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EAN : 9782848050560
711 pages
Sabine Wespieser (23/08/2007)
3.66/5   131 notes
Résumé :
Avec cette saga familiale qui se déploie sur près d’un siècle, Diane Meur confirme son formidable talent de romancière.

En Galicie, terre rattachée à l’empire habsbourgeois depuis le partage de la Pologne, l’obscure famille Zemka reconquiert le domaine fondé par un ancêtre noble et s’engage fiévreusement dans la lutte d’indépendance polonaise. Pour retracer son ascension puis sa décadence, l’auteur convoque une singulière narratrice : la maison elle-m... >Voir plus
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J'habite en Galicie, nom donné par les Autrichiens aux territoires de l'ancienne Pologne qu'ils ont annexés.
Je suis vieille, très vieille. En effet, j'ai côtoyé plusieurs générations.
Je m'amuse et je me tourmente, je lis dans les pensées, je frôle les drames. J'assiste aux sursauts de l'Histoire, j'aime et je déteste.
Mais toujours je rends compte, je vois les pensées, je lis dans les coeurs.
Je suis une maison de maître, un « dwor » comme on dit en Pologne. Et c'est moi la narratrice de cette histoire.

...
Oui, c'est une maison qui raconte l'histoire de cette famille polonaise, depuis la fin du 18e siècle jusqu'au début du 20e. A vrai dire, ce procédé m'a semblé quelque peu artificiel et m'a ennuyée au début du récit. Pourquoi ne pas, tout simplement, adopter un point de vue omniscient, sans passer par la maison qui voit tout, entend tout, même l'intérieur des gens ?
A part cela, et à part aussi quelques faits politiques (dont, je reconnais, on ne peut se passer, mais je déteste la politique), j'ai beaucoup aimé suivre les méandres plus ou moins tortueux de cette famille de confiseurs qui se veut d'ascendance aristocratique.
La psychologie extrêmement fouillée et bien rendue par un style l'épousant parfaitement m'a enchantée. L'évocation poétique de la nature sert de toile de fond aux joies et aux catastrophes humaines de tout ordre.
J'ai aimé calquer mes pas sur ceux de Clara, une femme posée, peu gâtée par la vie, mais pourtant entièrement dévouée à sa famille, et qui, sur le tard, connaitra une passion dévorante.
J'ai suivi avec intérêt les errements et les évidences de ses filles, qui ont chacune connu un destin particulier. Et puis les générations suivantes, aussi, m'ont fait sursauter plus d'une fois, et m'ont indignée.

En filigrane, le statut des femmes...Et là je peux vous dire qu'une immense vague de révolte me submerge, quand je vois comment les femmes de toutes les époques, de toutes les conditions étaient considérées et traitées.

Je quitte cette Maison pleine de sagesse, ancrée dans une Pologne qui se cherche, se construit par soubresauts, au rythme d'une famille attachante.

« La face du monde bouleversée ! J'ai toujours trouvé un peu risible l'importance que la plupart des humains attachent à ces choses. Selon que la terre est à eux ou à d'autres, ils ont une façon toute différente de la regarder et même de s'y mouvoir.
Et pourtant, dans les faits, à qui est-elle vraiment ? Si on me le demandait, je dirais : au vent, qui brasse bien plus d'arpents que n'en possédèrent jamais les Radziwill ou les Zamoyski, courbe les blés en longues ondes dans la plaine, renverse des arbres, prélève sa dîme d'ardoises. Qui, de tout homme, fait un manant obligé de se découvrir sur son passage, de toute femme une serve dont il dénude les jambes et fouit les cheveux à son caprice. »

Encore une fois, la littérature belge a prouvé sa valeur à travers « Les vivants et les ombres », de Diane Meur.


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Comment dérouler, de l'intérieur, le fil d'une histoire familiale qui s'étale sur plus d'un siècle, et cela sans changer de point de vue ? Simplement (encore fallait-il y penser) en la laissant raconter par la maison de famille elle-même.
Voici donc, en ce 19ème siècle mouvementé, la saga des Zemka, famille aux origines équivoques, rattachée par une quasi-mésalliance à la petite noblesse locale de Galicie en Pologne, retracée par les murs qui l'abritent et qui en connaissent tous les secrets honteux, les petits arrangements avec les consciences, les drames et les passions cachées. Ou presque. Car une maison, par définition, est un immeuble, et son champ de vision et d'audition ne porte guère au-delà des grilles de son parc. Cette improbable narratrice n'est donc pas omnisciente et doit parfois recouper les bribes d'information, extrapoler, déduire, supputer. Mais globalement, peu de choses lui échappent. Il faut dire que la plupart de ses habitants – surtout les femmes – lui sont attachés à perpétuelle demeure, aussi immobiles que les pierres de ses fondations. Dans ce coin perdu de Pologne (mais pas seulement là), les femmes de l'aristocratie sont corsetées dans un rôle essentiellement domestique, entre organisation de réceptions et recherche du meilleur parti pour leurs filles. Celles-ci ne font pas d'études poussées, n'exercent pas de métier, ne se mêlent pas de politique ou d'économie, mais épousent sagement l'homme que leurs parents leur ont choisi. Parfois, on ne sait trop comment ni pourquoi, certaines sont prises de passion amoureuse et/ou de désir de liberté. Hélas, point de salut pour elles dans cette maison qui leur est un huis clos. Elles ne sont que des ombres, les ombres de ce qu'elles pourraient être si seulement elles parvenaient à s'arracher à ces murs. Certaines en seront capables, mais à quel prix...
Si les femmes sont les ombres, les hommes seraient donc les vivants ? Pas si sûr... Point non plus de destin brillant pour ceux qui resteraient trop enracinés sur ces terres. Ainsi, le patriarche Jozef, s'il a réussi à développer et moderniser la sucrerie familiale, souffre sans se l'avouer d'être resté dans l'ombre de son frère, flamboyant héros parcourant l'Europe en vue de la lutte pour l'indépendance de la Pologne. Et que dire de Zygmunt, le précepteur des filles de la famille, pétri d'idées révolutionnaires...
L'ironie de l'histoire, c'est que la maison elle-même finira par comprendre qu'elle est une prison pour la gent féminine qui l'occupe et qu'elle-même étouffe sous le poids de son immobilisme. Mais comment pourrait-elle s'évader de ses propres murs ?

Mis à part l'originalité quant au narrateur, je dois avouer que je n'ai pas trouvé ce pavé bien folichon. Tout cela est fort convenu : une saga familiale sur plusieurs générations, avec des destins contrariés, des rêves brisés, des morts prématurées ou trop tardives, des amours impossibles ou malheureuses, des secrets, des tares et des scandales. Beaucoup de mesquinerie et bien peu de chaleur humaine, de la haine ordinaire et de la résignation. L'auteur tente d'inscrire tout cela dans le contexte troublé des luttes pour l'indépendance de la Pologne et contre le servage, mais les données historiques de cette période (certes complexes) manquent de précisions à mon goût. Ce n'est qu'à la page 629 (sur 633, édition de poche), que j'ai compris que les Ruthènes étaient des Ukrainiens, et j'attends toujours qu'on m'explique en quoi ont consisté réellement les événements de 1848. Le style ne rattrape pas non plus la sauce, trop plat, voire parfois puéril. Tout cela m'a ennuyée, par manque de souffle et de profondeur, ce qui est bien dommage pour un roman au si long cours.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Alors là, c'est le cas de le dire, les murs ont des oreilles! A l'affût de tout, la moindre conversation entre humains ou entre casseroles.
C'est donc une saga familiale , racontée uniquement à travers ce que cette maison peut saisir des évènements extérieurs d'une histoire très riche en évènements, celle de cette région au départ Pologne devenue Galicie, pendant une centaine d'années. Et surtout , bien sûr, de la vie familiale qu'elle abrite, très mouvementée elle aussi. le chef de famille , fils de confiseur, a réussi à épouser la fille d'un comte , "quartiers de noblesse irréprochables et profil de mouton" , et , dans la propriété, construit aussi une petite usine de confiserie qui semble ne fabriquer qu'une sorte de bonbons , les pastilles de la Vierge, qui deviendront plus tard les pastilles de Sissi , les opérations de marketing étant déjà d'actualité à l'époque..
Révolutions, émeutes, et fin de la féodalité , mais aussi antisémitisme marqué pour la vie extérieure, amours contre son rang et enfants illégitimes à l'intérieur.
Bref, une vie chargée... et on ne peut en vouloir à cette maison d'avoir ...déménagé.
Très agréable à lire, très bien documenté, et moi qui connaissais très peu l'histoire de ces pays, j'ai appris beaucoup de choses!
Je me lève aussi la nuit pour essayer d'entendre ce que mes casseroles ont à se dire, mais je pense que cela va vite s'arranger?

Un extrait:

Ce ne fut pas la gestion de Wioletta qui coula la sucrerie, bien qu'on prédit dans la région qu'il ne pouvait rien arriver de mieux à une affaire ainsi tombée en quenouille. Ce ne furent pas non plus les modestes revendications de ses employés, ni le boom du sucre russe, qui restait cher à importer. Ce qui perdit l'entreprise si florissante de Jozef fut la décision de l'archiduc Rodolphe , en janvier 1889 , de mettre fin à ses jours dans son pavillon de chasse de Mayerling , avec sa très jeune maîtresse la baronne Vetsera.
J'appris ce drame, comme de juste, dans les cuisines . J'arrivai là un matin, avide de papotages fleurant bon, eux, le monde des vivants; et quel ne fut pas mon étonnement en découvrant , autour de la grande table, notre personnel féminin changé en assemblée de pleureuses!...
A l'étage des maîtresses, on ne pleurait pas; c'était pourtant là qu'il y aurait eu le plus de quoi pleurer. Elles l'ignoraient encore, les deux demoiselles, mais c'était, à terme, la fin de leur fortune.
Les "Délices de Sissi"? Ce nom, décidément, sonnait comme une mauvaise blague. En fait de délices, la mère du suicidé avait eu, en vingt ans: un beau-frère, Maximilien, fusillé au Mexique; une belle-soeur, veuve du précédent, devenue folle de chagrin; un cousin, l'extravagant Louis II de Bavière, retrouvé noyé dans des circonstances obscures; sans compter des autres parents et amis, qui , autour d'elle, sombraient dans la démence ou mouraient atrocement. Mayerling était le drame de trop. Dès la semaine suivante affluèrent ici des courriers de pharmaciens annulant leurs commandes, il fallut suspendre la production, faire dessiner de nouvelles boîtes portant la sombre mention " Pastilles Incarnadines" et les mettre hâtivement en vente pour éponger le manque à gagner........"



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Si je n'accorde pas ou peu de crédit aux prix littéraires alloués tous les ans, je suis par contre de près les sélections faites. C'est assez contradictoire mais, plus que tout, c'est là que je puise mes envies de nouveaux livres.
Cette année, je me suis interessée de près au Prix du Style, fondé par Antoine Buéno qui, en plus d'être quelqu'un que j'estime beaucoup, est aussi un écrivain (entre autres de l'excellent "Triptyque de l'asphyxie") et chroniqueur littéraire qui siège vaguement au Sénat.
Cette définition est bien évidemment très réductrice, je ne donne pas cher de mon scalp s'il passe par là.

C'est donc dans sa sélection de septembre 2007 que j'ai puisé le livre dont je vais vous parler aujourd'hui, "Les vivants et les ombres" de Diane Meur.



Pavé de 720 pages sorti aux Editions Sabine Wespieser pour la rentrée littéraire 2007, "Les vivants et les ombres" est donc le dernier ouvrage de Diane Meur, romancière et traductrice belge.

Cette saga familiale qui démarre en 1820 met en place 4 générations de bourgeois en Galicie, région alors rattachée à l'empire habsbourgeois depuis le partage de la Pologne. Pendant plus d'un siècle, à travers les soulèvements de cette région, les révolutions de 1848 et jusqu'aux prémices de 1914, Diane Meur nous fait suivre les affres d'une famille qui va se déchirer et se retrouver sans cesse dans une atmosphère de lutte pour l'indépendance polonaise.

Le style de ce roman pourrait être complètement standard, on est ici dans la saga historique classique. Mais Diane Meur ne positionne pas l'un ou l'autre des éléments de la famille Zemka-Ponarski comme narrateur.
Le récit est fait ici par la maison elle-même, théâtre de tous les évènements qui vont secouer ses occupants.
La grande batisse blanche est donc ici à la fois murs, toits, colonnes néo-classiques, salon de bal et chambres mais plus encore atmosphère, odeurs, rayons de soleil, poussières et messes basses.
C'est en elle que s'inscrivent toutes les émotions, que se cachent les ombres du passé et que se définissent les vivants qui l'occupent. Elle ne se lasse pas d'observer la vie, la mobilité et la liberté que ses habitants possèdent et qui ne sont que chimères pour elle-même.
A travers tous les personnages que la maison va voir défiler en ses murs, elle va s'attarder plus spécifiquement sur les femmes, ces femmes qui la fascinent...
Le titre lui-même annonce la couleur, Diane Meur ne met pas en opposition les "vivants et les disparus" mais les "vivants et les ombres", comme si rien ne disparaissait, tout se transformait en ombre.
Comme la maison le dit si bien "Vous êtes poussière et vous redeviendrez poussière. Cette phrase (... ) me parait avoir été écrite pour nous, bien plus que pour les hommes. Car enfin soyons sérieux! Chacun sait que les hommes, eux, laissent infiniment plus qu'un peu de poussière. Ils laissent leur nom, des descendants, une mémoire, la trace de leurs actes ou même de leurs oeuvres. Alors pas de misérabilisme, pas de pleurnicheries anthropocentriques: ce n'est pas à nous qu'on apprendra ce que c'est que disparaître de la face du monde".

A tous ceux qui ne sont tentés que moyennement par ce type de livre, sagas familiales sur fond d'histoire, je ne peux que conseiller ce livre. Je n'étais pas fan de ce type de littérature à la base mais je n'ai pas décroché de celui-ci tellement les mots de Diane Meur, à travers les yeux de la maison, sont justes, mélodieux et captivants.
Un style qui définitivement explique sa sélection et une narration excessivement originale, c'est une autre de mes belles découvertes de cette rentrée.
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J'ai enfin découvert la plume de Diane Meur, romancière belge qui est également traductrice. J'ai choisi ce roman historique pour commencer, un roman qui s'étend des années 1830 à la fin du 19è siècle environ. Il met en scène la famille Zemka, avec Jozef, fils de confiseur, qui parvient à devenir le régisseur d'un domaine de Galicie (une partie de l'actuelle Pologne) et, se glissant dans le lit de la fille de la maison, Clara von Kotz, va en devenir le propriétaire, rétablissant en cela le lien de la maison avec ses ancêtres aristocratiques. Grâce à ses liens familiaux (un frère exilé à Paris, un neveu très engagé), Jozef vit les révolutions et les mouvements d'indépendance qui secouent l'Europe autour de 1848. Plus tard, à la fin du siècle, on sent monter les crispations, les nationalismes qui conduiront à la première guerre mondiale. Même si tous les faits ne sont pas expliqués dans leur contexte, le roman est assez passionnant de ce point de vue historique.

Jozef, à son grand dam, n'aura que des filles. Et c'est un autre point de vue intéressant du livre : la place des femmes dans cette maison et dans la société d'alors. Clara, marquée dès le départ par cette liaison scandaleuse avec Jozef, devra se dévouer à son mari et à ses filles, à la maison. Les filles, après le temps précieux de l'enfance, seront d'abord des filles à marier et, même si certaines d'entre elles – comme leur mère – s'écartent de la voie tracée, elles restent sous la coupe de leur père ou de leur mari. Sauf Zofia, dont j'aurais aimé connaître le destin. Mais le lecteur ne peut y avoir accès car Diane Meur a choisi un point de vue narratif original : c'est la maison elle-même qui raconte la vie du domaine et de ses habitants. Ne reculant devant aucun indiscrétion, elle est particulièrement énergique pendant les années fastes et s'engourdit au fil des années, avec la mort de Clara et le départ des premières filles, se réveillant plus ou moins quand la génération des petits-enfants de Jozef revient au pays.

Diane Meur creuse la psychologie de ses personnages, nous attachant à eux malgré ou avec leurs défauts, leur caractère parfois imbuvable, leurs comportements odieux ou confinant à la folie. Elle sait jouer aussi avec le temps, maniant les retours en arrière et les effets de prolepse avec art. C'est aussi la grande force de ce roman que je ne peut que vous recommander.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Elle s’était approchée du piano, y avait imprimé des gammes chancelantes. Puis elle s’était enhardie, avait repris des morceaux étudiés autrefois.
Et les murs, les rideaux, les corniches qui l’écoutaient s’étaient ligués pour former autour d’elle un écrin protecteur, lui faire oublier tout, hormis le jeune être ardent pour qui elle voulait jouer. Le château, ses habitants, ses menaçants abords n’existaient plus, le souffle de Clara s’accélérait, elle s’abandonnait, sans s’arrêter à ses fautes ni à ses maladresses.
Je rêve peut-être ; mais il m’arrive de penser que si le domaine resta épargné en ce mois de février 1846, ce fut grâce à ces notes pleines d’amour et d’hésitante grâce qui s’échappaient à certaines heures des fenêtres du salon, tombaient sur les champs, jetaient les oiseaux dans un silence interrogateur.
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« Je vous présente mes sincères condoléances, mademoiselle. Voilà encore une dure épreuve pour vous. Madame votre mère n’a pas eu une vie fort gaie; consolez-vous, si vous le pouvez, en pensant qu’elle a sans doute trouvé maintenant la paix. » Elle a hoché la tête, et plus tard seulement s’est demandé ce qu’il avait bien voulu lui dire. Une vie triste, sa mère? C’est une idée nouvelle et déroutante. Sa mère était sa mère, enfin! pourquoi chercher plus loin?
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… je suis persuadée qu’en chaque homme, si attaché qu’il soit à l’état présent des choses, sommeille un goût caché pour la secousse qui change le monde et infléchit les vies. Cette secousse encore indistincte, j’affirme que tous, ici, la désiraient sans forcément se l’avouer, comme le corps finit par désirer le coup qu’il sait inévitable, ou comme la pucelle finit par désirer la blessure qui fera d’elle une épouse ou une déchue, mais du moins autre chose.
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Clara sent couler dans son oreille ces mots qui se réduisent maintenant à un murmure. Ils la bercent, versent en elle une paix qui l’étonne elle-même. (...)
Et douce, tremblante, monte dans son âme, dans ses sens transportés, l’image d’une plaine sans limites ni clôtures, verte de pluie, lourde de fruits, immense, sans fin comme leur amour.
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Voilà un de mes rares habitants mâles qui m’était devenu sympathique (car sans cela j’avais conçu, de la part virile de l’humanité, une assez piètre opinion : prédation, autoritarisme, abus de pouvoir et j’en passe) ; et il était parti sans se retourner, blessé dans son premier amour, le cœur plein de reproches qu’il ne savait pas injustes. Parti, en bref, pour ne jamais revenir. C’était donc ça, la vie des hommes ? Se lier aux autres, se prendre d’intérêt pour eux, placer en eux son espérance et être cruellement frappé par leur départ ou par leur mort ? Je regrettais de ne pas être restée à ma place, d’avoir voulu sortir du lot commun des maisons, passives, sans affects et, partant, sans douleur. (p. 334)
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Videos de Diane Meur (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Diane Meur
Diane Meur vous présente son ouvrage "Sous le ciel des hommes" aux éditions Sabine Wespieser. Rentrée littéraire automne 2020.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2447879/diane-meur-sous-le-ciel-des-hommes
Notes de Musique : Youtube Library
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