Depuis quelques temps, le Japon s'invite de plus en plus dans nos maisons. Nous découvrons le pays du soleil levant avec étonnement, plaisir ou passion en fonction de nos affinités avec cette contrée lointaine.
Il est certain que la culture japonaise est éloignée de la nôtre. Si je ne suis pas une grande adepte de leurs univers télévisuels, j'ai une certaine tendresse pour leurs écrits. L'univers littéraire japonais est riche et poétique. L'ambiance de leurs récits est comme leur pays d'origine à des milliers de kilomètres du nôtre.
D'origine italienne,
Laura Imai Messina connait bien le Japon puisqu'elle y vit depuis 15 ans. Mariée à un Japonais, elle y travaille et élève ses 2 enfants. «
Ce que nous confions au vent » est son premier roman.
Sorti en mars 2021 aux éditions Albin Michel, ce roman court de 288 pages (environ 5 heures d'écoute) est une belle réussite. Mêlant les cultures européennes et nippones, il a la légèreté du vent malgré un thème très dur : le deuil.
Nous savons tous que le Japon a été frappé par un terrible tremblement de terre entrainant un tsunami meurtrier. Ces événements ont marqué le pays et laissé de nombreuses personnes dans le chagrin du deuil. Près de 20 000 personnes ont péri ou tout simplement disparu du jour au lendemain ce 11 mars 2011.
Nous le savons bien. Des pires épreuves naissent souvent de jolies initiatives. Peu de temps avant la catastrophe, Itaru Sasoki a installé une cabine téléphonique dans son jardin. Drôle d'idée n'est-ce pas ? Itaru venait de perdre l'un de ses cousins. Ce téléphone non branché lui a permis de poursuivre sa relation avec ce dernier et de conclure sa conversation.
C'est ce concept que Laura a exploité pour l'écriture de son roman. Elle invente la vie d'une jeune femme, Yui qui se retrouve seule au monde après le tsunami. Elle ne vit plus. Elle survit entourée de ses souvenirs ou du moins de ce qu'il en reste.
Ce 11 mars, elle a perdu sa toute petite fille ainsi que sa maman. Mère célibataire, elle est à présent orpheline de sa mère et désenfantée. Difficile pour elle d'effacer sa douleur. Animatrice d'une émission radio, elle découvre à travers le témoignage d'un auditeur l'existence du Téléphone du vent.
Une cabine téléphonique qui permet de parler aux disparus. Yui décide de s'y rendre. Elle n'arrive pourtant pas à émettre le moindre son… Malgré tout, elle y rencontre Takeshi et sa fille. Cette rencontre ainsi que toutes celles qu'elle fera près de ce téléphone lui donneront la force d'accepter l'inacceptable et de poursuivre sa route le coeur un peu plus léger.
Ce livre que j'ai eu la chance d'écoulire dans sa version audio grâce à Audiolib et Netgalley est un fabuleux partage sur le chemin du deuil. Malgré la dureté du thème, la lectrice,
Clara Brajtman, nous propose une lecture parfaite. Une voix posée, décidée et en adéquation avec l'histoire et la personnalité de Yui.
Ce roman nous offre une véritable ouverture sur le deuil. le deuil que nous vivons tous à un moment ou un autre de notre vie. Chaque culture le vit à sa façon. J'ai trouvé cette approche riche et intéressante.
Après coup, j'aurais voulu avoir le livre au format papier pour pouvoir suivre les paroles de
Clara Brajtman tant elles me touchaient.
Un voyage au coeur du Japon à envisager pour se donner l'autorisation de vivre nos deuils autrement, d'accepter de prendre le temps de laisser glisser entre nos doigts ces vies que nous avons croisées, qui nous ont bercés, soutenus ou tout simplement aimés.
Prendre le temps de dire au revoir, de ne regarder que le juste et le vrai, d'en faire une force et de poursuivre sa vie en emportant le meilleur de ceux qui ne sont plus. le reste…libre à nous de le confier au vent.
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