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Pas un gramme d'édulcorant dans ce roman radical qui nous plonge direct dans le quotidien infernal d'une femme, ivre du matin au soir, 7 jours sur 7. C'est brut, sans aucune tentative psychologisante à la Marie-Claire pour expliquer pourquoi cette mère de famille, vivant dans un confort tout bourgeois, intégrée au monde du travail comme rédactrice d'articles pour un magazine ( pas Marie-Claire hein, mais pas loin ), a basculé dans à un stade ultime d'alcoolisme.

Du coup tu te débrouilles avec tes émotions, qui, pour ma part, ont beaucoup oscillé entre agacement - tant il est horripilant de voir l'héroïne s'enfoncer et commettre erreur sur erreur, toujours les mêmes, sans issue – et pitié. J'aurais sans doute aimé ressentir de l'empathie pour elle, mais rien, difficile de m'émouvoir, sans que je sache si c'est lié à moi qui est eu le coeur un poil sec ou une volonté de l'auteur. Un peu comme si je regardais le délitement de la vie de cette femme de loin, en entomologiste, sans vraiment me sentir concernée.

Ce qui est sûr en revanche, c'est que l'auteur maitrise parfaitement son récit, et c'est un tour de force stylistique que de réussir le monologue quasi schizophrénique de son personnage principal, plusieurs voix sortent de sa bouche ou de son cerveau, sans répit. Car en fait, ce n'est pas un roman sur l'alcoolisme ordinaire, là on est bien au-delà, c'est plutôt à un glissement vers la folie auquel on assiste, c'est la psychose et la paranoïa qui engloutit la narratrice sous les yeux impuissants de son fils ou de sa voisine.

Une lecture assez éprouvante bien que le roman ne fasse que 160 pages.

Je profite de cette chronique pour évoquer mon plaisir à avoir découvert la maison d'édition. Noir sur Blanc. le graphisme de la couverture est moderne et épurée, très réussi, et la qualité du papier vraiment remarquable.

Lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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État d'ivresse relate l'histoire d'une femme au fond du trou. Pas au bord du gouffre mais enfermée six pieds sous terre dans un état chronique d'ivresse à haut degré d'alcoolémie. Enfermée dans une réalité parallèle, elle raconte mille et une histoires à tomber debout. Seule avec son fils de 17 ans, son mari est souvent absent suite à des déplacements professionnels. Elle boit, cache ses bouteilles dans la cave, remplit les bouteilles de lait d'alcool, elle boit puis elle ment, elle boit puis s'embrouille avec son fils, elle boit puis s'endort dans son vomi.
Le sujet de l'alcoolisme est un sujet grave qui ne peut être traité et pris en charge que si la personne concernée admet son problème. Il est bien courant d'entendre un alcoolique crier qu'il n'a aucun problème avec l'alcool. C'est dans ce contexte que s'enlise la narratrice inconsciente de son problème ni du désastre qui s'abat sur elle et son entourage puisque toute sa vie s'étiole et s'évapore dans les relants de ses gorgées brûlantes. Une réalité parallèle pour l'alcoolique où c'est l'entourage qui trime et se désagrège. Une réalité faite de leurres, de mensonges, de paranoïa, de cris, de douleurs.

Nous sommes dans ce roman immergés dans la fournaise de la narratrice ivre du matin au soir. À côté de cette immersion, je relève plusieurs bémols comme le fait que jamais nous n'apprendrons le pourquoi de cet alcoolisme, nous n'aurons jamais non plus une lucidité sommaire sur cette réalité tortueuse et dévastatrice.
On tourne en huit clos dans la tête de la narratrice qui vit entre ses gorgées d'alcool et ses délires. Il m'aura manqué la lumière, le bout du tunnel, et quelques moments de lucidité où on finit par se rendre compte que quelque chose cloche...

Un récit très évasif sur un état d'ivresse qui n'apportera pas à mon sens, réponses et encouragements aux personnes concernées de près ou de loin par ce terrible fléau qu'est l'alcoolisme.

#Merci à NetGalley France pour l’envoi de ce roman.#
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Elle s'enivre, entend des voix, se pense persécutée. Il lui arrive même de s'en prendre à son fils de dix-sept ans. Elle est en état d'ivresse permanent et personne ne sait d'où lui vient cette volonté de se détruire et d'abîmer ceux qu'elle aime. Tout ce que l'on voit c'est une longue descente aux enfers d'une femme plutôt favorisée — même si elle attend un mari toujours absent — étant mère, journaliste et d'un milieu aisé.

Ces quelques jours dans la tête d'une femme alcoolique sont saisissants. Parfaitement décrits par Denis Michelis sont l'obsession de se procurer l'alcool, de le dissimuler et de boire en cachette qui envahit toute l'espace mental de la malade, au détriment de toute autre considération, et au plus fort de l'addiction, avec les mensonges et la folie paranoïaque qui la désocialisent, le processus effrayant d'enfermement et de destruction qui peut aller jusqu'à l'ultime fin.

« Des falaises aux arêtes aiguisées comme des couteaux s'enfonçant dans mes pieds nus. Je ne veux pas avancer. En contrebas, le fracas des vagues, assourdissant, je les imagine grandes, noires, toutes dentelées de mousse. Tremblante, je parviens à reculer d'un pas, mais je sens le souffle de l'ombre sur ma nuque. Si tu sautes, me dit-elle, ce sera plus simple pour tout le monde. »

#ÉtatDivresse #NetGalleyFrance
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"Etat d'ivresse" ou une semaine de la vie d'une femme alcoolique. Ou un peu plus ou un peu moins, elle ne se souvient pas. Et après tout, qu'importe. La vie? Une femme? La vie de la narratrice, imbibée chronique, qui ne quitte jamais sa robe de chambre, ni son verre tulipe, ni sa maison, sauf pour aller refaire le plein de sancerre et de vodka au supermarché, si nécessaire au volant de sa voiture (enfin, celle de la voisine, empruntée au prix d'un mensonge éhonté). La vie d'une femme, une épave, naufragée de la bouteille, qui pourtant a une famille et un boulot. Enfin, si on veut: le mari est très souvent absent, le fils de 17 ans méprise sa mère et fuit chez ses copains dès qu'il en a l'occasion. Quant au travail, elle écrit de vagues articles pour une revue de psychologie, depuis son domicile et sa connexion internet, sans mettre un orteil sur le terrain, pour un patron qu'elle n'a jamais rencontré. Rédiger des articles de développement personnel quand on vit cloîtrée chez soi et qu'on respire en permanence des vapeurs d'alcool plutôt que la joie de vivre, avouez que c'est assez paradoxal.
On ne sait ni quand ni pourquoi cette femme a commencé à sombrer, mais on comprend très vite qu'elle ne cherche pas à s'en sortir, et semble se complaire dans sa soûlerie perpétuelle. "On dit que l'espoir fait vivre, alors que c'est tout le contraire. L'espoir nous épuise, il nous ronge de l'intérieur, à cause de lui sans cesse nous scrutons l'obscurité à la recherche de lumière, nous tendons les mains, nous crions à l'aide". Mais crie-t-elle vraiment à l'aide? Son seul remède à la souffrance, c'est l'alcool, encore et toujours. Perdue sur son île déserte au milieu d'un océan éthylique, elle préfère se noyer dans sa dernière bouteille de cognac plutôt que d'y mettre un message et la balancer à la mer. Dans ces conditions, difficile d'éprouver de la compassion pour un tel personnage, qui ment, délire, s'aveugle, oublie, s'oublie, vomit, se vomit, se vautre dans la paranoïa et l'auto-apitoiement, se donne en spectacle sous les yeux de son fils, qui ne peut que s'éloigner de cette mère de plus en plus indigne.
Un texte court, avalé cul sec en quelques heures, qui raconte l'effondrement au quotidien d'une femme qui trinque dans la spirale du couple infernal alcool-solitude, dont les ravages sont parfaitement décrits. Le constat amer, brut et sec (sans glace) d'un terrible gâchis.
En partenariat avec les éditions Noir sur Blanc via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Quelques jours dans la vie d'une femme, quelques jours dans la tête d'une alcoolique. Quelques jours qui suffisent pour entrevoir le désespoir, la noirceur du monde dans les vapeurs délétères de l'éthylisme. La terre chancelle sous les pieds et tout finit par s'écrouler, lentement au ralenti mais inéluctablement.

Cette mère de famille coincée en elle-même, incapable d'aller plus loin que le supermarché de peur de manquer de "carburant", de peur de se perdre voit son monde réduit à son domicile dont elle n'arrive même plus a cerner les limites. C'est à peine levée qu'elle commence sa consommation qui l'emmène toujours plus loin dans ses délires paranoïaques et finit par nuire en profondeur aux relations qu'elles tentent de maintenir avec son fils ou encore son mari. Alors qu'elle s'enfonce dans le déni et les mensonges, elle ne maitrise plus ses sens et la réalité lui échappe laissant son entourage dans la détresse et l'incompréhension. La violence est toujours omniprésente comme une révolte qui ne peut aboutir, une nécessite autodestructrice.

Dans cette escalade progressive on a du mal a envisager autre chose que le drame.

Ce livre décortique, ausculte la maladie et son impacte sur la personnalité, les répercutions physiques, cognitives et sociales de l'alcoolisme. J'ai particulièrement apprécié la méthode narrative du monologue intérieur utilisée par l'auteur qui témoigne de l'enfermement et du délire.
L'auteur le rappelle et il faut le dire, l'alcoolisme est bien une maladie stigmatisante qui rejette et exclut celui qui en souffre de son environnement social, transformant à un tel point la réalité qu'elle finit par empêcher le regard autocritique et mène à l'aveuglement.
Pour sa précision et son réalisme sur le sujet, c'est un livre qui, à mon sens va au-delà de l'intérêt littéraire.

Je remercie Babelio et les éditions Noir sur Blanc qui offrent un livre agréable au toucher, sensuel, et à la belle qualité de papier. Car on a parfois tendance à oublier de dire que le plaisir de la lecture passe aussi par le support utilisé. C'est pour ma part très important et c'est pour cette raison que je n'ai jamais réussi à passer aux versions numériques.
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Dès la première page je suis rentrée dans la vie de cette femme, ou plutôt dans son cerveau embrumé par l'alcool. Désorientée dès le matin, ses journées passent dans la recherche d'équilibre pour la recherche des bouteilles d'alcool et une petite voix qui lui parle. Elle se raconte des histoires, nie son état et ne cherche absolument pas à s'en sortir. Sa vie, pourtant tourne autour de son fils, cet adolescent inquiet pour sa mère. Il lui demande des comptes, en vain, essaie de la raisonner, fait les courses et prépare à manger. Mais surtout il fuit la maison, il fuit sa mère, dort chez ses amis et en l'absence de son père, la responsabilité de surveiller et veiller sur sa mère est bien trop lourde pour lui. Cette mère qui passe ses journées en robe de chambre, sans se laver, devant son verre tulipe ou sa bouteille de lait remplie d'alcool. Elle surveille sa voisine aussi, son ancienne amie, presque du harcèlement. Elle lui emprunte sa voiture, pourtant, mentant au sujet de son fils et partant s'acheter des munitions, pardon je voulais dire de l'alcool au supermarché. Pourtant elle n'a plus de permis de conduire. Son mari lui a pris la voiture. Elle ment, s'enfonce encore plus au fond du gouffre, se fâche quand on lui parle de sa dépendance et je pense volontiers qu'elle pourrait devenir violente. Elle se noie dans l'alcool comme elle essaye de se noyer dans sa baignoire, les rares fois où son fils lui donne l'ordre de se laver.

Que s'est-il passé dans la vie de cette femme qui avait tout pour être heureuse ? Est-ce une farce de la vie de devenir alcoolique alors que son métier est de rédiger des articles sur le bien-être dans un magazine de psychologie ?

Entre deux pensées avinées, cette femmes nous donne des pistes, pense que son mari va habiter chez la voisine avec son fils, nous parle du jour où tout a basculé et pense que nos existences ne basculent pas mais se délitent peu à peu, qu'il n'y a ni avant ni après. Elle se dit aussi que l'espoir épuise, qu'il nous ronge de l'intérieur.

L'auteur brouille les pistes brillamment , attaque la maternité, la filiation, la famille, le couple, la femme, impossible de démêler le vrai du faux, les pensées de cette femme et la réalité.

J'ai manqué d'air et d'équilibre avec cette femme et malgré tous les mensonges et les horreurs de sa vie, j'ai compatis. Il ya l'alcoolisme pour arrêter le temps et le réel, il y a l'alcoolisme comme une fin, un suicide. L'alcoolisme est reconnue comme une maladie. La vision de l'intérieur est terrible. À lire d'une traite.

Merci à Babelio Masse Critique et les Editions Noir sur Blanc pour cet état d'exaltation où l'être est comme transporté hors de lui et du monde.


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Comment se préserver du regard des autres et de leur jugement lorsque l'on se retrouve à boire du matin au soir ? En se cachant, en vidant le contenu d'une bouteille de Pouilly fumé dans une bouteille de lait, en dissimulant l'alcool à la cave, sous l'évier, parmi les produits ménagers et les éponges.
L'héroïne du roman de Denis Michelis boit verre après verre, n'importe quel alcool fait l'affaire.
Comment en est-elle arrivée à ce point de déchéance ?
Journaliste pour un magazine de bien-être, mariée, mère d'un ado, sa vie n'est ni meilleure ni pire que celle de la plupart des femmes.

Denis Michelis s'empare avec « Etat d'ivresse » d'un sujet tabou, ô combien douloureux, l'alcoolisme féminin.
J'ai apprécié l'écriture et la finesse d'analyse du caractère de son personnage.
Il a su trouver les mots pour dire la souffrance, le manque, la honte.
L'auteur explique, expose les faits sans porter de jugement, c'est ce qui fait la force de ce texte bouleversant.

Merci à NetGalley et aux Editions Noir sur Blanc.
#ÉtatDivresse #NetGalleyFrance


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Les cordonniers sont les plus mal chaussés. Comme cette femme qui va très mal, alors qu'elle rédige des articles et conseils 'bien-être' pour un magazine Psycho. Cette Cendrillon, qui rappelle celle de Téléphone pour la splendeur enfuie, a perdu ses pantoufles de vair depuis un moment.

Mal dans sa ville, mal dans son couple, mal dans sa famille, mal dans sa tête, elle tient en buvant. Beaucoup.
En fait, non, l'alcool ne la fait pas tenir mais dégringoler encore plus bas.
On ne compte plus en verres, mais en bouteilles, et tout se mélange : vin, apéro, bière, alcool fort. Elle n'a pas encore attaqué les flacons de parfum.
Elle planque ses réserves, comme si ses proches étaient dupes, ne recule devant aucun subterfuge lorsqu'elle est à court, se déchire la tête, s'endort sur place, ou tombe, se blesse, dort rarement dans son lit, vomit, se relève... et repart pour une tournée. Jour et nuit se confondent.
Elle est parano, en veut à la terre entière, à commencer par son adorable fils de dix-sept ans et son mari trop absent.

Denis Michelis dresse le portrait bouleversant d'une femme au fond du gouffre. En détresse, elle délire, devient méchante, injuste, impitoyable, de mauvaise foi - et ressemble en cela à 'La femme au téléphone' de Carole Fives, en pire.
Je connais quelques alcooliques, hommes, femmes. Je croyais avoir un aperçu de leurs difficultés. Cette description dépasse tout ce que j'ai pu imaginer.
On se pose évidemment la question du 'choix' de cette auto-médication, où le remède est pire que le mal et ne fait que l'aggraver.
Pourquoi/comment cette spirale-là ? Dépression, solitude et ennui qui s'auto-entretiennent ? Facilité d'accès de ce psychotrope en vente libre ?
Face à cette dégringolade, cette coulée de lave qui menace d'emporter les proches, on s'étonne aussi de la résistance humaine, et de l'acharnement à survivre.

Portrait terrifiant et bouleversant d'un séjour en enfer - où l'enfer, c'est pas les autres, mais soi-même...
Le talent de cet auteur m'avait déjà impressionnée et touchée lorsque j'ai découvert 'La chance que tu as'.

• Merci à Babelio et aux éditions Notabilia.
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♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=_GCxnoNq74U
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« Etat d'ivresse » est signé par l'écrivain Denis Michelis. C'est son troisième roman à paraître aux éditions Noir sur Blanc. Ne faisons pas durer plus longtemps le mystère autour de la qualité de ce livre, « Etat d'ivresse » est un très bon roman qui débute telle une peinture sociale sur la réalité d'un mal profond et lancinant : l'alcoolisme. On adopte le point de vue d'une femme souffrant de ce cancer de l'âme et qui s'abime dans les affres de l'alcool, s'étourdissant pour mieux se détruire. Vous allez me dire, encore un livre sur ce sujet.. Je vous répondrais que l'originalité de l'ouvrage de Denis Michelis n'est pas celle de se plonger dans l'esprit, l'intimité d'une personne dépendante de l'alcool car d'autres l'on déjà fait. Mais bien plutôt, après un début somme toute assez conventionnel, de faire basculer, peu à peu, son récit, celui de notre narratrice dans la folie, la paranoïa, la psychose. Son fils est lycéen et il tente de se sauver au milieu de ce drame de l'intime. Son père est absent et puis il y a cette voisine, une amie ou plutôt une « ancienne » amie. Peu à peu, brique après brique un mur s'élève entre le monde de notre narratrice et celui de son fils, de son mari, de son travail de journaliste.. Sans artifice mais aussi sans complaisance, Denis Michelis dresse le portrait saisissant d'une folie au quotidien, de celle qui vous font sombrer, vaciller aussi sûrement que d'autres formes de dépendance. Pas de « drogue » ici mais ce monstre affreux, hideux qui vous foudroie du regard lorsque vous vous regardez dans un miroir.. et qui vous répète en boucle dans votre esprit que la bataille est perdue d'avance, que l'hydre à plusieurs têtes a vaincu ! Sans jamais tomber dans le sordide ou le simple fait divers, Denis Michelis instaure un climat troublant, presque kafkaïen où la folie se niche dans les moindres subreptices, les moindres pores de la peau. On plonge tête la première dans cet enfer et on en ressort bouleversé. le style d'écriture ciselé achève le tout et donne à ce livre de Denis Michelis un cachet certain. Une réussite.
Je remercie chaleureusement, l'auteur Denis Michelis, merci également aux éditions Noir Sur Blanc ainsi qu'à la Masse critique privilégiée et Babelio pour ce très beau moment de lecture !
Lien : https://thedude524.com/2019/..
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Enfin une inégalité entre les hommes et les femmes en baisse. le problème, c'est qu'il s'agit de la consommation d'alcool. Les femmes boivent plus régulièrement et en plus grandes quantités qu'autrefois. « État d'ivresse » brosse le portrait d'une de ces femmes qui a sombré dans l'alcoolisme. La narratrice a pourtant un bon niveau social : mariée, mère d'un garçon de dix-sept ans, résidant dans un pavillon en bordure de forêt, elle exerce la profession de journaliste. On ignore ce qui a causé cette dépendance. Boit-elle pour évacuer des pensées pénibles ? Pour s'évader de sa routine ? Peut-être cherche-t-elle à noyer sa solitude. Son mari fait de nombreux déplacements professionnels qui l'éloignent de leur domicile. Elle travaille chez elle et ses rares contacts professionnels se font par mail ou par téléphone. Elle ne sort pas de chez elle si ce n'est pour s'acheter de nouvelles bouteilles. Elle n'a pas d'amis. Mais on peine à deviner si c'est son alcoolisme qui l'a isolée, ou si c'est l'isolement qui l'a fait sombrer. Elle s'enfonce dans sa maladie, négligeant son travail, ses responsabilités et ses tâches ménagères. Son fils est témoin de sa déchéance et le reflet qu'il lui renvoie est si détestable qu'elle lui réserve ses pensées les plus amères. Elle met en place des stratagèmes pour boire en cachette et atténuer sa responsabilité. Denis Michelis parvient à recréer l'univers de mensonges d'un alcoolique. Sa protagoniste s'enferme progressivement dans ses mystifications qui s'approche du délire paranoïaque. A la différence d'une Gervaise Macquart, on peine à la plaindre, à éprouver de l'empathie. Et pourtant, elle souffre bien d'une maladie…
Ce monologue alcoolique composé de paragraphes abrupts m'a semblé cru et par conséquent d'une grande justesse. Une lecture éprouvante mais utile sur une maladie cachée.

Merci à NetGalley et aux Editions Noir sur Blanc pour ce partenariat.
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