Citations sur La sorcière (34)
En vérité, l'on a moins besoin d'aller à l'église. Mais elle ne nous tient pas quittes. Elle exige que l'on revienne écouter ce qu'on n'entend plus.
Leur juge qui les brûle est pourtant charmé d’elles : « Quand on les voit, dit-il, passer, les cheveux au vent et sur leurs épaules, elles vont, dans cette belle chevelure, si parées et si bien armées, que, le soleil y passant comme à travers une nuée, l’éclat en est violent et forme d’ardents éclairs... De là, la fascination de leurs yeux, dangereux en amour, autant qu’en sortilège. »
Bien loin que la foudre infernale l'épuisât, la fît languissante, elle se releva redoutable et les yeux étincelants. La lune, qui, chastement, s'était un moment voilée, eut peur en la revoyant. Épouvantablement gonflée de la vapeur infernale, de feu, de fureur et (chose nouvelle) de je ne sais quel désir, elle fut un moment énorme par cet excès de plénitude et d'une beauté horrible. Elle regarda tout autour... Et la nature était changée. Les arbres avaient une langue, contaient les choses passées. Les herbes étaient des simples. Telles plantes qu'hier elle foulait comme du foin, c'étaient maintenant des personnes qui causaient de médecine.
Le servage, issu de la féodalité pervertie, l'or, devenu le grand dieu, la maladie (la lèpre) entretenue par la faim aliènent la liberté du paysan, de l'homme du pays. Il ne s'appartient plus. Il se sent emprisonné dans une communauté où il devrait s'épanouir. L'Eglise ne lui est plus secourable. Elle professe un spiritualisme tout angélique, qui trahit l'enseignement et l'exemple du Christ. Elle méprise le corps, la nature. Elle ne voit dans la vie qu'une épreuve. Elle prêche l'attente et l'espoir de la mort. Elle voudrait dissuader le fidèle d'être heureux sur cette terre, de cultiver son humanité, de chérir l'existence que Dieu lui a donnée.
D'où date la sorcière? je dis sans héstier : "des temps du désespoir".
Du désespoir profond que fit le monde de l'Église. Je dis sans hésiter : "La sorcière est son crime".
Mon ténébreux sujet est comme la mer. Celui qui y plonge souvent, apprend à y voir.
Quant à l’inceste, il faut s’entendre. Tout rapport avec les parentes, même les plus permis aujourd’hui, était compté comme crime.
Notez qu'à certaines époques par ce seul mot Sorcière la haine tue qui elle veut.
Rien de plus gai que nos vieux contes, seulement ils sont peu variés. Ils n'ont que trois plaisanteries : le désespoir du cocu, les cris du battu, la grimace du pendu. On s'amuse du premier, on rit (à pleurer) du second. Au troisième, la gaieté est au comble ; on se tient les côtes. Notez que les trois n'en font qu'un. C'est toujours l'inférieur, le faible qu'on outrage en toute sécurité, celui qui ne peut se défendre.
La sorcière à de quoi rire, si, dans l'ombre, elle voit là-bas, dans la brillante lumière, combien Dante, Saint Thomas, ignorent la situation. Ils se figurent que Satan fait son chemin par l'horreur ou par la subtilité. Ils le font grotesque et grossier; comme à son âge d'enfance, lorsque Jésus pouvait encore le faire entrer dans les pourceaux. Ou bien ils le font subtil, un logicien scolastique, un juriste épilogueur, s'il n'eut été que cela ou la bête, ou le disputeur, s'il n'avait eu que la fange, ou les 'distinguo' du vide, il fut mort bientôt de faim. On triomphe trop à l'aise quand on le montre dans Bartole en plaidant contre la femme...