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Citations sur La Nuit remue (125)

Vous travaillez ? Le palmier aussi agite ses bras
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Les véritables nageurs ne savent plus que l'eau mouille.
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Je pensais, n'est-ce pas, que quand j'aurais tout détruit, j'aurais de l'équilibre. Possible. Mais cela tarde, cela tarde bien.
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Je peux rarement voir quelqu'un sans le battre. D'autres préfèrent le monologue intérieur. Moi non. J'aime mieux battre.
Il y a des gens qui s'assoient en face de moi au restaurant et ne disent rien, ils restent un certain temps, car ils ont décidé de manger.
En voici un.
Je te l'agrippe, toc.
Je te le ragrippe, toc.
Je le pends au portemanteau.
Je le décroche.
Je le repends.
Je le décroche.
Je le mets sur la table, je le tasse et l'étouffe.
Je le salis, je l'inonde.
Il revit.
Je le rince, je l'étire (je commence à m'énerver, il faut en finir), je le masse, je le serre, je le résume et l'introduis dans mon verre, et jette ostensiblement le contenu par terre, et dis au garçon: «Mettez-moi donc un verre plus propre.»
Mais je me sens mal, je règle promptement l'addition et je m'en vais.

Mes occupations.
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Pas de corps. Il n'y aura donc jamais personne pour avoir un corps ici.
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L'ÂGE HÉROÏQUE


…Poumapi essaya même de sourire, ce fut dur, oh! ce fut dur.
L'extérieur ne s'y prêtait pas, l'intérieur non plus. Il ne s'attarda donc pas à cet effort, mais suivant son idée, il reprit la lutte, visa le nombril, défonça l'abdomen, et par le trou entreprit d'introduire le pied même de Barabo, qu'il parvint à tordre d'abord puis à immobiliser dans la plaie comme une borne.
Barabo se trouva surpris.
Son équilibre sur une seule jambe sans orteils laissait bien à désirer. Mais il n'en témoigna rien, fit celui qui est à l'aise, qui a des appuis partout, et attendit.
À ce moment Poumapi, qui avait presque gagné, commit une grande faute. Il s'approcha.
Alors, comme une flèche, Barabo plongea, fut sur lui, lui démit un bras, s'accrocha à l'autre, le démit pareillement, et s'effondra d'une chute si savante sur le malchanceux Poumapi qu'il lui brisa les deux jambes.
Couchés corps à corps, pareillement exténués, et accablés de souffrance, Poumapi et Barabo essayaient vainement de s'étrangler.
Le pouce de Poumapi était bien appliqué au cou, mais les forces pour serrer efficacement lui manquaient.
Les mains de Barabo étaient encore assez nerveuses, mais la prise était mauvaise, il serrait inutilement le cou de Poumapi.
Devant ce comble de circonstances adverses le cœur des deux frères faillit, ils se regardèrent quelques instants avec une grandissante indifférence puis, se retournant chacun de leur côté, s'évanouirent.
La lutte était terminée, du moins pour aujourd'hui.

p.62-63
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MES PROPRIÉTÉS

UN CHIFFON


J'ai rarement rencontré dans ma vie des gens qui avaient besoin comme moi d'être regonflés à chaque instant.
On ne m'invite plus dans le monde. Après une heure ou deux (où je témoigne d'une tenue au moins égale à la moyenne), voilà que je me chiffonne. Je m'affaisse, je n'y suis presque plus, mon veston s'aplatit sur mon pantalon aplati.
Alors, les personnes présentes s'occupent à des jeux de société. On va vite chercher le nécessaire. L'un me traverse de sa lance, ou bien il use d'un sabre. (On trouve hélas! des panoplies dans tous les appartements.) L'autre m'assène joyeusement de gros coups de massue avec une bouteille de vin de
Moselle, ou avec un de ces gros doubles litres de chianti, comme il y en a; une personne charmante me donne de vifs coups de ses hauts talons; son rire est flûté, on la suit avec intérêt et sa robe va et vient, légère. Tout le monde est plein d'entrain.
Cependant, je me suis regonflé. Je me brosse vite les habits de la main, et je m'en vais mécontent. Et tous de pouffer de rire derrière la porte.
Des gens comme moi, ça doit vivre en ermite, c'est préférable.

p.104-105
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LES PETITS SOUCIS DE CHACUN

Une fourmi ne s'inquiète pas d'un aigle. La fureur, la férocité du tigre n'évoque rien dans son esprit, l'œil féroce de l'aigle ne la fascine pas, pas du tout.
Dans une fourmilière jamais il n'est question d'aigles.
La lumière en petits bonds n'inquiète guère un chien. Cependant un microbe qui voit arriver la lumière, les éléments des rayons un tout petit peu plus petits que lui, mais nombreux, nombreux et durs, pressent avec détresse les battements innombrables qui vont le disloquer, le secouer jusqu'à la mort; même le damné gonocoque qui fait tellement pour compliquer les relations entre hommes et femmes, pris de désespoir abandonne, forcé, sa dure vie.

p.39
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Il faut faire grande attention aussi à la mer. Les jours de tempête, on a coutume de faire la promenade des falaises. Et quoique la mer soit pleine de menaces, malgré le va-et-vient de ses forces qui semblent grandir à chaque instant, le spectacle est beau et somme toute réconfortant, puisque cette grande excitation et ces énormes paquets d'eau, des paquets à renverser un train, tout ça ne va qu'à vous mouiller un peu.
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LE SPORTIF AU LIT

Il est vraiment étrange que, moi qui me moque du patinage comme de je ne sais quoi, à peine je ferme les yeux, je vois une immense patinoire.
Et avec quelle ardeur je patine!
Après quelque temps, grâce à mon étonnante vitesse qui ne baisse jamais, je m'éloigne petit à petit des centres de patinage, les groupes de moins en moins nombreux s'échelonnent et se perdent. J'avance seul sur la rivière glacée qui me porte à travers le pays.
Ce n'est pas que je cherche des distractions dans le paysage. Non. Je ne me plais qu'à avancer dans l'étendue silencieuse, bordée de terres dures et noires, sans jamais me retourner, et, si souvent et si longtemps que je l'aie fait, je ne me souviens pas d'avoir jamais été fatigué, tant la glace est légère à mes patins rapides.

*
Au fond je suis un sportif, le sportif au lit. Comprenez-moi bien, à peine ai-je les yeux fermés que me voilà en action.
Ce que je réalise comme personne, c'est le plongeon. Je ne me souviens pas, même au cinéma, d'avoir vu un plongeon en fil à plomb comme j'en exécute. Ah, il n'y a aucune mollesse en moi dans ces moments.
Et les autres, s'il y a des compétiteurs, n'existent pas à côté de moi. Aussi n'est-ce pas sans sourire que j'assiste, quand exceptionnellement ça m'arrive, à des compétitions sportives. Ces petits défauts un peu partout dans l'exécution, qui ne frappent pas le vulgaire, appellent immédiatement l'attention du virtuose; ce ne sont pas encore ces gaillards-là, ces « Taris » ou d'autres, qui me battront. Ils n'atteignent pas la vraie justesse.
Je puis difficilement expliquer la perfection de mes mouvements. Pour moi ils sont tellement naturels. Les trucs du métier ne me serviraient à rien, puisque je n'ai jamais appris à nager, ni à plonger. Je plonge comme le sang coule dans mes veines. Oh! glissement dans l'eau! Oh! l'admirable glissement, on hésite à remonter. Mais je parle en vain. Qui parmi vous comprendra jamais à quel point on peut y circuler comme chez soi? Les véritables nageurs ne savent plus que l'eau mouille. Les horizons de la terre ferme les stupéfient. Ils retournent constamment au fond de l'eau.

p.20-21-22
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