Citations sur L'Affaire Aurore S. (10)
Car l’aurore, c’est l’aube de demain, une renaissance à venir, une nouvelle espérance de lumière pour dissiper la nuit dans laquelle tu pensais pouvoir t’éloigner.
Le bonheur des autres vous détruit à coup sûr quand vous avez perdu le vôtre.
Wermer leva les yeux au ciel.
— À votre âge, vous devriez cesser de croire aux fées, aux princesses et aux grandes histoires d’amour. Il serait temps de grandir et de faire la différence entre vos romans et la vraie vie ! Votre maîtresse vous a plaqué, parce que ça devenait sérieux, point barre ! Allons, secouez-vous !
Elle le fixa alors, droit dans les yeux.
— Vous êtes au courant de ce qui se passe actuellement dans la forêt de Rambouillet ?
À ses yeux, elle sut qu’il ignorait tout de leur affaire. Elle continua.
— La Bête, ça ne vous dit rien ?
Il fronça les sourcils.
— Quelle bête ? De quoi parlez-vous ?
En conclusion, rien n’allait dans cette histoire de rupture si brutale. Comment une femme folle amoureuse pouvait-elle passer des mots tendres et d’un amour authentique, à l’indifférence la plus totale, au silence méprisant, en seulement seize heures et neuf minutes ? Cela dépassait son entendement et il refusait de l’admettre, surtout d’une femme comme Aurore.
— J’espère que ça vaut le coup, si vous sucrez mes congés ?
Le divisionnaire acquiesça.
— Rambouillet. La Bête. Sept jeunes femmes éventrées, même mode opératoire. Est-ce que ça vous console ?
Après deux bises chaleureuses, elle l’examina, des pieds à la tête.
— Heu, tu prépares le championnat du monde des haricots verts extra-fin ou quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Tu es maigre comme un clou. Tu n’es pas malade au moins ?
Elle prit le téléphone et mima la scène, avec un ton très théâtral.
— Vous comprenez, monsieur Mercier, elle ressemble aux huit victimes de la Bête et on pense qu’elle s’est fait éventrer. Oh, elle doit être pendue quelque part, en train de pourrir, car on ne l’a pas encore retrouvée. On voudrait vérifier, vous nous donnez ses coordonnées, s’il vous plaît ?
Ses collègues lui demandaient régulièrement où il allait chercher toutes ses idées, comment il pouvait écrire autant de textes et surtout, ce qu’il faisait pour réussir à préserver un semblant de vie. Il éludait les questions et restait toujours évasif, tant sur ses naufrages sentimentaux que sur le vide social et relationnel qu’il avait volontairement choisi d’entretenir.
Qui aurait pu comprendre qu’en écrivant des pans de sa vie, en les jetant en pâture aux lecteurs, il libérait ses fantômes pour exorciser un passé trop lourd à porter ainsi que des blessures béantes qui ne se fermeraient jamais ?
Ils s’arrêtèrent devant la camionnette de l’IRCGN7 où elle demanda une paire de gants. Le technicien la lui tendit sans un mot et poursuivit l’étiquetage de ses prélèvements, visiblement très concentré. Sandrine l’interpella.
— Excusez-moi, c’est vous le responsable ?
Il la fixa, le regard neutre.
— Affirmatif.
— Je veux la toxico et tous les résultats dans les 48 heures.
Le Gendarme grimaça.
— C’est délicat… Heu… Vous êtes ?
— Capitaine Wermer, de la Crim. Vous avez deux jours, pas une heure de plus.