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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il ne serait pas faux de dire que « L'alphabet du silence » de Delphine Minoui est un roman d'actualité en cette période si troublée. Ce qui est sûr, c'est que c'est un livre qu'il faut lire et à mettre entre toutes les mains !

L'histoire démarre en 2016 en Turquie.
Goktay, professeur à l'université du Bosphore à Istanbul est subitement et brutalement arrêté puis jeté en prison. Pourquoi ? Pour avoir osé signer une pétition pour la paix et dénoncer la répression féroce que mène le Président Erdogan contre les Kurdes. Pour ce simple geste, il est tout simplement accusé de terrorisme ! Pour Ayla son épouse c'est inconcevable et une terrible méprise !

Egalement professeur au lycée Français de Galatasaray, elle qui s'est toujours retenue de s'engager pour quoi que ce soit, doit faire face à l'impensable. Une déflagration dans la vie qu'elle menait avec Goktay et sa fille Deniz. D'abord profondément en colère contre son mari, et sombrant peu à peu dans le désespoir, Ayla va finir par se révolter contre cette injustice faite à son époux et va décider de reprendre le flambeau.

Aux portes de l'Europe, a à peine trois heures de la France, des milliers d'activistes, journalistes, fonctionnaires, professeurs et universitaires sont emprisonnés et torturés pour avoir seulement prôner d'autres valeurs que celles dictées par le pouvoir en place ! La liberté d'expression est tout simplement foulée aux pieds. Pour une simple signature sur une pétition, un homme est désigné comme terroriste !

Cet endroit c'est la Turquie. Face à cela, que fait l'Europe ! Rien ! Probablement que le peuple kurde n'est pas digne d'être défendu alors que ce sont les premiers à s'être battu contre l'Etat Islamique ! Là aucune manifestation face à cette dictature qui ne dit pas son nom ! Une Europe qui est pieds et poings liés par le chantage d'Erdogan, dictateur en puissance !

Alors oui, il faut lire « L'alphabet du silence » qui est un roman superbe. L'écriture de Delphine Minoui est tout simplement magnifique, empreinte de colère mais également d'amour. C'est un roman qui vous touche en plein coeur, qui ouvre les yeux sur le combat que peuvent mener certains hommes et femmes pour leur liberté d'expression. Ce roman leur rend tout simplement un immense hommage.

Et surtout merci à Delphine Minoui pour son combat à informer le monde face à la barbarie d'une dictature, quelle qu'elle soit.
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« La paix est en procès, le pouvoir poursuit sa guerre contre son propre peuple »
La Turquie d'Ergogan, dans l'absurdité des grandes purges qui ont précédé et suivi la tentative de coup d'état militaire de 2016.
150 000 personnes limogées, 50000 arrêtées dans l'armée, l'administration et le secteur privé.
La dérive autoritaire du nouvel Iznogoud n'a plus de limite

Dans le milieu universitaire, les arrestations font suite à de simples signatures sur des pétitions protestataires. Toute opposition intellectuelle est taxée de terrorisme.
Pour Ayla qui voit partir Göktay en prison, le quotidien heureux s'est effondré, laissant place peu à peu à l'esprit de résistance, coeur battant de ce roman aux accents de documentaire.
En alternant des chapitres du quotidien du couple séparé, Delphine Minoui peint un portait de la société turque, en recherche de démocratie mais ployant sous le joug dictatorial de son dirigeant.

Un livre engagé, émouvant, d'un réalisme glaçant. Remarquable !

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J'apprécie particulièrement Delphine Minoui.

Avec elle, j'ai découvert l'Iran d'abord, dans une autobiographie.

La Syrie ensuite, sous l'oeil expert de cette grande reportrice.

Et la Turquie enfin pour sa première fiction.



À Istanbul précisément, ville des paradoxes, à cheval sur l'Occident et l'Orient, ville d'espoir et de purges des fonctionnaires, ville de liberté où la prison n'est jamais une histoire lointaine...


Ayla et Göktay, enseignants en faculté, vivent heureux avec leur petite fille. Mais quand Göktay signe une énième pétition, celle-ci pour la paix et le droit des Kurdes, tout s'emballe. À commencer par le pouvoir d'Erdogan qui tourne peu à peu le dos à la démocratie, et qui semble même rattraper le temps perdu avec Attaturk en effectuant un virage serré en direction de l'Orient et de l'Islam. Les droits se restreignent et il vaut mieux se taire pour éviter purges et arrestations. 


Il est hélas bien trop tard pour l'enseignant. S'annonce alors un long et pénible combat judiciaire contre une institution allouée à Erdogan, et dont tous les fonctionnaires sont peu à peu remplacés par les membres de l'AKP.


Cette fiction dresse un portrait réaliste de la Turquie des années 2015/2019. 

Un peu de poésie et d'histoire en supplément et le tour est joué. Istanbul et le Bosphore se dévoileront sous vos yeux ébahis.

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« La Turquie n'était pas seulement en guerre ouverte contre les combattants du PPK. Elle était en guerre ouverte contre les droits de l'homme. »
En arrière fond de cet excellent roman, l'analyse passionnante de la Turquie au début du 21ème siècle.

2016 en Turquie - Un couple d'universitaires, Göktay, sa femme Ayla et leur petite fille.
Ayla, militante dans sa jeunesse, recherche maintenant le confort de sa famille, la préservation d'un cocon autour de l'enfant. Göktay poursuit seul l'engagement politique, signe une nouvelle pétition pour la paix et se retrouve en prison.
Le monde s'écroule pour sa femme qui éprouve surtout de la colère. Comment a-t-il pu les mettre en danger ainsi ? Car son geste menace désormais toute la famille…
Au fil des rencontres et de la résistance farouche de son mari, Ayla va petit à petit comprendre et le soutenir.

J'ai infiniment aimé ce récit sans jugement sur les citoyens turcs. Prisonniers de la peur ou de la manipulation qu'exerce le régime, comme la jeune musulmane Fatma. Elle soutient Erdogan, voyant en lui, le chantre de l'Islam politique, qu'elle juge tolérant, en un premier temps.

J'ai retrouvé aussi avec grand plaisir la puissance de l'écriture de Delphine Minoui. En effet, elle est aussi l'auteur de « Les passeurs de livres de Daraya » qui se déroule en Syrie. La préservation d'un espace de paix, d'humanité et d'ouverture avec la sauvegarde d'une bibliothèque, alors que la violence et les bombes menacent chacun.
Dans « l'alphabet du silence », les voix, les écrits des intellectuels sont également à éradiquer, à faire rentrer dans le rang de la soumission.
Face à l'oppression de plus en plus présente, de moins en moins masquée, tous les moyens de résister sont utilisés. Y compris les dessins que Göktay griffonne en prison et qu'il parvient à transmettre à sa femme.
La force du silence qui résiste, la force des dessins qui décrivent une situation.
« le silence est un espace (…) qu'aucune dictature ne pourra jamais atteindre. »

C'est aussi le message d'espoir de l'autrice. Les hommes épris de démocratie, de paix seront toujours présents, trouveront toujours le chemin de l'humanité, même si leur vie est en danger.
La liberté, la paix, la démocratie ont un prix.

En mai 2023 avaient lieu les élections présidentielles. Ce livre est paru en avril 2023 tandis que beaucoup espérait à l'intérieur et à l'extérieur du pays, une défaite de Recep Tayyip Erdogan… Hélas !...

Harmonie parfaite entre un roman, son suspens, et l'analyse de l'environnement politique.
Des romans qui nous ouvrent les yeux, qui nous grandissent.
Merci Delphine Minoui !

Instagram : commelaplume

Lien : https://commelaplume.blogspo..
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Sur fond des événements qui secouent la Turquie sous Erdogan, l'auteure bâtit une fiction qui tient la route , le récit donne à voir comment la vie d'une famille heureuse , Gotkay et son épouse Ayla, universitaires, parents d'une petite fille bascule lors d'une chasse aux sorcières.
La liberté d'expression n'existe pas. Or , une fois de plus, Gotkay a signé une pétition.Après des menaces d'intimidation, Gotkay est emprisonné. Il résiste en se creant un espace mental.
Le coup d'état manqué de 2016 est l'occasion rêvée pour Erdogan de procéder à des vagues de limogeages.
Gotkay toujours emprisonné entame une grève de la faim. Il fait des mots-dessins que sa femme expose le matin dans les parcs.
À Ankara Ayla découvre la résistance, en particulier celle des enseignants.
Le procès de Gotkay commence alors qu'il est depuis 2 ans en prison…
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Istambul, 2016 : le régime totalitaire du président Erdogan muselle depuis des années les universités de son pays. Faisant fi de cette pression, le professeur Göktay signe une pétition "pour la paix". Il est accusé de terrorisme, arrêté et emprisonné. Son épouse, elle aussi enseignante, lui apporte son soutien (avocat, visite...)...
Ce roman raconte comment la jeune femme, d'abord amère de voir sa famille mise en danger pour une signature, comprend la nécessité de s'opposer au totalitarisme et, petit à petit, prend part à des actions de résistance non-violentes.
Le contexte socio-politique de la Turquie est particulièrement compliqué : la question kurde, Daesh, les religieux, la façade démocratique du régime, les attentats, les réfugiés... Il m'a manqué quelques clés pour comprendre parfaitement ce récit.
Quoi qu'il en soit, Delphine Minoui rend un magnifique hommage "aux professeurs du monde entier, sentinelles du Savoir, même au coeur de l'obscurité." Merci à elle !
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On a beau lire les journaux, rien ne vaut un récit tel que celui-là. On sent le vécu et il est terrible... Aucun sens de se lancer dans une critique ou un résumé, si on veut pouvoir dire être en connexion avec le monde, plongez-dedans. Facile à lire et vite dévoré, car prenant. Après ça, n'envisagez pas une seconde de vous rendre en Turquie tant que ces horreurs (et bien d'autres !!) dureront !
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Un livre toujours d'actualité sur ce pays - la Turquie - en théorie une démocratie, en pratique une démocrature.
Un superbe livre sur la répression, l'absence de liberté d'expression, les arrestations arbitraires et la difficulté de se défendre devant une administration corrompue.
Un livre à la fois déprimant mais pourtant emprunt d'un grand espoir.
L'espoir que la rue arrive, un jour, à faire entendre sa voix.
Lien : https://letempslibredenath.w..
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La dernière fois que j'ai été à Istanbul c'était en 2017. Je me souviens de la beauté de cette ville, du soleil caressa t une rive puis l'autre, de l'odeur du souk, de la vibration d'Istiklal. J'ai lu des poèmes de Rumi, vu des dervishes tourneurs, dégusté les plats d'anatolie... J'aime cette ville. Mais depuis 2018 le décor à changé. Les élections du week-end dernier ont poussé à nouveau le même président, enfin plus de 20 ans de suite, ce n'est pas un président mais un gouverneur, un roi, un dirigent.

Cela fait trop longtemps que je ne me suis tournée vers la Turquie et donc dans ce livre poignant de Delphine Minoui, je peux toucher la souffrance d'une civilisation qui étouffe, d'un monde qui s'assombrit. Il était pour moi indispensable de lire ce livre pour comprendre un peu mieux de l'intérieur ce qu'il s'y passe. Alors oui c'est un roman, une fiction, mais la souffrance est réelle. Tout comme la prison.

💬 "Goktay est professeur à l'université du Bosphore à Istanbul. Idéaliste, adoré de ses étudiants, il a séduit Ayla, professeure de français, avec un poème. La vie est douce quand on est jeunes, amoureux et parents combles d'une petite fille.
Mais Goktay refuse de vivre dans une bulle. Pour avoir signé une pétition de plus, une pétition de trop, il est arrêté et jeté en prison. La répression menée par le président Erdogan s'abat, féroce et violente."

Ce livre est plein de poésie malgré la souffrance, le désarroi et le silence.
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Par le biais de la fiction Delphine Minoui analyse et dénonce la "démocrature" d'Erdogan en Turquie.
Göktay, professeur très estimé à l'université du Bosphore à Istanbul, est arrêté comme terroriste pour avoir signé une pétition pour la paix. Comme lui, des journalistes, fonctionnaires, universitaires sont réduits au silence.
Son épouse Ayla ne comprend pas d'abord qu'il ait pu les mettre en danger elle et leur petite fille mais bientôt elle va ouvrir les yeux et résister elle aussi aux injustices commises avec notamment l'aide d'un jeune étudiant kurde.
La tentative de coup d'Etat en 2O16 va envoyer encore tant de stambouliotes en prison que Göktay toujours en attente de procès fait une grève de la faim. Très affaibli, incapable de parler même il opte pour le dessin "l'alphabet du silence" pour communiquer à l'extérieur sa souffrance.
Situation désespérée devant tant d'hypocrisie car le pouvoir se maintient par le mensonge et la répression.
A lire pour comprendre le fonctionnement des régimes autoritaires, la montée des islamismes et les enjeux des prochaines élections en Turquie.
Et ce couple d'universitaires sont des personnages attachants !
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