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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Jules Michelet n'est pas ce que l'on pourrait appeler un historien neutre, au sens scientifique du terme. Historien qui reconstruirait le passé à partir de matériaux trouvés et analysés de la façon la plus objective qui soit.

C'est un historien écrivain qui se rattache au romantisme ; un historien de l'engagement, de la passion, du parti pris. Je dois dire que j'ai toujours aimé son style, le lire constitue un enchantement. Il existe une parenté chez les romantiques. Il y a quelque chose d'hugolien dans sa façon d'énoncer les choses, dans le caractère péremptoire de ses démonstrations, dans la puissance des mots qu'il emploie.

Je ne sais s'il aurait apprécié cette comparaison, car Jules Michelet, l'aîné, n'a pas besoin d'être mis en regard d'une référence quelconque…

On dit que le 19ème S. a produit deux grands historiens écrivains qui assumaient leurs engagements, Michelet et Guizot, le premier républicain, le second libéral. On reconnaît aussi, qu'ils ont donné des écrits au style superbe, qu'ils ont été d'extraordinaires conteurs.

La Sorcière paraît en 1862, en l'âge mûr de l'auteur, 64 ans ; inutile de dire qu'on est en présence d'une violente charge contre la bêtise cléricale, religieuse, et d'une réhabilitation de la femme dont le bon sens et les connaissances empiriques étaient vite taxés de sorcellerie par les clercs du Moyen-âge.

Nous savons que les historiens modernes, ont critiqués la méthode de Michelet, ainsi que ses sources et, d'une certaine façon, l'école historique romantique. Pierre Chaunu, d'ailleurs, exprimait plus que de la réserve à l'égard de Michelet, en qui il voyait davantage un écrivain qu'un historien.
La Sorcière révèle la passion de l'auteur, sa colère presque, ses convictions face à l'obscurantisme religieux du Moyen-âge que le siècle des Lumières n'avait pas tout à fait effacé. C'est un livre que j'ai lu comme un roman et moins comme un livre d'histoire ; mais quel style !
Michelet a le don de vous transmettre sa passion. Et peu importe qu'on lui reproche un certain manque de rigueur, je le trouve formidable et souhaite que nos historiens actuels soient capables de transmettre, comme lui, la passion de l'histoire.
Pat
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Qui dit occultisme, dit ésotérisme et dit alors sorcières. Ainsi, c'est au cours de différentes recherches sur le sujet que je suis tombé sous le podcast plus que décomplexée de C'est pas Sorcières réalisé par Louise et Marion. Grâce au premier hors série de cette émission, dans lequel les créatrices présentaient leurs bibliothèques magiques, j'ai entendu parler de cet essai. N'étant pas un adepte du genre et malgré sa véracité historique contestée, j'ai eu très envie de découvrir la triste et célèbre chasse aux sorcières subie injustement par la population lors de l'immergence de l'église et ses clergés dans notre quotidien.

Malheureusement et même si j'ai apprécié l'élégante et satinée prose de Jules Michelet, il est indéniable que celle-ci semble des plus datée et alambiquée qui soit. Qu'il m'a fallu faire force de concentration et de focalisation pour tenter d'appréhender et de comprendre au mieux l'approche passionnante et parfois lyrique de la réflexion de l'auteur quant à ce douloureux épisode de notre histoire. En ce sens, j'ai été sensible au discours tenu et établi par ce dernier même s'il est vrai que celui-ci manque clairement de nuances. L'auteur intente, à l'image de l'église contre les femmes d'antan, un véritable procès contre la société ecclésiale qui dominait le monde il y a encore peu. Ce parti pris aurait pu se révéler pertinent si celui-ci s'était construit autour de réels et démontrés faits plutôt que sur certaines affabulations. Finalement, et dans son contexte historique, les travaux de recherches sont assez maigres et malgré une seconde partie axée sur certains célèbres procès, le reste de l'essai m'a semblé bien trop lyrique et mystique qu'autre chose. Néanmoins, cette dimension portée sur les croyances d'antan et autres allégories du genre permettent à Jules Michelet de narrer avec allure et distinction une analyse à l'ambiance envoûtante et mystérieuse.

C'est pourquoi et malgré la véracité de l'apport théorique et historique apportée et en prenant en compte la période antérieure esquissée, nul doute que l'historien redore la figure de la sorcière avec style et réussite. Sans en réaliser l'image moderne que nous connaissons tous maintenant – quoi que encore assez injustement diabolisée dans certains pays et autres sociétés sectaires -, ce dernier dévoile un émouvant et vivifiant portrait de ce que sont ces femmes savantes et libres. Plus que la sorcière, Jules Michelet décortique finalement la place et l'évolution de la femme au sein du monde et ce, de l'antiquité à la révolution française. C'est un des aspects qui m'a le plus convaincu même si son dessin se veut parfois fortement axé et influencé selon les moeurs de l'époque il n'en est pas moins salvateur envers cette population opprimée depuis l'ascension de l'église et dont sa critique se veut fortement tranchante. L'auteur n'hésite nullement à dévoiler au grand jour les failles et autres problématiques liées au domaine ecclésial et son sytème et dont, malgré la dimension assez pieuse de la Sorcière, cet aspect m'a semblé des plus saisissant.

Ainsi et si je passe outre les défauts de cette oeuvre, je ne peux nier avoir apprécié cet exercice de lecture. J'ai découvert à travers cet essai, une analyse passionnée et passionnante quant à un épisode marquant de notre histoire. Bien que le discours de Jules Michelet puisse parfois raisonné daté et alambiqué, je n'ai pu être insensible à la rédemption qu'il apporte avec ferveur aux femmes persécutées dans le seul but de mettre en place le système religieux qui gouverne encore certaines visions de notre monde actuel.
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Un texte assez original, à mi chemin entre le roman et l'essai, qui se découpe en deux parties.

L'auteur va ici nous parler des sorcières, sont elles nées ainsi ou sont elles le fruit de l'évolution de l'occident.

On va suivre ici la sorcière, à travers sa vie et à travers les âges, de la fin de l'antiquité tardive à la veille de la révolution.

On y voit la sorcière comme une femme, seule, loin de tout, et surtout des villes.

Dans un cadre de vie incertain, peu d'éducation et un travail difficile, elle garde contact avec la nature, qui la fait vivre, et avec les anciennes croyances païennes, toujours présentes dans les campagnes.

La sorcière grandira et prendra sa place dans la société, souvent appelée au secours des malades, et prenant de plus en plus d'importance, jusqu'à en devenir gênante.

La seconde partie de l'ouvrage est censée reprendre et expliquer des cas de sorcellerie à travers les âges.

Cependant celle ci ne m'a pas convaincu. J'ai trouvé qu'elle prenait plus la forme d'une attaque directe envers l'Eglise, la sorcellerie prenant un aspect secondaire, quand elle est évoquée.

Une lecture en demi teinte donc, dont la première partie pourra intéresser tout curieux désirant en apprendre plus sur les sorcières.
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Chelou chelou mon vieux minou ce livre historique. Genre j'sais pas quoi en penser t'as vu ?

J'veux dire, quand on le lit aujourd'hui on trouve ça triste ce regard porté sur l'image de la Femme, que Michelet fragilise et idéalise un peu si tu veux mon avis. Mais quand même quand tu réfléchis bien, ce texte a été écrit en 1862 et impose pour la première fois (j'dis ça j'en sais rien, je suis pas historien) une vision courageuse et qui prend la défense des "sorcières" qui ont vécues (avant d'être brûlées) au Moyen-Âge et un peu après.

On va pas dire que c'est un texte féministe pour choquer personne mais .. mais tu sens les prémices de quelque chose. Alors ça le fait un peu.

Après Michelet voit le Moyen-Âge comme une période très sombre et culturellement pauvre, ce qui sous certains aspects peut paraitre vrai mais moi j'suis pas tellement d'accord sauf que c'est pas le propos alors j'dis rien. En plus Michelet il est mort alors j'peux pu l'emmerder ni rien.

Le parti pris de vouloir défoncer l'Eglise et de la contribution de cette dernière dans le fait d'avoir fait baisser la population féminine en les foutant au bûcher est un peu jubilatoire (et ça peut faire écho à pas mal de situations d'aujourd'hui, même si les bûchers ont été remplacé et que la Chasse aux sorcières a évolué (j'avoue ça veut pas dire moins dégueu pour autant).

Un Michelet presque féministe, anti-clérical, qui raconte avec un certain talent, une plume littéraire, une révolte qui prend aux tripes, qui donne envie de crier en pliant son bouquin "putain mais c'est pas possible !!!????".

Exemple, moi je savais pas que les filles dont on disaient qu'elles avaient été "prises" par Satan (ou n'importe quel démon vu que la mythologie de l'époque en est friande, pouvaient être "purifiée" par un mec d'Eglise.
Et quand je dis purifier, c'est pas seulement par les flammes. Nan, les guillements c'était pour pas dire qu'ils les violaient par volonté de les laver de tous pêchés.

What the fuck France ?

Bon et t'as aussi un palmarès des villes d'Europe et de France, avec un triste score pour toutes, une véritable boucherie qui a eu un impact considérable sur la démographie de l'époque.

Voilà, moi j'en parle avec mes mots. Comme c'est un peu confus et que y'a plein de notes j'ai eu un peu de mal à comprendre le texte (faut avoir des notions en histoire médiévale et moderne à mon avis, parce que y'a des personnages tu sais même pas de qui il parle, mais genre tout le monde doit connaitre t'sais).

J'vais pas te dire qu'il faut que tu sautes dessus, faut vraiment avoir envie de bouffer des choses crues. D'un point de vue historique c'est intéressant. Moi je voulais juste apprendre à voler sur un balais. Tant pis, j'aurai appris d'autres trucs.

(MAIS J'AI KIFFÉ HEIN)

Bon minou, je crois qu'on est plus dans le Kansas,
Salut !
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Il y a longtemps que je voulais lire La Sorcière de Michelet. En khâgne, j'avais lu un extrait de cet essai historique et j'avais été surprise par son écriture au souffle épique et poétique. Dans cet ouvrage, Michelet retrace le parcours misérable de la femme pour montrer que la sorcière est le résultat d'une époque et des souffrances subies par le peuple. La sorcière est l'expression du désespoir du peuple mais aussi et surtout l'expression des inégalités et violences faites aux femmes. Michelet dessine la frêle silhouette de la femme au Moyen Âge, lorsqu'elle n'était qu'un objet dont le serf et le seigneur du château s'amusaient et possédaient à leur guise, puis le trait se durcit et celle qui était une victime devient une femme, peuplant les bois, et prête à inquiéter par des pouvoirs mystérieux celles et ceux qui l'ont fait souffrir. L'historien retrace l'histoire de la naissance de la sorcière dans la première partie et dans la seconde, il revient sur plusieurs cas de sorcellerie qui se sont déroulés en France aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ces cas, très ressemblants et donc répétitifs pour le lecteur, mêlent sorcellerie et chrétienté puisqu'ils mettent en scène des hommes d'église dévergondés et manipulateurs accusés de sorcellerie et se défendant en dénonçant les femmes séduites comme des sorcières. Ces cas permettent surtout à l'auteur d'exprimer son anticléricalisme.
Cet essai historique, sous la forme d'un long poème épique, m'a laissé un sentiment mitigé. L'écriture de Michelet est magnifique et certaines pages sont d'une beauté poétique incroyable mais certains passages m'ont semblé répétitifs et parfois même confus.
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Intéressant pour se figurer quelle pouvait être la condition de la femme au Moyen-âge. Il semble que Jules ait manqué d'objectivité mais un protoféminisme sous la plume d'un homme au début du 19è, ça fait plaisir. Pour rajouter au scandale de l'église et plaider en faveur du mariage des prêtres, on trouvera aussi beaucoup de matière.
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J'ai lu du 18/09/2020 au 07/10/2020.

J'ai lu ce livre dans le cadre de mes études. Je ne connaissais pas ce livre auparavant.
En tout cas, ce livre m'a semblé étrange car il s'agit d'un essai historique (avec des sources, des preuves comme le prouve Michelet à moult reprises). Cependant, nous avons l'impression de lire un roman plutôt.
Je suis assez fascinée sur la façon d'avoir traité le sujet. On peut considérer que c'est féministe mais c'est un peu fort car il faut replacer le contexte mais j'ai beaucoup la façon d'avoir relaté l'histoire de la figure de la sorcière ou plutôt de la femme persécutée.
Par ailleurs, on remarque aussi une évolution de l'Histoire à travers ce livre et si on compare à notre époque. de nos jours, les historiens doivent être le plus objectifs possibles. Contrairement à nous, Michelet n'hésite pas à donner son avis, montrer de l'ironie face aux institutions religieuses, etc.

Pour conclure, j'ai passé un excellent moment en le lisant même si je trouve un peu barbant, cela n'enlève pas la richesse de ce livre.

Ma note : 7/10
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Voici un texte étrange et pas forcément facile à lire... mais très intéressant!

Cet essai est parfois raconté comme un roman, parfois comme une thèse. historien du XIXème siècle, Jules Michelet nous parle ici de la représentation de la sorcière du Moyen-Age à la fin du XVIIIème siècle, nous livre ses convictions sur ce qui a entraîne une telle chasse au sorcières, une telle violence, pendant autant de temps. Il nous parle de sorcière, et par là même de la femme telle qu'elle est considérée à cette époque, sur le comment et la pourquoi une femme devient elle une sorcière.

Livre longtemps censuré, La sorcière nous dresse le portrait d'une époque. elle nous dresse portrait de croyances et de représentations mais aussi de folie, de répression et détaille plusieurs grands procès de sorcellerie.

Ce n'est pas facile à lire et j'ai dû m'accrocher, surtout dans la deuxième partie, pour ne pas refermer ce livre que je tenais à terminer. Livre de révolte contre l'obscurantisme religieux, contre la manière dont l'homme a considéré et traité la femme, La sorcière a un côté lyrique qui se mêle au côté historien, un côté poétique qui se mêle à l'analyse.

Une lecture qui interpelle.

Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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La sorcière de Jules Michelet, de personnage historique devient personnage de roman sous sa plume légère, fluide... envoûtante.

Dans ses précédents ouvrages, l'auteur avait flétri la sorcellerie, qu'il définissait comme « la reprise de l'orgie païenne par le peuple ». Dans ce livre, il considère au contraire la sorcellerie comme la révolte populaire et naïve de la nature humaine contre les épouvantes et les oppressions du Moyen Âge. Michelet va jusqu'à montrer, dans les bizarres mystères célébrés en l'honneur de Satan sous le nom de messes noires, un des éléments qui ont contribué au réveil des sciences et de la philosophie.
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'histoire, le romantisme, la sensualité, la révolte, une grosse touche de féminisme, l'écriture de Michelet - mixez - dégustez à longues goulées
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