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sur 95 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce qui roman le roman aussi fascinant, c'est la façon dont chaque lecteur s'en empare et ce qu'il en fait. Grâce à la construction de son roman, Diane Meur nous offre au moins deux possibilités, toutes aussi passionnantes, de nous approprier la dynastie familiale.
Il y a d'une part le récit historique, biographe qui commence avec Moses Mendelssohn en mai 1761 pour s'achever avec les descendants encore en vie aujourd'hui. Un matériau aussi riche que varié, qui nous donne à vivre au-delà de la destinée familiale, l'évolution historique, culturelle et politique de la vieille Europe.
Il y a d'autre part le récit de l'enquête généalogique. Ce roman dans le roman est tout aussi intéressant, notamment pour qui ont déjà tenté de retracer leur généalogie ou qui envisagent de le faire. Cela commence souvent par une information fragmentaire, sinon par une intuition : «Je savais que Felix Mendelssohn le compositeur (1809-1847) était le petit-fils de Moses Mendelssohn le philosophe (1729-1786), et longtemps je n'en ai pas pensé grand-chose, car le compositeur n'était pas vraiment de mes préférés ; quant au philosophe, quoiqu'il ait servi de modèle à Nathan le Sage dans la pièce de Lessing, je ne l'avais guère lu. Un jour pourtant, j'ai pensé à l'homme qui avait été le père du premier et le fils du second. Quel merveilleux sujet de roman, m'étais-je dit alors.»
Le temps passe. Puis comme souvent le hasard et la chance (mais le hasard existe-t-il vraiment ?) vont donner ce petit coup de pouce au destin, déclencher l'envie de s'y mettre vraiment. À l'occasion d'un séjour à Berlin « ce petit filet d'eau qui se refusait à grossir depuis cinq ou six ans, s'est soudain élargi en rivière. Puis en torrent.» Quelques livres, un CD contenant une généalogie des Mendelssohn sur plusieurs générations, une exposition, des documents et des témoignages : presque jour qui passe apporte son lot d'informations, quelques surprises et de nouvelles pistes à explorer.
Une fois dessiné le portrait de l'ancêtre Moses, parlé de sa vie et de son oeuvre, Diane Meur se heurte très vite à une question de méthode. Comment embrasser une aussi riche descendance sans s'y perdre pour autant ? Elle choisit de relire quelques livres : Cent ans de solitude, Joseph et ses frères, Danube, La Vie mode d'emploi, notamment pour chercher à partir de quel moment elle perd le fil de ces différents récits.
Outre la rédaction d'un aide-mémoire, la romancière-biographe-généalogiste, va s'atteler à la construction de cette carte des Mendelssohn qui donne son titre au livre. À l'aide de papier, carton, colle et ciseaux elle va tenter de rassembler tout ce petit monde. Sabine Wespieser, son éditrice, a eu la bonne idée de nous offrir cette carte en ligne http://www.swediteur.com/p/CarteMendelssohn/ , nous donnant par la même occasion une bonne idée du travail de fourmi que cela représente. L'occasion aussi de comprendre la réaction de la famille devant cette réalisation qui «mange» tout le salon, mais dont le code-couleur fascine tout autant
Le Mendelssohn-Komplex, comme diane Meur appelle joliment cette généalogie, peut maintenant être détaillé, mais surtout élagué. Pour que le lecteur – mais aussi l'auteur en premier lieu – ne se perde pas dans les quartiers, ne s'enlise pas dans les problèmes de création romanesque, il fallait en effet supprimer tous ceux qui viendraient alourdir inutilement le récit, les enfants mort-nés ou n'atteindraient pas l'âge adulte, les branches «sans histoire», les descendants dont il ne reste qu'une documentation lacunaire.
Et vogue le beau navire… Au fil des siècles, on voit défiler la vie culturelle et artistique Felix compose pour le grand explorateur Alfred von Humboldt, qui débat avec des mathématiciens, des zoologiques. Au détour d'un voyage, il croise Chopin, rencontre Berlioz, se lie avec Horace Vernet où il peut admirer les fresques de son cousin Philipp (de la branche anglaise).
Si l'on se régale des grandes idées et notamment de la question religieuse – au milieu d'une famille qui s'est beaucoup convertie – l'auteur n'oublie pas les anecdotes qui font aussi le sel de ce roman, les histoires de coeur, de jalousie.
«L'histoire d'une famille ne m'intéresse que si elle devient l'histoire du monde, et c'est de plus en plus le cas.» Et c'est très réussi !

Lien : https://collectiondelivres.w..
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La Carte des Mendelssohn est le récit d'une recherche. En (digne?) héritière de Proust, Diane Meur traque les souvenirs et cherche à donner consistance au temps à travers l'histoire des Mendelssohn. Cette famille n'est pas totalement un prétexte, on sait bien qu'il n'y a pas de hasard dans les intérêts et les obsessions d'un homme (dans le cas précis, d'une femme), mais l'objectif est avant tout de vivre cette recherche, d'être au plus près des doutes et des joies d'un auteur passionné qui se met en scène, qui joue avec le lecteur (à la manière de Sterne ou de Diderot, mais avec moins de réussite) pour effacer la perplexité qui pourrait poindre chez lui lorsque l'accumulation des personnages de la lignée Mendelssohn brouille les cartes (justement!)
L'objectif est atteint, après la lecture de la Carte des Mendelssohn, on ne perçoit plus le temps uniquement de manière linéaire. Il a aussi l'apparence d'un globe en rotation sur lui-même.
Étonnant non?
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« Dans quel état faut-il être pour passer son temps à rassembler des traces, des vestiges, des bribes, des lambeaux de ce qui n'est plus ou qui s'est dispersé? » C'est en ces termes que s'exprime Diane Meur, elle qui s'est totalement investie dans sa quête généalogique de la famille Mendelssohn, de Moses l'ancêtre philosophe né en 1729 jusqu'à ses contemporains éparpillés sur tous les continents. le plus illustre est sans nul doute Félix Mendelssohn-Bartholdy, musicien compositeur, dont la musique a été interdite en Allemagne par les Nazis; Jiri Weil en a d'ailleurs tiré une anecdote savoureuse dans son roman Mendelssohn est sur le toit. C'est donc un récit dense, fouillé à l'extrême que l'auteure nous livre, avec ses hésitations, ses doutes et ses peurs quant à la finalité de l'ouvrage. Je salue donc son travail minutieux et sa ténacité à nous rendre cette grande épopée de la judaïté en Europe durant les XVIIIe, XIXe et XXe siècles.
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Une plongée dans le temps, dans une famille, à la recherche des moindres indices. Faire revivre ce qui n'est plus.
C'est aussi l'histoire de roman entrain de se faire.
C'est documenté, vivant, érudit, sensible.
Du talent, beaucoup.
Un auteur que je vais lire.
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483 pages (avec les notes), d'une saga de la famille (élargie) des Mendelssohn sur près de 400 ans. Une saga est un récit historique, parfois un cycle romanesque épique. Cependant au terme de Saga, l'auteur, Diane Meur préfère la Cartographie qui fait allusion à un arbre généalogique qu'elle tente de construire, en précisant dates de naissance et de décès (classique) mais aussi religion et profession.


Dans la famille Mendelssohn:  le fondateur, Moses Mendelssohn (1729-1786), philosophe des Lumières, ami de Lessing, Juif pratiquant mais éclairé, affirmait que le rationalisme n'a rien d'incompatible avec le judaïsme, et fut surnommé le Luther des Juifs, Apprécié de Kant.


Le musicien : Felix Mendelsohn Bartholdy (1809-1847), petit fils de Moses est sans doute le plus connu des Mendelssohn. On a peut être oublié sa soeur Fanny dont les dons musicaux ont été contrariés par la tradition patriarcale du 19ème siècle qui empêchait une femme d'être aussi géniale qu'un homme.


Entre ces deux personnages célèbres, Abraham Mendelssohn-Bartholdy (1776-1835), le banquier, l'amateur éclairé a permis à ses deux enfants Félix et Fanny de devenir des musiciens de premier ordre. Soucieux aussi de la réussite sociale, il a élevé ses enfants dans la confession protestante. Il aurait bien aimé que Félix signe sa musique Bartholdy et non Mendelssohn, qui sonnait trop sémite.

Diane Meur aurait pu se contenter de retracer la biographie de ces trois personnages considérables. Ce n'est pas son propos. Les biographies de Moses ou de Félix ne manquent pas. Son intention est de saisir dans son filet toute la famille : les célèbres et les inconnus, les hommes qui ont transmis leur patronyme, mais également les femmes et leurs descendants appelés Mendelssohn ou non. Raconter la grande histoire et la petite. Donner presque autant d'importance aux relations de Moses Mendelssohn et de Frédéric II qu'à une religieuse belge dans l'anonymat d'un couvent au début du 20ème siècle.

Diane Meur, germaniste et historienne,  aurait pu raconter l'histoire de la Prusse, puis de l'Allemagne et enfin de la purge terrible du IIIème Reich qui a éliminé la musique et les oeuvres des Mendelssohn convertis au protestantisme ou au catholicisme depuis plus d'un siècle, rappelant à ces allemands assimilés depuis des générations qu'ils avaient du sang juif. "nager dans le grand bain de l'histoire" écrit-elle,

Une saga, des biographies, un récit historique... ce n'est pas tout! C'est aussi le récit de l'écriture d'un roman. Diane Meur se met en scène dans ses recherches en bibliothèque, sur place en Allemagne, dans ses rencontre. Elle nous fait partager ses "berlinades" (mésaventures cocasses plombières ou serrurières) ses rencontres parfois très émouvantes, ses promenades dans la campagne prussienne et les surprises que lui offre le hasard. Elle nous fait aussi partager ses découragements, les impasses dans lesquelles ses recherches s'enlisent parfois.

L'auteure ne nous fait grâce d'aucune digression. Parfois je suis complètement égarée dans les descendants, les cousinages de personnages qui ont souvent les mêmes prénoms et les mêmes noms. Combien de Félix? d'Arnold? et même d'Enole, prénom inusité. le livre m'est tombé quelques fois des mains, la canicule n'aide pas à la concentration.

Mais je l'ai repris, et chaque fois, y ai trouvé un intérêt renouvelé. Rencontres inattendues avec Lassalle, Marx ou Kassuth, je ne m'y attendais guère. Développements en Lituanie, en Turquie ou en Palestine...

Deux histoires se chevauchent, la grande : Histoire des Lumières et rencontre avec Lessing, Kant ou Chamisso (quelle merveille l'histoire de Schlemihl!), les Révolutions de 1848, la Guerre de Crimée et les ravages du nazisme. Et la petite : l'histoire de l'historienne qui veut écrire un roman. Les deux histoires sont passionnnantes!


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Voilà un commentaire des plus difficile à écrire. Déjà, parce qu'il est difficile à lui trouver un nom qui en donne une idée juste, à ce drôle de livre. Roman ? Biographie ? Auto-fiction ? Journal ? Essai historique ? Et bien par moments un peu de tout cela. Et peut être encore autre chose, au gré de l'inventivité du lecteur.

On part d'un séjour de Diane Meur à Berlin, l'idée d'un roman possible sur Abraham, fils de Moses, et père de Félix, le précoce musicien prend naissance dans son esprit. Mais rapidement, le roman d'Abraham, devient impossible à écrire, c'est tous les Medelssohn, connus ou inconnus, très anciens ou plus récents, qui exigent d'être le sujet du livre, qui revendiquent leur place dans les chroniques de la famille. C'est qu'ils sont sacrément nombreux, et qu'ils ont essaimés un peu partout dans le monde. Une sacrée famille, qui quelque part résume à elle toute seule les soubresauts du monde, qui fait entrevoir l'histoire sur deux ou trois siècles.

Alors, bien que toutes sortes de documents et recherchent s'accumulent, Diane Meur en est toujours à chercher le sujet de son livre. Peut être que l'élaboration physique d'une carte des Mendelssohn, sur de beaux bristols, qui résume tous ces personnages et leurs destins va l'aider ? Mais rapidement l'expérience devient incontrôlable, la dite carte prend de plus en plus de place, tourne à l'obsession, les enfants et les amis s'inquiètent pour elle et sa santé mentale. Les Mendelssohn sont décidément un drôle de sujet…

Un très grand bonheur que ce livre, suprêmement intelligent, érudit, sensuel, drôle, par moments très drôle. Nous sommes au coeur de la construction d'une oeuvre, des ses volutes et des incidents. Et la personne qui écrit en devient aussi un personnage de roman au final. Les talents de conteuse de l'auteur sont évidents, chaque fois qu'elle nous donne un bout de l'histoire de tel ou tel, ou un bout de sa vie à elle. Mais le principe du livre fait que cela fonctionne par petits bouts, le récit s'arrête et nous passons à autre chose. D'aussi passionnant. Donc nous avons plein de livres en un seul. Plein d'idées aussi sur des livres qui auraient pu être, si les récits continuaient. Et plein d'idées sur des livres à inventer. C'est sans fin, comme la littérature.

Et évidemment, l'écriture est une merveille de finesse, de second degré et d'authenticité à la fois. Diane Meur a décidément un talent fou.
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Curieux livre que cette fausse autobiographie faux roman mais vrai récit de l'écriture impossible de la description de la descendance du philosophe Mendelssohn, on se perd dans toutes ces générations, mais ce n'est pas grave car on sympathise avec l'auteure qui nous fait finalement découvrir la diversité et la complexité de l'humanité, l'inanité de vouloir la résumer dans un genre, dans une race ou dans une religion, chaque être étant à la fois unique et universel.
Comme l'auteure, on se demande où l'on va, et finalement on en retire une leçon d'antiracisme et de féminisme. Car comme toujours l'histoire a retenu le nom des hommes de la famille qui se sont même approprié les créations de leurs soeurs.
Une famille classique dont la description révèle beaucoup de notre humanité.
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Un livre savant, certes, mais qui sait nous conduire avec brio des Lumières à nos jours à travers l'épopée familiale des Mendelssohn.
Une touche d'humour, des anecdotes historiques, mais aussi personnelles, font de cette somme un livre vivant et sympathique malgré l'érudition.
J'ai aimé.
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Interpellée par la configuration familiale originale : un grand-père, Moses, philosophe vivant à Berlin, au siècle des Lumières, un petit-fils Felix Mendelssohn Bartholdy, musicien, compositeur de génie, Diane Meur a décidé d'écrire l'épopée de cette famille.
Comme l'annonce le titre, c'est le modèle de la carte qui s'est imposé et pas celui de l'arbre décliné par les généalogistes.
Au risque de perdre la tête devant un projet qui s'avère tentaculaire, l'auteure raconte les descendants de Moses à travers le monde.
Ce roman n'est pas un récit généalogique c'est la recherche de Diane et c'est justement ce qui me plait « J'ai compris que je n'écrirais pas le roman des Mendelssohn mais le roman vécu de ma recherche sur les Mendelssohn » p.143
La narratrice se met en scène dans son récit, elle nous fait part de l'avancée de son exploration mêlant ses propres sentiments à ceux des personnages, interpellant le lecteur avec humour pour justifier ses digressions.
C'est un vrai travail d'écrivain, Diane a réalisé un chef d'oeuvre d'artisan de la généalogie.

Lien : http://briqueloup.blogspot.f..
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Diane Meur dessine, ici, une fresque méticuleuse , fouillée des Mendelssohn , dès années 1730 à nos jours.
Le personnage central de cette saga, se nomme Moses , juif érudit , philosophe des lumières , il crée à Berlin , avec son ami Lessing, un foyer intellectuel important.
Fromet, sa tendre épouse loi donne 10 enfants.
L'auteur suit ses destins éclatés , ses vies mêlées .
Un de leur fils, le banquier Abraham, devient père d'un petit Felix.
Musicien de génie , Felix est, comme son grand père , une figure célèbre du livre.
Le lecteur éprouve , parfois, quelques difficultés à suivre les nombreuses filiations, mais, le plaisir de lire n'est en rien diminué.
Ces vies heureuses, ces échecs retentissants , ces réussites sociales, ces amours ratés reflètent fidèlement , toutes nos histoires familiales.
En toile de fond de ce tableau des Mendelssohn , apparaît Berlin, ville mythique au coeur de l'histoire complexe et violente de l'Allemagne.
En ombre chinoise, se dévoile l'auteur, ses tracas quotidiens, ses doutes.
Chapeau bas à Diane Meur pour son travail , son intelligence .
Un ouvrage passionnant
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