L'Algérie, années de sang

le livre raconte la descente aux enfers de l'Algérie dans les sombres années du terrorisme, la décennie 1990, ce livre se veut d'autant plus intéressant car il nous plonge de plain-pied dans les méandres psychologiques de ses personnages, surtout de cet homme, enfant torturé, amant désenchanté, ayant grandi en manque d'affection maternelle, puis devenu père malgré lui et époux par la force des choses. Ce livre qui se décline à la première personne du singulier est compartimenté en plusieurs parties en fonction des personnages qui sont évoqués à forte densité mentale.
L'auteur, en plus du pays ravagé par la guerre et le sang, nous brosse le portrait d'une population en mal de vivre, qui vit les années d'intégrisme en crescendo, de l'intérieur, dans les quartiers et villages, sans trop savoir ce qui se passe, qui tue. «Un jour, il faudra reconnaître que ce peuple a su se débrouiller seul face au terrorisme», peut-on lire à la page 145.
Le roman se lit par une succession de pans relatifs à chaque personnage qui entoure la vie de cet homme qui voit sa vie souvent lui échapper et tente de la rattraper malgré lui, à défaut de tout quitter et partir.
Il y a d'abord sa mère qui lui fait porter le chapeau de tous ses malheurs et l'oblige à se marier avec une fille Yasmina dont il n'en veut pas. Celle-ci lui mettra le grappin dessus et lui donnera deux enfants, quand il est déjà à peine marié ou pas du tout, pour la seconde fois. Il y a âmmi Slimane, le jardinier téméraire, qui bosse dans cette usine en faillite, si ce n'est la secrétaire Leila, tendre et aimante, qui finit par se marier avec lui et puis, il y a Zakia cette charmante demoiselle qui travaille dans une bibliothèque et dont notre héros versatile, tombe amoureux sans grand succès puisque appartenant déjà à une autre en dépit de son coeur libre de tout engagement. Sans grand succès puisque imbue du sentiment du devoir, elle finira par se marier avec un autre et laisser notre homme encore seul avec ses tourments et ses deux enfants qu'il finit par aimer avec passion.
Kamel le grand et puis la petite Safia, la perle de ses yeux, il y a aussi l'oncle Bouelam et ses amis communistes, les retrouvailles dans le café. le va-et-vient entre Sidi Ahmed et la maison de Rouiba et puis ces terroristes encore, Antar Zoubir, ce sang, ces faux barrages, ces femmes voilées, mais aussi le courage et l'obstination de beaucoup de ces Algériens qui ne se sont jamais laissé faire et ont décidé de rester malgré tout.
Tous ces femmes et hommes à qui Arezki Mellal rend hommage sans le savoir dans ce roman qui pèche, toutefois, parfois par la caricature de certaines de ses situations, mais se veut d'autant plus vrai pour d'autres.
Un livre aux phrases incisives, au ton sec, qui donne à voir mais à sentir aussi cette peur tant redoutée, celle de l'avènement de ce mal qui monte, monte devant la pétrification des innocents, comme un loup devant une louve désarmée. le livre d'Arezki Mellal ne se veut pourtant pas si féroce que ça, il décrit, ne se lamente pas.
Il y a l'idée de la réalité telle quelle est, à prendre ou à laisser. Car nous sommes pris au piège. de ce point de vue, le récit est pris de l'intérieur. L'auteur suit ses personnages pas à pas.
L'on comprend aisément l'idée donne à voir le cauchemar qu'ont vécu les Algériens durant la décennie noire.
Un livre chargé politiquement, mais avant tout, humainement et c'est ce qui le rend plus redoutable et troublant, attachant du point de vue littéraire car il vous attrape comme un aimant pour vous projeter dans un passé qui vous hérisse les poils, et vous pousse à l'ultime cri du désespoir
De quoi parle-t-on? Il vous faudra prendre le bouquin et du courage à deux mains pour le savoir. 165 pages en tout, ce n'est rien. Et cela en vaut vraiment la peine...