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EAN : 9782867467011
351 pages
Liana Lévi (08/11/2013)
3.54/5   12 notes
Résumé :
Menahem-Mendl, le héros de ce livre, nous est familier comme l'est le Vagabond de Chaplin. Ce volume rassemble les lettres qu'il échange avec sa femme demeurée à Kasrilevke, l'archétype du shtetl, tandis que lui va de Yehoupetz à Yehoupetz (plus connue sous le nom de Kiev) en passant par New York, Varsovie et Vienne. Nous sommes en 1913, au coeur de la crise des Balkans. Misère et antisémitisme déchirent l'Europe de l'Est et le sionisme se cherche encore. C'est dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est la suite de Menahem-Mendl le reveur. Je me coule dans mon fauteuil et un sourire pointe avant meme d'ouvrir le livre. Allez Sholem, enchante-moi, que je me bidonne avec ta prose!

La suite des lettres qu'echangent Menahem-Mendl et sa femme Sheine-Sheindl. Une suite livree chapitre par chapitre et publiee en feuilleton par un journal yiddish de Vienne. L'initiative venait du directeur du journal, qui demandait que les lettres commentent l'actualite. Sholem Aleikhem avait accepte de bonne grace et livre des lettres pendant presque une annee jusqu'a ce qu'il soit censure suite a l'affaire Beilis (un proces de meurtre rituel a Kiev. En 1913!) et ses livraisons s'arretent. Cette suite ne sera publiee en livre qu'en 1976, soixante ans apres la mort de l'auteur.

Bon, passons a l'essentiel. Vas-y Sholem, egaie-moi!

Les sujets traites sont completement differents de ceux du premier livre. Menahem-Mendl reste le meme schlemiel ridicule qui entreprend sans arret des affaires qui doivent lui procurer fortune et, ici, surtout notoriete, et s'averent plus foireuses les unes que les autres. Sholem Aleikhem l'envoie en Amerique ou notre heros s'apercoit qu'il faut travailler dur pour reussir. Ce n'est a l'evidence pas dans ses cordes et il revient en Europe, ou l'attend, miracle, un emploi de journaliste dans un quotidien yiddish. Il commentera la crise des Balkans, les deboires de l'empire Ottoman, et ebauchera un plan pour une paix mondiale durable dont il veut interesser les grandes puissances, puis un projet de colonisation de la Palestine qu'il se propose de presenter au congres sioniste de Vienne ou l'a envoye sa direction, mais il n'arrive pas a monter au podium. de la il partira a Kiev couvrir le proces Beilis mais il ne reussira meme pas a entrer dans la ville.
Tout cela sera raconte a sa chere Scheine-Scheindl, qui en reponse lui racontera les petits problemes de Kasrilevke et des environs: boycottage de commercant juifs, exil force de bourgades entieres, misere des immigrants clandestins, proies désignées des passeurs, pogroms, etc. Et qui est ce Beilis dont on parle tant?

Je me tortillonne, me tournicote dans mon fauteuil, et quoi, je ricane? Ah! Sholem! Sholem! Tu m'entortilles avec tes clownneries!

Bon. du calme. J'ai fini le livre. Maintenant je veux courir, avant que mon sourire ne s'efface, le raconter aux copains babeliotes. Qu'est-ce que je vais raconter? Que Sholem Aleikhem s'est exprime sur la betise, sur la vanite de la societe, comme il l'avait fait dans son premier livre avec Menahem-Mendl, mais qu'ici il a insiste surtout sur le malheur du monde et pas seulement sur le malheur juif: le malheur des emigrants de tout poil, le malheur des ouvriers americains surexploites, le malheur des serbes et des bulgares qui s'entretuent, l'abrutissement des diplomates qui courent a la guerre. Et j'en passe.

Et moi j'ai souri en le lisant. J'ai ri? Je ne sais plus. Mais si. J'ai surement ri, au comique qui noie toutes les actions, a l'humour en lisere de chaque tirade. Comment ai-je pu rire? C'est la magie Sholem Aleikhem. Il est passe maitre dans l'art de badigeonner les situations les plus tragiques d'un onguent grotesque, absurde et farceur et de faire passer de tres serieux messages par le rire. Alors oui, moi aussi j'ai surement ri. Que voulez-vous, je ne suis pas de pierre… et puis le rapport que fait ledit Mendl de ces malheurs est, pardonnez-moi, tellement cocasse…
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Toute guerre, petite sotte, n’est que spéculation. Une spéculation entre rois qui jouent avec leurs soldats. Bien sûr, pas pour s’en mettre plein les poches, mais pour le bien de leurs pays et de leurs peuples… Et la spéculation d’une guerre est, comme toutes les autres, affaire de chance, de bonne carte. Celui qui a une bonne main rafle tout ; il gagne un pays, de l’argent, toutes sortes de biens, et l’estime générale. Quant à celui qui n’a pas de chance, tout va pour lui de mal en pis, car, outre qu’il perd la guerre, qu’on l’ampute d’un bout de territoire, qu’il y laisse des soldats et que ses actions en Bourse vont à vau-l’eau, il perd tout crédit dans le monde et, en plus de tous ces malheurs, il doit encore payer à l’ennemi pretium doloris, dommages, intérêts, indemnités journalières et lui rembourser tous ses frais de voyage – on appelle ça des réparations… Bref, la guerre est une spéculation.
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« Nous savons bien que vous savez, et que le monde entier sait que vous n’avez pas plus besoin du sang de nos enfants que de cautère sur une jambe de bois, mais nous voulons que vous avouiez en avoir tout de bon besoin, et si ce n’est pas vous dans l’ensemble, qu’il y ait au moins une secte de chez vous dans ce cas. Qu’est-ce que cela peut bien vous faire de le dire ? Vous êtes drôles, vous les Juifs ! Vous n’avez pas besoin de dire que vous égorgez nos enfants pour Pâque. Non. Vous devez seulement convenir qu’en effet, selon la loi, vous le devriez, mais que vous ne le faites pas car vous êtes parmi nous depuis si longtemps que vous avez maintenant un vernis de civilisation et de savoir-vivre, et que vous êtes devenus comme tout le monde… »
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Quel malheur que cette Macédoine ! C’est depuis je ne sais combien d’années un baril de poudre toujours prêt à provoquer une guerre sanglante entre les innombrables peuples qui y résident. Outre les Turcs, tu y trouveras des Grecs, des Bulgares, des Serbes, des Albanais, des Roumains, à se demander qui n’y est pas. Naturellement, il y a aussi des Juifs, là-bas. Qu’avait-on besoin de Juifs en plus, me diras-tu ? – pour les pogroms.
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Video de Sholem Aleikhem (1) Voir plusAjouter une vidéo

Sholem Aleikhem : Gens de Kasrilevkè
Olivier BARROT présente "gens de Kasrilevké", recueil de nouvelles écrites en yiddish au début du siècle par Sholem Aleikhem.
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