Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en me lançant dans la lecture de ce roman consacré à Rose Keller, victime des outrages du Marquis de
Sade. Pour avoir il y a longtemps lu plusieurs pages sulfureuses de ce dernier, je redoutais de retrouver des passages similaires.
Et bien pas du tout !
Ludovic Miserole a su trouver la juste distance qui permet au lecteur de découvrir la personnalité du marquis de
Sade et ses agissements cruels sans tomber dans l'excès.
Parce que l'on sent qu'il y a eu de longues et très sérieuses recherches historiques, ce livre est aussi un formidable témoignage sur le fonctionnement de la société du 18ème siècle, (rappelons-nous que nous sommes en plein siècle des Lumières) et de la façon dont pouvaient être résolues des “affaires” impliquant des notables.
L'affaire Rose Keller est donc l'histoire d'une femme, devenue récemment veuve à la recherche d'un travail pour pouvoir survivre. Elle va accepter la proposition d'un emploi de femme de ménage dans une maison d'Arcueil et surtout tomber dans un piège tendu par un véritable prédateur, à la recherche de proies lui permettant d'assouvir ses fantasmes de domination et de cruauté sexuelle.
Ludovic Miserole dynamise son roman en inventant le personnage de Julie Follecuisse, victime elle aussi de
Sade et lancée à la rescousse de la malheureuse Rose Keller. La trajectoire de cette jeune femme est l'occasion de découvrir combien les femmes de cette époque pouvaient être exposées aux violences physiques, sexuelles des hommes et souvent en toute impunité.
Question centrale de ce roman : comment sauver sa réputation ? Cette question concerne autant les victimes du marquis de
Sade que le camp de la belle-famille de ce dernier, et tout particulièrement “La Présidente”, belle-mère de
Sade, personnage féminin très intéressant à suivre.
Autre femme jouant un rôle important : Renée Pélagie, épouse du Marquis de
Sade, ambivalente à souhait.
Si le roman permet de mieux cerner la psychologie de
Sade, sa “philosophie”, son rapport à Dieu, il m'a surtout beaucoup plu pour ses portraits de femmes, qui tentent chacune à sa façon et avec ses moyens d'empêcher ou de se relever des agissements du marquis Donatien de
Sade.
Merci
Ludovic Miserole pour ce beau moment de lecture !