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Que j'aime la prose des premiers livres de Hubert Mingarelli qui nous a quitté, il y a un an ! Quatre soldats, comme son titre l'indique, plus un enfant, tentent de survivre à l'ennui, à la faim et à l'isolement de soi en 1919, en Russie. Des choses insignifiantes comme un étang, des cigarettes, des dés, de l'attention et qui, dans ce contexte, sera une nécessité vitale.
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Dans cette année de commémoration de la Grande Guerre, j'ai exhumé des oubliettes de ma PAL, ce petit livre de Hubert Mingarelli (Prix Medicis 2003) qui prend pour cadre le conflit soviéto-polonais de 1919/1921, concernant les nouvelles frontières définies par le Traité de Versailles.

Avec une précision d'horloger, doublée d'une grande économie de mots et de faits, l'auteur nous offre un véritable carnet de soldat, le journal de bord d'une bande de trouffions dépenaillés, entre corvées de réquisition alimentaire, combat contre le froid, contre la crasse, contre le manque de cigarettes et de thé et la hantise des opérations militaires.

Des hommes simples de l'Armée Rouge, aux phrases laconiques, qui se chahutent, se bousculent, s'entraident, jouent aux dés, profitent de la tranquillité d'un lac dans les périodes de repos, bizutent un jeune bleu qui les fascine par son savoir.

C'est une chronique monotone mais magnifique sur la solidarité et la fraternité. Un style très particulier que l'on retrouve dans Un repas en hiver paru en 2012, une plume personnelle qui dit tout avec une belle simplicité stylistique.
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1919. La vie au quotidien de quatre soldats de l'armée russe. D'ailleurs, lls pourraient appartenir à n'importe quel bataillon, l'intérêt du livre n'est pas là. Mingarelli se fait l'observateur d'hommes qui sont là par obligations, ils sont avares de paroles, de sentiments, ils passent leur temps à passer le temps. On sent la peur tapie dans un coin de leur crâne, mais que faire d'autre. Et puis, arrive un jeune soldat qui apporte un plus au groupe, le jeune Evdokim sait lire et écrit des notes dans un carnet. Il va devenir le passeur de mots de ces camarades.
Il ne se passe quasiment rien dans le roman de Mingarelli, et c'est là toute sa force aussi paradoxalement que cela puisse paraitre. Car cette immersion dans un groupe d'hommes oubliés par l'histoire est la représentation de millions de soldats que la mort fauche dans des combats absurdes et qui disparaissent à jamais comme si leur destinée était de servir de chair à canon. Mingarelli dans une grande économie de mots, montre ce quotidien ou la menace est sous-jacente prête à exploser à tout moment. L'écriture est nette, précise, épurée, les non-dits en disent aussi long que le langage rustre de ces hommes plongés dans l'absurde. L'amitié est là, Pas besoin de longs discours pour la voir, la sentir. Mingarelli réussit son roman car il ne s'écarte jamais de la ligne qu'il s'est défini. Rendre hommage aux anonymes, aux sans-grades avec ce qu'il faut de retenue et de respect. Prix Médicis mérité à mon avis ( ce qui n'est pas toujours le cas des prix).
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Hubert Mingarelli a décrit l'art d'être soldat :
Le soldat attend, s'il peut le mieux possible , il vaut mieux qu'il soit sociable pour pouvoir vivre en collectivité, avec des compagnons qu'il n'a pas choisi.
Le soldat ne sait pas pour quelle Grande Histoire il s'est enrôlé.
Le soldat ne connait pas la stratégie du quartier général.
Enfin le soldat passe de l'état d'attente à celle de mort.ou de nouveau d'attente...
Il n'y a pas dans le livre de haine explicite de l'armée , ni de la guerre, Hubert Mingarelli laisse le choix au lecteur ce qui permet d'ouvrir un débat.
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Une écriture lapidaire pour décrire, de quatre soldats, la vie ordinaire...
L'ordinaire, qui sans arrêt se rapproche d'un futur toujours plus incertain, de la guerre et de la possibilité de la mort. La mort attend. Silencieuse.
Bénia, le narrateur, nous conduit au coeur d'une existence morne et angoissée. En proie à l'amitié.
Kyabine, Pavel, Sifra, puis le gosse Evdokin, apportent à Bénia amusement, chaleur, réconfort et beaucoup de questionnements... Entre eux ? L'amitié, la rigolade et aussi, un collier contenant la photo d'une femme avec lequel ils dorment, chacun leur tour et dans le même ordre, apaisés.
Le gosse Evdokin qui, étant le seul à savoir écrire, consignera dans son carnet des moments que les quatre soldats veulent immortaliser... Ne pas oublier et transmettre.
Une économie de mots pour être au plus près d'un temps qui ne passe pas. Un lieu où il ne se passe rien. Rien d'autre en tout cas qu'une attente, palpable et en filigrane vers la mort...
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Ce roman se passe au tout début de l'existence de l' Armée Rouge. C'est l'hiver ,la compagnie doit attendre le printemps pour combattre. Alors, elle attend, dans la forêt. Quatre soldats se rapprochent dans cette drôle de pause,pour survivre.
Ce livre est celui du lien qui va se créer et les unir à tout jamais. Ce livre est la narration de leur quotidien constitué du partage du peu dont ils disposent matériellement, mais de la totalité de ce qu'ils sont.
Paradoxalement, ce temps, malgré la faim,les privations,le froid,est un moment de grâce car de lui émergera une amitié profonde. de celles qu'on noue lorsqu'on est enfants avec la peur d'être séparés ,mais aussi La promesse de rester toujours amis.
D'ailleurs, ces quatres soldats ,rejoints par un tout jeune homme ,ne me sont jamais apparus comme des hommes et bien moins encore des guerriers. Je n'ai perçu que douceur, sensibilité, poésie et capacité à s'émerveiller des choses simples de la nature,exactement comme des petits enfants .
Cet hiver est comme une parenthèse qui doit être vécue sans penser au moment où elle prendra fin.
Mais elle prend fin et c'est alors que les enfants disparaissent et que les hommes se manifestent.
Cette attente dans la forêt, quand bien même on sait que le temps de la guerre n'est qu'en suspens, m'a rappelé le très beau roman de J.Gracq "Un balcon en forêt ".
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Acquis en 2004 - Relecture avril 2024

Petite Pépite que j'avais depuis longtemps dans ma bibliothèque....Vrai trésor d'émotions d'autant plus fort que l'auteur dans sa narration, reste d'une sobriété absolue...

Quatre soldats en perdition issus de l'Armée Rouge, qui sortent d'une forêt où ils viennent de passer un hiver terrible. Il y a la beauté des scènes muettes : razzias dans les villages, baignades dans un étang, bataille...

Parmi ce groupe, Pavel, le plus déterminé, à l'autorité naturelle, Kyabine, gros ours au coeur tendre, le Monsieur Muscle du groupe toujours serviable..Sifra, compagnon très habile de ses mains mais le " taiseux" de notre fine équipe, et le dernier larron, le narrateur, ayant perdu ses deux parents, s'était décidé à s'engager dans l'armée rouge afin de combattre sur le front roumain....

Texte poignant, bouleversant...qui met au centre la fraternité, l'entraide, la franche camaraderie dans ce monde belliqueux et fou !

Il y a ce gamin,Evdokim, enrôlé volontaire, dont la présence devient très précieuse aux quatre hommes car il écrit quotidiennement dans un petit carnet, il est donc le seul à savoir écrire. Chacun de ses nouveaux compagnons va le solliciter pour écrire et conserver des moments importants qu'ils ont partagés ensemble, gais, émouvants ou simplement amusants....

On constate chaque jour les épreuves invraisemblables qu' ils doivent traverser, dans une déroute et absurdité absolue...Ils tiennent le coup car ils sont ensemble et trouvent des astuces pour se rassurer les uns et les autres..

Des rituels se créent entre eux pour garder courage et espérance, comme celui du prêt à tour de rôle, chaque soir, d'une montre ancienne cassée, mais qui contient une photographie de femme, leur redonnant comme la perspective du retour à une " vie normale", où chacun retrouverait fiancée ou famille aimante...

Tout est bon pour garder l'espoir, coûte
que coûte !

Un très court texte, avec des mots simples, une narration loin de toute sophistication, qui, toutefois, expiment à merveille l'absurdité de toute guerre...tout conflit massacrant des pauvres gens, leur avenir et les complications, lorsqu'ils ont la chance de survivre, de se réadapter à la vie civile...

Cette fiction n'est pas sans me rappeler le texte de Buzzati, " le Désert des tartares"...par certains côtés !
Découverte toute première de cet écrivain avec ce récit singulier et vibrant, ramenant à l'universelle humanité !...

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Belle surprise que ce petit livre d'Hubert Mingarelli. L'histoire de quatre hommes, des soldats russes en 1919 en pleine guerre. Mais de cette guerre, nous en verrons très peu, c'est avant tout une histoire d'amitié, de rencontre entre ces quatre individus, des hommes différents mais qui loin de leurs familles s'en recomposeront une.
Ne cherchez pas d'action, ce roman regroupe des moments de vie, d'attente, de fraternité. Deux cent pages qui pourraient sembler très longues mais qui glissent sous la plume de l'auteur, des mots simples mais émouvants.
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Le récit est simple, presque sans histoire. Sa beauté et sa profondeur viennent probablement d'ailleurs de sa simplicité. Ecrit à la première personne du singulier, il crée de plus une vraie proximité entre le narrateur et et le lecteur.
Un simple soldat évoque un épisode de sa vie, alors qu'il se trouvait en 1919 avec trois compagnons de guerre en Galicie. A ces quatre soldats s'était bientôt joint un enfant rencontré par hasard, un enfant qui sans cesse écrivait sur un carnet.
Ce roman raconte de façon bouleversante une histoire de camaraderie entre des soldats de l'Armée Rouge perdus au milieu d'une guerre dont ils ne savaient plus rien, attendant des ordres qui ne venaient pas. On leur avait dit de se réfugier pendant l'hiver au coeur de la forêt et d'y construire une cabane pour survivre. C'est ce qu'ils avaient fait. On leur avait dit que les combats reprendraient au printemps, mais lesquels, puisqu'il semblait que la jeune Union Soviétique avait signé en 1918 un traité séparé ?
Au printemps donc, les quatre soldats sont sortis de la forêt et, en attendant des consignes totalement hypothétiques, ils ont continué à vivre ensemble, au milieu d'une nature plutôt bienfaisante, notamment au bord d'un étang, un lieu qui évoque à lui seul la pêche, la baignade, la contemplation de la nature, la beauté de l'instant, le goût de la Vie tout simplement.
Quant au jeune "écrivain" que le hasard avait mis sur leur chemin, il va être pour eux une lumière dans le chaos général, car c'est celui qui pouvait mettre des mots sur ce qu'ils avaient vécu.
Un très beau livre sur l'amitié et sur la puissance des mots. Un message intemporel sur l'absurdité de la guerre.
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Quatre soldats de l'Armée rouge en 1919. C'est l'hiver, il faut survivre dans le froid, au milieu de la forêt, avec les moyens du bord. Rassemblés par hasard, ces hommes partagent leur quotidien, un abri de fortune, mettent en commun leurs savoirs-faire, échappent un peu à la solitude et à la peur.

Le lecteur entre d'abord tout doucement dans ces vies, il les entrevoit par quelques zooms sur des instants, des petits rituels. le thé, les dés, les cigarettes, les gentilles boutades, la montre avec laquelle chacun dort à tour de rôle. Très peu d'événements, surtout des moments répétés, routiniers, ceux qui donnent des repères à ces soldats, les rassurent et leur apportent un peu de confort dans le chaos. Autant d'instantanés qui ne font qu'esquisser les protagonistes, et évoquent au lecteur des images, des sensations (le froid, la peur), une atmosphère. Ceci jusqu'à l'arrivée de l'écriture dans l'univers de ces hommes illettrés, qui va donner de l'importance à des petits riens - et qui m'a réveillée.

Impressions post-lecture très difficiles à définir. L'ennui a dominé sur une longue première partie, laissant place trop tardivement à l'émotion. de jolis sentiments - solidarité, respect - entre ces hommes rudes et réservés que rien ne prédisposait à vivre ensemble. de beaux moments émouvants avec le réconfort que procurent la montre (présence maternelle/féminine) et la magie de l'écriture.

Les phrases et les chapitres sont très brefs. La plume est "aérienne" mais paradoxalement pesante (redondante, longtemps insaisissable)… C'est sensible et subtil. Mais on peut garder une impression de superficialité si l'on bute sur le style, ce qui fut mon cas sur les deux premiers tiers.

Je n'ai guère envie de relire cet auteur, j'avais pourtant noté 'Un repas en hiver' au vu des avis positifs sur la blogo et Babelio.
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