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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une famille confinée à Toulouse

Vincent Message raconte le quotidien d'un écrivain confiné avec son épouse et ses deux enfants à Toulouse. Pour se rassurer, il va chercher dans les livres les pires périodes de l'Histoire. Et trouver une belle matière à réflexion au milieu du chaos.

Il y a quelques événements dans la vie d'un pays qui marquent tous les habitants ou presque. le jour de la chute du mur de Berlin, le 11 septembre, la victoire en finale de la coupe du monde de football ou plus récemment le confinement. C'est cet événement qui sert de fil rouge au nouveau roman de Vincent Message. Son narrateur, l'écrivain Elias Torres, se souvient très bien où il était quand les restrictions ont été décidées. À l'aéroport de New York pour y rencontrer son éditeur et sa traductrice, car l'un de ses romans devait paraître aux États-Unis. Mais après les nouvelles mesures de restrictions sanitaires décidées à la hâte devant la progression de l'épidémie, il ne quittera JFK que pour repartir d'où il était venu, laissant derrière lui ses illusions et un livre quasiment mort-né.
Ayant retrouvé son épouse et ses enfants, il ne se doute pas qu'ils vivent leurs dernières heures d'insouciance. Revenus d'une escapade dans les Corbières, ils retrouvent leur appartement toulousain. «Et aussitôt après, tout a fermé. le lycée de Maud, la crèche de Diego, la librairie, la plupart des commerces. Les rideaux de fer et les stores se sont baissés pour ne plus se relever, comme si on était entrés dans la stase d'un dimanche infini, ou qu'il faisait nuit en plein jour et que le soleil était une autre forme de lune.» Alors, il faut expliquer aux enfants une situation dont on a soi-même de la peine à appréhender les tenants et les aboutissants. Alors il faut faire bonne figure en se doutant que ce ne serait pas simple. «En temps normal déjà, nous sommes quatre personnes avec des besoins très distincts, pas évidents à concilier, avançant cahin-caha, d'un compromis frustrant à l'autre, mais face aux événements en cours, ce serait pire, aucun de nous ne serait libre et n'aurait ce qu'il voulait.»
Alors pour conjurer la peur, chacun cherche à s'occuper. D'abord à parer au plus pressé, même si cela est un peu irrationnel. Faire le plein de courses pour ne manquer de rien au cas où. Elias va jusqu'à commander des jerrycans pour faire des réserves d'eau. Achat qui s'avérera inutile mais va le pousser à ranger sa cave pour trouver de la place aux conteneurs. Après ce tri lui vient l'idée de creuser le sujet qui les préoccupe tous, essayer de connaître les pires moments que la terre a traversé. L'occasion de rendre visite à Igor Mumsen, un vieil érudit qui possède des livres de Procope de Césarée relatant l'ère de Justinien, les guerres et les catastrophes endurées par le peuple. «Je tenais avec cette oeuvre de quoi m'occuper des semaines. Je ne savais pas encore ce que je pourrais en faire, si c'était du travail ou une lecture sans but, mais cela produisait sur moi l'effet exact que je cherchais. J'étais ailleurs, dans un autre espace-temps, à partager les préoccupations et les vicissitudes d'un historien, d'un général et d'un empereur qui n'étaient plus que poussière depuis mille cinq cents ans. Je lisais avec avidité ces histoires de massacres, de villes assiégées et pillées, de revirements d'alliances, d'assassinats qui faisaient passer les années 1970 pour un bal des débutantes, et je relativisais un peu nos malheurs de Modernes, et je respirais mieux.»
Vincent Message ne nous cache rien des tourments de son personnage, des difficultés psychologiques au sein de la famille, du degré de saturation que la situation engendre. Sa fille de dix-huit ans qui s'éloigne toujours un peu plus de lui, sa femme qui n'en peut plus de tenir le ménage à bout de bras. Mais le romancier nous offre aussi les clés pour s'affranchir de cette période très pénible à vivre. Avec les livres, avec la poésie d'Hölderlin, avec des projets d'écriture, avec les rencontres qu'il va faire.
Après Cora dans la spirale qui nous confrontait, à la complexité de la vie d'une femme soumise à une société de la performance et à la violence du management, Vincent Message se penche, tout au long de cette chronique d'une année particulière – durant laquelle tous les repères sont brouillés – sur une France de plus en plus dure, une jeunesse opprimée et un avenir incertain face aux enjeux climatiques. Et semble s'interroger sur les prochaines années sans soleil.


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Comme d'habitude, le roman de Vincent Message pose des questions bien pertinentes, sur le réchauffement climatique, l'engagement, les violences policières, la place de la littérature dans nos vies… Mais j'ai quand même été un peu déçue, j'ai moins aimé que Cora dans la spiraleLes Veilleurs. Ça reste un peu trop proche de mon réel, ça manque un peu du grand souffle romanesque qui, même quand ça parle des duretés de notre monde, vous apporte grâce à l'imaginaire l'oxygène permettant de mieux respirer.
Et en même temps que j'écris ça, je me dis « tu es dure quand même, c'est un livre sympa, qui se lit bien, plein de choses intéressantes ». Disons que j'ai bien aimé, mais que je m'attendais à mieux de cet auteur.
Ça démarrait fort… ce qui a peut-être contribué à me donner des attentes qui ont été déçues.
« Chacun d'entre nous se souvient où il était quand ça a commencé, ou plutôt quand il a compris que ça n'était pas anodin, que ça ne toucherait pas que les autres, que c'était parti pour durer. »
Pour le narrateur, Élias, c'est quand il descend de son avion pour rentrer sur le territoire des États-Unis. Et la manière dont il se fait refouler m'a fait croire qu'on était dans une dystopie, dans un roman de grande catastrophe, où tout bascule. Finalement ce qu'il racontera dans ce livre est assez proche de mon vécu du confinement, du moins sans grande surprise. Remarquez, c'est peut-être là l'habileté, la fine ironie de Vincent Message, peut-être bien qu'on est en train de basculer pour de vrai dans la grande catastrophe, que si «la dystopie fait le récit d'une société difficile à vivre, pleine de défauts, et dont le modèle ne doit pas être imité», la nôtre y est éligible, et que si on ne s'en rend pas compte, c'est juste parce qu'on est un peu myopes 😉. N'empêche que la créativité de l'imaginaire m'a semblé beaucoup moins forte que dans mes précédentes lectures de Vincent Message, y compris le récit très réaliste de Cora dans la spirale, et ça m'a manqué.
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Voici un roman fort sympathique qui se déroule dans la belle ville de Toulouse.

Elias Torres, le narrateur, est un écrivain avec peu de succès. Il vit avec sa femme Camille et leurs deux enfants : l'aînée, Maud, est une jeune lycéenne militante pour l'écologie et Diego, son petit frère, est gentil mais un peu trop petit pour comprendre tout ce qui va se passer autour de lui.

Elias a du mal vivre de la littérature, un monde auquel il appartient pourtant. Il travaille donc dans une librairie tenue par l'un de ses amis, non pas « Ombres blanches », célèbre enseigne toulousaine, mais une petite échoppe plus loin du centre ville, où il peut lire ce qui lui plaît.

Lorsque le livre démarre, Elias est censé être invité aux Etats-Unis pour parler de la traduction de l'un de ses livres, mais rien ne se passe comme prévu et il doit faire demi-tour sans avoir rencontré ses hôtes américains. Un signe pour la suite. de retour chez lui, il est un peu à court d'inspiration littéraire, mais, avec sa femme qui travaille, sa fille avec qui discuter, et son fils à élever, la vie n'est pas désagréable à Toulouse.

Mais c'est sans compter sans un méchant virus qui débarque sur l'Europe et qui oblige tout le monde à se confiner. La vie d'Elias et de sa famille bascule : vivre à 4 dans un petit appartement toulousain, sans avoir le droit de marcher jusqu'au Canal du Midi ou bien vers le centre ville, ne plus rencontrer de lecteurs, c'est beaucoup pour notre narrateur qui très vite ressent le besoin irrépressible de sortir (très jolie scène de ballade en dehors des consignes imposées et rencontre avec la maréchaussée ... Avec qui Elias tente de négocier).

Alors l'écrivain va se concentrer sur une recherche un peu improbable liée au climat : par le passé, l'Europe a connu par le passé une période sombre : dans les années 535 et 536, le soleil a cessé de briller pendant dix-huit mois. Plusieurs explications se présentent, mais la plus probable est une grosse éruption volcanique. Ses recherches conduisent Elias à renouer avec son voisin poète, Igor Mumsen. Aurait-il trouvé là la source d'inspiration qui lui manquait ?

Et puis l'histoire prend un nouveau tournant. L'auteur se concentre alors sur le personnage de Maud, notamment au cours d'une soirée sur les berges de la Garonne, lorsque le déconfinement autorise les jeunes à se retrouver enfin.
Mais c'est sans compter sur des évènements relevant de ce qu'on appelle prosaïquement les « violences policières ».
Maud en est l'une des victimes, et les conséquences vont être profondes sur elle et sur toute la famille.

Vivre en tant qu'écrivain aujourd'hui est loin d'être une sinécure, nous fait comprendre Vincent Message au travers de son personnage principal qui semble ressembler beaucoup à son auteur. J'ai plusieurs amis écrivains ou poètes et je confirme. Vivre de sa passion artistique relève d'un défi quotidien – Elias va par exemple découvrir les soi-disant avantages d'un petit boulot comme celui de livreur de repas à vélo.

Vivre ses convictions écologiques, en lutte contre le système qui crée ce dérèglement climatique n'est pas de tout repos non plus. Maud va en subir les conséquences.
Mais ces personnages sont tous très attachants. On aura suivi Elias au jour le jour avec ce confinement qui tape sur les nerfs de toute la famille et on a pu s'identifier à cette période qui nous a tous épuisés.

Dans cette sorte de journal du confinement, suivi d'une réflexion sur le couple, la famille, et les interrogations du moment avec la lutte contre le réchauffement climatique, Elias Torres aura trouvé son sujet pour son prochain roman, et Vincent Message aura trouvé lui un style contemporain pour nous parler de nos errances dans ces tentatives de se frayer un chemin aujourd'hui dans des vies de plus en plus chaotiques avec plus ou moins de bonheur – un questionnement qu'il aura réussi à nous partager et c'est déjà beaucoup.
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J'ai été sous le charme immédiatement. Peut-être parce qu' Elias me ressemble, libraire et écrivain à ses moments gagnés. Probablement parce cette écriture contemporaine décrit avec finesse la façon dont nous avons vécu - vivons - une période contemporaine inusitée.
L'assignation à domicile engendre des humeurs en dents de scie, de l'angoisse à l'optimisme, de la paresse à la suractivité. Ce temps mort inopiné suggère de trier le vivant, de tailler entre l'utile et le superflu, de se dégager d'une routine anesthésiante, de ramener le passé pour dresser le bilan du présent et esquisser un futur seyant.
La culture aide à tenir. Prendre soin du voisin aussi, surtout si c'est un poète âgé. Convoquer l'imaginaire, fantasmer, créent des échappées... entrecroiser les époques, suivre une femme vue sous les platanes ensoleillés, également.
Et puis, il y a les auteurs lus et relus, les conversations volées à la solitude, l'art en ressort de l'art de continuer à vivre.
Vincent Message pense aux enfants, adolescente et bambin, confrontés à une expérience déstructurante. Rude tâche que celle des parents d'être à la hauteur des espoirs déçus ou naissants. D'accompagner Maud, bientôt bachelière, traumatisée après une charge policière imbécile.
Le style épouse la voix qui trotte dans ma tête, écho de deux années "sans". La plume grandit ici et là lorsqu'elle sonde les raisons d'une telle déraison écologique et sociale. Idées et sentiments foisonnent, sur 255 pages serrées, trop vite passées, calibrées à l'aune d'un journal intime fluctuant au gré d'états d'âme et de ce qui a chu sur la tête des Français.
L'histoire est narrée en "Je".
Jamais, je ne me suis lassé.
Ce roman actuel reflète l'essence de nos vies à un moment risqué, tramée de petits rien, de grands doutes, de ruptures et d'espoirs tous jours.
Ce n'est pas un coup de coeur, c'est une amitié longuement mûrie. Message reçu vingt sur vingt. Et si c'était vrai ?
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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"Les Années sans soleil" sont dans PAL depuis mai 2022 suite à une critique Babelio qui se reconnaitra.En le prenant en main, je découvre que j'ai déjà dans ma liste de livre à lire Babelio un premier ouvrage de Vincent Message:
"Défaite des maitres et possesseurs" conseillé par l'actualité littéraire des confinements en 2020.Il est certain que dés que ma PAL physique se sera réduite,je relirais Vincent Message...
Revenons aux "Années sans soleil"ce roman décrit le vécu, les avalanches d'événements d'un couple avec 2 enfants dans un appartement de Toulouse pendant un confinement sans nom.Cette période que je nomme "covid 19"laisse à chacun des souvenirs différents,en fonction de notre âge,situation professionnelle, lieu d'habitation et mode d'habitat etc.
Cette période inédite pour nous, a laissé des marques indélébiles à nos enfants, nos parents et nos proches.
Je ne m'oublie pas, en lisant ce livre je me suis souvent posé la question:
Comment aurais-je vécu ces confinements 20 ans plus tôt, ou 40 ans plus tôt?On a là un élément de réponse d'Elias Torres ,le personnage principal du livre avec son histoire vraisemblable.
Au delà du présent,comment vont grandir nos petits enfants qui n'ont pas vu sourire leurs parents, ou leurs grands parents ,leurs oncles et tantes qui restaient masquées ou pire derrière des écrans de plus en plus envahissants?
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Elias est père, libraire et écrivain à la notoriété modeste. Il mène sa vie à Toulouse entre sa famille et son cercle d'amoureux des livres. Et là survient le covid, le confinement puis l'après confinement. La vie en vase clos, la fermeture de la librairie, puis le retour à la normal qui se fait attendre, la restriction des libertés, l'oppression policière, l'éloignement familial, les recherches pour un futur livre. Et Elias qui doit gérer cela, les changements, ses émotions, sa propre évolution et celle des siens.
J'ai mis un peu de temps à m'installer dans ce roman. Il a fallu que je m'attache à ce quotidien. Et une fois fait, je me suis intéressée à son cheminement. Bon, pas aux recherches sur le 6e siècle, cela m'est totalement passé au-dessus. Mais vraiment sa gestion du quotidien, sa manière de faire face, d'improviser, de s'interroger. le tout dans un style simple mais pas simpliste, où le livre et l'amour de la lecture trouve toute sa place, malgré un côté élitiste du cercle des écrivains.
Un roman qui nous replonge dans un passé proche, mais que j'espère bien passé et fini.
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Comme toujours avec Vincent Message, on est rarement déçus ! Chaque livre nous interroge sur un phénomène de société.  Défaite des maîtres et possesseurs sur la manière dont l'homme traite les animaux, Cora dans la spirale pour les restructurations d'entreprise inhumaines et leur impact sur les salariés. Celui-ci regroupe les nombreux impacts psychologiques suite au Covid à travers une fiction.

Elias Torres, écrivain et libraire, se retrouve confiné avec sa femme et ses enfants à Toulouse. Comme beaucoup d'entre nous pris dans la frénésie du quotidien, il doit alors s'arrêter et apprendre à vivre autrement. En s'interrogeant sur les pires années de l'histoire de l'humanité, il découvre celles qui ont suivi l'an 535 ; des années intrigantes pendant lesquelles le soleil a cessé de briller.

Dans ce roman, l'inquiétude face à ce changement brutal dans nos vies depuis 2020 est omniprésente. Vincent Message nous offre une réflexion sur les nombreux traumatismes liés au Covid : la solitude en général, celle des jeunes privés de lien social et de liberté, les séparations de couples, la souffrance de certains métiers parmi lesquels les libraires ... Personne n'est épargné.

Elias, faisant face à de nombreuses difficultés, ne baisse jamais les bras. En se remettant en question et en changeant ses habitudes, il fait aussi appel au renouveau. Aux perspectives qui nous attendent si l'on décide de ne pas abandonner, si l'on refuse de s'en remettre au destin et de se soumettre aux injustices. Il fait une véritable déclaration d'amour à la littérature comme remède à nos angoisses et invite à se réinventer. 

Avec cette fiction, l'auteur exprime toutes nos inquiétudes et nos craintes face à l'avenir. C'est encore une fois un roman érudit et très bien écrit qui nous invite à découvrir une partie de l'histoire, du quotidien des libraires et même des livreurs Uber Eats ... Aucune place à l'ennui, bien au contraire !! Cette manière qu'a l'auteur de nous apostropher et ses réflexions pertinentes qui font écho en chacun de nous font de ce livre un très bon moment de lecture et presque une expérience dont on ressort grandi.
Lien : https://alinebouquine.fr/les..
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Inversion de perspective ; dans un de ses précédents livres, l'auteur évoquait une espèce humaine dominée (et non plus dominante), une sorte de surhommes extra terrestres ayant conquis la terre.

Rien de fantastique ici : il s'agit à prime abord d'un récit de confinement. Rien ou presque, à part à la toute fin du livre n'est dit sur les raisons de ce confinement. Il s'agit avant tout de décrire l'atteinte à la liberté qu'ont constitué ces confinements et les raisons de leur mise en place semblent peu importer. L'Etat policier est fortement dénoncé, sans trop de nuances.
On a souvent du mal à plaindre des personnages qui partent passer un confinement avec leur vieux SUV dans la maison de campagne de famille, habitent le centre de Toulouse et ont décidé de faire ce qu'ils veulent...

Le lecteur lève le sourcil à de nombreuses occasions mais c'est sans doute l'objectif recherché par Vincent Message, notamment lorsque Maud exprime un point de vue radical sur la société (les vieux n'ont qu'à mourir).
Le personnage principal pourrait être le double de l'auteur, puisqu'il écrit un livre qui porte le même titre mais un double en deçà (j'ai failli dire au rabais) : il n'est pas professeur d'université, il est libraire à mi temps parce que ses livres ne se vendent pas bien. L'un d'entre eux doit cependant être traduit en anglais ce qui permet au personnage principal de fantasmer une aventure sexuelle avec sa traductrice.
L'homme (masculin) est bien minable parfois, lorsqu'il trouve normal de faire travailler sa femme parce qu'il doit écrire et que garder son fils l'en empêche, lorsqu'il la néglige par ses fantasmes sur d'autres femmes aperçues lors de promenades, lorsqu'il boit avec ses amis, lorsqu'il s'étonne d'être surpris lors d'une promenade, lorsqu'il envisage de se venger d'un chat...
Allégories sans doute : le chat représente la société oppressive ou quelque chose comme cela.
Le modèle patriarcal est décidément encore bien ancré et pas forcément là où le pensait.
Les femmes qui apparaissent en filigrane puis de plus en plus nettement au cours du livre sont des femmes fortes qui ont bien du mérite à vivre à côté des ces hommes instables, autocentrés : Camille, en particulier, qui travaille dans un magasin alors qu'elle a un diplôme en sociologie.
La femme est l'avenir de l'homme, disait le poète. C'est peut-être la leçon la plus claire, quoiqu'un peu inattendue, de ce livre paradoxal mais subtil qui trace un parallèle étonnant avec les années sans soleil du VIème siècle.
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Mars 2020. Tout commence à l'aéroport de New York quand le narrateur, Elias Torres, un écrivain qui pour l'heure ne peut vivre uniquement de sa plume venu faire la promotion de son premier roman traduit en anglais se voit, à peine débarqué, contraint par les autorités à faire demi-tour. Il n'est pas le seul. Un bon nombre de passagers se trouvent dans le même cas. le voilà donc de retour à Toulouse où il vit avec sa femme Camille et ses deux enfants Maud, une ado de 17 ans et Diego un bambin de deux ans et demi.
Fermeture des frontières, confinement, une situation qui n'est pas sans rappeler celle que nous avons tous vécue. Ce contexte très troublé sera pour cet amoureux des livres, libraire à ses heures pour arrondir ses fins de mois, la porte ouverte à une réflexion sur les enjeux de la littérature et son rôle en temps de détresse. Un peu par jeu, pour dédramatiser le côté anxiogène du présent, Elias se demande quelles ont été les pires années de l'histoire de l'humanité et c'est ainsi qu'en surfant sur le net il découvrira ces fameuses années sans soleil et ne manquera pas de faire le rapprochement avec ce qu'il est en train de vivre. Parallèlement à ses réflexions et nombreuses incursions dans le domaine salvateur de la littérature, il nous livre son quotidien et comment dans ce contexte angoissant il tente de préserver sa famille et de protéger deux personnes particulièrement vulnérables d'une part sa fille Maud qui avec la fougue de ses 17 ans est une activiste du climat et d'autre part un poète qu'il admire Igor Mumsen, vieil homme de 90 ans à la santé déclinante.
C'est là le quatrième roman de Vincent Message et comme dans ses romans précédents, il est question de violence sociale. Dans Défaites des maîtres et possesseurs (2016), il dénonçait la violence de l'élevage industriel, dans Cora et la spirale (2019) celle de la grande entreprise, du management et du capitalisme contemporain. Ici il est question, sur fond de dérèglement climatique, de l'impact des restrictions de mobilité et des rapports sociaux sur notre vie et notre psyché.
J'avais été emballée par Défaites des maîtres et possesseurs et avait dévoré Cora et la spirale. Alors autant dire que je me réjouissais de me plonger dans ces années sans soleil d'autant plus que le pitch était prometteur. Peut-être en attendais-je trop … Autant j'ai retrouvé le souffle romanesque de l'auteur dans ses incursions historiques, ses réflexions sur la littérature et ses rapports avec son ami poète et l'aventure qui a suivi, autant j'ai été déçue par tout ce qui avait attrait au quotidien de sa vie familiale où il m'a semblé tomber dans la facilité et les poncifs et rester dans la superficialité n'apportant rien de plus si ce n'est son style aux nombreuses autofictions ou blogs qu'on a pu lire sur le sujet. Peut-être est-ce le manque de recul de l'auteur ou le mien mais la mayonnaise n'a pas pris. Il n'empêche que Vincent Message demeure un grand auteur. Ce roman m'a moins convaincue que les autres mais il n'empêche que je me jetterai sur le suivant dès sa parution.
Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique.
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