Je garderai une tendresse particulière pour ce roman qui m'a beaucoup touchée et que je vous recommande sans l'ombre d'une hésitation.
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
Commenter  J’apprécie          40
Lors du décès de Zoubir, un dirigeant de la police secrète algérienne, son fils Amin, lui-même officier dans l'armée, pète un plomb et se retrouve interné en psychiatrie. Son meilleur et plus vieil ami, Sidali, décide de quitter son exil forcé en France pour aider celui qu'il considère comme son frère.
En fait tout les ramène 10 ans auparavant, alors que le pays était en pleine guerre civile, avec le FIS (Front islamique du salut) d'un côté, et l'armée de l'autre. Et la population civile entre les deux. Cette année-là, quatre lycéens à l'image de leurs aînés lors de la guerre de libération (ce qu'on appelle en France « Les événements ») décident d'agir et de lutter avec leurs moyens contre les deux belligérants. Dans un premier temps en observant ce qui se passe, avant de faire parler les armes. Bien sûr, rien ne se passera vraiment comme prévu.
Thème original pour ce polar, la guerre civile algérienne, Adlène Meddi nous offre un éclairage unique et nouveau sur le sujet. Ces adolescents plongés dans une société violente et corrompue, avec l'impossibilité de choisir entre les idées moyenâgeuses des islamistes et le cynisme d'un pouvoir corrompu déjà depuis 30 ans. N'oublions pas que cette guerre civile fait suite aux premières élections libres en Algérie depuis l'indépendance. Mais le vainqueur (le FIS) déplaisant à beaucoup de monde, l'armée, la caste politique mais aussi la communauté internationale, les militaires algériens décideront de reprendre en main le pays (une main de fer dans un gant de… fer en l'occurrence).
Petit bémol, le roman peine à démarrer, la première partie (un tiers du livre) aurait pu (dû) être beaucoup plus courte.
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (5)
SudOuestPresse
19 mai 2021
Sous le soleil, en 2004, le cimetière d’Alger a presque des allures de jardin botanique.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Liberation
22 octobre 2018
Un roman à l’écriture dense, qui pulse comme le cœur d’un homme aux abois.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeFigaro
28 septembre 2018
1994, d'Adlène Meddi est un grand roman sur la décennie noire en Algérie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
21 septembre 2018
Faisant alterner les époques, 1994 est une œuvre patchwork qui esquisse un tableau terrifiant du pouvoir algérien au début des années 1990. Un pouvoir mafieux, sanguinaire, face à des terroristes arriérés. Le parcours d’Amin relève à la fois du roman initiatique – premières amours, premières déceptions, premières folies − et de la chronique de la violence.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
21 septembre 2018
Adlène Meddi livre là un formidable roman noir. Un roman à l’écriture dense, qui pulse comme le cœur d’un homme aux abois.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le jeune homme agenouillé termina sa phrase dans un râle de douleur : le colonel lui avait envoyé un coup de pied dans les reins qui le projeta sur le côté, bousculant ses deux acolytes.

Il s'agenouilla et murmura à l'oreille du jeune homme :

— Tu as de la chance, petit pédé, je ne peux pas m'occuper de toi, je t'aurais fait ta fête sinon et tu aurais regretté le jour où tu es né. Et c'est pas ton père qui t'aurait sauvé. Tu sais qui nous sommes, espèce de pute ? !

Sanglotant, le garçon enfouit son visage dans le tapis du salon.

— On attend ?

Zoubir regarda son adjoint.

— J'attends personne. Toi, le flic, embarque ces trois merdes au poste et établis le PV. La pute aussi."
Commenter  J’apprécie          20
Amin, à côté de son ami, entendit les cris provenant du combiné et il se dit que désormais c’était à eux de rassurer leurs parents, leur fournir des explications, les apaiser : « Ça va, ça va, calme-toi, je suis vivant et à l’abri… » C’était à eux de devenir adultes face aux adultes déboussolés. Perdus dans ce monde qui s’écroulait de partout. Leur monde. Mais un autre monde émergeait, nouveau et cruel. Un monde à eux, dont étaient exclus les adultes, qui n’étaient là que pour le compte à rebours de leur naufrage. Les adultes savaient que le temps qui leur restait ici-bas ne serait plus fait que d’angoisses et de sanglots. Leurs enfants savaient qu’ils étaient déjà dans l’au-delà. Ils n’étaient là que pour crever ou éviter de crever. Et alors quoi, ils devaient par-dessus le marché faire preuve de pédagogie ? Trop tard.
Commenter  J’apprécie          00
Dans mon sommeil ou dans ma syncope causée par les cachets… trop de cachets, docteur… je voyais Alger dans mon dos, je me voyais foncer vers Lavigerie plein sud-est à travers la Moutonnière longeant la mer. J’ai compris que je voyais Alger dans mon rétroviseur et que je conduisais. La mer à ma gauche, de loin se dessine l’imposante barre de l’immeuble des Dunes coupant la perspective. En y retournant, j’ai pris un ticket pour la mémoire. Dans ce rêve, je n’entends pas le vrombissement du véhicule. Je revois défiler les rues vides et les cités jaunes de mon adolescence. Là, un accrochage face au lycée, là, un énième contrôle musclé des flics en 505 break blindée, là, la sortie vers El-Papass, le bois des Pères blancs où notre serment a été scellé.
Commenter  J’apprécie          00
Fini le ton apaisant, l’ordre claqua dans les oreilles d’Amin comme un coup de fouet. Les dents du lion, menaçantes. Pas le temps de s’agiter. Déjà l’homme chauve avait plongé l’aiguille dans son avant-bras qu’il tenait fermement. Douleur. Le sang pollué par le calmant injecté en intraveineuse, le sang qui, se faisant complice de l’agression chimique, charriait dans tout son corps le sédatif, propageant l’atrophie des membres et de la conscience. La vague qui déferlait s’écrasa violemment contre un mur et les souvenirs, les arbres, les mots, les rires, les tombes, les flingues et Kahina, sa nuque, sa bouche, ses seins, tout vola en éclats comme un shrapnel mortel. Ça faisait mal. Amin sombra, criblé par ses propres débris tranchants.
Commenter  J’apprécie          00
Il suffisait d’effectuer un carottage et d’exposer les couches sédimentées depuis ces temps engloutis dans la nuit du passé qui ne croit en aucun matin, aucun réveil, sauf celui de la remémoration douloureuse. Ce passé tout autour d’Amin, qui n’arrêtait pas de le couver, de le cerner comme une épaisse brume. Et le présent qui peinait à percer les vapeurs denses d’un passé entêté. Le présent d’un cadavre qui survivait parmi les autres et en lui-même. Un cadavre qu’il rencontrait souvent quand il dormait pour retrouver les horreurs et les fantômes, surgissant dans ses cauchemars. Il dormait paradoxalement mieux avec eux, avec ses fantômes. Enfin, avec lui-même. Il était son propre fantôme.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Adlène Meddi (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Adlène Meddi
Cette année, Riveneuve était au salon du livre de Paris. Découvrez les auteurs présents sur le stand !

Les livres cités : - le mouchoir de la duchesse (Bérengère Desmettre) - L'entraide (Emmanuel Defouloy) - Jours tranquilles à Alger (Adlène Meddi, Mélanie Matarese) - Darius (Jean-Benoît Patricot) - Saluts et applaudissements (Thierry de Carbonnières)

Suivez l'actualité de Riveneuve en direct sur les réseaux : - Web : http://www.riveneuve-editions.com/ - Facebook : https://www.facebook.com/Riveneuve-Editions-1558801457735466/ - Twitter : https://twitter.com/Riveneuve_ed
autres livres classés : algérieVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus

Autres livres de Adlène Meddi (1) Voir plus

Lecteurs (133) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..