Nat, traductrice commerciale, plaque tout pour s'installer à la campagne, dans un trou paumé au nom plus qu'évocateur, la Escapa, quelque part en Espagne dans la Rioja.
Mais que fuit Nath, trentenaire, et pourquoi s'exiler loin de tout ? Elle loue une maison insalubre, évite son proprio sans-gène et malsain ainsi que ses autres voisins, qui semblent voir d'un sale oeil son arrivée. Pour seule compagnie elle prend un chien solitaire et sauvage, qu'elle nomme Chienlit.
J'ai pensé que le thème central du livre serait l'arrivée de Nath en milieu rural et la fameuse dichotomie ville vs campagne. Mais non, tout est dans le titre. «
Un amour»... mais alors avec qui ?
Sara Mesa, de son écriture tendue, nous raconte l'arrivée puis le bouleversement que cet amour provoque chez Nat. Cette femme distante et un peu hors d'elle, qu'on aimerait secouer, se dissout très rapidement dans cette relation louche, extrêmement genrée.
Nous sommes dans l'intimité des pensées de Nat, suivant au plus près ses ressentis et ses doutes. J'ai aimé ce parti pris et la voir réfléchir presque sous mes yeux. C'est que Nat interprète tout, décortique tout alors que son amant est dans le présent. Mais n'est-ce pas le rôle de la traduction que de donner du sens, que de trouver une langue commune ? J'ai aimé cette réflexion sur les mots et le langage.
J'ai lu ce roman d'une traite, sans vraiment savoir ce qui m'a tant accrochée. Ce ne sont pas les personnages, ce n'est pas le décor. Peut-être l'atmosphère rurale poisseuse, la certitude qu'un drame se trame ou l'urgence du désir, si subtilement décrite ?
Un roman d'atmosphère singulier, superbement écrit et, j'imagine, traduit. Je me plongerai avec plaisir dans les précédents romans de
Sara Mesa, qui a bien mérité ses nombreuses distinctions.