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EAN : 9782234078109
162 pages
Stock (07/01/2015)
3.75/5   85 notes
Résumé :


Stepan vit avec sa chienne quelque part en Israël dans une maison isolée près des bois. Il écrit chaque jour à son fils Yankel, forcé de se cacher à l’autre bout du monde. Il raconte ainsi sa vie de solitude et dit son espoir, un jour, de le retrouver.

En faisant face à son chagrin, il se souvient de l’époque où il contrôlait les Palestiniens aux postes-frontières, éprouvait de la haine, de la honte ou de la compassion.
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 85 notes
Mes pas n'effleureront jamais la poussière de la route de Beit Zera. Je ne connaîtrai pas le bruissement de la forêt, le frémissement de la pluie sur les feuilles des arbres, ni le souffle du vent quand il se lève et bouscule les champs alentours. Je ne sentirai pas l'humidité de l'air s'alourdir, aspirée vers la terre de ce pays.
Qui est cet homme à l'orée de la forêt ? Où est sa femme ? Son fils unique s'est enfui tellement loin. Il ne reviendra jamais. C'est un meurtrier. La vie de Stephan est bousculée. Pourtant, il continue son quotidien presque élémentaire ; un cercle fait de répétitions de gestes, de jours, de mois. Mais rien ne peut être sans aspérités en terre d'Israël. Et puis il y a un chien et un enfant. L'enfant est muet et Stephan est quasiment mutique. Une passerelle ténue s'établit entre eux, improbable et tellement fragile.
D'une écriture atone, transparente, Hubert Mingarelli parle de l'absence, du remord, de la filiation, du poison des mythes et de l'Histoire quand ils alimentent les préjugés, la fatalité du destin, le carcan de l'obéissance, les haines dans une fixation tenace de l'esprit, de tous les esprits. le conflit palestino-israélien est en arrière-plan. Mingarelli l'évoque en quelques phrases et mots ordinaires, détournés. Sans discours philosophique, politique, sociologique. Il parle du coeur humain marqué, blessé, estropié par un conflit interminable, imprégnant même en transparence les consciences et les actes. La non démonstration de son écriture amplifie sa densité et sa richesse. Ces êtres, prisonniers de l'atmosphère de leur pays, captifs même à l'extérieur, essaient, sans s'en rendre compte, d'ouvrir des brèches, d'installer des ouvertures pour qu'une autre lumière s'infiltre. Un simple rai lumineux. Minuscule et salvateur.
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J'ai emprunté cet ouvrage à la médiathèque de ma ville et je dirais que c'est plus qu'un hasard puisque, n'ayant jamais rien lu d'autre de cet auteur jusqu'à présent, j'ai repéré ce livre grâce à sa mise en valeur sur le présentoir des nouveautés.

Stephan, le personnage principal, est un homme qui vit reclus, seul, avec sa chienne, dans une cabane quelque part en Israël. Que fait-il, dans la vie ? Il fabrique des boîtes chez lui qu'il revend par la suite, il va se promener avec sa chienne mais surtout il pense beaucoup. Probablement trop d'ailleurs...il écrit régulièrement des lettres à son fils Yankel mais le lecteur ne sait jamais si ces dernières sont postées. A une époque qui se déroule en plein conflit israélo-palestinienne, Yankel a été obligé de fuir après avoir tué un homme et son père l'y a aidé avec son ami et "employeur" Samuelson. Depuis quelque temps, Stephan se sent cependant un peu moins seul puisqu'un jeune garçon, venant directement de la ville de Beit Zera (d'où le titre) pour le voir, ou disons plus, pour voir la chienne et l'emmener promener. Ce garçon, du nom d'Amghar ne parle quasiment jamais, il se contente d'être là, avec la chienne pour laquelle il s'est pris d'affection...

Un roman qui se lit très vite tant les chapitres sont courts, très bien écrit mais dans lequel je me suis un peu perdue en raison de manque de repères chronologiques et géographiques mais cela ne concerne que moi bien entendu, et peut-être mon manque de connaissances sur le sujet. A découvrir !
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La route de Beit Zera Hubert Mingarelli

C'est un court roman qui nous parle de la solitude d'un vieil homme, Stépan, qui habite dans les bois près d'une petite ville ou d'un village d'Israël.

Dans sa maison il y a seulement une vieille chienne pour lui tenir compagnie mais elle est très âgée et ne peut même plus sortir pour faire ses besoins. Au début du livre il se demande s'il va tuer sa chienne pour abréger ses souffrances.

Et tout au long du roman il retrace sa vie, comment son fils a été obligé de fuir son pays, comment la chienne est arrivée près de lui et les visites de son meilleurs ami ainsi que celle d'un jeune garçon arabe, Amghar, qu'il ne connait pas et dont il ne sait pas d'où il vient. le soir quand il a fini son travail il écrit ou il pense à son fils, Yankel, là-bas, très loin, en Nouvelle-Zélande.

C'est une très belle histoire sur l'amour paternel, l'amitié et l'affection pour un animal. A travers ses différents thèmes le roman aborde aussi en toile de fond le conflit israélo-palestinien. Stépan a du mal à communiquer avec son fils à qui il hésite à écrire certaines choses et avec le jeune Amghar qui passe le voir régulièrement mais qui semble ne s'intéresser qu'à la chienne.

C'est une écriture pleine de tendresse, de poésie, la nature et les oiseaux y tiennent beaucoup de place. C'est une écriture douce, même si il y a quelques moments "violents". c'est un roman dont on n'a pas envie de refermer la dernière page, on voudrait qu'il continue tellement l'écriture de Mingarelli est agréable à lire, sensible et mélodieuse.

Je remercie les éditions Stock et Babelio pour cette agréable et merveilleuse lecture.
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C'est le troisième livre d'Hubert Mingarelli que je lis, le premier se passait dans les plaines polonaises (Un repas en hiver), le deuxième au Japon (L'homme qui avait soif), celui-ci se situe en Israël et, j'ai eu la même impression à la lecture des romans d'Hubert Haddad, la magie de l'écrivain me transporte chaque fois en Pologne, au Japon ou cette fois-ci, en Israël.
Stepan vit seul avec sa vieille chienne qui n'en a plus pour longtemps dans une maison isolée près de Beit Zera, au sud du lac de Tiberade.
Toute la journée, Stepan travaille en pensant à Yankel, son fils qui vit en Nouvelle Zelande et qui lui manque terriblement. de temps en temps, il reçoit la visite de deux personnes: Eran, son meilleur ami qui est également son employeur, et Amghar, un jeune arabe qui s'est pris d'affection pour la vieille chienne et dont il ignore tout.
Les raisons de l'exil de Yankel, on les découvrira au cours des 150 pages de ce roman concis et empreint de d'humanité et de tristesse.
En 150 pages sobres et poignantes, et pratiquement sans le nommer, Hubert Mingarelli évoque le conflit israélo-palestinien et les situations intenables et dramatiques qu'il engendre.
Un très beau roman sur l'absence, la solitude et la guerre .
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Stepan vit avec sa vieille chienne dans une maison isolée en bordure de la forêt près du lac de Tibériade en Israël. La ville la plus proche, Beit Zera, est à une heure de marche à travers bois.
Pour subsister, il fabrique toute la journée des boîtes en carton que son ami Samuelson lui achète à bas prix, l'occasion pour les deux amis de se retrouver pour un soir et de boire un coup en se rappelant le bon vieux temps de leur jeunesse, à Jaffa, où ils contrôlaient les palestiniens aux postes-frontières...
Tous les jours Stepan écrit aussi à son fils Yankel, exilé en Nouvelle-Zélande à l'autre bout du monde. Yankel a fui le pays après avoir commis un crime, dans l'obscurité d'une nuit sans lune, sur la route de Beit Zera.
Comment l'aider alors qu'il est si loin ? Stepan économise sous après sous, depuis des années, années qu'il a arrêté de compter, espérant un jour avoir assez d'argent pour aller le rejoindre.
Alors que la vieille chienne se paralyse chaque jour davantage, Stepan voit approcher le jour où il devra prendre une décision et mettre fin à ses souffrances... Il prépare son fusil à cet effet et se rappelle les jours heureux, puis la traque de Yankel qui a précédé son départ définitif, les promenades avec sa chienne dans la forêt et l'arrivée dans son jardin d'un mystérieux garçon, Amghar, qui s'est pris d'affection pour la chienne et sera bien malheureux, lui aussi, quand elle ne sera plus là...
Qui est-il ? Que fait ce jeune palestinien si près de sa maison ?
Pourquoi est-il si silencieux ?
Pourquoi revient-il tous les soirs de Beit Zera et repart-il dès la tombée de la nuit à travers la forêt ?
Quelles qu'en soient les raisons, que le lecteur découvrira peu à peu, le jeune garçon revient tous les soirs et s'attache à la chienne, tandis que Stepan, indifférent au début, finit par attendre chaque soir aussi sa venue qui pourtant perturbe sa solitude...

C'est un roman d'ambiance comme la plupart des romans d'Hubert Mingarelli que j'ai eu l'occasion de lire. le lecteur découvre peu à peu les personnages et les liens qui les unissent malgré eux.
Le conflit israélo-palestinien est omniprésent mais se fait discret.
C'est un roman troublant qui en peu de pages et peu de mots mais tout en pudeur, parle de la solitude, de la vieillesse, de l'attachement, de la peur, de l'amour d'un père pour son fils et de l'incompréhension de deux peuples...engagés dans un conflit qui n'en finit pas d'engendrer de la haine et qui ravage indéfiniment des vies.

Une petite pépite dont je n'avais pas du tout entendue parler lors de sa sortie et que j'ai comme toujours, trouvé sur une table de la Médiathèque...
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critiques presse (1)
LaPresse
03 juin 2015
Hubert Mingarelli a ressorti sa plume, extraordinaire de détresse et de légèreté, celle-là même qui avait tracé la trame du subtil et japonisant L'homme qui avait soif.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ils étaient une centaine à attendre leur tour pour entrer dans Jaffa. Soudain un vieillard sortit de la file, s’avança, passa à côté de Stépan et Samuelson sans un regard, sans l’ombre d’une crainte, et s’éloigna. L’officier leva une main et posa l’autre sur son étui à révolver. Stépan et Samuelson, abandonnant les deux qu’ils fouillaient à ce moment-là, se redressèrent, fixèrent un moment le dos du vieillard qui s’en allait sans les craindre, puis éclatèrent de rire, et tous les Arabes qui attendaient leur tour éclatèrent eux aussi d’un rire si extraordinaire qu’il couvrit celui de Stépan et Samuelson.
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"C'était une tristesse profonde qui le prenait lorsque assis dans la cuisine il la regardait et se souvenait combien de fois sa respiration avait fini par bercer son désespoir et le rendre humain."
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Stépan l'écoutait et sa tête lui tournait, parce que ces mots qui lui entraient dans le coeur étaient les siens. C'étaient ses propres mots prononcés à voix haute qu'il entendait de la bouche même de son fils, tandis que l'ampoule au-dessus d'eux se balançait. (....) Yankel parlait bas, et ses mains toujours dans celles de son père étaient comme eux animaux peureux. Il murmurait, mais sa voix vibrait. Voilà ce qu'il murmurait et que Stépan savait déjà : il s'endormait chaque soir avec tous ceux qu'il avait arrêtés et fouillés, dans la rue, aux barrages. Il emportait dans son sommeil leurs regards indiciblement vides, dissimulant leur haine. Et au réveil il avait peur de tous ces hommes et les haïssait comme eux le haïssaient.
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Il fut pris soudain d'un désespoir sans fin, d'un sentiment de souffrance pire que le chagrin qui lui fit crier un son sauvage, mais muet. Le même qu'il devait crier des années plus tard, lorsque sous la véranda, après avoir demandé à Amghar, pourquoi il venait, son regard s'était posé, par malchance sur les nuages qui couraient en altitude, vers la terre lointaine et inaccessible.
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Encore bas, le soleil commença à l'éblouir. Il baissa les yeux et songea :
"La nouvelle Zélande est trop loin aujourd'hui. Même en imagination. c'est maintenant que j'aurais besoin de toi, Yankel, pas pour le faire à ma place, mais pour me sentir moins seul."
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Videos de Hubert Mingarelli (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Mingarelli
[Rentrée littéraire 2022]
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve – ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
"Le colonel ne dort pas" est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes. On pense au "Désert des Tartares" de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus – à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux "Quatre soldats" de Hubert Mingarelli.
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