Elles ont le droit d'éprouver de la peine. Pas celui d'embarrasser le clan avec tout ce chagrin, de contaminer les personnes qui vivent quotidiennement à leurs côtés, de faire comme si l'enfant qui n'a pas été retrouvé représentait tout. Ces femmes sont comme les veuves, qui ne sont autorisés à reparaître en société qu'au terme d'une certaine durée, après s'être soumises à des rituels parfois rudes. Elles ne sont pas des veuves. Il n'y a pas de mot pour nommer leur condition. On n'a pas revu leurs garçons après le grand incendie. Nul ne sait s'ils sont vivants ou morts.
Le rêve est un voyage en soi, hors de soi, dans la profondeur des choses et au-delà. Il n'est pas seulement un temps, mais aussi, un espace. Le lieu du dévoilement. Celui de l'illusion parfois, le monde invisible étant aussi peuplé d'entités maléfiques.
La mort ne l’effrayait pas. Elle était le prolongement de la vie. Une simple altération de la vibration des êtres.
Ici l'océan chuchote à l'oreille de la terre, la caresse langoureusement, la désaltère de vagues nimbées d'écume. A le voir ainsi, Eyabe l'imagine mal se repaissant de corps humains. Et pourtant. toutes les fibres de son corps lui crient que c'est là. C'est bien là, le pays de l'eau.
La femme dit qu’on ne peut dépouiller les êtres de ce qu’ils ont reçu, appris, vécu. Eux-mêmes ne le pourraient pas, s’ils en avaient le désir. Les humains ne sont pas des calebasses vides. Les ancêtres sont là […] ils ont conçu un monde. Tel est leur legs le plus précieux : l’obligation d’inventer pour survivre.
Elles ne prononceront pas les noms de ces fils dont on ignore le sort. De peur que le Mal ne s’empare de cette vibration particulière. Ces noms ne les quittent pas. Ils chantent en elles de l’aurore au crépuscule.
Le rêve est un voyage en soi ,hors de soi ,dans la profondeur des choses et au-delà .Il n 'est pas seulement un temps , mais aussi ,un espace .Le lieu du dévoilement . Celui de
l 'illusion parfois ,le monde invisible étant peuplé d 'entités maléfiques .On ne pose pas sa tête n 'importe où ,lorsque l'on s'apprête à faire un songe .
Si leurs fils ne sont pas retrouvés ,si le ngambi ne révèle pas ce qui leur est arrivé , on ne racontera pas le chagrin de ces mères .La communauté oubliera les dix jeunes initiés , les deux hommes d' âge mûr ,évaporés dans l' air au cours du grand incendie . Du feu lui-même , on ne dira plus rien .Qui goûte le souvenir des défaites ?
La nuit est faite pour le repos , mais elle n 'est pas si tranquille . Il faut rester sur ses gardes .
Sachons accueillir le jour lorsqu'il se présente. La nuit aussi.