Ce court roman se lit comme une nouvelle, presque comme un conte. Et d'une traite.
Malgré mon avis un peu mitigé lors des premières pages, j'ai réussi à me faire happer rapidement. En fait, ce qui m'a plus ou moins gêné au début, c'est qu'on sent que c'est le premier roman de l'auteur : on est pas forcément convaincu ou emballé au tout départ par ce qu'on nous propose. Mais finalement, au delà de l'écriture qui reste plutôt simple (et donc accessible en un sens) et parfois spontanée, c'est le personnage de Félix et ses états-d'âme qui nous entraîne. Et à partir de là, impossible de lâcher le roman !
Félix est un personnage qui je pense, peut toucher une bonne partie des 20 / 30 ans. Même s'il semble plus adressé aux trentenaire car le sujet est justement le passage à la trentaine, il reste un concentré de cette jeunesse "de la ville" d'aujourd'hui à laquelle je me suis immédiatement identifiée : la fac, les soirées dans des bar qui s'éternisent jusqu'au bout de la nuit, des rencontres furtives autour d'un verre, des jeux de séduction de bars en bars, des souvenirs de premier amour que l'alcool fait sans cesse renaître... Cette errance by night m'a donc beaucoup parlée.
Félix est de nature "lâche" comme il se décrit lui-même, il fuit les complications dès qu'il sens que quelque chose se passe. Au fond, c'est un timide, un romantique, il ne sait pas comment s'y prendre, il n'a pas suffisamment confiance en lui sans pour autant être coincé. Sa relation avec Louise est intéressante, entre un pas en avant et un pas en arrière, il n'ose pas, bien qu'il soit déjà entré dans le jeu. Je pense que beaucoup peuvent s'identifier à cette manière d'être et de ressentir les choses : en soirée tout va si vite, mais on a peur du lendemain, peur de ce qui nous hante et nous freine. Et cette identification fait clairement du bien parce qu'on se sent moins seuls sur terre. Au final, la plupart des gens sont comme ça, sauf qu'on les idéalise, on les trouve forts et sûrs d'eux. Et ça bloque.
La réflexion sur le passage à la trentaine est également intéressante, bien qu'il me manque 10 ans pile pour en être la cible. C'est une peur de quitter l'innocence de la jeunesse pour continuer dans un quotidien de responsabilités métro-boulot-dodo qui le lasse déjà.
Cette dérive nocturne est donc une petite aventure, qui se lit d'une traite, zigzagant entre petites péripéties et moments d'introspection. le fait que le narrateur soit omniscient permet de constater que ces sentiments humains sont universels, et ça fait du bien ! La fin est surprenante, alors que l'on pense qu'à trois pages de la fin on a bouclé la chose.
Pour conclure, je dirai que j'en ressors agréablement surprise, c'est rare de s'identifier autant(aussi bien dans le contexte "jeunesse des bars du soir" très actuelle, que dans la nature un peu défensive et timide du personnage). Je le conseille donc aux 20 / 30 ans, c'est une lecture rapide dans laquelle on a l'impression d'être nous même en train de déambuler dans les rues, ivres d'alcool, de souvenirs, et de sentiments.
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