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3,81

sur 234 notes
Malgré les critiques élogieuses sur ce roman, j'avoue que, en ce qui me concerne, je suis d'un avis mitigé.

Mukano est le chef (le janea) de la tribu des Mulongo qui a élu domicile en Afrique subsaharienne, en plein milieu des terres. Autant dire que celle-ci ignore tout de ce qui s'étend autour d'eux et ignorent même l'existence de l'océan, qui n'est pourtant pas bien loin. Les seules relations que les Mulongo entretiennent avec le monde extérieur est celles qu'ils ont avec la tribu la plus proche d'eux, celle des Bwele avec qui ils ont toujours eu des relations cordiales, mais se limitant à des relation commerciales cela dit. Cependant, un beau jour- non pas un jour ordinaire puisqu'il s'agit du jour où un grand incendie s'est répandu sur tout le village-, une ombre plane sur le clan Mulongo car douze hommes ont disparu, dix fils aînés de familles et deux homme d''âge mûr. Les dix mères dont les fils aînés se sont, comme volatilisés dans la nature, sont immédiatement mises à l'écart et appelés dorénavant "Celles dont les fils n'ont pas été retrouvés". Dans un monde où la magie est omniprésente, où les rêves sont on ne peut plus importants, il est vital, pour les autres du clan, de les isoler dans une case commune afin que le malheur ne se répande pas autour d'eux, d'autant plus que Mundene, le ministre des cultes, fait part des douze hommes disparus.
Eyabe, elle, bien que n'étant pas entièrement convaincue que son fils ne soit pas mort (la preuve étant qu'elle s'est coupée les cheveux en signe de deuil), elle décide, sans consulter les ancêtres ni même les hommes du village, de partir à la recherche de celui qui lui manque et qu'elle désespère de revoir un jour. Seule Ebeise, la femme du ministre des cultes, est dans la confidence. Aussi, s'engage alors pour toutes ces femmes qui vivent dans un monde où les femmes ont rarement droit à la prise de décisions, une lutte interminable pour savoir ce qui est arrivé à leur progéniture.

Le janea, accompagné de sa garde personnelle, a lui aussi entrepris une expédition afin de découvrir où sont passés ceux qui n'ont pas été retrouvés.
Parviendra-t-il à déceler ce mystère ? Et si oui, les conséquences ne s'avéreraient-elles pas encore plus dramatiques que ce qu'elles ne laissaient présumer ?

Un roman très bien écrit, certes, mais qui est parfois difficile à suivre (non pas tant en raison du vocabulaire employé puisqu'un lexique se trouve en fin d'ouvrage) mais plutôt en raison des noms qui ne sont pas évidents à retenir car certains se ressemblent tant que l'on finit à ne plus savoir qui est qui. le lecteur (enfin je parle toujours pour moi, bien sûr) parvient néanmoins assez facilement le coche mais toujours est-il que je n'ai pas vraiment accroché avec cette lecture bien que celle-ci soit fort enrichissante ! A découvrir !
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Un coup de coeur! Un véritable classique africain! J'ai aimé ce voyage dans les profondeurs des terres africaines tout en soulignant bien des livres nous relatent de la traitre négriere en parlant des negriers ou encore des esclaves d'Amériques mais peu sont ceux qui parlent des africains eux-mêmes, ceux qui ont survécus à ce fléau, comment ils l'ont vécu, ce châtiment qu'ils ont supposés venu de Dieu. Leonora Miano nous plonge avec une écriture plutôt modeste dans ce monde plein de mystères...
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Voilà un hymne aux ancêtres remarquable ! Un roman de mémoire et d'histoire magnifique !

Que s'est il passé dans ce village africain, replié sur lui-même à l'intérieur des terres, le jour du grand incendie ? Pourquoi douze hommes (dix jeunes hommes fraîchement initiés et deux adultes) ont-ils disparu ? Sont-ils morts ou encore vivants ? Pourquoi est-il si difficile d'entrer en communication spirituelle avec eux ? Qui est responsable de cette étrange disparition ?

Pour affronter toutes ces questions, trois femmes dont les fils n'ont pas été retrouvés ainsi que le chef du clan Mulungo vont se mettre en quête de la vérité, chacun à sa manière.

Dès les premières pages du roman, j'ai été envoûtée par l'écriture de Léonora Miano. On y rencontre des personnages charismatiques, surtout féminins. On suit leur quête, pas à pas, et on comprend en même temps qu'eux ce qui a pu arriver aux hommes disparus. On réagit aussi, en même temps qu'eux, à ce cataclysme qui va s'abattre sur eux, à savoir la découverte de la traite négrière. Eux qui vivaient pacifiquement, repliés sur eux mêmes, eux qui ne connaissaient pratiquement rien du monde extérieur, sinon leurs proches voisins les Bwele, vont être confrontés à la trahison des peuples frères, à la disparition de leurs coutumes, à l'effondrement et l'anéantissement de leur communauté.
Est-il possible de se reconstruire quand on a tout perdu ? Comment transmettre la mémoire du clan quand celui-ci a éclaté ? Comment faire le deuil des disparus quand les rites funéraires ne sont plus applicables ?
Autant de sujets abordés par Léonora Miano dans ce magnifique roman où le mysticisme tient une place importante. On peut également se demander si l'auteure ne dénonce pas l'excès de mysticisme de la communauté, puisque Mutango (le guide spirituel), incapable d'interpréter les événements, bannit les femmes dont on n'a pas retrouvé les fils, boucs émissaires tout trouvés.


De Léonora Miano, je ne connaissais qu'un texte entendu sur France Culture, "Le fond des choses". Des paroles rythmées, frappées, criées, puissantes qui dénonçaient la colonisation, l'esclavage, l'immigration. Une auteure qui n'a pas peur de parler ! Une auteure à laquelle je vais m'attacher.
Vous pouvez l'écouter sur ce lien :
http://www.franceculture.fr/emission-un-ete-de-lectures-voix-d-afrique-25-le-fond-des-choses-2013-07-30
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Il y a des siècles l Afrique subsaharienne subit un drame terrible , odieux , inqualifiable et inhumain ,il s 'agit de la traite négrière .Les habitants africains des zones côtières , étaient des gens paisibles et pacifiques jus qu 'au jour où les Blancs avec la complicité d 'autres africains commençaient à faire la chasse aux jeunes hommes vigoureux et sains .Ces intermédiaires les attrapent ,les ligotent et les livrent aux marins négriers qui les envoient aux Amériques pour en faire des bêtes de somme et des esclaves .
"La Saison de l 'ombre", septième roman de l 'écrivaine franco-camerounaise Léonora Miano commence après l 'attaque et l'incendie des cases des Mulongo ,un clan imaginaire , qui vit à l 'intérieur des terres .Douze hommes ont disparu lors de cette agression éclair ,totalement incompréhensible . Comment se figurer les bateaux négriers quand on
n 'a jamais vu la mer ni affronté l 'impensable arrogance des "étrangers aux
pieds de poules" ,ces Européens dépêchés sur les côtes africaines pour bourrer les voiliers de bétail humain ? le premier réflexe du conseil des
notables est de placer en quarantaine les femmes ,"dont les fils n 'ont pas
été retrouvés " : comme si elles y étaient pour quelque chose .Contre cet
aveuglement , ils sont pourtant plusieurs à se dresser : tandis que le jeune chef , Mukano, bravant l' avis des anciens , part à la recherche des disparus,
la silencieuse Eyabe prend la route ,elle aussi , violant la coutume ; elle marche , seule ,jus qu 'à l 'océan -où elle découvrira le fin mot des razzias
négrières .Restée au village ,la vieille Ebeise ,accoucheuse en titre , observatrice hors pair , est la troisième grande voix du récit .
La Saison de l 'ombre est encore bien plus qu 'un roman de mémoire et '
d ' histoire. C 'est un livre profondément humaniste sur le la perte et
l 'arrachement ,sur la possibilité de faire le deuil , de se recréer .
Une prose magnifique de Léonora Miano , une écriture fluide , vivante qui
rend le roman passionnant .
Ce roman est un véritable classique de la littérature africaine francophone. Ce dernier a reçu le Prix Fémina
2013 .Léonora Miano s 'est vue décernée le Grand Prix du
Roman Métis .



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« Il s'est passé la chose suivante : des humains ont pensé tirer parti du commerce d'autres humains. Et des humains ont souffert l'arrachement des leurs, la violence de leurs voisins. Voilà ce que propose La saison de l'ombre : le point de vue subsaharien sur une des nombreuses défaites de l'humanité, mais aussi, sur les fragiles triomphes de l'humanité. Une histoire de mort, de vie après la mort. de façon métaphorique, cette histoire est celle d'une grande partie de l'Afrique subsaharienne, depuis cinq cents ans environ. » Léonora Miano
Il s'agit de mémoire, d'écoute et de regard. La beauté de ce texte est saisissant. C'est effectivement comme le rappelle l'auteure, un récit afro-centré. Qui étaient ces peuples avant que la saison de l'ombre, cette longue saison d'obscurité et de larmes ne vienne ensevelir leur histoire ? . La « traite des noirs » au profit des blancs. Voilà une vision euro-centrée. Ces peuples sont multitude. le rapport de la race, de la couleur, étaient pour ces populations subsahariennes des concepts totalement inconnus. Chaque clan, chaque village avait sa vision, son rapport au monde extérieur, à son propre monde, à cet autre monde au-delà du village, au-delà de ses terres.
Connaîtrons nous un jour toute la diversité, toute la richesse, de l'immensité de cette Afrique pré-coloniale ?
C'est une vision incroyablement belle et forte que nous apporte l'esprit de l'écrit de Léonora Miano.
Comment un tel cataclysme a t il été vécu par ces peuples ? Comment était il venu percuté de plein fouet leur rapport aux mondes qui les entouraient. Une état de conscience brutal, une réalité qui venait bouleverser à jamais leurs vérités.
Tous ces disparus de l'ombre, qui furent emportés, déportés, déculturés, ne méritent pas l'anonymat. Leur art, leur chant, leur Histoire, , leur spiritualité, des milliers d'années de civilisation ne peuvent être ignorés. C'est à cette «  voix intérieure » qu'il faut tendre l'oreille.
« Ce n'est pas uniquement au-dessus de la case de celles dont les fils n'ont pas été retrouvés, que l'ombre s'est un temps accrochée.L'ombre est sur le monde.L'ombre pousse des communautés à s'affronter, à fuir leurs terres natales. Lorsque le temps aura passé, lorsque les lunes se seront ajoutées aux lunes, qui gardera la mémoire de toutes ces déchirures ? A Bebayedi, les générations à naître sauront qu'il avait fallu prendre la fuite pour se garder des rapaces.On leur dura pourquoi ces cases érigées sur les flots .On leur dira : La déraison s'était emparée du monde, mais certains ont refusé d'habiter les ténèbres.Vous êtes la descendance de ceux qui dirent non à l'ombre ».
« C'est d'être nommé qui fait exister ce qui vit ».
« La saison de l'ombre » de Léonora Miano est un très grand roman, mais il va bien au-delà. Il est un véritable bâton de parole. Parce qu'un être ne peut être réduit à sa qualité de victime, parce que c'est à la son état d' Être qu'il faut le ramener pour qu'il puisse quitter la saison de l'ombre.
Bâton de parole, mais également bâton de marche. Parce qu'il s'agit de se mettre en marche et d'avancer pour sortir de l'opacité de l'ombre.

Astrid Shriqui Garain
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Dans une tribu africaine, un incendie se déclare et de jeunes hommes disparaissent.
Leurs mères, « Celles dont les fils n'ont pas été retrouvés », sont isolées dans une case.
Le chef du clan part dans la tribu voisine chercher des explications. Trois femmes veulent comprendre, malgré leur isolement imposé.
Avec une écriture parfaitement maîtrisée, comme une lente mélopée, l'auteur nous fait revivre le début de la traite des noirs.
Elle traduit à la perfection le mysticisme, les croyances et les ignorances de cette tribu.
Mais…., mais …….. je me suis un peu perdue dans les noms aux consonances si proches.
Dans le clan « muongo », les hommes s'appellent « Mukano, Mutango, Mukimbo…. »
et les femmes « Eyabe, Ebeise, Ekesi…… »
Cela rend un peu difficile la lecture de ce roman déjà complexe et m'a empêchée de le savourer sereinement.
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Léonora Miano nous conte un village de l’Afrique de l’Ouest où, pour la première fois, vient de s’abattre la traite négrière. Sans doute sommes-nous au début du XVIIe siècle. Dix mères sont mises à l’écart parce leurs dix fils aînés, dix garçons tout juste initiés, ont disparu mystérieusement après un incendie... C’est leur quête, dans ce monde encore préservé des ravages de l’Occident, que met en scène l’écrivaine.

Ce n’est pas un roman facile à lire. Pénétrer dans ce livre, se mérite. Dans un premier temps, le lecteur est un peu perdu dans la multitude des personnages au nom aux consonances très proches, puis la magie opère L’écriture magnifique et imprégnée des croyances nous entraîne dans l’esprit et le cœur de cette communauté africaine. Un récit bouleversant porté par une langue travaillée, on ressort complètement envoûté par ce livre.



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Que s'est-il passé la nuit du grand incendie du village de la communauté Mulongo ?
Ou sont passé les douze hommes, dix jeunes et deux plus âgés qui ont disparus ?
Leurs mères pour dissimuler leur chagrin et éviter que leurs larmes ne contaminent le reste du village sont regroupées à l'écart du clan dans une maison commune.
Sont-elles responsables de ces disparitions ?
Il est rapidement établi que les Bwelee, leurs voisins sont à l'origine de ces évènements.
Léonora Miano nous fait découvrir des aspects méconnus de la traite négrière en nous montrant comment certains membres des communautés subsahariennes ont tiré parti du commerce d'êtres humains, même s'il s'agissait de leurs semblables.
Un texte troublant et envoûtant.
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Le malheur s'abat sur le clan Mulongo. Douze hommes ont disparus en même temps que s'est déclaré un incendie. Dix entre eux sont des jeunes gens, tout juste initiés. Leurs mères sont consignées dans une case à l'extérieur du village. Certains essaient de comprendre ce qui s'est passé, dont le chef, qui va partir avec certains de ses hommes chez les voisins Bwele, qui voyagent davantage et connaissent mieux le monde environnant. La vérité va se révéler petit à petit dans toute son atrocité.

Léonora Miano nous parle de l'esclavage lié à la traite atlantique, de la manière dont elle s'est installée, organisée, impliquant de nombreux intermédiaires et acteurs. Et donne la parole aux victimes, qui ont du mal à exprimer leur souffrance compte tenu de la violence de qu'elles vivent. Tout en nous décrivant les us et coutumes des populations africaines de l'Afrique centrale bantoue de l'époque.

Malgré son intérêt, l'importance du sujet, je n'ai pas été complètement emportée par ce livre. Il m'a manqué une écriture, un style, qui aurait fait de ce récit une grande épopée, une geste inoubliable. Un côté peut-être un peu trop didactique, trop ethnographique, trop documentaire par moments. Même s'il a des belles pages, des passages touchants, il m'a manqué une sorte de fusion de tous les éléments, qui aurait transformée tous les éléments présents en un ensemble fort et dense.
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Pour apprécier pleinement "La saison de l'ombre", le lecteur va devoir accepter de se laisser envoûter par la magie africaine et guider par les esprits. Avec ce titre, je découvre Leonora Miano, auteure d'origine camerounaise, et cette lecture a comblé pleinement mon "envie d'Afrique" du moment.

"La saison de l'ombre" s'est abattue sur le peuple Mulongo. En même temps qu'un incendie inexpliqué détruisait une partie de leurs habitations, douze hommes parmi les leurs disparaissaient mystérieusement. Par peur que le mauvais oeil ne s'étende à la communauté, les mères des dix jeunes garçons disparus (les deux autres étant des anciens du clan) sont isolées ensemble dans un bâtiment, placées en quarantaine. N'ayant pas de corps à pleurer, le deuil leur est interdit. Devant les incertitudes du Conseil des Sages quant à la conduite à tenir, l'une d'elles, Eyabe, va braver l'interdiction de sortir et partir seule à la recherche du corps de son fils qu'elle pense décédé, afin de lui rendre les derniers hommages et qu'il puisse enfin rejoindre de monde des esprits. De son côté, Mukano, le chef du clan, accompagnés de ses gardes, décide d'aller quérir des informations auprès de la tribu voisine des Bwele qu'il considère comme amie.

Leonora Miano nous offre un magnifique texte empreint des mystères et des croyances africaines pour nous donner une nouvelle vision de la traite négrière : celle des familles qui ont vu disparaitre un des leurs et qui vont découvrir ces étrangers venus du Nord prélever sur place des marchandises humaines, avec la complicité de certaines tribus locales. L'auteure nous décrit dans une langue puissante le quotidien, les coutumes et les croyances de cette communauté primitive d'Afrique Centrale, qui va assister à la disparition de son monde préservé. Mais c'est surtout un bel hommage aux femmes qu'elle rend puisque ce sont elles qui face à la fatalité, vont prendre leur destin en mains.
C'est une lecture qui se mérite car il faut passer outre les difficultés du texte : mots en langue locale (glossaire à la fin), similitude des prénoms des protagonistes, termes très imagés... mais les embûches du chemin n'empêche pas que le voyage soit beau. Un Prix Femina 2013 bien mérité et une belle leçon d'espoir finale malgré tout. 15/20
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