Maurice Mendjizky 1890-1951

Maurice Mendjizky 1890-1951

Première rétrospective ( 11 avril- 12 juillet 2014) de cet artiste d'origine polonaise, au Musée du même nom où le fonds de dotation MENDJIZKY-Ecoles de Paris fut créé en 2012, dans le seul immeuble de Mallet-Stevens accessible au public...(square de Vergennes, 15e)

Découverte grâce à une femme passionnée d'art, rencontrée dans un nouveau travail, débuté il y a peu.... cette personne a eu l'amabilité de me prêter le catalogue d'exposition...


La première Ecole de Paris (1905-1939) désigne des artistes pour la plupart étrangers, assoiffés de liberté, qui s'installent à la Ruche, puis dans le quartier de Montparnasse ( extrait de la préface rédigée par la belle-fille de l'artiste, Patricia Mendjizky)

Maurice Mendjizky fait partie de cette première école. La seconde verra le jour an 1945, après la guerre...

Une centaine de tableaux issus de collections privées et étrangères ont été proposés aux visiteurs dans cette première rétrospective ainsi que les dessins inoubliables sur les "Martyrs du ghetto de Varsovie", son "œuvre-testament"...
Ce catalogue fut conçu entièrement par le fils de l'artiste, Serge Mendjizky.

Certaines œuvres m'évoquent Moïse Kisling et Henri Le Sidaner....

Des paysages, des portraits très expressifs dont plusieurs représentations de la célèbre Kiki de Montparnasse, avec qui il vécut trois années....
Un très intéressant de Jacques Prévert (1949) que le peintre rencontra à Saint-Paul de Vence...

Je reviens à nouveau sur les dessins du ghetto de Varsovie...
Cet artiste était indifférent à la gloire; il consacre ses forces et son talent à la création des dessins sur le ghetto de Varsovie où sont morts son père, sa mère et ses deux sœurs. L'assassinat de son fils l'obsède ( il fut fusillé par les nazis le 22 juillet 1944, à Nice)

Ces dessins, il les dédie à son fils....

Un premier recueil de 31 dessins est publié pour la première fois par Maurice Mendjizky avec en introduction un poème de Paul Eluard [que je vous intègre, à la suite de cette chronique]. Il existe aussi une version en yiddish.

Picasso, en 1955, après avoir vu ces dessins incroyables écrira: "C'est un chef-d'oeuvre, c'est une véritable symphonie en noir et blanc"....

Mon seul grand regret est d'avoir pris connaissance trop tard de ce musée our découvrir cette exposition, qui eut lieu entre avril et juillet 2014. Par contre , j'irais au plus vite voir ce musée magnifiquement installé dans une réalisation de Mallet-Stevens
(faire attention au jour de fermeture... qui est le mercredi)
Néanmoins je me trouve très heureuse de la découverte de cet artiste, hors
mode et hors catégorie..

****Joint le poème d'Eluard


fanfanouche24, le 25 octobre 2015


Tout est sauvé

Tout est détruit je vois d'avance le désastre
Un rat est sur le toit un oiseau dans la cave
Les lèvres dans les livres ne bourdonnent plus
Tous les tableaux sont à l'envers en épaisseur
Souvenirs et témoins s'obscurcissent ensemble

Un vieillard gît poupée de rien près d'un berceau
Un enfant croque les débris d'un engrenage
Au creux d'un cimetière un mort a résisté

Et les mots doux des amoureux et les berceuses
Et les travaux font un silence à tout casser
Les hirondelles de la vue se sont fermées
Un petit feu violet a désossé Marie
Un souffle excrémentiel effacé Max et Pierre

L'enfer défunt sèche à la pointe des clochers
Une auréole d'ombre étrangle tous les fronts
Un héros baigne dans le sang d'un criminel

Fiançailles le mal cherchait son partenaire
Il l'a trouvé c'est le désert à tout jamais
je l'imagine on me le montre noir sur blanc
Né en hiver je peux tout voir en négatif
Je suis né pour mourir et tout meurt avec moi

Les étoiles éteintes m'apparaissent miennes
Le deuil unit les murs qui séparaient les hommes
Personne pour tirer la morale du conte.

Rien n'est détruit tout est sauvé nous le voulons
Nous sommes au futur nous sommes la promesse
Voici demain qui règne aujourd'hui sur la terre


Il y a de grands rires sur de grandes places
Des rires de couleur sur des places dorées
Les barques des baisers explorent l'univers
Les enfants les moissons justifient l'ambition
Les hommes fortifient la conscience des mères


Nos frères avaient faim étaient pillés meurtris
Poussés aux désespoirs conduits à l'abattoir
Mais la rose de feu de leur sang survivait

les hommes survivaient nous en étions garants
Et les fils de leurs fils éclairaient l'avenir
Nos comptables brisaient les zéros du néant
Nos paysans comptaient les mois de la genèse
Voir s'étendait au loin comme un corps rayonnant

Nos forces par en bas étaient illimitées
La beauté la confiance ne pesaient pas lourd
Néanmoins aujourd'hui leur rosée est féconde

Voici demain qui règne aujourd'hui sur la terre
Au jour de la durée l'homme est indispensable
Et voici que le monde est un objet utile
Objet voluptueux indestructible et roi
Que la vie a comblé en même temps que l'homme