Citations sur La voix secrète (22)
Le temps.
Avant, nous vivions avec lui, et voilà qu'il s'est mis à nous tuer. Dans ce siècle en mutation, soumis à l'horloge. Elle qui angoisse l'ouvrier dès le réveil, lui fait redouter une amende en cas de retard, le martyrise toute la journée et le presse sur le chemin du retour. Impatient de retrouver les siens, eux-mêmes impatiens de se coucher pour reposer leurs corps brisés.
Le temps, notre bourreau. Tous esclaves, du mourant redoutant la fin au journalise bâclant son article pour obtenir ses sous, en passant par le roi et sa soif d'immortalité.
La société renferme en elle les germes de tous les crimes qui vont se commettre, en même temps que les facilités nécessaires à leur développement. C'est elle, en quelque sorte, qui prépare ces crimes, et le coupable n'est que l'instrument qui les exécute. Tout état social suppose donc un certain nombre et un certain ordre de délits qui résultent comme conséquence nécessaire de son organisation.
La nuit est double. De prime abord stimulante, elle se nourrit de l'usure et pervertit les certitudes en doutes.
Je vis d'un côté une société de riches s'endormant dans ses jouissances et calfeutrant son âme contre de la pitié ; d'autre part, une société de misérables qui demandaient le nécessaire à des gens qui regorgeaient de superflu.
La vengeance fait trop de mal à celui qui la médite sans pouvoir l'assouvir.
[p53]
N'en déplaisent à mes admirateurs et à mes détracteurs, je ne suis ni un Robin des Bois, ni un opposant de plus à Louis-Philippe. Mon idéal, c'est moi, envers et contre vous. Je n'ai mené qu'un combat, celui de me préserver de votre morale, de votre roi et de votre dieu. Voilà, c'est dit.
Comment puis-je être à la fois écoeuré par les miens et vouloir me faire entendre d’eux ? Curieuse ambivalence de l’écriture, où l’envie côtoie le besoin…
Ma tête s'encastre dans la lucarne, où le sang d'Avril me réchauffe le cou. Ma vie s'arrête, ma légende débute. Moi, Pierre-François Larcenaire, trente-cinq ans, rejeté par mes parents, broyé par les jésuites et écœuré par les riches, je suis heureux, que dis-je !, fier d'avoir été le premier dandy du crime.
Le temps.
Avant, nous vivions avec lui, et voilà qu'il s'est mis à nous tuer. Dans ce siècle en mutation, soumis à l'horloge. Elle qui angoisse l'ouvrier dès le réveil, lui fait redouter une amende en cas de retard, le martyrise toute la journée et le presse sur le chemin du retour. Impatient de retrouver les siens, eux-mêmes impatients de se coucher pour reposer leurs corps brisés.
Le temps, notre bourreau.
Cher public, ta curiosité a été excitée à un si haut point par mes dernières étourderies, tu t'es mis avec ardeur à la piste de la moindre circonstance qui présentât quelque rapport avec moi, qu'il y aurait plus que de l'ingratitude de ma part à ne pas te satisfaire.