Voici un roman fort sympathique qui se déroule dans la belle ville de Toulouse.
Elias Torres, le narrateur, est un écrivain avec peu de succès. Il vit avec sa femme Camille et leurs deux enfants : l'aînée, Maud, est une jeune lycéenne militante pour l'écologie et Diego, son petit frère, est gentil mais un peu trop petit pour comprendre tout ce qui va se passer autour de lui.
Elias a du mal vivre de la littérature, un monde auquel il appartient pourtant. Il travaille donc dans une librairie tenue par l'un de ses amis, non pas « Ombres blanches », célèbre enseigne toulousaine, mais une petite échoppe plus loin du centre ville, où il peut lire ce qui lui plaît.
Lorsque le livre démarre, Elias est censé être invité aux Etats-Unis pour parler de la traduction de l'un de ses livres, mais rien ne se passe comme prévu et il doit faire demi-tour sans avoir rencontré ses hôtes américains. Un signe pour la suite. de retour chez lui, il est un peu à court d'inspiration littéraire, mais, avec sa femme qui travaille, sa fille avec qui discuter, et son fils à élever, la vie n'est pas désagréable à Toulouse.
Mais c'est sans compter sans un méchant virus qui débarque sur l'Europe et qui oblige tout le monde à se confiner. La vie d'Elias et de sa famille bascule : vivre à 4 dans un petit appartement toulousain, sans avoir le droit de marcher jusqu'au Canal du Midi ou bien vers le centre ville, ne plus rencontrer de lecteurs, c'est beaucoup pour notre narrateur qui très vite ressent le besoin irrépressible de sortir (très jolie scène de ballade en dehors des consignes imposées et rencontre avec la maréchaussée ... Avec qui Elias tente de négocier).
Alors l'écrivain va se concentrer sur une recherche un peu improbable liée au climat : par le passé, l'Europe a connu par le passé une période sombre : dans les années 535 et 536, le soleil a cessé de briller pendant dix-huit mois. Plusieurs explications se présentent, mais la plus probable est une grosse éruption volcanique. Ses recherches conduisent Elias à renouer avec son voisin poète, Igor Mumsen. Aurait-il trouvé là la source d'inspiration qui lui manquait ?
Et puis l'histoire prend un nouveau tournant. L'auteur se concentre alors sur le personnage de Maud, notamment au cours d'une soirée sur les berges de la Garonne, lorsque le déconfinement autorise les jeunes à se retrouver enfin.
Mais c'est sans compter sur des évènements relevant de ce qu'on appelle prosaïquement les « violences policières ».
Maud en est l'une des victimes, et les conséquences vont être profondes sur elle et sur toute la famille.
Vivre en tant qu'écrivain aujourd'hui est loin d'être une sinécure, nous fait comprendre
Vincent Message au travers de son personnage principal qui semble ressembler beaucoup à son auteur. J'ai plusieurs amis écrivains ou poètes et je confirme. Vivre de sa passion artistique relève d'un défi quotidien – Elias va par exemple découvrir les soi-disant avantages d'un petit boulot comme celui de livreur de repas à vélo.
Vivre ses convictions écologiques, en lutte contre le système qui crée ce dérèglement climatique n'est pas de tout repos non plus. Maud va en subir les conséquences.
Mais ces personnages sont tous très attachants. On aura suivi Elias au jour le jour avec ce confinement qui tape sur les nerfs de toute la famille et on a pu s'identifier à cette période qui nous a tous épuisés.
Dans cette sorte de journal du confinement, suivi d'une réflexion sur le couple, la famille, et les interrogations du moment avec la lutte contre le réchauffement climatique, Elias Torres aura trouvé son sujet pour son prochain roman, et
Vincent Message aura trouvé lui un style contemporain pour nous parler de nos errances dans ces tentatives de se frayer un chemin aujourd'hui dans des vies de plus en plus chaotiques avec plus ou moins de bonheur – un questionnement qu'il aura réussi à nous partager et c'est déjà beaucoup.