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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comment dérouler, de l'intérieur, le fil d'une histoire familiale qui s'étale sur plus d'un siècle, et cela sans changer de point de vue ? Simplement (encore fallait-il y penser) en la laissant raconter par la maison de famille elle-même.
Voici donc, en ce 19ème siècle mouvementé, la saga des Zemka, famille aux origines équivoques, rattachée par une quasi-mésalliance à la petite noblesse locale de Galicie en Pologne, retracée par les murs qui l'abritent et qui en connaissent tous les secrets honteux, les petits arrangements avec les consciences, les drames et les passions cachées. Ou presque. Car une maison, par définition, est un immeuble, et son champ de vision et d'audition ne porte guère au-delà des grilles de son parc. Cette improbable narratrice n'est donc pas omnisciente et doit parfois recouper les bribes d'information, extrapoler, déduire, supputer. Mais globalement, peu de choses lui échappent. Il faut dire que la plupart de ses habitants – surtout les femmes – lui sont attachés à perpétuelle demeure, aussi immobiles que les pierres de ses fondations. Dans ce coin perdu de Pologne (mais pas seulement là), les femmes de l'aristocratie sont corsetées dans un rôle essentiellement domestique, entre organisation de réceptions et recherche du meilleur parti pour leurs filles. Celles-ci ne font pas d'études poussées, n'exercent pas de métier, ne se mêlent pas de politique ou d'économie, mais épousent sagement l'homme que leurs parents leur ont choisi. Parfois, on ne sait trop comment ni pourquoi, certaines sont prises de passion amoureuse et/ou de désir de liberté. Hélas, point de salut pour elles dans cette maison qui leur est un huis clos. Elles ne sont que des ombres, les ombres de ce qu'elles pourraient être si seulement elles parvenaient à s'arracher à ces murs. Certaines en seront capables, mais à quel prix...
Si les femmes sont les ombres, les hommes seraient donc les vivants ? Pas si sûr... Point non plus de destin brillant pour ceux qui resteraient trop enracinés sur ces terres. Ainsi, le patriarche Jozef, s'il a réussi à développer et moderniser la sucrerie familiale, souffre sans se l'avouer d'être resté dans l'ombre de son frère, flamboyant héros parcourant l'Europe en vue de la lutte pour l'indépendance de la Pologne. Et que dire de Zygmunt, le précepteur des filles de la famille, pétri d'idées révolutionnaires...
L'ironie de l'histoire, c'est que la maison elle-même finira par comprendre qu'elle est une prison pour la gent féminine qui l'occupe et qu'elle-même étouffe sous le poids de son immobilisme. Mais comment pourrait-elle s'évader de ses propres murs ?

Mis à part l'originalité quant au narrateur, je dois avouer que je n'ai pas trouvé ce pavé bien folichon. Tout cela est fort convenu : une saga familiale sur plusieurs générations, avec des destins contrariés, des rêves brisés, des morts prématurées ou trop tardives, des amours impossibles ou malheureuses, des secrets, des tares et des scandales. Beaucoup de mesquinerie et bien peu de chaleur humaine, de la haine ordinaire et de la résignation. L'auteur tente d'inscrire tout cela dans le contexte troublé des luttes pour l'indépendance de la Pologne et contre le servage, mais les données historiques de cette période (certes complexes) manquent de précisions à mon goût. Ce n'est qu'à la page 629 (sur 633, édition de poche), que j'ai compris que les Ruthènes étaient des Ukrainiens, et j'attends toujours qu'on m'explique en quoi ont consisté réellement les événements de 1848. Le style ne rattrape pas non plus la sauce, trop plat, voire parfois puéril. Tout cela m'a ennuyée, par manque de souffle et de profondeur, ce qui est bien dommage pour un roman au si long cours.
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Si je n'accorde pas ou peu de crédit aux prix littéraires alloués tous les ans, je suis par contre de près les sélections faites. C'est assez contradictoire mais, plus que tout, c'est là que je puise mes envies de nouveaux livres.
Cette année, je me suis interessée de près au Prix du Style, fondé par Antoine Buéno qui, en plus d'être quelqu'un que j'estime beaucoup, est aussi un écrivain (entre autres de l'excellent "Triptyque de l'asphyxie") et chroniqueur littéraire qui siège vaguement au Sénat.
Cette définition est bien évidemment très réductrice, je ne donne pas cher de mon scalp s'il passe par là.

C'est donc dans sa sélection de septembre 2007 que j'ai puisé le livre dont je vais vous parler aujourd'hui, "Les vivants et les ombres" de Diane Meur.



Pavé de 720 pages sorti aux Editions Sabine Wespieser pour la rentrée littéraire 2007, "Les vivants et les ombres" est donc le dernier ouvrage de Diane Meur, romancière et traductrice belge.

Cette saga familiale qui démarre en 1820 met en place 4 générations de bourgeois en Galicie, région alors rattachée à l'empire habsbourgeois depuis le partage de la Pologne. Pendant plus d'un siècle, à travers les soulèvements de cette région, les révolutions de 1848 et jusqu'aux prémices de 1914, Diane Meur nous fait suivre les affres d'une famille qui va se déchirer et se retrouver sans cesse dans une atmosphère de lutte pour l'indépendance polonaise.

Le style de ce roman pourrait être complètement standard, on est ici dans la saga historique classique. Mais Diane Meur ne positionne pas l'un ou l'autre des éléments de la famille Zemka-Ponarski comme narrateur.
Le récit est fait ici par la maison elle-même, théâtre de tous les évènements qui vont secouer ses occupants.
La grande batisse blanche est donc ici à la fois murs, toits, colonnes néo-classiques, salon de bal et chambres mais plus encore atmosphère, odeurs, rayons de soleil, poussières et messes basses.
C'est en elle que s'inscrivent toutes les émotions, que se cachent les ombres du passé et que se définissent les vivants qui l'occupent. Elle ne se lasse pas d'observer la vie, la mobilité et la liberté que ses habitants possèdent et qui ne sont que chimères pour elle-même.
A travers tous les personnages que la maison va voir défiler en ses murs, elle va s'attarder plus spécifiquement sur les femmes, ces femmes qui la fascinent...
Le titre lui-même annonce la couleur, Diane Meur ne met pas en opposition les "vivants et les disparus" mais les "vivants et les ombres", comme si rien ne disparaissait, tout se transformait en ombre.
Comme la maison le dit si bien "Vous êtes poussière et vous redeviendrez poussière. Cette phrase (... ) me parait avoir été écrite pour nous, bien plus que pour les hommes. Car enfin soyons sérieux! Chacun sait que les hommes, eux, laissent infiniment plus qu'un peu de poussière. Ils laissent leur nom, des descendants, une mémoire, la trace de leurs actes ou même de leurs oeuvres. Alors pas de misérabilisme, pas de pleurnicheries anthropocentriques: ce n'est pas à nous qu'on apprendra ce que c'est que disparaître de la face du monde".

A tous ceux qui ne sont tentés que moyennement par ce type de livre, sagas familiales sur fond d'histoire, je ne peux que conseiller ce livre. Je n'étais pas fan de ce type de littérature à la base mais je n'ai pas décroché de celui-ci tellement les mots de Diane Meur, à travers les yeux de la maison, sont justes, mélodieux et captivants.
Un style qui définitivement explique sa sélection et une narration excessivement originale, c'est une autre de mes belles découvertes de cette rentrée.
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Saga familiale assez classique dans son contenu mais plutôt originale dans sa forme, car le narrateur du destin de la famille Zemka est tout simplement La maison familiale. Cette demeure se trouve en Galicie, province polonaise annexée par l'Autriche. Elle assiste aux mariages, aux naissances, aux amours, aux haines, aux morts et aux départs, depuis le début du 19ème siècle jusqu'au premiers signes annonciateurs de la première guerre mondiale. Le deuxième personnage du roman est Joseph Zemka, l'intendant ambitieux qui épouse Clara, fille du propriétaire du domaine dont il devient le maître. De cette union naîtront six filles, chacune ayant des destins aussi différents que leur caractère.
Je me suis laissée emportée avec plaisir par ce roman bien écrit, fluide et intéressant.
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Fresque familiale sur plus d'un siècle qui débute en 1821 en Galicie , province polonaise sous le joug de l'empire austro-hongrois .
L'originalité du roman tient au fait que c'est la maison du domaine lui-même qui raconte l'épopée , roman fleuve qui met en scène Clara et se filles .
J'ai regardé les critiques avant de mettre la mienne , et je n'ai pas été trop étonnée de ne pas être en phase avec les critiques élogieuses quasi unanimes , de toute façon , chacun réagit différemment à la lecture d'un livre ; il m'a semblé , mais ceci est personnel , qu'il manquait un peu d'âme à ce roman , et pourtant ce n'est pas la longueur qui m'a rebutée .
J'aimerai connaître d'autres personnes qui ont modérement appréciés.
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Un roman assez touffu, avec une narration parfois un peu déroutante car non chronologique. le génie du récit tient dans le choix de cette narration : c'est la maison de famille qui raconte. Elle croit tout connaître de ses habitants et de leurs secrets. Elle observe, plus ou moins en silence, les agitations humaines, les passions, qu'elles soient amoureuses ou politiques. Une écriture poétique et originale.

A. Boistard
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On pourrait reprocher à Diane Meur une certaine facilité littéraire. Des romans historiques, il en tombe en masse dans les rayons des librairies, plus particulièrement dans les grandes surfaces ou à France Loisir. En écrire un de plus est peut-être un bon moyen de renflouer les caisses de la maison d'édition. Une saga familiale à caractère historique, c'est du déjà vu, mais tout de même... il y a quelque chose d'autre dans Les Vivants et les Ombres. le souci de la construction juste, adéquate. Tant au niveau de la phrase que des paragraphes ou des chapitres. Il y a dans ce roman une certaine virtuosité narrative. le choix de l'énonciateur est bien évidemment intéressant (il révèle toute sa pertinence à la fin du roman). Mais il y a aussi ce regard critique d'une société moderniste en apparence mais qui se fige dans des principes dépassés. Diane Meur ne cherche pas le dépaysement de son lecteur, le folklore local n'a pas sa place dans son récit. Elle interroge plutôt l'humain dans son rapport au monde et, bien évidemment, dans son rapport au temps.
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Les Vivants et les ombres » était le roman que je devais lire pour le mois de septembre, tout droit sorti de la book-jar.
J'ai ce roman dans ma PAL depuis 2010, acheté sur les conseils de Miss Bouquinaix, qui m'avait parlé avec passion et de l'auteure et du roman et de la maison d'édition!

Et j'ai mis 6 ans à l'en sortir enfin!
Pourtant, il ne méritait pas de dormir aussi longtemps dans ma PAL, parce que cela fut une très bonne lecture!

Un petit mot sur l'objet en lui-même.
La couverture ne paye pas de mine, mais c'est une maison d'édition que j'aime beaucoup, pour le confort de lecture qu'elle procure. Les éditions Sabine Wespieser utilisent un papier de qualité, de vraies marges et font un réel effort de publication. Il n'y a que le prix, qui est hélas rédhibitoire pour moi. Après, pour une telle qualité, c'est compréhensible, mais cela reste trop cher pour en acheter beaucoup.

Je n'avais lu de Diane Meur qu'un seul ouvrage Les Villes de la Plaine, dont j'avais tiré une drôle d'impression. Tout était là pour me plaire, l'écriture, le thème, la fin extraordinaire, mais je n'avais pas aimé plus que ça, tout en lui reconnaissant un réel talent.
J'avais lu ce roman au mauvais moment et cela m'avait beaucoup agacé, parce que je sentais clairement que j'étais passée à côté de quelque chose.

J'appréhendais doublement ma lecture. J'avais vraiment envie d'aimer ce roman. Et heureusement cela a été le cas. J'ai passé un très bon moment de lecture, je l'ai d'ailleurs dévoré en 4 jours, c'est tout dire!
Le style est très agréable, je n'ai rien à en dire. On prend vraiment plaisir à le lire, comme pour son autre roman.

Je ne sais pas si on peut vraiment qualifier ce roman de roman historique, je ne trouve pas qu'il rentre dans cette catégorie.

Il s'agit d'une saga familiale : on va suivre une obscure famille polonaise, qui se dit aristocrate, durant près d'un siècle sur leur lieu d'habitation.
J'adore les histoires familiales, donc cela ne pouvait que me plaire, surtout sur un siècle!

La grande particularité de ce roman est sa narratrice : il s'agit de la maison familiale.
Il s'agit donc d'un point de vue assez inhabituel, assez poétique et beau d'une certaine manière. Derrière sa façade, elle observe attentivement les habitants, allant jusqu'à pouvoir lire leurs pensées les plus secrètes parfois. Elle se passionne pour certains destins, hais certaines personnes…mais reste profondément une maison, dont la vision ne dépasse pas le domaine.

Cela donne donc un certain « piquant » au rythme et au style. La maison a certaines réflexions très intéressantes, étant plus encrée dans le temps et ayant vu passer plusieurs propriétaires différents.

De plus, j'ai rarement -voir même jamais – eu l'occasion de lire un roman qui se passe en Pologne (la Galicie à cette époque-là).
J'ai trouvé cela très intéressant d'en apprendre un peu plus sur le dur combat de l'indépendance de la Pologne – qui franchement n'a pas arrêté d'être partagé et repartagé et ensuite de suite durant des centaines d'années par tous les pays d'Europe.

La situation maître-serf m'a également fait penser au roman Karpathia de Mathias Menegoz. C'est tout un monde différent qu'on connait peu et qui est vraiment passionnant à découvrir!
La différence de culture, de religion, de traditions et même de nationalité entre les maîtres et les serfs est quelque chose de vraiment intéressant. On aborde également la question des juifs en Pologne, le début de la fin, la montée lente de l'antisémitisme.

On va donc suivre en grande partie Josef Zemka, sa femme Clara et leurs enfants. On va apprendre également à connaitre un peu leurs ancêtres et les descendants des enfants du couple, mais la plus grande partie du récit sera surtout concentré sur cette génération du XIXe siècle.

Si Josef n'est pas particulièrement attachant, il en est tout autre de sa femme et de ses nombreuses filles.

Ce roman est également une sorte de plaidoyer sur la condition des femmes à cette époque. Et on parle ici de femmes éduquées et relativement riches. Donc la partie plutôt privilégiée de la population.
Mais on assiste surtout à des destins brisés, des avis ignorés, des coeurs déçus…il n'était pas bon d'être une femme à cette époque, même riche. La seule solution était le mariage, avantageux pour la situation des parents bien évidemment et sans consulter la jeune fille.
Si la maison se concentre beaucoup sur les femmes de cette famille, ce n'est pas forcément par choix : elles ne peuvent pas en bouger jusqu'au jour de leurs mariages, si mariage il y a. Elles ne peuvent pas travailler ou se promener, ou seulement faire ce qu'elles veulent. Cette maison qui les épie, finit par se transformer en une prison dorée dont elles sont incapables de partir.

Je pense que mon personnage préféré reste la douce et gentille Clara, la femme de Josef. J'ai beaucoup aimé son caractère doux mais ferme malgré tout, son ouverture d'esprit, sa capacité d'aimer. J'ai beaucoup aimé suivre sa vie.

——————————-

Un très bon roman donc, que je ne peux que vous conseiller et qui me réconcilie donc avec l'auteure!
Si vous aimez les sagas familiales, vous pouvez y aller, le cadre est inhabituel et passionnant et les pages filent entre vos mains! J'ai passé en tout cas un très bon moment avec ce livre!
Lien : https://writeifyouplease.wor..
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Bien mais un peu long parfois
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Livre agréable de part son style, fluide et très recherché, et l'originalité du "narrateur", la maison familiale ...
J'ai bien aimé la partie Clara, la partie maitresse de maison, femme libérée de corps et d'esprit, du moins en cachette ... la psychologie des personnages féminins ... mais les 200 dernières pages ont été longues ...
C'est un roman de 700 pages, dense, avec qques recherches de mots, en tout cas dans mon cas ... il faut donc avoir du temps devant soi ... ;-)

Plutôt 3.5 que 3 ...

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