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EAN : 9782020631198
208 pages
Seuil (07/05/2004)
  Existe en édition audio
3.78/5   159 notes
Résumé :
Voici une longue nouvelle comme aurait pu en rêver Hemingway, où les circonstances comptent moins que le désarroi moral, les tâtonnements, les dialogues de ces quatre soldats en perdition issus de l'Armée Rouge, qui sortent d'une forêt où ils viennent de passer un hiver terrible. Il y a la beauté des scènes muettes : razzias dans les villages, baignades dans un étang, bataille. Il y a ce gamin, enrôlé volontaire, dont la présence irradie les quatre hommes car il est... >Voir plus
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Dans cette année de commémoration de la Grande Guerre, j'ai exhumé des oubliettes de ma PAL, ce petit livre de Hubert Mingarelli (Prix Medicis 2003) qui prend pour cadre le conflit soviéto-polonais de 1919/1921, concernant les nouvelles frontières définies par le Traité de Versailles.

Avec une précision d'horloger, doublée d'une grande économie de mots et de faits, l'auteur nous offre un véritable carnet de soldat, le journal de bord d'une bande de trouffions dépenaillés, entre corvées de réquisition alimentaire, combat contre le froid, contre la crasse, contre le manque de cigarettes et de thé et la hantise des opérations militaires.

Des hommes simples de l'Armée Rouge, aux phrases laconiques, qui se chahutent, se bousculent, s'entraident, jouent aux dés, profitent de la tranquillité d'un lac dans les périodes de repos, bizutent un jeune bleu qui les fascine par son savoir.

C'est une chronique monotone mais magnifique sur la solidarité et la fraternité. Un style très particulier que l'on retrouve dans Un repas en hiver paru en 2012, une plume personnelle qui dit tout avec une belle simplicité stylistique.
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1919. La vie au quotidien de quatre soldats de l'armée russe. D'ailleurs, lls pourraient appartenir à n'importe quel bataillon, l'intérêt du livre n'est pas là. Mingarelli se fait l'observateur d'hommes qui sont là par obligations, ils sont avares de paroles, de sentiments, ils passent leur temps à passer le temps. On sent la peur tapie dans un coin de leur crâne, mais que faire d'autre. Et puis, arrive un jeune soldat qui apporte un plus au groupe, le jeune Evdokim sait lire et écrit des notes dans un carnet. Il va devenir le passeur de mots de ces camarades.
Il ne se passe quasiment rien dans le roman de Mingarelli, et c'est là toute sa force aussi paradoxalement que cela puisse paraitre. Car cette immersion dans un groupe d'hommes oubliés par l'histoire est la représentation de millions de soldats que la mort fauche dans des combats absurdes et qui disparaissent à jamais comme si leur destinée était de servir de chair à canon. Mingarelli dans une grande économie de mots, montre ce quotidien ou la menace est sous-jacente prête à exploser à tout moment. L'écriture est nette, précise, épurée, les non-dits en disent aussi long que le langage rustre de ces hommes plongés dans l'absurde. L'amitié est là, Pas besoin de longs discours pour la voir, la sentir. Mingarelli réussit son roman car il ne s'écarte jamais de la ligne qu'il s'est défini. Rendre hommage aux anonymes, aux sans-grades avec ce qu'il faut de retenue et de respect. Prix Médicis mérité à mon avis ( ce qui n'est pas toujours le cas des prix).
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Que j'aime la prose des premiers livres de Hubert Mingarelli qui nous a quitté, il y a un an ! Quatre soldats, comme son titre l'indique, plus un enfant, tentent de survivre à l'ennui, à la faim et à l'isolement de soi en 1919, en Russie. Des choses insignifiantes comme un étang, des cigarettes, des dés, de l'attention et qui, dans ce contexte, sera une nécessité vitale.
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Hubert Mingarelli a décrit l'art d'être soldat :
Le soldat attend, s'il peut le mieux possible , il vaut mieux qu'il soit sociable pour pouvoir vivre en collectivité, avec des compagnons qu'il n'a pas choisi.
Le soldat ne sait pas pour quelle Grande Histoire il s'est enrôlé.
Le soldat ne connait pas la stratégie du quartier général.
Enfin le soldat passe de l'état d'attente à celle de mort.ou de nouveau d'attente...
Il n'y a pas dans le livre de haine explicite de l'armée , ni de la guerre, Hubert Mingarelli laisse le choix au lecteur ce qui permet d'ouvrir un débat.
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Ce roman se passe au tout début de l'existence de l' Armée Rouge. C'est l'hiver ,la compagnie doit attendre le printemps pour combattre. Alors, elle attend, dans la forêt. Quatre soldats se rapprochent dans cette drôle de pause,pour survivre.
Ce livre est celui du lien qui va se créer et les unir à tout jamais. Ce livre est la narration de leur quotidien constitué du partage du peu dont ils disposent matériellement, mais de la totalité de ce qu'ils sont.
Paradoxalement, ce temps, malgré la faim,les privations,le froid,est un moment de grâce car de lui émergera une amitié profonde. de celles qu'on noue lorsqu'on est enfants avec la peur d'être séparés ,mais aussi La promesse de rester toujours amis.
D'ailleurs, ces quatres soldats ,rejoints par un tout jeune homme ,ne me sont jamais apparus comme des hommes et bien moins encore des guerriers. Je n'ai perçu que douceur, sensibilité, poésie et capacité à s'émerveiller des choses simples de la nature,exactement comme des petits enfants .
Cet hiver est comme une parenthèse qui doit être vécue sans penser au moment où elle prendra fin.
Mais elle prend fin et c'est alors que les enfants disparaissent et que les hommes se manifestent.
Cette attente dans la forêt, quand bien même on sait que le temps de la guerre n'est qu'en suspens, m'a rappelé le très beau roman de J.Gracq "Un balcon en forêt ".
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Et j'ai contemplé la démarche lente et rassurante de Kyabine, et Pavel était là aussi qui marchait à côté de moi, alors j'ai été tout d'un coup plein d'émotion parce que chacun était à sa place, et parce qu'il m'a semblé aussi qu'à cet instant chacun de nous était très loin de l'hiver dans la forêt. Et que chacun de nous était aussi très loin de la guerre qui allait reprendre parce que l'hiver était fini.

( Points, 2004, p.115)
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- C'est ça, hein Pavel, on part ce soir ?
Bien sûr il l'avait entendu au camp comme nous que nous partions ce soir, et je lui avais déjà redit juste après. Mais il avait besoin encore une fois de se l'entendre dire par l'un d'entre nous.Comme si venant de nous c'était soudain une moins mauvaise nouvelle.

( Seuil, Points, 2004, p.157)
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Ça allait mieux.Nous avons continué d'avancer sans nous voir, mais nos voix nous avaient fait du bien.Nous avions de nouveau des camarades.


( Seuil, Points, 2004, p.64)
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Quand nous avons fini de construire notre cabane, nous l'avons contemplée fièrement dans la lumière du feu qui brûlait au centre de la clairière. Nous en avons fait le tour en nous félicitant, puis nous sommes entrés tous les quatre dedans et j'ai pensé : voilà, j'ai fini d'être seul dans le monde, et j'avais raison.

( Seuil, Points, 2004)
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Brusquement, Pavel s'est redressé et il a demandé :
- Qui a la montre ?
Alors je me suis souvenu que c'était moi. Je l'ai passée à Pavel parce que c'était à son tour de dormir avec. Pas pour la montre dont le mécanisme était cassé, mais pour la photographie d'une femme qui était à l'intérieur. C'était agréable de dormir avec cette photographie. Nous nous imaginions que cela nous portait chance. Nous ne savions pas pourquoi. Je crois même que nous n'y croyions pas, dans le fond, qu'elle nous portait chance. Mais nous aimions à le penser.
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Vidéo de Hubert Mingarelli
[Rentrée littéraire 2022]
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve – ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
"Le colonel ne dort pas" est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes. On pense au "Désert des Tartares" de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus – à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux "Quatre soldats" de Hubert Mingarelli.
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