"_C'est drôle, cette faculté de voir des choses presque humaines dans des formes de la nature.
Comme quand on regarde les nuages. Mais chez vous, c'est beaucoup plus fort.
_Nos mythologies et nos croyances font chauffer votre imaginaire.
_Pourtant, je ne connais rien à votre culture.
_Voir des créatures dans la nature, c'est une faculté qui a son utilité.
_Oui, elle pourrait me pousser à peindre...
_Ou à fuir. L'inconscient dont l'espèce humaine est dotée lui fait interpréter des formes incertaines, parfois terrifiantes, qui le rendent capables de fuir le danger. Réflexe archaïque !"
Les hommes se prennent toujours pour des champions de la création comme de la destruction. Parfois, la nature leur rappelle qu’elle était là avant, et qu’elle sait y faire.
"_Vous constaterez que les bureaux de l'administration regardent la mer...les studios des artistes, quant à eux, sont tournés vers la montagne.
_Cruel !
_L'architecte de la résidence l'a voulu ainsi. C'est pour que vous ne soyez pas distraits pendant votre séjour artistique."
Nous cohabitons avec les cataclysmes naturels depuis longtemps.
La poésie à laquelle j'aspire n'est pas celle qui exhorte les passions terrestres. Plutôt celle qui m'affranchit des préoccupations triviales et me donne l'illusion de quitter, ne serait-ce qu'un instant, ce monde de poussière.
Posséder un bon pinceau ne signifie pas que vous ferez un bon tableau.
Posséder le bon pinceau ne signifie pas que vous ferez le bon tableau.
La "guerre" que la nature déclare régulièrement aux hommes, comme ils le prétendent.
Les hommes se prennent toujours pour des champions de la création comme de la destruction.
Parfois, la nature leur rappelle qu'elle était là avant, et qu'elle sait y faire.
(p. 103)
"_La nature est magnifique , mais toujours prête à vous sauter à la gueule.
_Et alors ?
C'est la vie !"
Ils doivent se demander pourquoi leur nature me plaît tant.
Je serais bien incapable de leur expliquer. Je n'en ai jamais vu de semblable avant de pénétrer sur ce territoire. La rondeur des collines, l'essence des arbres, les mousses, le vert des champs de thé... Les formes, les lignes, les odeurs... C'est inédit et pourtant ça ne me déstabilise pas...
Ça devrait être facile à peindre !
Un champ de choux, ça, je connais.
Un champ de choux au pied d'un volcan qui fume, voilà qui est nouveau.
Le colza est le même que celui de mon pays natal. Je le connais par coeur.
Mais le colza mélangé aux camélias... mon coeur ne connait pas.
Le blé coupé, les foins, j'ai toujours connu ça.
Mais le riz ramassé et séché de la sorte, quelle étrangeté...
La glycine, bien sûr.
Des "arbres de glycine" en pleine forêt ? Je ne savais pas.
Ces falaises... ce pourrait être la Bretagne.
En forme de singe ? Non ce n'est pas breton, définitivement.
Ces vieilles paysannes accroupies dans les champs, je les reconnais.
Je reconnais quoi ? Mes grands-parents paysans étaient juchés sur des tracteurs, dans la Meuse...
J'ai déjà vu ces silhouettes quelque part. Mais où ? Dans un livre ? Dans un film ? Dans une autre vie ?
Est-ce le rapport à la terre qui nous relie tous ?